30/05/2017
Georges Navel, Travaux
La jeunesse des usines, plus belle qu'autrefois, plus intelligente, plus vivante, se délivrait de la déchéance physique du travail claustré, dans les jeux de plein air, le camping, grâce aux quarante heures. Malgré la fatigue des fins de journée, l'usine me semblait appartenir à un monde déjà neuf, à un monde plus gai. L'usine un jour serait à nous. Nous ne travaillerions plus pour la guerre. Je me sentais lié aux hommes qui m'entouraient par une communauté d'esprit. Ils étaient sortis de leur indifférence, de leur passivité. Comme jamais, je me sentais enfin avec des semblables, des ouvriers devenus conscients. Il y a une tristesse ouvrière dont on ne guérit que par la participation politique. Moralement, j'étais d'accord avec ma classe.
Georges Navel, Travaux (dernières lignes)
Texte communiqué par Jacques Lèbre que je remercie chaleureusement.
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29/05/2017
Antonio Rodriguez, Après l'union
ee rêve revient par la marche, pas à pas parmi les ronces mêlées se décompose la suite empêtrée, la tuyauterie sylvestre enfouit une trachée ouverte, parle, la terre livre un chemin de mains brunes, parle, le rythme des pieds qui fondent au sol et déambulent sur une foule, « le siècle », j’ai écrit cela dans un carnet, était-ce en piétinant un corps, une branche, me reviennent les tombes proches de la chapelle, enfants nous nous dissimulions pour ne pas être attrapés, cache-cache se finissant derrière des stèles, et toujours montait ce trouble de les piétiner, je titube à présent, subitement irrité par ces barbelés, des ronces accrochées aux mollets, pointes retirées délicatement, réitérées une à une, c’étaient des ombres
Antonio Rodriguez, Après l’union, Tarabuste, 2017, p. 78.
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28/05/2017
Boris Pasternak, L'an 1905
L’an 1905
Dans notre prose pleine de laideur
Dès octobre, l’hiver se glisse.
Le rideau du ciel de ses franges
Vient frôler la terre.
Prémices de neige, confuse encore,
Encore subtile, troublante comme un message,
Dans la nouveauté céleste de ce jour
Révolution, tu es là tout entière.
Jeanne d’Arc des bagnes de Sibérie,
Captive et chef, tu es de celles
Qui se jetaient dans le puits de la vie
Trop ardentes pour mesurer leur élan.
Socialiste du crépuscule tu faisais jaillir la lumière
En battant des monceaux de briquets
Tu sanglotais, et ton regard de basilic
Nous illuminait et nous glaçait à la fois.
Absorbée par le grondement des champs de tir
Qui là-bas, au loin, s’éveillaient
Tu faisais vaciller les feux dans la solitude
Comme si la rue tournoyait autour de ta main.
Et dans l’égarement des flocons noceurs
Toujours le même geste fier de refus
Tel un artiste rongé par le doute
Tu t’écartes des triomphes.
Tel un poète, la pensée consumée,
Tu marches pour oublier.
Tu ne fuis pas seulement les gros écus
Mais tout le mesquin te répugne aussi.
Boris Pasternak, L’an 1905, Debresse, traduction
Benjamin Goriely, 1958, p. 27-28.
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27/05/2017
Max Ernst, Écritures
La Laïcité
Ne pas confondre
le baiser de la fée
avec
la fessée de l’abbé.
Soliloque
Pour apprendre à lire et à écrire
Ignorer la poule aux œufs durs
Pour apprendre à boire et à manger
Inaugurer la pêche au soleil levant.
Max Ernst, Écritures, Gallimard,
1970, p. 374-375.
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24/05/2017
Jean Paulhan-Georges Perros, Correspondance 1953-1967
Cher Georges
Mardi [8 mars 1960]
(…)
Voici ce qui m’a toujours intrigué, irrité : un Monsieur quelconque fait un discours : de préférence un discours populaire (un peu chaleureux) dans une assemblée populaire (un peu agitée — mais, après tout, la scène peut aussi bien se passer dans un salon). Eh bien, une bonne part des assistants vont penser : « Tout ça c’est des lieux communs, des clichés, des-mots-des-mots » (comme disait l’autre). Mais une autre bonne part : « Quels beaux sentiments, quelles pensées justes, sincères, fondées ! » Or le discours est le même pour tous. Cependant un lieu commun est le contraire d’une forte pensée, un mot est le contraire d’une idée.
