13/07/2021
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood
Ce que le cœur reconnaît, la raison le nie.
Un rêve, mais est-il rien de plus réel qu’un rêve ?
Faut-il se résigner à vivre sans rêver
Que l’enfant aimantée vers ses lieux familiers
Vient dans ce jardin de roses, et chaque nuit
Revient remplir la chambre de sa flamme candide
Qu’elle nous tend comme une offrande et une prière ?
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood, Fata Morgana, 1988, p.13.
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07/05/2020
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood
Quel sens donner au mauvais rêve de la mère putain,
Du père centenaire et du frère déserteur
Comme retranchés chacun dans une solitude amère,
Lequel aux fermages touchés, aux lettres sans réponse,
Sinon qu’on est trois fois coupable de survivre,
Volant aux morts leur dû, et pour justifier l’héritage
Profanant en songe celle qui fut la plus chère.
Mais une barque bleue enlisée dans la neige,
Le chahut de cinq cloches déréglée et fêlées,
Un train roulant à toute vapeur sur un pont de fer,
La façade en feu d’une forteresse qui s’effondre,
De ces obsessions nocturnes aux formes si précises
Rien ne laisse deviner la provenance et la clé.
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood, Fata
Morgana, 1988, p. 9.
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22/05/2019
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood
Est-il pire façon d’alléger ses regrets
Que perdre le désir de désirer ce qui passe ?
Pourquoi mettre si grande hâte à se déprendre,
Fermer les yeux aux biens offerts et visibles,
À tout ce que déverse la gaieté du soleil
Sur la mer, les feuilles, un visage inconnu
Qu’on croise dans la fraîcheur de la jeune saison ?
C’est comme s’avouer vaincu avant la partie
Au lieu de jouer franchement cartes sur table
Jusqu’à la dernière, et rire d’avoir perdu
Sachant que la mort ne connaît pas d’échec,
Qu’elle brûle nos chances et d’une main sûre
Nous tient tôt ou tard à sa merci.
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood,
Fata Morgana, 1988, p. 22.
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25/09/2017
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood
Une ombre peut-être, rien qu’une ombre inventée
Et nommée pour les besoins de la cause
Tout lien rompu avec sa propre figure.
Se faire entendre une voix venue d’ailleurs
Inaccessible au temps et à l’usure
Se révèle non moins illusoire qu’un rêve
Il y a pourtant en elle quelque chose qui dure
Même après que s’en est perdu le sens
Son timbre vibre encore au loin comme un orage
Dont on ne sait s’il se rapproche ou s’en va.
Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood,
Fata Morgana, 1988, p. 44.
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26/05/2017
Louis-René des Forêts, Ostinato
Souffrance, détresse, fureur dont il se délivre par le rire, et c’est ainsi qu’on le tient pour un garçon joyeux.
Un mot de trop met tout en péril.
Deux décennies pèsent moins que le trait fulgurant venu en une seconde frapper, déraciner, trancher au plus vif, mettre en pièces.
Louis-René des Forêts, Ostinato, Mercure de France, 1997, p. 27, 93, 147.
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29/06/2015
Gerard Manley Hopkins, Carnets-Journal-Lettres
Les arbres sont connus
Par ce qu’ils portent, mais moi —
Ma sève est scellée,
Et sèche ma racine.
Si je ne puis avoir
Une vie intérieure
(Sinon pour fauter)
Ni produire de fruits
Cela doit être que
Je n’aime pas.
Est-il quelqu’un
Pour me prouver
Que j’ai mal raisonné ?
Car si je me condamne
Je ne perds pas confiance
S’Il m’éprouvait
Et me sondait
Ne trouverait-il pas (ce qui pourtant
Doit être là
Dissimulé derrière).
Gerard Manley Hopkins, Carnets-Journal-Lettres,
traduits et présentés par Hélène Bokanowski
et Louis-René des Forêts, Bibliothèque, 10/18,
1976, p. 60.
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