24/02/2017
Edward Lear, Nonsense
Un Alphabet
L’Âne Affreusement Anorexique vivait dans un tonneau, ayant pour tout régime Limonade et Cornichons.
La Bienveillante Blatte portait toujours, par beau temps, un Parapluie Vert qu’elle oubliait, par gros temps, au fond d’un placard.
Le Charolais au Confortable Canapé aimait à paresser devant la Cheminée où il faisait griller quelques tranches de pain.
Edward Lear, Nonsense, traduction Patrick Hersant, Petite bibliothèque Ombres, 1997, p. 102, 103, 104, 122.
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23/02/2017
Philippe Beck, iduna et braga de la jeunesse
Chapitre 2. De l’école à l’impression. L’éditeur et l’apparition.
Le passé ne choisit pas. Il s’édite ou s’imprime. Le peuple des écrivains acceptés (enregistrés, conservés) et isolés est une communauté d’efforts employés. La bibliothèque en forme l’image bizarre : des êtres côte à côte (des boîtes arrêtées) aident les silhouettes qui apparaissent, et les ombres consistantes qui tendent les bras en cherchant. Les volumes qui se partagent l’espace imaginé marquent les vergers circulants (les silhouettes consolidées). Chercher un livre, c’est apparaître devant lui. Mais le peuple des auteurs (des noms autorisés) assemble les textes apparus pour éduquer des nouveau-nés. L’état du lecteur face aux œuvres classées est donc l’état du nouveau-né continué ; il explique la fascination désarmée, le rêve de partager une force (une autorité), et l’obéissance, mêlée de respect, aux hommes qui nomment l’effort pour être majeur, pour apparaître dans un monde. (Dante élabore un babil enseignant pour soustraire à la torpeur sans rêve d’être soumis à la bible du passé fermé. Le geste neuf est d’un parlant commençant et impressionné — d’un apparaissant frère et descendant.) Or, un tel arrachement à l’état du désarmé est le but d’une transmission forcée. L’autorité sans fraternité est la tentation de l’éducateur lettré, qui réalise la tradition. L’éditeur des classiques éduque sans forcer ; il propose des textes, les dispose aux lecteurs en puissance de pensée. Il vaporise des condensés circulants et pense en démocrate. Un désir despotique d’imposer la nuée des modèles (et ses orages possibles) aux âmes tendres à l’école détruit l’idée de l’égalité.
[…]
Philippe Beck, iduna et braga de la jeunesse, Corti, 2017, p. 27-28.
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22/02/2017
Tom Raworth (1938-2017), Penser un titre
Penser un titre
plus tard elle lui marcherait
sur les pieds en dormant
jusqu’au bord de l’inspiration
les ongles vernis
arrêtés au milieu d’une phrase
négligeant — méprisant
la courbe légendaire des étoiles
élaborant des stratagèmes
rétrécissait dans sa tête
jusqu’à emplir le jour
créant une illusion
la radiation d’un éclair orange
englouti dans le vide
au-delà des étangs, en bas des collines
Tom Raworth, Penser un titre, traduction de
l’anglais par Marie Borel et Jacques Roubaud, dans
intempéries, textes Éric Audinet, Tom Raworth,
Sarah Clément, photographies Jean-Yves Cousseau,
éditions isabelle sauvage, 2017,
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20/02/2017
Denis Roche, Le Mécrit
Idées sur une lecture démonstrative particulièrement rapide (III)
/II/ La poésie est inadmissible. D’ailleurs elle n’
existe pas. Je l’ai quittée une semaine auparavant
Disant : « cette vie vécue des nues d’entre nous
Et répétant qu’il le minéral du temps du vent
Je regarde par la fenêtre de ce flambeau neuf
Hélas, pot, crassier, enflure gigantesque appeau
Je remonte, sans m’en donner la peine, l’épais
Tapis de chemins étroits, confondus, oléagineux
Coulis de saine envie enfilant fesse après fesse
À l’écharpe agitée depuis le bastingage d’août
Dernier. Rien n’y fait. De toute façon. Le
Marbre surgit et soutire tout à l’haleine. Et
Elle sourit parce que visiblement elle ne peut
Rien faire d’autre. Sinon, évidemment me jeter
À la tête quelque aliment dont la vulgarité ne
Fera qu’ajouter au mystère.
