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18/11/2025

Jules Renard, Journal

 

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Il passe son temps à chercher des gens du même avis que lui.

 

Aujourd’hui les hommes de lettres prennent copie de leurs lettres, afin que la postérité puisse sans trop de mal réunir leur correspondance.

 

Les enfants devraient être des apparitions facultatives.

 

Si vous pensez du bien de moi, il faut le dire le plus vite possible, parce que, vous savez, ça se passera.

 

L’homme est un être qui lève la tête au ciel et ne voit que les araignées du plafond.

 

Jules Renard, Journal, Gallimard / Pléiade, 1961 ; p. 202, 203, 203, 206, 216.

17/11/2025

Jules Renard, Journal

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Il a chassé le naturel : le naturel n’est pas revenu.

 

Triste à voir comme un être cher qui s’enfonce dans le brouillard.

 

Il n’y a pas d’amis : il y a des moments d’amitié.

 

C’était un homme méthodique : il déjeunait en mâchant du côté gauche, et dînait en mâchant du côté droit.

 

Les gens sont étonnants : ils veulent qu’on s’intéresse à eux !

 

Jules Renard, Journal, Gallimard / Pléiade, 1961 ; p.195, 196, 197, 197, 198.

14/11/2025

Jules Renard, Journal

jules renard, journal, ennui

 

J’ai envie de faire une monographie de la taupe.

 

Ne jamais rien faire comme les autres en art ; en morale faire comme tout le monde.

 

Le talent, c’est comme l’argent : il n’est pas nécessaire d’en avoir pour en parler.

 

Quand elle avait pris de belles résolutions d’économie, elle commençait tout de suite par refuser aux pauvres.

 

La peur de l’ennui est la seule excuse du travail.

 

Jules Renard, Journal, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 123, 127, 129, 131, 134.

13/11/2025

Jules Renard, Journal

 

C’est étonnant comme toutes les célébrités littéraires gagnent à être vues en caricature !

 

Les gens auxquels on trouve du talent et qu’on ne lit jamais.

 

C’est une errer commune de prendre pour des amis deux personnes qui se tutoient.

 

Certaines gens voient comme si leurs yeux étaient au bout d’ une perche, très loin de leur cerveau.

 

Quand il se regardait dans une glace, il était toujours tenté de l’essuyer.

 

Jules Renard, Journal, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 100, 103,106, 114, 116.

12/11/2025

Jules Renard, Journal

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Acquiers le talent de dire sans bâiller : « C’est intéressant. »

 

Tout est beau. Il faut parler d’un cochon comme d’une fleur.

 

Ne jamais être content : tout l’art est là.

 

En somme, on a toujours un « roulement » d’amis suffisant.

 

La prose doit être un vers qui ne va pas à la ligne.

 

Jules Renard, Journal, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 92, 92, 96, 97, 99.

 

 

 

 

18/05/2025

Charles Albert Cingria, Bois sec bois vert

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C’est donc d’abord les lettres de deux fillettes ulcérées qui s’écrivent des bouts du monde. Elles sont, sans jamais se voir, entrées en rapport par des journaux d’enfants mal censurés où se communiquent des adresses incendiaires. C’est un langage chiffré auquel personne — ni surtout les réacteurs qui l’ont inventé — ne comprend rien. Elles jettent ainsi les bases, sans qu’on s’en doute, d’une entraide féminine précoce puissante, apte à lutter contre l’isolement où la belle éducation, que la richesse ou un excès de race implique, confine la malheureuse enfance.

 

Charles Albert Cingria, Bois sec bois vert, L’imaginaire /Gallimard, 1983 (1948), p. 71.

03/03/2025

Kafka, Journal

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Le voisin fait pendant des heures la conversation à la logeuse. Tous les deux parlent bas, la logeuse est presque inaudible, ce n’en est que plus énervant. J’ai interrompu l’écriture qui était repartie depuis deux jours, qui sait pour combien de temps. Désespoir pur. En est-il ainsi dans chaque logement ? Une telle détresse ridicule et nécessairement mortelle m’attend-elle chez chaque logeuse, dans chaque ville ? (…) Mais cela n’a pas de sens de désespérer immédiatement, plutôt chercher des moyens d’action, si fortement que — non cela ne va pas contre mon caractère, il y a encore un reste de judaïsme coriace en moi mais voilà, le plus souvent il aide la partie adverse. 

Kafka, Journal, traduction Robert Kahn, 2020, NOUS, p. 745.

02/03/2025

Kafka, Journal

 

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Il ne veut pas de consolation, mais pas parce qu’il n’en veut pas — qui n’en voudrait pas — mais parce que chercher la consolation signifie : consacrer sa vie à ce travail, vivre toujours au bord de sa propre existence, presque en dehors d’elle, ne presque plus savoir pour qui on cherche la consolation et du coup ne même plus être capable de trouver une consolation efficace (efficace, pas vraie, celle-là il n’y en a pas).

 

Kafka, Journal, traduction Robert Kahn, 2020, NOUS, p. 745.

