25/11/2014
Primo Levi, À une heure incertaine
Voix
Voix muettes depuis toujours, voix d'hier ou à peine éteintes ;
Tends l'oreille et tu en saisiras l'écho.
Voix rauques de ceux-là qui ne savent plus parler,
Voix qui parlent mais ne savent plus dire,
Voix qui croient dire,
Voix qui disent et ne se font pas entendre :
Chœurs et cymbales pour faire passer en contrebande
Le sens dans un message qui n'a pas de sens,
Par chuchotement pour laisser croire
Que le silence n'est pas le silence.
À vous parle, compaings de galle :
C'est à vous, compagnons de noce que je parle,
Vous, comme moi ivres de mots,
Mots poignards, mots poison,
Mots clés, mots rossignol,
Mots sel, mots masques, mots népenthès.
L'endroit où nous allons est un lieu de silence,
Un lieu de surdité, limbes des solitaires et des sourds.
La dernière étape, il te faut la parcourir sourd;
La dernière étape, il te faut la parcourir seul.
(10 février 1981)
Primo Levi, À une heure incertaine, traduit de l'italien par Louis Bonalumi, préface de Jorge Semprun, Arcades/Gallimard, 1997, p. 64.
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24/11/2014
James Joyce, Brouillons d'un baiser, traduction Marie Darrieussecq
[Portrait d'Iseult]
Côté prudence, elle laissait toujours la clé de son armoire dans la serrure de son armoire, la plume de son encrier dans le col de son encrier, le pain sur la plaque tiède. Jamais ils ne se perdaient. Elle était loin d'être cruche & on ne l'avait jamais prise à mentir. Côté instruction en géog elle savait que l'Italie est une botte cavalière, l'Inde un jambon rose & la France un plaid en patchwork, et elle pouvait dessiner la carte de la Nouvelle-Zélande, île du N & du S, toute seule. Côté instruction en zoog elle connaissait l'agneau, l'agneau un jeune mouton. Côté charme elle savait faire démonstration de ses jambes en bas couleur chair sous une jupe aussi droite que possible dans les diverses positions d'une Sainte Nitouche, Tatie Nancy, escabeau beau beau montre-moi tes cornes, petits pois, comète jolie, je t'aime un peu beaucoup, drôle de tartine, aime-moi mon amour, mon levier pour toujours.
Côté santé elle fut la seule de la maison à avoir la rougeole & quand elle était bébé au biberon tous ses amis admiraient ses anglaises.
Côté arts ménagers elle ramonait la cheminée en mettant le feu à un Irish Times et en le fourrant flambant dans le conduit et elle lavait le hall en posant son parapluie ouvert mouillé et ses galoches en cailloutchou dégouttièrant dans un coin. Bon dieu, ça y allait avec elle, Bon Dieu, ça y allait bien !
James Joyce, Brouillons d'un baiser, Premiers pas vers Finnegans Wake, réunis et présentés par Daniel Ferrer, Préface et traduction de Marie Darrieussecq, 2014, p. 65.
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23/11/2014
James Sacré, Le désir échappe à mon poème
Petite note sur le désir d'écrire
[...]
Lecteur qui m'avait pas prévu.
Écrire comme on drague. L'écriture comme une rencontre. Les mots que me tend l'autre toujours : avec sa joue qu'il m'abandonne sans me connaître ; dictionnaire et sa couverture de carton rose dans l'enfance j'y faisais des trous en y découpant des figures d'animaux jamais vus : oui, et depuis, le zorille et l'agouti me mangent le cul en caressant mon cœur. Lecteur que j'avais pas prévu.
*
J'ai envie d'écrire. "Ça te prend-y pas comme une envie d'chier ?" dirait mon père. Ou Rabelais : rondeau en chiant. C'est pas la peine de chercher un ange, on n'en voit jamais.
James Sacré, Le désir échappe à mon poème, dessins de Mohamed Kacimi, Al Manar, 2009, p. 10.
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22/11/2014
Jaroslav Seifert, Sonnets de Prague, traduction Henri Deluy et Jean-Pierre Faye
Dès le printemps jusqu'à tard dans l'hiver
puis dans l'hiver encore jusqu'aux jours du printemps
quand le vent défait les dentelles blanches
et pare Prague d'une autre dentelle
c'est avril. Le soleil de la cruche
verse le lait. Viendront les baptêmes
prépare une petite branche de romarin
et dis où je vais te retrouver
et sous les arcades du Tyn
déjà je viens sa main dans ma main
au moment où elle déboutonne son gant
écoute les demi-heures qui sonnent
j'attends comme le bâton ou comme l'ombre
comme celui qui attend sous le parvis
Jaroslav Seifert, Sonnets de Prague, traduits par Henri
Deluy et Jean-Pierre Faye, Seghers, 1985, p. 15.
