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27/03/2018

Ossip Mandelstam,Œuvres poétiques

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Combien m’est cher ce vivant qui peine,

qui compte pour un siècle une année,

qui met au monde, qui dort, qui crie,

tout ce peuple cloué à sa terre.

 

Ton oreille se tient aux frontières —

elle se satisfait de tout bruit —

un ictère, un ictère, un ictère !

dans ce trou moutardier et maudit !

 

                                               octobre 1930

 

Ossip Mandelstam, Œuvres complètes I, Œuvres

poétiques, traduction Jean-Claude Schneider,

Le Bruit du temps / La Dogana, 2018, p. 351.

Ossip Mandelstam,Œuvres poétiques

             Mandelstam.jpeg

Combien m’est cher ce vivant qui peine,

qui compte pour un siècle une année,

qui met au monde, qui dort, qui crie,

tout ce peuple cloué à sa terre.

 

Ton oreille se tient aux frontières —

elle se satisfait de tout bruit —

un ictère, un ictère, un ictère !

dans ce trou moutardier et maudit !

 

                                               octobre 1930

 

Ossip Mandelstam, Œuvres complètes I, Œuvres

poétiques, traduction Jean-Claude Schneider,

Le Bruit du temps / La Dogana, 2018, p. 351.

26/10/2014

Gilles Jallet, Contre la lumière, Œuvres poétiques

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Partout nous voyageons depuis toujours

et nous sommes fourvoyés à cause de la certitude

que cela donne une ressemblance entre les lieux,

 

d'exister partout ailleurs que là où nous vivons,

sous un ciel vide, abandonné, la terre

creusée de trous noirs et la langue, elle aussi,

 

portant les stigmates de ceux qui disparurent

sans voir la mort. Ainsi partent-ils tous

emportant avec eux le secret de leurs paroles

 

et cette parole aujourd'hui nous manque :

c'est pourquoi nous n'avons plus de pays,

plus de ciel, plus de chez moi à regarder.

 

Gilles Jallet, Contre la lumière, Œuvres poétiques, La

Rumeur libre, 2014, p. 155.

 

12/04/2014

Gilbert Lely, Œuvres poétiques

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                         L'anniversaire

 

   J'attendais mon père devant la porte d'une grande administration. Il était mort. Je le vis sortir lentement. Je m'avançai vers lui avec émotion, mais il ne parut pas tenir compte de ma présence. Je détournai la tête pour pleurer. Mille petits caniches blancs dansaient sur le trottoir.

 

 

                         Roses de Picardie

 

Le 2 août 1914, une coquette villa de banlieue. Le père, la mère et l'enfant sont assis dans le jardin. Tout à coup on entend la Marseillaise. Le père se lève pour aller changer de souliers. La gare de l'Est Au retour, le jeune garçon ne cesse d'observer sa mère. Ils mangeront dans la cuisine. Ils achèteront un phonographe pour danser. Ils se feront des drôles de sourires dans les tramways. Ils se déshabilleront au bord des rivières. Ils nommeront l'armoire à glace le miroir des sodomies.

 

Gilbert Lely, Œuvres poétiques, éditions de la Différence,1977, p. 36, 44.