01/03/2025

Kafka, Journal

 

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J’ai rêvé aujourd’hui d’un âne ressemblant à un lévrier, qui était très réservé dans ses mouvements. Je l’observai avec précision parce que j’étais conscient de la rareté de l’apparition, mais je ne conservai que le souvenir de ce que ses pieds étroits, ceux d’un humain, ne purent me plaire à cause de leur longueur et de leur symétrie. Je lui offris des bottes de cyprès frais, vert foncé que je venais de recevoir  d’une vieille dame de Zurich (toute la scène se passait à Zurich), il n’en voulait pas, les reniflait à peine ; mais dès que je les eux posées sur une table il les dévora si complètement qu’il n’en resta qu’un noyau semblable à une châtaigne et à peine reconnaissable. On raconta plus tard que cet âne n’était encore jamais allé sur ses quatre pattes mais qu’il se tenait toujours debout comme un homme et qu’il montrait sa poitrine brillante et argentée, ainsi que son petit bedon. Mais en fait cela n’était pas exact.

 

Kafka, Journal, édition NOUS, traduction Robert Kahn, 2020, p. 178.

28/02/2025

Kafka Journal

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Ce sentiment de fausseté que j’ai en écrivant pourrait être représenté par cette image : quelqu’un attendrait devant deux trous creusés dans le sol une apparition qui ne doit surgir que de côté droit. Mais alors que justement ce trou-là reste obstrué par une paroi assez opaque, une apparition après l’autre sort du côté gauche, cherche à attirer le regard sur soi et finit par y parvenir sans effort grâce à une ampleur   croissante, qui finit même par recouvrir la bonne ouverture, quel que soit le moyen de défense pour empêcher cela. Mais voilà, si on ne veut pas quitter cette place — et cela on ne le veut à aucun prix — on doit s’accommoder de ces apparitions, qui pourtant, en raison de leur fugacité — leur force s’épuise dans le fait même d’apparaître — ne peuvent suffire, mais, quand par faiblesse, elles s’arrêtent, on les disperse vers le haut et dans toutes les directions, juste pour en susciter d’autres, parce que leur vision prolongée vous est insupportable et aussi parce que l’espoir subsiste qu’après épuisement des fausses apparitions les vraies pourront enfin surgir.

 

Kafka, Journal (27/12/1911), traduction Robert Kahn, éditions NOUS, 2020, p. 281.

30/05/2024

Franz Kafka, Journal

franz Kafka, Journal, livre, librairie, possession

Je vais essayer de rassembler progressivement tout ce qu’il y a de douteux en moi, plus tard ce qui est plausible, ensuite le possible, etc. Il y a sans doute en moi un désir avide de livres. Non pas, en fait, les posséder ou les lire, mais bien plutôt les voir, me convaincre de leur  existence dans la vitrine d’un libraire. S’il y a quelque part plusieurs exemplaires du même livre chacun d’entre eux me réjouit. C’est comme si ce désir provenait de l’estomac, comme si c’était un appétit qui s’égare. Les livres que je possède me réjouissent moi, par contre les livres de mes sœurs me font bien plaisir. Le besoin de les posséder est incomparablement plus faible, il manque presque.

 

Kafka, Journal, traduction Robert Kahn, éditions NOUS, 2020, p. 211-212.

29/05/2024

Jules Renard, Journal

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Être clair ? Nous sommes si peu capables d’efforts pour comprendre les autres !

 

Quand elle avait pris ses belles résolutions d’économie, elle commençait tout de suite par refuser aux pauvres.

 

L’incompréhensible dit toujours : « Mais tu ne comprends donc rien ! ».

 

Si l’inspiration existait, il ne faudrait pas l’attendre ; si elle venait, la chasser comme un chien.

 

La peur de l’ennui est la seule excuse du travail.

 

Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 130, 131, 133, 133, 134.

28/05/2024

Jules Renard, Journal

                                    jules renard, journal, devoir, morale, argent

Le devoir ? Ah ! non, laissez-moi tranquille.

 

Quand il se regardait dans une glace, il était toujours tenté de l’essuyer.

 

Un livre nous déplaît partout où il nous ressemble.

 

Ne jamais rien faire comme les autres en art ; en morale, faire comme tout le monde.

 

Le talent, c’est comme l’argent : il n’est pas nécessaire d’ne avoir pour en parler.

 

Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 116, 117, 124, 127, 129.

27/05/2024

Jules Renard, Journal

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J’ai vu, monsieur, sur une table de boucher, des cervelles pareilles à la vôtre.

 

On peut donner le ton des paysans sans faute d’orthographe.

 

Il y a des critiques qui ne parlent que des livres qu’on va faire.

 

Comme c’est vain une idée ! Sans la phrase, j’irais me coucher.

 

C’est une erreur commune de prendre pour des amis deux personnes qui se tutoient.

 

Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 98, 99, 103, 103, 106.

26/05/2024

Jules Renard,Journal

jules renard, journal, style, talent, présent

Le style, c’est l’oubli de tous les styles 

 

Acquiers le talent de dire sans bâiller : « C’est intéressant. »

 

Ne jamais être content : tout l’art est là.

 

Soyez tranquille ! Je n’oublierai jamais le service que je vous ai rendu.

 

      Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent.

 

Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 88, 95, 96, 96, 97.