Denis Roche, Le Mécrit, Seuil, 1972, p. 62.
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19/02/2017
Yannis Ritsos, Erotica
Meubles tissus objets
d’usage courant
la vieille lampe
un bouton dans le verre
faux-fuyants — dit-il —
des à-peu-près
pour ce qui n’a pas été nommé —
derrière le rideau rouge
une femme nue
deux oranges dans les mains
moi je monte sur la chaise
j’enlève les toiles d’araignée du plafond
pourtant
si je ne te nomme pas
ce n’est pas toi
ni moi.
Yannis Ritsos, Erotica, traduit du grec par
Dominique Grandmont, Gallimard, 1981, p. 30.
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18/02/2017
Franz Kafka, Correspondance 1902-1924
[…] j’ai (…] pris conscience du fait, que j’avais presque oublié au cours de cette dernière période presque calme, que je vis sur un sol combien fragile, voire tout à fait inexistant, au-dessus d’un trou d’ombre d’où les puissances obscures sortent à leur gré pour détruire ma vie, sans se soucier de mon bégaiement. La littérature me fait vivre, mais n’est-il pas plus juste de dire qu’elle fait vivre cette sorte de vie-là ? Ce qui naturellement ne veut pas dire que ma vie soit meilleure quand je n’écris pas. Dans ce cas au contraire c’est bien pire, c’est tout à fait intolérable et sans autre issue que la folie. Toutefois cela n’est vrai qu’à condition que je sois écrivain même quand je n’écris pas, comme c’est d’ailleurs effectivement le cas, et à vrai dire un écrivain qui n’écrit pas est un non-sens, une provocation à la folie. Mais qu’en est-il de l’état littéraire lui-même, La création est une douce et merveilleuse récompense, mais pour quoi ? Cette nuit j’ai vu clairement, avec la netteté d’une leçon de choses enfantine, que c’est un salaire pour le service du diable. Cette descente vers les puissances obscures, ce déchainement d’esprits naturellement liés, ces étreintes louches, et tout ce qui peut encore se passer en bas dont on ne sait plus rien en haut quand on écrit des histoires au soleil…
Franz Kafka, Correspondance 1902-1924, traduit et préfacé par Marthe Robert, Gallimard, 1965, p. 447.
Le livre de Pauline Klein, Les Souhaits ridicules, dont le début a été repris ici même, a été publié aux éditions Allia en 2017 — et non en 2917... On ne se relit jamais assez !
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17/02/2017
Oswald Egger, Rien, qui soit
Tout le temps
[…]
Je me croyais debout au fond d’un lac, en branche de corail difforme à palpes et yeux-ventouses. En plus j’arrive encore à respirer, alors qu’en haut par-dessus les arbres des aiguilles d’os qui se remembrent dans huilerées fente d’amande, s’elles-mêmes dédoublèrent en formes figées : variétés de gras haricots qui poussent en cosses sur roues étoilées jusqu’à ce que les lunes regorgent vermoulues et s’échevèlent sur le sol concassées, dépecées, (mais pas aujourd’hui) ébouriffées ; crèvebasse dégingandée. Nénuphars qui à pluches pêchées du flot surgeonnaient leur calice sans bourgeon en miroir désassombri, ainsi se recueille une membraneuse rêverie solaire dans des rosées à foison avec — le regard qui vacille.
Oswald Egger, Rien, qui soit, traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle, Grèges, 2016, p. 109.