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21/11/2014
Jean-Pierre Chambon, Tout venant
À l'heure du petit déjeuner
la radio bourdonne dans la cuisine
la nuit n'a pas lavé le monde
de l'injustice et du malheur
comment vivre cette journée
Les mots
dans leur ombre insensée persiste
portant l'écho d'une voix à venir
le rêve d'une langue transparente
tenue en réserve depuis l'enfance
qui nous ferait traverser le miroir
et dirait enfin le secret des choses
Dans les carrés de lumière
que les fenêtres des immeubles
découpent sur la nuit
se démultiplient les silhouettes
d'un petit théâtre d'ombres
jouant les scènes triviales
de la fascinante
vie des autres
Jean-Pierre Chambon, Tout venant,
Héros-Limite, 2014, p. 108, 91, 187.
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19/11/2014
Luis Mizon, Corps du délit où se cache le temps
je réfléchis
il y a une petite chose qui me tracasse
je ne sais pas reconnaître mes adversaires
je sis capable
de reconnaître mes alliés
mais je me trompe souvent
je ne connais pas les règles de ce jeu
plus grave encore je n'ai pas envie de les
connaître
c'est trop tard pour les apprendre
maintenant
à minuit
au milieu du terrain
entouré de haut-parleurs et de chiens
illuminés par les étincelles d'un bâton de
charbon
qui se consume entre la vie et la mort
Luis Mizon, Corps du délit où se cache le temps, dessins
de Philippe Hélénon, Æncrages & Co, 2014, np.
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18/11/2014
Jacques Réda, La nébuleuse du songe, suivi de Voies de contournement
J'étais là. Je voyais se former les chimères
Du futur, comme si je les avais déjà
Vues s'accomplir avant que ne se dégageât
L'intention blottie au cœur glacé du vide.
Enfin elle s'échauffe, et l'excès du torride
Sur sa flamme la tord, la pousse à s'arracher
Aussi loin que possible enfin de ce bûcher
Fondu dans un bouillon de lave — et qu'en bondissent
Des grumeaux de charbon ardent qui refroidissent
Peu à peu sous le vent presque aussi violent
De leur course dont rien ne cassera l'élan.
Sinon (comme un troupeau dans des friches fleuries
Propices au repos, s'attarde en flâneries
Et succombe au besoin grégaire des moutons)
Le tournis planétaire, où d'abord à tâtons,
Sous un soleil encore embarbouillé d'éclipses,
La vie a démêlé ses premières éclipses
Dans la confusion du cosmique rugby.
Jacques Réda, La nébuleuse du songe, suivi de Voies de
contournement (La Physique amusante III), Gallimard,
2014, p. 61.
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17/11/2014
Raymond Queneau, Texticules, dans Contes et propos
Dans la lettre
L'abri, c'est magistral à l'intérieur d'un a, par exemple, d'un o, d'un i — intérieur mince, bien sûr, que celui de l'i, mais combien certain, tiède même, gemütlich. Avec ça bien sûr, on ne va pas loin sur le chemin de la renommée. Bien plutôt, on va lentement. Oh, combien d'écrivains et combien d'écrivaines
qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
à l'intérieur d'un i se sont ensevelis.
Si l'on est désinvolte on peut choisir autre chose : l'aleph, l'oméga, le sampi.
Ah petit troupeau, petit troupeau, que tu nous fais souffrir.
Paralogies
Que s'apprête un peu, loin de, le ce qu'il faut dire alors les échos qu'aux cocoricos d'une longue carte infuse mais dérisoire les limites répondent, répondent. C'est minuit. Certains écrivent, certains rêvent. L'encre coule entre les doigts de la lune en ses carrosses d'algèbres. À côté de, presque, environ, l'étage est annoncé par le carillon flagrant d'une thune. Il est toujours midi. L'heure n'a pas changé depuis le silurien. À peine a-t-elle changé. À peine : juste de quoi ne plus devenir troglodyte.
Le papier blanc laissé sur la table bat des ailes et prend son vol adéquat, idoine, certain.
