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24/01/2019

Antoine Emaz, Lichen, lichen

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Me paraissent importer l’émotion (produite par l’expression au plus près possible d’une expérience), et le sens comme connexion possible, même intermittente, entre la langue arrêtée du livre et celle, vive, du lecteur. Partant de là, tout trajet poétique juste devient défendable.

 

 

Méthode. Commencer peut-être par saper la confiance en soi, se vider, réduire la vanité, ne plus savoir. Écrire. Ensuite, casser l’écrit, et trouver dans les miettes qui restent de quoi encore écrire, parce que ce sera ça ou rien. Là, on commence d’ordinaire à arriver sur zone.

 

Écrire, c’est peut-être risquer une parole en deçà de la question, avant ce qui deviendrait question si l’on travaillait dans l’ordre de la pensée, peut-être. Saisir sans comprendre ? La formulation ne va pas, mais ce qu’elle vise est juste. Il s’agit bien de saisir un mouvement de vivre, comme un remous, une convulsion, un soubresaut, une tension brusque…On ne localise pas forcément ce qui se passe, mais il y a bien cet essorage brutal et sans mots. Le poème, alors, c’est tenter de voir.

 

Tout poème a une portée politico-morale, de façon manifeste, ou bien par son refus d’interroger directement ces questions. Le « dégagement » est aussi significatif que « l’engagement ». Je ne demande aucunement au poète d’expliciter ses choix ; je dis simplement qu’il doit les assumer vis-à-vis de lui-même et de son lecteur. Si la poésie n’est que très peu un mode d’action, elle n’est pas façon de fuir ; elle n’est pas non plus exclusivement de l’ordre du privé passé dans le domaine public. Idéalement, elle devrait pouvoir investir tous les domaines d’une vie d’homme, ici et maintenant.

 

Antoine Émaz, Lichen, lichen, dessins d’Anne Mark, éditions Rehauts, 2003, p. 13, 15, 22, 89.

 

23/01/2019

Edoardo Sanguinetti, Corollaire

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1.

acrobate (n.m.) est celui qui marche tout en pointe (des pieds) : (tel, du   moins,

pour l'étymon): mais ensuite il procède, naturellement, tout en pointe de doigts, aussi,

de mains (et en pointe de fourchette) : et sur sa tête : (et sur les clous,

en fakirant et funambulant) : (et sur les fils tendus entre deux maisons, par les rues

et les places : dans un trapèze, un cirque, un cercle, sur un ciel) :

il voltige sur deux cannes, flexiblement, enfilées dasn deux verres, deux chaussures,

deux gants : (dans la fumée, dans l'air) : pneumatique et somatique, dans le vide

pneumatique : (dans de pneumatiques plastiques, dans des fûts et bouteilles) : et il saute mortellement :

et mortellement (et moralement) il tourne :

                                            (ainsi je tourne et saute, moi, dans ton cœur) :

 

 

1.

acrobata (s.m.) è chi cammina tutto in punta (di piedi) : (tale, almeno,

è per l'etimo) : poi procede, però, naturalmente, tutto in punta di dita, anche,

di mani (e in punta di forchetta) : e sopra la sua testa : (e sopra i chiodi,

fachireggiando e funamboleggiando): (e sopra i fili tra due case, per le strade

e le piazze: dentro un trapezio, in un circo, in un cerchio, sopra un cielo):

volteggi su due canne, flessibilmente, infilzate in due bicchieri, in due scarpe,

in due guanti: (dentro il fumo, nell'aria): pneumatico e somatico, dentro il vuoto

pneumatico (dentro pneumatici plastici, dentro botti e bottiglie) : e salta mortalmente:

e mortalmente (e moralmente) ruota:

                                           (cosi mi ruoto e salto, io nel tuo cuore):

 

 Edoardo Sanguinetti, Corollaire, traduit de l'italien par Patrizia Atzei et Benoît Casas, Préface de Jacques Roubaud, NOUS, 2013, p. 13 et 71.

22/01/2019

Philippe Jaccottet, À la lumière d'hiver

 

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Sur tout cela maintenant je voudrais

que descende la neige, lentement,

qu’elle se pose sur les choses tout au long du jour

—   elle qui parle toujours à voix basse —

et qu’elle fasse le sommeil des graines,

d’être ainsi protégé, plus patient.

