15/04/2014
Georges Lambrichs (1917-1992), Les rapports absolus
Le mensonge à refaire
Mon malaise est affichage. Comme si je ne protégeais pas mon intériorité en lui ménageant les artifices, les marches de mes actes, parfois le secret, de toute manière le mystère de ce que je suis amené à faire. Comme si mes liaisons avaient été des empêchements, des calculs, des choix, des impostures. L'amour n'est pas qu'échange, il est sacrificiel. Et puisqu'il vaut mieux que je déclare ce qui à mes yeux prendrait trop d'importance à être tu, je ne me sens actuellement aucune aptitude aux adhésions par accolement. Mon univers personnel est une opacité qui ne se partage pas, et surtout pas avec les sources de lumière et de raison qui s'écoulent chez nos femmes à l'endroit de quelque régime glandulaire. Le circuit de toute vie maritale est un luxe d'une insoutenable négligence.
Que peut bien me faire, dés lors, celle qui, sans éclat, me regarde ? ou m'accompagne, comme on dit, dans mes pensées, dans mon avidité, dans mon pathétique ? Celle qui me demande à boire, à l'aimer, à rencontrer mes amis, à vivre nue, à partir pour la mer, à faire un feu, à l'étreindre, qui calcule mon argent, qui m'en apporte ? Celle qui me demande ce que je fais pour le savoir ? Et ce que je pense pour rien. Il faut croire, n'est-ce pas, qu'elle est vraiment ce qu'elle dit. Elle parle du sens de sa vie. Alors que le sens de la mienne, évidemment, est celui d'être coupé de ce qui me décide à inventer d'autres rapports avec le monde.
Comme si je ne connaissais plus que la passion de trahir ce que j'ai sous la main qui me plaît, qui somnole fraîchement.
C'est le moment de quelque grande tricherie attendue par ceux qui ne coïncident pas avec la vérité de l'histoire parce qu'ils ont trouvé le moyen de séduire.
Il ne s'était agi pour eux, à première vue, que de se cacher.
Georges Lambrichs, Les rapports absolus, collection Métamorphoses, Gallimard, 1949, p. 61-63.
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14/04/2014
Gerard Manley Hopkins, Reliquae
Printemps et automne
À une jeune enfant
Marguerite, mènes-tu deuil
Sur le Bois-Doré qui s'effeuille ?
Ainsi, de feuilles, comme humaines,
Voici tes frais pensers en peine ?
Ah ! quand le cœur vient à vieillir
C'est, peu à peu, pour s'endurcir
Sans plus gratifier d'un soupir
Un monde effeuillé de bois mort ;
Alors pourtant tu pleureras
Sans laisser de savoir pourquoi.
Mais quelque nom qu'on donne aux peines,
Enfant leurs sources sont les mêmes.
L'âme a deviné, le cœur ouï
Ce qu'esprit ni lèvres n'ont dit :
Si l'homme naît, c'est pour qu'il meure,
C'est Marguerite que tu pleures.
Spring and Fall
To a young child
Margaret, are you grieving
Over Goldengrove unleaving ?
Leaves, like the things of man, you
With your fresh thoughts care for, can you ?
Ah! as the heart grows older
It will come to such sights colder
By and by, not spare a sigh
Though worlds of wanwood leafmeal lie ;
And yet you will weep and know why.
Now, no matter, child, the name :
Sorrow's springs are the same.
Nor mouth had, no nor mind, expressed
What heard heart of, ghost guessed :
It is the blight man was born for,
It is Margaret you mourn for.
Gerard Manley Hopkins, Reliquae, vers proses dessins
réunis et traduits par Pierre Leyris, Seuil, 1957, p. 79 et 78.
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13/04/2014
Malcolm Lowry, Pour l'amour de mourir
Poème bizarre
J'ai connu un homme sans cœur :
Il dit que des enfants le lui ont arraché
Et l'ont donné à un loup affamé
Qui s'est enfui l'emportant dans sa gueule.
Et les enfants ont fui avec l'instituteur ;
L'animal aussi s'est enfui bien vite,
Et derrière lui, bizarre poursuite,
Titubait encore cet homme sans cœur.
J'ai vu cet homme l'autre jour,
Gonflé d'un orgueil ridicule,
Le cœur remis en place et la mine égayée ;
À son côté, tout radouci, trottait le loup.
Malcolm Lowry, Pour l'amour de mourir, traduction de l'anglais de J.-M. Lucchioni, préface de Bernard Noël, éditions de la Différence, 1976, p. 83.
