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02/10/2019

Rainer Maria Rilke, La mort de l'aimée

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La mort de l’aimée

 

De la mort, il savait seulement ce que chacun sait :

qu’elle nous prend et nous précipite dans le silence.

Mais comme elle, non pas arrachée à lui,

non, mais doucement détachée de ses yeux,

 

glissait peu à peu vers des ombres inconnues,

et comme il sentait qu’eux, sur l’autre rive, avaient

à présent comme lune son sourire de  jeune fille

et le halo de sa bonté :

 

alors les morts lui devinrent aussi familiers

que si son entremise l’apparentait étroitement

à chacun d’entre eux ; il laissait dire les autres

 

mais ne les croyait pas et nommait ce pays

le Bien-Situé, le Toujours-Doux —

et l’éprouvait pour elle

 

Rainer Maria Rilke, La mort de l'aimée,

traduction Rémy Lambrechts, dans Œuvres

poétiques et théâtrales, Pléiade / Gallimard,

1997, p. 423.