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16/02/2017
Pauline Klein, Les Souhaits ridicules
Il y a fort longtemps, dans une contrée retirée de Bretagne, je tombais secrètement amoureuse d’un jeune garçon rencontré en été. Il s’appelait Frédéric Bresson. Un après-midi, je l’avais suivi dans sa chambre. Il avait ouvert un coffre à jouets, et m’avait tendu une boussole. C’était une petite boîte ronde, légère et métallique, au fond de laquelle était dessiné un chat gris et noir. On raconte que le soir même, j’étais allée au lit avec l’objet, regardant les aiguilles osciller, et que je m’étais endormie en la serrant dans ma main. On raconte que j’avais passé la fin des vacances avec elle, la déposant à côté du lavabo quand je brossais mes dents, à droite de mon assiette lors des repas en famille, sous ma serviette de plage et sous mon oreiller.
Le jour de notre départ, Frédéric se tenait devant la porte de la maison. Je ne sais pas s’il se souvenait m’avoir offert cette boussole. Elle était là, au fond de ma poche. Nous nous sommes dit au revoir devant nos parents et je me suis installée à l’arrière de la voiture, à côté de mon petit frère. J’ai collé ma joue contre la vitre et j’ai écouté la musique de mon père. J’ai sorti la boussole de ma poche, je l’ai regardée encore, encore.
On raconte que, quelques kilomètres plus loin, mes parents, mon frère et moi nous sommes arrêtés sur le bord de l’autoroute pour déjeuner. J’ai posé la boussole devant moi sur la table. Puis nous sommes retournés à la voiture et repartis. Au bout de quelques minutes, j’ai ouvert mes mains, vides, j’ai fouillé dans mes poches, vides. J’avais oublié la boussole dans la station-service, et il n’était plus question de faire demi-tour.
Pauline Klein, Les Souhaits ridicules, Allia, 2917, p. 9-10.
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15/02/2017
Fernando Pessoa, Le gardeur de troupeaux
Je trouve si naturel que l’on ne pense pas
que parfois je me mets à rire tout seul,
je ne sais trop de quoi, mais c’est de quelque chose
ayant quelque rapport avec le fait qu’il y a des gens qui pensent…
Et mon mur, que peut)il bien penser de mon ombre ?
Je me le demande parfois, jusqu’à ce que je m’avise
que je me pose des questions…
Alors je me déplais et j’éprouve de la gêne
comme si je m’avisais de on existence avec un pied gourd…
Qu’est-ce que ceci peut bien penser de cela ?
Rien ne pense rien.
La terre aurai-elle conscience des pierres et des plantes qu’elle porte ?
S’il en est ainsi, et bien, soit !
Que m’importe, à moi ?
Si je pensais à ces choses, je cesserai de voir les arbres et les plates et je cesserai de voir la Terre, pour ne voir que mes propres pensées…
Je m’attristerais et je resterais dans el noir.
Mais ainsi, sans penser, je possède et la Terre et le Ciel.
Fernando Pessoa, Le gardeur de troupeaux, traduction Armand Guibert, Gallimard, 1960, p. 98-99.
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14/02/2017
Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né
Toute forme de hâte, même vers le bien, trahit quelque dérangement mental.
Les douleurs imaginaires sont de loin les plus réelles, puisqu’on en a un besoin constant et qu’on les invente parce qu’il n’y a pas moyen de s’en passer.
Point de méditation sans un penchant au ressassement.
Nous avons perdu en naissant autant que nous perdrons en mourant. Tout.
Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né, Idées / Gallimard, 1973, p. 65, 65, 70, 70.
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13/02/2017
Emmanuelle Pagano, Saufs riverains (Trilogie des rives, II)
Lundi 9 novembre 2015
La dernière fois que je l’ai empruntée, en septembre, il pleuvait à verse sur l’A75. J’avais pris des jeunes en covoiturage à la gare de Mende, je descendais en leur compagnie distrayante vers la vallée. Je revenais de l’hôpital de Rodez.
Nous avons franchi le viaduc de Millau sous un ciel majestueusement défait. Les jeunes n’avaient jamais entendu parler des luttes du Larzac.