 

Et nous saurions que le soleil encore,

cependant, passe au-delà,

que, si elle se lasse, il redeviendra même un moment

visible, comme la bougie derrière son écran jauni.

 

Alors, je me ressouviendrais de ce visage

qui demeure, lui aussi, derrière

la lente chute des cristaux humides,

qui change, avec ses yeux limpides ou en larmes,

impatiemment fidèles...

Et, caché par la neige,

de nouveau, j’oserais louer leur clarté bleue.

 

 

Fidèles yeux de plus en plus faibles jusqu’à

ce que les miens se ferment, et après eux, l’espace

comme un éventail peint dont il ne resterait plus

qu’un frêle manche d’os, une trace glacée

pour les seuls yeux sans paupières d’autres astres.

 

Philippe Jaccottet, À la lumière d’hiver, précédé de 

Leçons et de Chants d’en bas, Gallimard, 1977, p. 96-97.

21/01/2019

Cédric Demangeot, Une inquiétude

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Caprice deux

 

  L’un seul

 

On en a vu un

travailler dur toute sa vie

dans le simple souci

de remercier sa mère

de l’avoir mis au monde

avec un chausse-pied

 

On en a vu un autre

ébloui par défaut

distraire ses camarades

en récitant des poésies

de sa fabrication (on

le fit fusiller sur le champ)

 

Cédric Demangeot, Une inquiétude,

Flammarion, 2013, p. 185

20/01/2019

Jules Renard, Journal 1887-1910

             Jules Renard, Journal 1887-1910, justice, socialiste, littérature, acteur, talent

Il y a une justice, mais nous ne la voyons pas toujours. Elle est là, discrète, souriante, à côté, un peu en arrière de l’injustice qui fait gros bruit.

 Un socialiste indépendant jusqu’à ne pas craindre le luxe.

 Chaque fois que je veux me mettre au travail, je suis dérangé par la littérature.

 Travailler à n’importe quoi, c’est-à-dire faire de la critique.

 Combien d’acteurs paraissent naturels parce qu’ils n’ont aucun talent !

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 1094, 1096, 1097, 1104, 1107.

19/01/2019

Emily Dickinson, Le vent se mit à bercer l’Herbe

 

emily dickinson,le vent se mit à bercer l'herbe,pierre layris

  Le vent se mit à bercer l’Herbe

 

Le Vent se mit  à bercer l’Herbe

Avec des Airs de Basse grondeuse —

Lançant une Menace à la Terre —

Une Menace au Ciel.

 

Les Feuilles se décrochèrent des Arbres —

Et s’égaillèrent de toutes parts

La Poussière se creusa elle-même comme des Mains

Et dispersa la Route.

 

Les Chars se hâtèrent dans les Rues

Le Tonnerre se rua lentement —

L’Éclair exhiba un Bec Jaune

Et puis une Griffe livide.

 

Les Oiseaux verrouillèrent leurs Nids —

Le Bétail s’enfuit vers les Granges —

Vint une goutte de Pluie Géante

Et puis ce fut comme si les Mains

 

Qui tenaient les Barrages avaient lâché prise

Les Eaux Dévastèrent le Ciel,

Mais négligèrent la Maison de mon Père —

N’écartelant qu’un Arbre —

 

                  The Wind begun to rock the Grass

 

The Wind begun to rock the Grass

With threatening Tunes and low —

He threw a Menace at the Earth —

A Menace at the Sky.

 

The Leaves unbooked themselves from Trees —

And started all abroad

The Dust did scoop itself like Hands

And threw away the Road.

 

The Wagons quickened on the Streets

The Thunder hurried slow —

The Lightning showed a Yellow Beak

And then alivid Claw.

 

The Birds put up the Bars to Nets —

Ther came one drop of Giant Rain

And then as il the Hands

 

That held the Dams had parted hold

The Waters Wrecked the Sky,

But overlooked my Fathers’s House —

Just quartering a Tree —

 

Emily Dickinson, traduction Pierre Leyris dans son Anthologie

de la poésie américaine du XIXe siècle, édition bilingue, Gallimard,

1995, p. 332-333.

