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03/10/2019

Robert Marteau, Rites et offrandes

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Dans l’ombre puis dans la clarté, le rouge-gorge

Apparaît, avant-courrier de l’hiver, merveille

Qui surprend la vue à chaque apparition.

Abréviation du feu, il ne consume

Pas le bois dont il fait son bref abri. La forge

Qu’il allume, le fer qu’il forge, ont habité

La mémoire depuis si longtemps que la braise

Là-bas dans l’huis par où passe le froid nous reste

Une surprise immémoriale. Regarde

Comment il offre à l’air encore teint de roses

De l’automne son plastron : il annonce ainsi

La neige, lui qui en aime les fleurs, qui marque

De son passage la nappe cristallisée,

Puis se tient en haut avec la dernière pomme.

 

                                                     (jeudi  4 décembre 1997)

 

 

 

Le houx est coupé. La symphorine a fleuri.

La valériane épanouit ses corymbes

Dans la haie où le ciel tombe en ajours, en voiles

Qui se déchirent dès que le soleil en armes

Miraculeusement inaugure un nouveau

Règne. C’est aussitôt que de leur bec armé

Les pics en tribus vous aident à déchiffrer

La mythologie au secret entre l’écorce

Et le liber. Clameur en forêt. À la porte

On crie : au parlement des oiseaux on n’est plus

D’accord. La chevêche est cachée au fond de l’arbre.

Sans elle on ne peut rien décider. La hulotte

S’est retirée avant l’aube. La buse tourne

Où la lune était. On a des soucis nouveaux.

 

                                                     (vendredi 28 août 1998)

 

 

Robert Marteau, Rites et offrandes (Liturgies IV, 1996-1998), Champ Vallon, 2002, p. 147 et 229.

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