Nous avons ralenti, warning et buée aux vitres, à hauteur du village du Bosc, que nous avons passé juste avant qu’une portion de l’autoroute ne s’effondre,. Les très fortes pluies avaient fragilisé le revêtement et engagé des chutes de rochers qu’aucun filet anti-sous-marin ne retenait. Une brèche venait de s’ouvrit sur le parcours, largement visibles sur les clichés aériens reproduits dans le Midi-Libre. J’ai gardé l’article dans le dossier préparatoire de ce livre. Je regarde l’image de la voie trouée agrandir la blessure toute neuve dans mon histoire.
Emmanuelle Pagano, Saufs riverains (Trilogie des rives, II), P.O.L, 2017, p. 333-334.
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12/02/2017
Jean Tardieu, Accents
Couple en marche
— Les doigts doublés d’un souvenir d’argile
En mouvement sous le désir des mains ;
— La dent qu’agace une grêle de grains
Mots inconnus aux lèvres malhabiles ;
— Sur l’œil goulu demi-jointes paupières
Fixant la ligne où l’élan se résout ;
— L’ouïe attentive à l’intime tonnerre
Mineur du ciel et du sol coup par coup ;
— Proche tempête, éclaire (que seuls redoutent
Les regards froids, riche orage inventé
Par l’enchanteur à tâtons sur une route
Et tout fumant de lente volonté ;
— Le pas, qu’un contre temps voisin balance,
— Le corps, hanté d’un corps qui l’accomplit,
— Et l’âme, — gerbe, — escalade, — puissance,
En équilibre au versant de la nuit.
Jean Tardieu, Accents, Gallimard, 1939, p. 34.
***
L’association des amis du peintre Gilbert Pastor entre dans sa deuxième année.
Le site internet progresse : http://gilbert-pastor.blogspot.fr <http://gilbert-pastor.blogspot.fr/>
nous espérons qu’il vous intéressera ; n’hésitez pas à envoyer vos remarques et propositions à : jp.sintive@wanadoo.fr
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11/02/2017
Esther Tellermann, Éternité à coudre
C’est assez
soir désormais
s’incline
dans l’orage lorsque
l’un l’autre
voulions
Jérusalem.
Fournaise jusqu’aux
portes où s’inventent
les lettres
de l’autre côté
qui vient et comble
le même ?
Je voulais que
nous habillent
les aubes
nager jusques
bords
Esther Tellermann, Éternité
à coudre, éditions Unes, 2016, np.
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10/02/2017
Sylvia Plath, Arbres d'hiver
Arbres d’hiver
Les lavis bleus de l’aube se diluent doucement.
Posé sur son buvard de brume
Chaque arbre est un dessin d’herbier —
Mémoire accroissant cercle à cercle
Une série d’alliances.
Purs de clabaudages et d’avortements,
Plus vrais que des femmes,
Ils sont de semaison si simple !
Frôlant les souffles déliés
Mais plongeant profond dans l’histoire —
Et longés d’ailes, ouverts à l’au-delà.
En cela pareils à Léda.
Ô mère des feuillages, mère de la douceur
Qui sont ces vierges de pitié ?
Des ombres de ramiers usant leur berceuse inutile.
Sylvia Plath, Arbres d’hiver, précédé de La Traversée,
traduction Françoise Morvan et Valérie Rouzeau,
Poésie / Gallimard, 1999, p. 175.
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09/02/2017
Henri Pichette, les ditelis du rougegorge
Petit propriétaire à la cravate rouge
il chante contre l’intrus
il se rengorge se redresse
il se campe torse bombé
tant le cœur lui bat le sang qui bout
ses yeux flamboient
son corps saccade
et plus il mélodie plus il furibonde
Gare la bagarre !
on pourrait bien se voler grièvement
dans les plumes.
Henri Pichette, Les ditelis du rougegorge,
Gallimard, 2005, p. 49.
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