Raymond Queneau, Texticules, dans Contes et propos, Gallimard, 1981, p. 209-210 et 214.
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16/11/2014
Étienne Faure, Vues prenables
Le temps travaille trop, on est déjà dimanche
ce matin en ouvrant la fenêtre,
il neige en silence, les rues sont d'antan ;
de la ville, la rumeur est absente,
c'est la neige ou la nuit en son cœur qui l'interrompt
— ou la mort, insistante à sonner l'heure,
qui ponctue plus sonore les rêves.
Tout remonte en mémoire, les petits vieux
revenus naguère estropiés, claudiquant,
plusieurs balles dans la peau, des idées
fixées désormais sur les hommes,
qui le dimanche à des poulbots sans église
tendaient des gâteaux, biscuits à la cuiller
trempés dans du vin, leur donnant
sans le savoir le goût du rouge.
Aidés d'un peu d'alcool ensuite ils mourraient
un après-midi dansant
entre les bras d'un fauteuil qui connut leurs étreintes
dimanche, entre deux guerres.
le goût du rouge
Étienne Faure, Vues prenables, Champ Vallon, 2009, p. 79.
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15/11/2014
James Joyce, Brouillons d'un baiser, traduction de Marie Darrieussecq
[Tristan & Iseult]
Lui, le gentleman, avait une tête de bicarbonate. D'abord c'était un martyr de l'indigestion, plutôt enclin aux hémorroïdes à force de s'asseoir sur les murs de pierre en se repaissant de la beauté de la nature et par dessus le marché à suivre les avis du Dr Morrue il s'était envoyé des potions quotidiennes d'extrait d'écorce de saule pour se garder de la grippe hibernienne quand il avait été frappé d'une toux têtue. D'une pâleur fiévreuse, où se lisait l'action des hautes mers sur un estomac abstinent, il contemplait les saints fantômes de ses amours estudiantines, Henriette au sommet de la meule de foin, Nenette de l'Abbaye derrière la porte de la buvette, Marie-Louise toute de plaisir et de puces, Suzanne pompette attrape-moi si tu peux, et, la dernière mais pas la moindre avec ses os pointus, la bonne du curé de la paroisse locale. Épouvantablement, il la passamoura de l'œil avec une expression bordée de noir.
Elle leva la tête, les yeux suprêmement satisfaits. Car désormais elle tirait plutôt plein pot de son persiflage qu'il était un esclavamour à vie, c'était elle l'élue et pas cette chiffe à museau de souris et mèches d'épouvantail, Kateagnes O Halloran.
—Johnny-qui-sourit, quémanda-t-elle gynelexicalement, est-ce que tu mêmemême un titi pou ?
[...]
James Joyce, Brouillons d'un baiser, Premiers pas vers Finnegans Wake, réunis et présentés par Daniel Ferrer, Préface et traduction de Marie Darrieussecq,
2014, p. 69.
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14/11/2014
René Crevel, Le clavecin de Diderot
Amour divin et amour-propre
Des expressions de cette farine devenues monnaie courante, on s'imagine à la suite de quelles piètres pratiques l'amour a bien pu, dans l'idée que s'en font les hommes, se recroqueviller au point de prendre en béquille, de tels qualificatifs.
La rage possessive s'obstinait à voir, jusque dans la créature préférée une simple chose à prendre. Et certes, ppour que les affirmations : Tu es ma chose, je te possède et les acquiescements : Je suis ta chose, prends-moi, fussent devenus des cris réflexes de la jouissance, il fallait bien que l'inégalité eût été, une fois pour toutes, admise entre et par les éléments du couple. D'où notion d'un amour esclavage, lequel, avec ce qu'il sous-entend de remords de la part du maître-abuseur, de ressentiment de la part de l'esclave-abusée, devient vite amour-enfer. Alors, à nous les formules incandescentes :
Brûlé de plus de feux que je n'en allumais.
Malgré le ton haute époque, cet alexandrin pyrogène n'en sent pas moins le cochon grillé.
La communion que les êtres, entre eux, se défendent, apparaît à la lumière de leur désespoir délirant, une interdiction que seule peut lever, et pour des fins surnaturelles, la vertu d'un sacrement.
[...]
René Crevel, Le clavecin de Diderot, 1932, "Libertés 38", J. J. Pauvert éditeur, 1966, p. 64-65.
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13/11/2014
Nelly Sachs, Brasier d'énigmes et autres poèmes
Pourquoi Israël ?
À ton existence pourquoi Israël
cette réponse noire de la haine ?
