10/06/2021
Bashô, Jours d'hiver
De notre malheur
ne résoudra le mystère
le chant du coucou
Jusqu’aux fleurs des champs
butine le papillon
aux ailes froissées
De la creuse cigale
d’automne le cri sans voix
s’élève en silence
Ne pouvant la couvrit
elle fait tomber la lune
l’averse d’hiver
Joyeusement
gazouille l’alouette
tire-lire-li
Bashô, Jours d’hiver, traduction
René Sieffert, Presses orientalistes
de France, 1987, p. 21, 25, 33, 37, 41.
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18/10/2017
Raymond Queneau, Le Chien à la mandoline
Dodo, l’enfant ut
Enfants qui déchiffrez dans l’ambre des agathes
Des entrailles le miel des lapins étendues
Sur l’étal du marchand avec leurs quatre pattes
Pour qu’ils ne courent pas deux ensemble cousues
Enfants qui préférez le goût des aromates
Au vol des papillons sur les pousses touffues
Y semant le pollen de leurs corps antennates
Exemples confondants des ères révolues
Enfants qui déchiffrez dans le cercle de lune
Un bûcheron bossu qui porte sa fortune
Quelque fagot de bois valant bien quatre sous
Enfants qui dans la nuit apercevez la hune
De bateaux sinistrés recouverts par la hune
Enfants vous qui rêvez enfants endormez-vous
Raymond Queneau, Le Chien à la mandoline,
Gallimard, 1965, p. 221-222.
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21/03/2017
Bashô Seigneur ermite
Froide, la couverture ouatée
où vous vous glissez —
Nuit de solitude
Dans le vent qui souffle
les poissons sautent —
Ablutions rituelles
Curiosité —
un papillon posé
sur une herbe sans parfum
Le soleil splendide
entre chien et loup —
Soir de printemps
Puces, poux
et un cheval qui pisse
à mon chevet !
Bashô Seigneur ermite, édition bilingue
par Makoto Kemmoku et Dominique Chipot,
La Table ronde, 2012, p. 193, 194, 197, 203, 214.
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04/02/2017
Bashô, Journaux de voyage
Senteur d’orchidée
aux ailes du papillon
s’est communiquée
À la rosée goutte à goutte
des souillures d’ici-bas
puisse-je me laver
Herbes pour appuie-tête
par l’averse trempé un chien
hurle dans la nuit
Par le montueux
sentier ne sais quel charme
répand la violette
Du cœur de la pivoine
l’abeille s’est arrachée
à grand regret
Bashô, Journaux de voyage, traduction René
Sieffert, P.O.F., 1984, p. 26, 28, 30, 32, 33.
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07/04/2014
Bashô (2), Jours d'hiver, traduction de René Sieffert,
Une ombre noire
dans le petit matin blême
attise la flamme
Jusqu'aux fleurs des champs
butine le papillon
aux ailes froissées
Sortie de sa manche
il ouvre son écritoire
à l'ombre des monts
Joyeusement
gazouille l'alouette
tire-lire-li
Lune de trois jours
dans le ciel noir du levant
la voix de la cloche
On pleure les fleurs
qui du cerisier ne sont
que la moisissure
Soleil d'un matin d'hiver
tout n'est que mélancolie
Bashô, Jours d'hiver, traduction de René Sieffert, Presses orientalistes de France, 1987, p. 17, 25, 35, 41, 45, 53, 61.
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20/02/2014
Henri Droguet, Variations saisonnières, dans PO&SIE
À perte
C'est un soir et le temps
qui court Dame souris
trotte et chicote
à la maison du nouveau mort
étendu dans la chambre
plus ou moins noire où sphinx
(tête idoine) et bombyx
cernent la lampe et demain
seront miettes et poudres
déjà l'enfant perdu
court au jardin sauvage
ça sent le frai la laine et l'argile
le vent revient de loin
un ange passe
13 août 2007
Voyures
Quoi s'éloignait là ? disais-tu
le vent fouettard à son branle
qui tombait dans l'éparse grâce de la mer
le soleil entre l'ombre et l'ombre
tout feu tout flamme déboulé
dans un panier de nuages
la neige à venir et l'herbe à Robert
un improbable accès aux replis des collines
les menues semences
l'eau douce à la saulaie
les grandes nuits lointaines
C'est ça le vrai jour et l'aboi neuf
ça râpe et ça rit
ça rabote
2 mai 2008
Henri Droguet, Variations saisonnières, dans PO&SIE
n°136, 2ème trimestre 2011, p. 41 et 48.
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17/04/2013
Frédéric Wandelère, La Compagnie capricieuse
La sauterelle
Chaque automne la même sauterelle
Des jardins saute le mur et la route
Pour se retrouver chez elle chez moi.
Patiente à ma fenêtre, sans doute,
Elle trouverait le moyen d'entrer,
Moi celui de la reprendre, le soir,
Car je l'invite, mettons, à dîner
D'herbe et de feuillage sur un mouchoir
Papillon
Même ses ailes au bout du compte
Lui pèsent quand je le relève
De mes mains. La route s'enlève
Pour notre convoi, et je monte
*
Je ne sais vraiment pas pourquoi
Je n'ai plus de fourmis chez moi ;
Les escargots c'est par erreur
Qu'ils voyagent parmi les fleurs.
Le soir, les papillons
Tournent dans la maison.
Le chien dort, les chats rodent
La nuit près d'Anne-Claude.
Feu le chat
Il est mort depuis si longtemps.
Son fantôme a pris place non
Loin de nous dans notre maison
Et le silence comme avant
Frédéric Wandelère, La Compagnie capricieuse,
La Dogana, 2012, p. 14, 15, 16, 18.
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08/04/2013
Pierre-Albert Jourdan, Ajouts pour une édition revue et augmentée de Fragments
Ce qui s'offre au regard. Mais qu'est-ce donc cela qui s'offre au regard ? Cela me fait parfois songer à ce personnage, lors de la première représentation d'Ubu roi, qui demandait : « C'est bien une plaisanterie, n'est-ce pas ?
Sous la paisible (somme toute) nomination des choses demeure une force explosive, aveuglante. Et toutes les interrogations n'enlèvent nullement e pouvoir d'évidence (que d'autres voies soient possible n'enlève rien). Pouvoir d'évidence, pouvoir aussi de fascination. Niveau simple ! Alors nous devons aussi nous interroger sur ce que ce mot de "simple" fait se dresser devant l'esprit de telles murailles qu'il vaut mieux s'ouvrir à une telle venue, se disposer à une telle venue. Il y aurait là, tout aussi bien, une science terriblement ardue.
Sous-bois. Caresse des branches de pin sur la peau nue. Un peu plus loin, halte sur une pierre. Je quitte mes sandales, croise mes jambes. Un papillon se pose sur mon pied. Je l'accueille bien volontiers. Façon en quelque sorte de me dé-placer. J'entame mon recyclage.
Village au loin comme porté par les nuages, plus vrai sous cette oi errante aux fruits parfois désastreux.
Pierre-Albert Jourdan, Ajouts pour une édition revue et augmentée de Fragments, Poliphile, 2011, p. 12.
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