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12/04/2014
Gilbert Lely, Œuvres poétiques
L'anniversaire
J'attendais mon père devant la porte d'une grande administration. Il était mort. Je le vis sortir lentement. Je m'avançai vers lui avec émotion, mais il ne parut pas tenir compte de ma présence. Je détournai la tête pour pleurer. Mille petits caniches blancs dansaient sur le trottoir.
Roses de Picardie
Le 2 août 1914, une coquette villa de banlieue. Le père, la mère et l'enfant sont assis dans le jardin. Tout à coup on entend la Marseillaise. Le père se lève pour aller changer de souliers. La gare de l'Est Au retour, le jeune garçon ne cesse d'observer sa mère. Ils mangeront dans la cuisine. Ils achèteront un phonographe pour danser. Ils se feront des drôles de sourires dans les tramways. Ils se déshabilleront au bord des rivières. Ils nommeront l'armoire à glace le miroir des sodomies.
Gilbert Lely, Œuvres poétiques, éditions de la Différence,1977, p. 36, 44.
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11/04/2014
Bruno Fern, Reverbs, phrases simples
78
De seconde s'accolent les uns aux
Autres explosent les bornes.
Fixées par la loi se croient hors catégories ou quoi.
Je parle sous moi(1)
Ou à côté c'est une variante reliée souterrainement au
phénomène à la petite cuiller multipliant les évasions.
Malgré le déploiement de milices privées, la zone est loin
d'être sécurisée.
De surcroît, l'isolation paraît nettement insuffisante d'autant.
79
qu'on crie sans fin(2).
Des Maliens chartérisés aux frais du contribuable des Tchétchènes pacifiés en deux des Birmans totalisés par milliers des Kurdes en voie d'assimilation des Palestiniens en 15 mn chrono des Biélorusses ayant du plomb dans la tête des Afghanes promptement déscolarisées des Roms ramenés gratos à Bucarest et puis quoi encore des Saoudiens décapités en présence des Ouïghours intégrés à la nation mère des Mexicains interceptés de justesse à la place des Vietnamiens détournés de leur itinéraire en bonus des Iraniennes lapidées dans le strict respect des Soudanais après les ultimatums d'usage des Érythréens voguant sur la Grande Bleue, etc. montent — sans compter celle à droite en entrant sur le parking.
(1) Tristan Corbière
(2) Jean Cayrol
Bruno Fern, Reverbs, phrases simples, NOUS, 2014, np.
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10/04/2014
Guillaume des Autels (1529-v. 1580), Amoureux repos
De son amour
Quand je la vis en si grand' vertu, belle,
Et, en beauté, si grande, vertueuse,
De l'arc brûlant la flèche impétueuse
Me rendit serf amoureusement d'elle :
Lui obligeant mon affection telle,
Cette fureur encor plus chaleureuse,
Vint commander à mon âme amoureuse
De l'adorer comme sainte immortelle.
Ainsi dévot ma sainte s'adorait,
Ou bien plutôt par dulie honorait :
Voici, Amour, qui mon âme a meurtrie,
Poussa quasi ma jeune passion
Jusqu'au plus haut de l'adoration
Qu'ont appelée nos maîtres saints, latrie.
Guillaume des Autels, Amoureux repos, Jean
Temporal, 1553, n.p. [Gallica/BNF]
[graphie modernisée]
dulie = culte rendu aux saints ; latrie = culte
rendu à Dieu.
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Guillaume des Autels (1529-vers 1580), Amoureux repos
De son amour
Quand je la vis en si grand' vertu, belle,
Et, en beauté, si grande, vertueuse,
De l'arc brûlant la flèche impétueuse
Me rendit serf amoureusement d'elle :
Lui obligeant mon affection telle,
Cette fureur encor plus chaleureuse,
Vint commander à mon âme amoureuse
De l'adorer comme sainte immortelle.
Ainsi dévot ma sainte s'adorait,
Ou bien plutôt par dulie honorait :
Voici, Amour, qui mon âme a meurtrie,
Poussa quasi ma jeune passion
Jusqu'au plus haut de l'adoration
Qu'ont appelée nos maîtres saints, latrie.
Guillaume des Autels, Amoureux repos, Jean
Temporal, 1553, n.p. [Gallica/BNF]
[graphie modernisée]
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09/04/2014
Barbara Cassin, La nostalgie
Quand donc est-on chez soi ? Quand donc Ulysse est-il chez lui ? Quand il est oikade, à la maison ? Trois jours, le temps de tuer les prétendants et les servantes infidèles, le temps de se faire reconnaître par Télémaque - le chien Argos - le porcher Eumée - la nourrice Éuryclée - les bonnes servantes - Pénélope - Laërte - tous ceux d'Ithaque ? De passer la longue nuit avec Pénélope ? Un si bref laps de temps par rapport à l'errance : chez lui trois jours en vingt ans ?