Imaginez cent, mille exemples analogues. Les analyses les plus subtiles n’y pourront rien : il faut bien qu’il y ait un lieu de notre esprit où le mot ne soit pas autre chose que la pensée, et les contraires soient indifférents.
À cela rien d’impossible. C’est ce que Nicolas de Cues, Blake, Hölderlin, cent autres, n’ont pas arrêté de dire, d’une part. Et de l’autre : notre esprit ne peut observer qu’à faux : en prélevant sur lui-même la part qui va l’observer. Donc rien ne s’oppose à ce qu’un esprit entier (et donc invisible) soit apte à confondre les contraires, se meuve dans une sorte d’âge d’or où l’action soit le rêve, où le ciel soit la mer : et l’erreur, la vérité.
Jean Paulhan, Georges Perros, Correspondance 1953-1967, édition Thierry Gillybœuf, éditions Claire Paulhan, 2009, p. 221-222.
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23/05/2017
Georges Perec, La clôture et autres poèmes
Un poème
Est-ce que j’essayais d’entourer ton poignet
avec mes doigts ?
Aujourd’hui la pluie strie l’asphalte
Je n’ai pas d’autres paysages dans ma tête
Je ne peux pas penser
aux tiens, à ceux que tu as traversés dans le noir et
dans la nuit
Ni à la petite automobile rouge
dans laquelle j’éclatais de rire
L’ordre immuable des jours trace un chemin strict
c’est aussi simple qu’une prune au fond d’un compotier
ou que la progression du lierre le long de mon mur.
Mes doigts ne sont plus ce bracelet trop court
Mais je garde l’empreinte ronde de ton poignet
Au creux de mes mains ambidextres
Sur le drap noir de ma table.
Georges Perec, La clôture et autres poèmes, dans Œuvres, II,
édition Christelle Reggiani, Pléiade / Gallimard, 2017, p. 800.
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21/05/2017
Samuel Beckett, Pour en finir encore et autres foirades
Au loin un oiseau
Terre couverte de ruines, il a marché toute la nuit, moi j’ai renoncé frôlant les haies, entre chaussée et fossé, sur l’herbe maigre, petits pas lents, toute la nuit sans bruit, s’arrêtant souvent, tous les dix pas environ, petits pas méfiants, reprenant haleine, puis écoutant, terre couverte de ruines, j’ai renoncé avant de naître, ce n’est pas possible autrement, mais il fallait que ça naisse, ce fut lui, j’étais dedans, il s’est arrêté, c’est la centième fois cette nuit, environ, ça donne l’espace parcouru, c’est la dernière, il est couché sur son bâton, je suis dedans, c’est lui qui a crié, lui qui a vu le jour moi je n’ai pas crié, je n’ai pas vu le jour, les deux mains l’une sur l’autre pèsent sur le bâton, le front pèse sur les mains, il a repris haleine, il peut écouter, le tronc à l’horizontale, les jambes écartées, les genoux fléchis, même vieux manteau, les basques raidies se dressent par–derrière, le jour point, il n’aurait qu’à lever les yeux, qu’à les ouvrir, qu’à les lever, il se confond avec la haie, au loin un oiseau […]
Samuel Beckett, Pour en finir encore et autres foirades, éditions de Minuit, 1976, p. 47-48.
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20/05/2017
Shoshana Rappaport-Jaccottet, Écrire c'est lier
Écrire c’est lier
Écrire, c’est lier. Comment ficeler le bouquet ? D’emblée, pouvoir contrarier les catégories, donner à voir une géographie du cœur, mouvante, pudique, sensible. Ingrédient décisif, il faut déposer en douceur quelques phrases choisie pour la circonstance. (Chronologie du présent.) Disposer d’un temps propice hors de l’inquiétude, de l’interrogation. Déjouer les effets d’attente. Pas d’évidence expressive. « Nous n’avons pas la verticale. » Soit. Dialoguer avec le monde, — dialogue fragile, fluide, nécessaire, être dans la vie, et donner un sens plus pur aux mots de la tribu. « C’est comme ça. » Comment toucher, remuer, atteindre ? Choses perceptibles, choses de la pensée. Asseoir le trouble, et penser à « l’a-venir » ? Déplorer les mots rompus à toutes les besognes. Merveilles, babioles. Aucune ne mord sur le réel. Ne pas passer à côté : offrande du jour festif, la fidélité donne de la mémoire. (Saisir la réflexion à sa racine, là où se réalise l’ample tessiture des registres, sa vocation à remonter les chemins. Dire et faire : avec quel lexique rendre l’immédiateté de la voix, du geste, de la vitalité libre ? Latéralité du regard. De ce regard-là qui fixe, évalue, désigne, discerne, construit tel cadastre à sa mesure. Posséder un lieu où se tenir debout, vaille que vaille, quel que soit le fond. Invention, méditation, et attention perceptive.