Toi l'étranger
astre venant de plus loin que les autres.
Vendu à cette terre
pour que la solitude continue à se transmettre.
Ton origine est couverte d'herbes folles
On a fait l'échange de tes étoiles
contre tout ce qui appartient aux mites et aux vers
Elles qui pourtant furent transportées comme l'eau de lune
des rives ensablées et rêveuses du temps jusque dans le lointain.
En chœur avec les autres
tu as chanté
Un ton plus haut
ou un ton plus bas
Au soleil couchant tu t'es élancé dans le sang
comme une douleur qui en cherche une autre.
Vaste est ton ombre
et pour toi il se fait tard
Israël !
Nelly Sachs, Brasier d'énigmes et autres poèmes, traduit de l'allemand par Lionel Richard, Les Lettres Nouvelles/Denoël, 1967, p. 75.
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12/11/2014
Jean-Luc Sarré, La part des anges
On n'a pas le cœur à défaire
pour les vider de nos vacances
les valises qui encombrent l'entrée.
Les fantômes sentent la naphtaline
et le plaisir n'est plus le même
de convier le jour à noyer
un salon qui nous paraissait
vaste il y a seulement deux mois.
On ôte un suaire, on se vautre,
ni heureux ni triste, égaré
parmi les images de l'été
— elles et la nuit et la musique.
Mêler sa voix à celle des autres
en laiqqanr croire qu'on sait lire
ces indéchiffrables portées
ne fait pas longtemps illusion.
« Cheval sanglé jusqu'aux faugères
tu seras mon solfège » dit l'enfant
en pressant les flancs d'un dimanche
qui rentre rênes longues, encolure basse.
Jean-Luc Sarré, La part des anges, La Dogana,
2007, p. 91, 36.
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11/11/2014
Samuel Beckett, Mercier et Camier
Le champ s'étendait devant eux. Rien n'y poussait, rien d'utile aux hommes c'est-à-dire. On ne voyait pas très bien non plus en quoi ce champ pouvait intéresser les animaux. Les oiseaux devaient y trouver des lombrics. Il était de forme très irrégulière et entouré de haies malingres, composées de vieilles souches d'arbres et de fourrés de ronces. Il y avait peut-être quelques mûres sauvages en automne. Une herbe bleue et aigre disputait le sol aux chardons et aux orties. Ces dernières auraient pu servir de fourrage, à la rigueur. Au-delà des haies d'autres champs, d'aspect semblable, entourés d'autres haies, d'aspect non moins semblable. Comment passait-on d'un champ à l'autre ? À travers les haies peut-être. Un chèvre s'intéressait capricieusement aux ronces. Dressée sur ses pattes de derrières, celles de devant appuyées sur une souche, elle cherchait les épines les plus tendres. Elle s'en détournait avec pétulance, faisait quelques pas furieux et s'immobilisait. De temps en temps elle faisait un petit bond, droit en l'air. Puis elle se mettait de nouveau dans la haie. Ferait-elle ainsi le tour du champ ? Ou se lasserait-elle avant ?
Samuel Beckett, Mercier et Camier, éditions de Minuit, 1970, p. 87-88.
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10/11/2014
Thomas Bernhard, Sur la terre comme en enfer
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
rien de ce tourment qui m'épuisait
comme la poésie qui portait mon âme,
rien de ces mille crépuscules, de ces mille miroirs
qui me précipitent dans l'abîme.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
que j'ai dû traverser à gué comme le fleuve
dont les âmes sont depuis longtemps étranglées par les mers,
et tu ne sais rien de cette formule magique
que notre Lune m'a révélé entre les branches mortes
comme un fruit de printemps.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
qui me chassait à travers les tombeaux de mon père,
qui me chassait à travers des forêts plus grande que la terre,
qui m'apprenait à voir des soleils se lever et se coucher
dans les ténèbres malades de ma tâche journalière.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
du trouble qui tourmentait le mortier,
rien de Shakespeare et du crâne brillant
qui, comme la pierre, portait des cendres par millions,
qui roulait jusqu'aux blanches côtes,
au-delà de la guerre et de la pourriture avec des éclats de rire.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
car ton sommeil passait par les troncs fatigués
de cet automne, par le vent qui lavait tes pieds comme la neige.
Thomas Bernhard, Sur la terre comme en enfer, traduit de l'allemand et présenté par Suzanne Hommel, "Orphée" / La Différence, 2012, p. 47.
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