Ou bien quand il repart, jusqu'à ce que... Jusqu'à ce qu'il arrive en un endroit où ce qu'il est, ce qui le détermine pour le meilleur et pour le pire, la mer, ses tempêtes, ses sirènes, ses naufrages, ses esquifs ses îles, soir radicalement inconnu ? Mais alors, cela ne veut-il pas dire qu'il est chez lui partout ailleurs que dans cet improbable ailleurs ? Chez lui, c'est la Méditerranée. Son identité, son « lui » et son « chez lui » se sont étendus aux limites du monde connu.
Barbara Cassin, La nostalgie, éditons Autrement, 2013, p. 57-58.
De Chirico, Le retour d'Ulysse, 1973
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08/04/2014
Pierre Chappuis, Entailles
Paysage brouillé
Vents plutôt que pluie hachurent ciel et terre.
Issu de la nuit, de l'échevèlement de la nuit, tremblé, confus et net (résurgence), un paysage brouillé, un brouillon de paysage refuse à contre-jour de se fixer, du coup (un négatif, une épure) ne parvient pas jusqu'à la couleur. Dans le révélateur où il serait à tremper, une main délicatement l'agite.
Tempétueusement, beau temps.
Quoique ne tenant pas en place, joie de se sentir en place ici chez soi en pleine turbulence.
Lumineuse effervescence dévalant la colline en tous sens, balayant coteaux et ravins. Qui, désormais, déferle abondamment, noire, oui (vertu éclairante du noir, plus clair vu de plus loin) remue, traverse, raye le papier de mille traits aussi fins que pattes de mouches, ou cheveux — une ample chevelure emmêlée et défaite.
Pierre Chappuis, Entailles, éditions Corti, 2014, p. 9.
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07/04/2014
Bashô (2), Jours d'hiver, traduction de René Sieffert,
Une ombre noire
dans le petit matin blême
attise la flamme
Jusqu'aux fleurs des champs
butine le papillon
aux ailes froissées
Sortie de sa manche
il ouvre son écritoire
à l'ombre des monts
Joyeusement
gazouille l'alouette
tire-lire-li
Lune de trois jours
dans le ciel noir du levant
la voix de la cloche
On pleure les fleurs
qui du cerisier ne sont
que la moisissure
Soleil d'un matin d'hiver
tout n'est que mélancolie
Bashô, Jours d'hiver, traduction de René Sieffert, Presses orientalistes de France, 1987, p. 17, 25, 35, 41, 45, 53, 61.
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06/04/2014
Bashô, Seigneur ermite, L'intégrale des haïkus
Toutes ces fleurs écloses
dans le vent printanier,
éclat de rire
Mes yeux étincellent
d'avoir tant désiré la floraison —
Cerisiers pleureurs
Regagnant la côte
sur une feuille, le petit insecte
où dort-il ?
Oreiller d'herbes —
est-il triste, trempé par l'averse d'hiver,
ce chien hurlant à la nuit ?
Blanc coquelicot —
en souvenir du papillon
aile arrachée
Lune éclatante —
je tourne autour de l'étang
toute la nuit
Bashô, Seigneur ermite, L'intégrale des haïkus, édition bilingue par Makoto Kemmoku et Dominique Chipot,
La Table ronde, 2012, p.50, 57, 79, 111, 126, 133.
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05/04/2014
Pontus de Tyard (1521-1605), Continuation des erreurs amoureuses
Des yeux, auxquels ainsi qu'en un trophée,
L'arc, et les traits d'amour sont amassés :
Des cheveux d'or, crêpés, et enlacés
D'une coiffure en fin or étoffée :
Et de la main, qui rendait échauffée
La volonté des fiers cœurs englacés :
Et des doux mots doucement prononcés,
Fut dessus moi victoire prononcée.
O de beauté céleste simulacre,
Riche ornement, et pompe de Nature,
Des rais divins lumière gracieuse
Doit ta victoire être plus glorieuse,
Pour tant de pleurs, fruit de ma peine dure,
Qu'incessamment en ton nom je consacre.
Pontus de Tyard, Continuation des erreurs amoureuses, Lyon, Jean de Tournes, 1551, p. 10, dans Gallica/BNF.
[graphie modernisée]
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04/04/2014
Ossip Mandelstam, Des derniers poèmes
Me suis égaré dans le ciel... Le remède ?