Shoshana Rappaport-Jaccottet, Écrire c’est lier, dans (Collectif) le grand bruit, pour fêter les 80 ans de Michel Deguy, Le bleu du ciel, 2010, p. 207.
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19/05/2017
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre
Pensée pieuse
L’immensité de Dieu
Réside-t-elle peut-être dans sa non-existence ?
Pensero pio
Sta forse nel suo non essere
L’immensità di Dio ?
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre, édition bilingue,
traduction Philippe Di Meo, Atelier La Feugraie, 2002,
- 159 et 158.
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18/05/2017
Jacques Dupin, L'embrasure
Il y a quelque part pour un lecteur absent, mais impatiemment attendu, un texte sans signataire, d’où procède nécessairement l’accident de cet autre ou de celui-ci, dans le calme, dans l’obscurité, dans le dédoublement de la nuit écarlate, silence
trait pour trait superposable à ce qui, du futur sans visage, déborde le texte et dénude sa foisonnante et meurtrière illisibilité.
Jacques Dupin, L’embrasure, Gallimard, 1969, p. 89.
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17/05/2017
Georges Perros, Papiers collés
Les poètes écrivant mal. C’est leur charme. Si tout le monde écrivait comme Anatole France, lire ne serait plus et définitivement qu’une entreprise maussade. Ils écrivent mal, n’ayant qu’un obstacle mais cet obstacle impossible à franchir. Ils le retrouvent partout. C’est le mot. Ils n’ont pas le loisir d’aller plus avant, c’est-à-dire de penser à quelque chose. À leur sort. À leur misère. À leur condition. Prendre quelqu’un au mot, c’est le sommer dans l’immédiat. Le poète est pris au mot. S’il réfléchit, c’est dans l’angle strict du langage. Une horloge ne pense pas. Elle réduit le mystère, le temps, à sa perpétuelle délibération. Mais aussi bien rend-elle à ce mystère toute son implacabilité, toute sa folle éternité.
Donc un mot ne veut rien dire. C’est grave quand on s’avise que la plupart des hommes utilisent cette monnaie d’échange pour correspondre. Pour aimer. Pour prêter serment. Mais le mot n’aime guère qu’on le presse, qu’on le prenne pour ce qu’il n’est pas. Le poète a compris cela. Il le traite avec discrétion sinon avec indifférence, et le mot donne tout son sens. Et même un peu plus. Il éclate, à maturité, faisant gicler l’image. Non sans donner sa chance à l’idée.
Georges Perros, Papiers collés, Le Chemin/Gallimard, 1960, p. 80-81.
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16/05/2017
Marcel Cohen, Sur la scène intérieure
Maria Cohen,
Née le 9 octobre 191 à Istanbul,
Convoi n° 63 du 17 décembre 1943.
En 1939, dans les mois qui précédèrent la guerre, Marie rendit visite à une amie de la famille, dans le xie arrondissement de Paris, et lui offrit un petit coquetier en bois peint décoré à la main. En 2009, sachant que nous allions nous retrouver, l’amie enfouit le coquetier dans son sac pour me l’offrir. Depuis longtemps, il n’était plus assez présentable pour avoir sa place à table et les enfants et petits-enfants de cette amie, qui l’ont pourtant beaucoup utilisé, n’avaient aucune raison de lui attacher la moindre importance. Fendillé et délavé comme un bois roulé, le coquetier ne conserve que quelque taches de couleur dont il est difficile de lire avec certitude ce qu’elles ont pu représenter. Peut-être un papillon. Sur le pied, seul demeure tout à fait reconnaissable un nœud orange souligné de noir, comme on voit sur les œufs de Pâques russes.
