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14/06/2022

Raymond Queneau, Les Ziaux

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                     Il pleut

 

Averse averse averse averse averse averse

pluie ô pluie ô pluie ô ! ô pluie ô pluie ô pluie !

gouttes d’eau gouttes d’eau gouttes d’eau gouttes d’eau

parapluie ô parapluie ô paraverse ô !

paragouttes d’eau paragouttess d’eau de pluie

capuchons pélerines et imperméables

que la pluie est humide et que la pluie mouille et mouille !

mouille l’eau mouille l’eau mouille l’eau mouille l’eau

et que c’est agréable agréable agréable de pluie et de gouttes

d’avoir les pieds mouillés et les cheveux humides

tout humides d’averse et de pluie et de gouttes

d’eau de pluie et d’averse et sans un paragoutte

pour protéger les pieds et les cheveux mouillés

qui ne vont plus friser qui ne vont plus friser

à cause de l’averse à cause de la pluie

des gouttes d’eau de pluie et des gouttes d’averse

cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie.

 

Raymond Queneau, Les Ziaux, dans Œuvres complètes, I,

Pléiade/Gallimard, 1989, p. 31.

 

11/06/2021

Bashô, Friches (2)

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À l’ombre des fleurs

la nuit passée en voyage

évoque le chant

 

D’herbes l’appuie-tête

trempé par l’averse un chien

hurle dans la nuit

 

En voyage donc

j’aurai vu de ce bas monde

le grand nettoyage

 

De mes père et mère

le souvenir m’envahit

au cri du faisan

 

Ah le pays natal

sur mon cordon ombilical je pleure

au déclin de l’an

 

Bashô,  Friches (2), traduction René Sieffert, Presses orientalistes de France, 1992, p. 51, 61, 65, 67, 73.

13/06/2017

Christophe Manon, Au nord du futur

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                           Au milieu de la nuit, le jour

 

3.

à redire ou bien est-ce le murmure de la terre ondulant

 

sous l’averse ? Franchissant l’enceinte sacrée du temps et avançant en circonvolutions sur un chemin de traverse, suivant telle bifurcation, puis telle autre, puis revenant à un point qui n’est pas

 

exactement comme celui du départ, comme les émigrants, ils s’adonnent au mouvement et à l’errance, empruntant avec souplesse les méandres labyrinthiques du récit. Et cependant, l’amour est un éclat fugace que les mots ne font qu’effleurer. Il se manifeste par un flux d’intensité lorsque nous vibrons. J’entends

 

par là qu’il ne s’agit pas d’une disparition : quelque chose demeure et accompagne nos gestes et nos pensées, c’est pourquoi, parfois le cœur semble si lourd. Voici ce que démontre l’axiome de l’empathie qui se matérialise par un équilibre précaire et fragile à mesure

 

qu’il s’évapore provoquant des taches de hasard sombres et pensives, des frémissements syntaxiques, de légères vibrations dans les lignes de terre, des tremblements de l’atmosphère comme sous l’effet d’une chaleur intense. […]

 

Christophe Manon, Au nord du futur, NOUS, 2016, p. 49.

25/08/2016

Lisa Robertson, Le temps

 

Vendredi

 

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                           Vendredi

Nous nous reposons sur la cité ou de l’eau et des formes simulées dans un beau soir après les averses le ciel plein de spécimens de formes bizarres. Cette image présente le commencement d’une brume du soir. Nous nous reposons sur des événements violents ou des enchaînements d’incidents ou d’onguents de maquillage de pollen l’ornement mobile après le fait est entré montrant tapageur vigoureux et humide. De la partie du ciel une masse nuageuse. Nous nous reposons sur le spectacle chtonien prodigieux ou sur l’imbroglio satisfaisant dans l’inachèvement comme dans les brumes basses et rampantes. L’image est après les averses. Elle signifie célèbre éclatant et beau. Dans une belle soirée d’été. Tacite. Après les averses. […]

 

Lisa Robertson, Le temps, traduction de l’anglais (Canada) par Éric Suchère, NOUS, 2016, p. 52.

04/07/2015

T. S. Eliot, Préludes

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                    Préludes

 

                          I

 

Le soir d’hiver choit dans les ruelles

Parmi des relents de grillade.

Il est six heures.

Les mégots de jours enfumés.

Voici que l’averse en bourrasque

À nos pieds plaque

Des bribes de feuilles souillées

Et de vieux journaux arrachés

Aux terrains vagues ;

Contre les jalousies brisées

Et les toiles des cheminées

L’averse bat ;

Un cheval de fiacre esseulé

Au coin de la rue piaffe et fume.

Puis les réverbères s’allument.

 

T. S. Eliot, Poésie, traduction Pierre Leyris,

Seuil, 1969.