Vous, qui en êtes proches, répondez-moi
Plus aisé de faire résonner les neuf
disques pour athlètes des cercles de Dante.
Nul divorce entre moi et la vie — qui rêve
de massacrer, puis aussitôt de caresser,
afin que l'oreille, les yeux, les orbites
palpitent d'une nostalgie florentine.
Sur mes tempes ne posez, ne posez pas
la caresse de cet épineux laurier,
déhiscez(1)-moi plutôt, fissurez mon cœur
en lambeaux qui vibrent de tintements bleus.
Et, mourant, mon temps de service achevé,
en ami, ma vie durant, de tout vivant,
que retentisse et plus immense et plus haut
la réponse, écho du ciel, dans ma poitrine.
Mars 1937
Ossip Mandelstam, Des derniers poèmes, traduction Jean-Claude Schneider, dans Rehauts, 2ème semestre 2013, p. 96.
(1) verbe construit sur le latin dehiscere, "s'ouvrir" (note de T. H.)
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03/04/2014
Jean-Baptiste Para, Laromira
Laromira
Pardonne-moi si je te dis à l'oreille des choses tristes
Quand j'entends le bruit de mes pas dans mes os
Un silence m'a sauvée du mot
Un autre silence sauvera le mot
Et le vent sera ma demeure
J'ai vu nager les étoiles et j'ai vu les beaux reins du lièvre
J'ai appris qu'en allant de rivière en rivière
Rien n'était véritablement loin
J'ai longtemps tourné une bague à mon doigt
J'ai appris que l'on pensait autrement dans le froid
Et le vent sera ma demeure
Il pouvait neiger dans toute l'étendue de mes veines
La patience était en moi comme le pain sur la table
Mes pouces façonnaient des visages d'argile
De la main gauche je savais aérer le lait
Il y avait dans mes yeux un peu d'ambre
Un peu de vert de nos marais
Et le vent sera ma demeure
Comme le merle et l'abeille sauvage
J'étais l'amie du sureau noir
J'aimais la nonchalante fierté
Des hommes et des tournesols
Le rire où rebondit
La petite perle d'un collier défait
Et le vent sera ma demeure
[...
Jean-Baptiste Para, Laromira dans Rehauts, n°32,
second semestre 2013, p. 39-32.
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02/04/2014
Georges Didi-Huberman, Sentir le grisou
Sentir le grisou, comme c'est difficile. Le grisou est un gaz inodore et incolore. Comment, alors, le sentir ou le voir, malgré tout ? Autrement dit, comment voir sentir la catastrophe ? Et quels seraient les organes sensoriels d'un tel voir venir, d'un tel regard-temps ? L'infinie cruauté des catastrophes, c'est qu'en général elles deviennent visibles bien trop tard, une fois seulement qu'elles ont eu lieu. Les catastrophes les plus visibles — les plus évidentes, les plus étudiées, les plus consensuelles —, les catastrophes auxquelles on a spontanément recours pour justifier ce qu'est une catastrophe, ce sont les catastrophes du passé, celles que d'autres, selon nous, n'ont pas su ou pas voulu voir venir, celle que d'autres n'ont pas su empêcher. Nous les reconnaissons d'autant plus facilement que nous n'en sommes pas — ou plus — comptables aujourd'hui.
Une catastrophe s'annonce bien rarement comme telle. Il est facile de dire, dans l'absolu du passé, « ce fut une catastrophe » lorsque tout a explosé, lorsque beaucoup sont déjà morts. Il est aussi facile de dire, dans l'absolu du futur, « ce sera une catastrophe » pour tout et n'importe quoi, puisque tout et n'importe quoi, c'est l'évidence, un jour disparaîtra par lente ou soudaine destruction. Mais il est bien plus difficile de dire « la voici qui arrive, maintenant, ici, cette catastrophe », la voici qui arrive dans une configuration que l'on était loin d'imaginer si fragile, si offerte au feu de l'histoire. Voir une catastrophe, c'est la voir venir dans sa singularité masquée, dans cette particulière « fêlure silencieuse » [...], cette fêlure qu'elle a creusée mine de rien. Et lorsque tout brûle, lorsque la catastrophe bat son plein sans que nul ne puisse plus l'arrêter, il ne reste, à ceux qui la subissent de plein fouet mais espèrent encore depuis leur souffrance voie leur mort prochaine, que l'énergie d'en appeler au témoignage, à l'archive, à la documentation pour une histoire future de la catastrophe.
Georges Didi-Huberman, Sentir le grisou, éditions de Minuit, 2014, p. 9-10.
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