Je sais bien que les objets familiers sont synonymes d’aveuglement : nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l’habitude. Mais le coquetier, dans le placard à vaisselle, et ne serait-ce que de façon très épisodique, a eu bien des occasions de susciter quelques bouffées de tendresse à l’égard de Marie. (Elle se faisait appeler Marie bien que son nom soit officiellement Maria.) Je me dis qu’on ne conserve pas un objet aussi modeste, et aussi défraichi, pendant soixante-dix ans sans de sérieuses raisons. La crainte de la voir disparaître confirme cet attachement. Le petit coquetier, aujourd’hui, n’est donc pas seulement la concrétion d’un souvenir. Est-il abusif d’y voir la qualité même de ce souvenir, sa texture, quelque chose d’aussi incertain que le reflet d’une aura ?
Marcel Cohen, Sur la scène intérieure, Folio/Gallimard, 2013, p. 13-14.
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15/05/2017
Thomas Bernhard, Kulterer
Plus approchait le jour où il serait libéré de la centrale, plus Kulterer craignait de revenir auprès de sa femme. Il menait une vie refermée sur elle-meme, totalement ignorée par ses co-détenus, et il tuait le temps libre, qui était souvent bien trop long à la centrale car ils ne travaillaient, selon le règlement, que cinq à six heures par jour aux machines d’imprimerie, en notant des idées subites ou, pensait-il, des pensées insignifiantes qui l’occupaient presque sans interruption. Par ennui, et parce qu’il eût désespéré sans cela, il se lisait souvent à lui-même de courtes histoires et de courts récits qu’il avait lui-même inventés et rédigés. Le chat par exemple ou La cale sèche ou Les palmipèdes, L’hyène, La régisseuse de la propriétaire terrienne, Le lit de mort. La plupart du temps, ces histoires lui venaient la nuit, et il devait, pour ne pas les perdre, se lever et s’asseoir à la table dans l’obscurité tandis que ses compagnons de cellule dormaient, et noter dans cette même « obscurité effrayante » ce qui lui était venu.
Thomas Bernhard, Kulterer, traduction Claude Porcell, Arcane 17, 1987, p. 81-82.
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14/05/2017
Hans Magnus Enzensberger, Culture ou mise en condition ?
Poésie et politique
(…) Si la poésie répugne à l’éloge et à la diatribe concernant les hommes au pouvoir, ce n’est pas une obligation générale où elle serait de s’en tenir à l’abstraction. Ce n’est pas le fait qu’ils sont désignés nommément qui ôte toute valeur aux poèmes en l’honneur de Hitler ou de Staline : le poème ne rejette pas les noms de personne en général, mais seulement ceux des hommes au pouvoir. Sur toute autre personne privée, il est possible d’écrire des poèmes, aujourd’hui comme par le passé : sur une femme, sur un ami, sur un chauffeur de taxi, sur un marchand de légumes. Il ne manque pas, dans la poésie moderne, de textes importants qui s’adressent à des personnes : Lorca a pleuré dans un oratorio le torero Ignacio Sanchez Mejias, Supervielle a écrit une ode à Lautréamont et Auden un mémorial pour William Butler Yeats : la langue de la poésie ne se refuse à aucun de ces noms, ils trouvent tous place dans le texte sans le faire éclater.
(…) La fin du panégyrique en poésie, donc d’un phénomène éminemment politique, s’oppose à toute explication par la politique, la psychologie ou la sociologie. Il s’agit d’un état de choses objectif : le langage poétique se refuse à quiconque veut l’utiliser pour transmettre le nom des hommes au pouvoir. La raison de ce refus ne réside pas hors de la poésie, mais en elle-même.
Hans Magnus Enzensberger, Culture ou mise en condition ?, traduction Bernard Lortholary, Les Belles Lettres, 2012, p. 321.
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13/05/2017
Jack Spicer, C'est mon vocabulaire qui m'a fait ça
La naissance de Vénus
Tout ce qui est détruit doit être jeté
Si cela au moins était une émotion
Les coquillages seraient faux. Campement
Avançant en rien
Campement en partie comme les homosexuels le comprennent comme un chagrin privé
Et en partie comme les autres le comprennent — allumant du feu pour la nourriture.
Non plus, dis-je, l’eau de mer
Ne donne rien.
La naissance de Vénus arriva quand elle fut prête à naître, l’eau de mer ne la remarqua pas et, plus important, il y avait une plage,
pas une plage dans l’univers mais une vraie putain de plage
qui était prête à la recevoir.
Coquille et tout.
Amour et nourriture de
Jack Spicer, C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça, traduction de l’anglais (USA) Éric Suchère, préface Nathalie Quintane, le bleu du ciel, 2006, p. 174.
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