17/01/2019

Henri Michaux, Textes épars 1950-1954

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Dans l’ultime moment

 

Le froid est en moi, vous qui criez près de moi

Je quitte la maison aux mille gammes

Dans mes nerfs sans graisse

Le chariot de vos bruits fonce méchamment

 

Défaite, défaite, étrange affaire

En pleine journée, je m’étends, arbre abattu,

Le tigre ne vit pas plus vieux que le cerf

mais le tigre arrive toujours à temps pour tuer le cerf

 

Par erreur le couteau d’un irrité

est entré dans la poitrine mienne

mais c’est toujours une ombre

qui chasse une ombre, pour rejoindre les ombres

 

Ne t’agite pas, mon être, ne te lamente pas, ne me brise pas

Souvenons-nous de nous retenir

Dans l’amitié du silence

Enfonçons seuls dans la nuit du silence

 

Henri Michaux, Textes épars 1950-1954, dans Œuvres complètes, IIédition Raymond Bellour et Ysé Tran, Pléiade / Gallimard, 2001, p. 432.

16/01/2019

Borges, Histoire universelle de l'infamie

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Le rédempteur effroyable, Lazarus Morell

 

En 1517, le père Bartholomé de Las Casas eut très grande pitié des Indiens qui périssaient dans les laborieux enfers des mines d’or antillaises. Il proposa à l’empereur Charles Quint d’importer des nègres qui peineraient à leur place dans les laborieux enfers des mines d’or antillaises.

On doit à cette curieuse substitution d’un philanthrope une infinité d’événements : le bluesde Hardy, le succès remporté à Paris par le peintre uruguayen don Pedro Gigari, la belle prose âpre de don Vincente Rossi, également uruguayen, la grandeur mythique d’Abraham Lincoln, les cinq cent mille morts de la guerre de Sécession, les trois milliards et cinq cents millions dépensés en pensions militaires, la statue de l’imaginaire Falucho, l’admission du verbe « lyncher » dans la treizième édition du dictionnaire de l’Académie espagnole, le film impérieux Hallelujah, la vigoureuse charge à la baïonnetteconduite par Soler à la tête de ses « Bruns et Noirs » au Cerrito, la grâce de Mlle Une telle, le noir que Martin Fierro assassina, la lamentable rumba Le vendeur de cacahuètes, le napoléonisme arrêté et emprisonné de Toussaint Louverture, la croix et le serpent à Haïti, le sang égorgé des chèvres par le couteau du papaloï, la habanera, mère du tango, le candombe.

En outre : l’existence magnifique et coupable de Lazarus Moerll, l’atroce rédempteur.

[…] 

Borges, Histoire universelle de l’infamie, dans Œuvres complètes, I, édition Jean-Pierre Bernès, Pléiade / Gallimard, 1995, p. 303.

15/01/2019

Cioran, Syllogismes de l'amertume

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Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes.

 

Le bonheur est tellement rare parce qu’on n’y accède qu’avec la vieillesse, dans la sénilité, faveur dévolue à bien peu de mortels.

 

La mort pose un problème qui se substitue à tous les autres. Quoi de plus funeste à la philosophie, à la croyance naïve en la hiérarchie des perplexités ?

 

Le Réel me donne de l’asthme.

 

Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.

 

Cioran, Syllogismes de l’amertume, Idées / Gallimard, 1976 [1952], p. 32, 34, 35, 42, 52.

14/01/2019

Thomas Bernhard, Sur la terre comme en enfer

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Devant le pommier

 

Je ne meurs pas, avant d’avoir vu la vache

      dans l’étable de mon père,

avant que l’herbe ne rende ma langue acide

      et que le lait ne métamorphose ma vie.

Je ne meurs pas avant, avant que ma cruche ne soit remplie à ras bord

      et que l’amour de ma sœur ne me rappelle

combien est belle notre vallée

      où ils battent le beurre

et tracent des signes dans le lard pour Pâques…

      Je ne meurs pas, avant que le forêt n’envoie ses tempêtes

et que les arbres parlent de l’été,

      avant que la mère ne sorte dans la rue avec un fichu rouge

derrière la charrette cahoteuse, où elle pousse

      son bonheur : pommes, poires, poulets et paille —

Je ne meurs pas, avant que ne se referme la porte par laquelle

      je suis venu

devant le pommier —

 

Thomas Bernhard, Sue la terre comme en enfer, traduction Susanne Hommel, Orphée / La différence, 2012, p. 57.

13/01/2019

Cesare Pavese, Le métier de vivre

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La poésie est non un sens mais un état, non une compréhension mais un être.

 

Avec les autres — même avec la seule personne qui émerge — il faut toujours vivre comme si nous commencions alors et devions finir un instant plus tard.

 

Il est beau d’écrire parce que cela réunit les deux joies : parler tout seul et parler à une foule.

 

On n’a jamais vu qu’un poème ait changé les choses.

 

Une fois la liberté sauvée, les libéraux ne savent plus qu’en faire.

 

 

Cesare Pavese, Le métier de vivre, traduction Michel Arnaud, Gallimard, 1958, p. 255, 256, 259, 261, 262.

 

12/01/2019

Fabienne Raphoz, Jeux d'oiseaux dans un ciel vide, augures

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 Ansériformes

 

Chaque année au mois de mars depuis le Pléistocène, les oies proclament l’unité des nations depuis la mer de Chine jusqu’aux steppes sibériennes, de l’Euphrate à la Volge, du Nil à Mourmansk,du Lincolnshire au Spitzbergen. Chaque année au mois de marsdepuis le Pléistocène, les oies proclament l’unité des nations de Curritude au Labrador, de Mattamuskeet à Ungava, du lac de Horsesboe  à la baie d’Hudson, d’Avery Island à Baffin Land, de Panbandle à Mackenzie, de Sacramento au Yukon.

Aldo Leopold (1887-1948)

 

La beauté si familière du canard colvert

Les perles roses du Canard musqué

Le quartier de lune oriental de la Sarcelle à ailes bleues

Le sourire plate-forme du Canard souchet

La minerve blanche du Canard pilet

La minerve verte de l’Eider à duvet

Le loup émeraude de la Sarcelle à ailes vertes

L’œil Néfertitit de la femelle Fuligule à collier

L’anneau blanc sur le bec du mâle et sur le bec de la femelle Fuligule à collier

Tête noire bec azur c’est l’Érismature (routoutou)

Le cul dodu dodelinant de la Bernache cravant

[…]

 

Fabienne Raphoz, Jeux d’oiseaux dans un ciel vide, augures, Héros Limite, 2011, p. 42.   

Les oies migratrices sont en danger. Je publie le communiqué de la Ligue pour la Protection des Oiseaux qui appelle à s'élever contre le prolongement du massacre des oies pour des motifs électoraux.

LPO Agir pour la Biodiversité
 

 

 
 

Chers amis, 

Le gouvernement tente à nouveau d'autoriser la chasse aux oies sauvages pendant leur migration en février. Merci d’aider la LPO à mettre en échec ce projet d’arrêté en déposant un commentaire sur la consultation publique du Ministère pour faire part de votre désaccord en indiquant dans le titre « Je suis contre » ou « Je suis opposé ».

Chaque réponse devant être personnelle et argumentée, vous trouverez sur notre site web des éléments de compréhension et de réponse dont vous pourrez vous inspirer.


Les chasseurs sont également fortement mobilisés de leur côté à l’appel de leurs fédérations, nous avons donc besoin d’une participation massive pour leur montrer que les amoureux de la nature sont plus nombreux !

Mobilisons-nous avant le 25 janvier 2019 pour dire "non" au projet d’arrêté visant à prolonger la chasse de ces espèces.


PARTICIPEZ !
 
     
 

LPO

8 rue du Docteur Pujos CS 90263
17305 Rochefort CEDEX
Tél : +33 (0)5 46 82 12 34
Courriel : lpo@lpo.fr

      

 

 

11/01/2019

Mary Oliver, Les Oies sauvages

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Les oies sauvages

 

Vous n’avez pas à être sages.

Vous n’avez pas à traverser à genoux

des centaines de kilomètres de désert, en repentance.

Vous avez juste à laisser le doux animal de votre corps

aimer ce qu’il aime.

Parlez-moi du désespoir, le vôtre, je vous parlerai du mien.

Pendant ce temps le monde avance.

Pendant ce temps le soleil et les limpides galets de pluie

traversent les paysages,

survolent les plaines et les forêts profondes,

les montagnes et les rivières.

Pendant ce temps les oies sauvages, là-haut dans le pur air bleu,

sont sur le chemin du retour.

Qui que vous soyez, en quelque solitude,

le monde s’offre à votre imagination,

vous appelle comme les oies sauvages, rude et passionnant —

et indéfiniment signale votre place

dans la famille des choses.

 

 

Wild Geese 

You do not have to be good. 
You do not have to walk on your knees 
for a hundred miles through the desert, repenting. 
You only have to let the soft animal of your body

 love what it loves. 
Tell me about despair, yours, and I will tell you mine. 
Meanwhile the world goes on. 
Meanwhile the sun and the clear pebbles of the rain 
are moving across the landscapes, 
over the prairies and the deep trees, 
the mountains and the rivers. 
Meanwhile the wild geese, high in the clean blue air, 
are heading home again. 
Whoever you are, no matter how lonely, 
the world offers itself to your imagination, 
calls to you like the wild geese, harsh and exciting —
over and over announcing your place 
in the family of things.

  

Mary Oliver, Wild Geese, extrait de Dream Work, The Atlantic Monthly Press, 1986, p. 14. Traduction inédite de Chantal Tanet.

Les oies migratrices sont en danger. Je publie le communiqué de la Ligue pour la Protection des Oiseaux qui appelle à s'élever contre le prolongement du massacre des oies pour des motifs électoraux.

LPO Agir pour la Biodiversité
 

 

 
 

Chers amis, 

Le gouvernement tente à nouveau d'autoriser la chasse aux oies sauvages pendant leur migration en février. Merci d’aider la LPO à mettre en échec ce projet d’arrêté en déposant un commentaire sur la consultation publique du Ministère pour faire part de votre désaccord en indiquant dans le titre « Je suis contre » ou « Je suis opposé ».

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Les chasseurs sont également fortement mobilisés de leur côté à l’appel de leurs fédérations, nous avons donc besoin d’une participation massive pour leur montrer que les amoureux de la nature sont plus nombreux !

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10/01/2019

Henri Pichette, Les ditelis du rougegorge

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Petit propriétaire à la cravate rouge

         il chante contre l’intrus

         il se rengorge se redresse

          il se crête se hérisse

         il se campe torse bombé

tant le cœur lui bat que le sang lui bout

         ses yeux flamboient

         son corps saccade

et plus il mélodie plus il furibonde

 

         Gare la bagarre !

on pourrait bien se voler grièvement

       dans le plumes.

 

Henri Pichette, Les ditelis du rougegorge,

Gallimard, 3005, p. 49.

Ce ne sont pas les rouges-gorges qui sont en danger (quoique...) mais les oies migratrices. Je publie le communiqué de la Ligue pour la Protection des Oiseaux qui appelle à s'élever contre le prolongement du massacre des oies.

LPO Agir pour la Biodiversité
 

 

 
 

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09/01/2019

Pierre Reverdy, Flaques de verre

 

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                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            Mélange d’ombres

 

Ce ne sont que des tourbillons de bruits et des tintements d’heure dans l’air qui devient plus épais que la nuit.

L’horloge a remonté le temps et les étoiles tombent dans l’eau et la vapeur du feu qui les attend.

Le soleil séparé en deux et les aiguilles arrêtées au milieu du chemin sans bornes du cadran ; la route a bifurqué, l’ombre a changé de place et la lumière tremble à tout ce mouvement.

On cherche quelque forme précise entre les lignes.

Un coin où retrouver l’esprit qui s’est éteint.

Le vent est arrêté et les lampes sont mortes.

La paupière sous l’aile, prunelle du couchant

ne voit plus le foyer, l’ardeur des auréoles, ni le cœur allumé qui éclaire le monde et le sommeil perdu jusqu’au matin.

 

Pierre Reverdy, Flaques de verre, dans Œuvres complètes, II, Flammarion, 2010, p. 487.