10/03/2020
Jack Spicer, c'est mon vocabulaire qui m'a fait ça
Improvisations sur une phrase de Poe
« L’indéfinissable est un élément de la vraie musique »
La grande harmonie de ce qui
Ne s’abaisse pas en se définissant. La mouette
Seule sur la jetée croassant à gorge déployée
Sur nul poisson, nulle autre mouette,
Nul océan. Autant absolument dépourvue de signification
Qu’un cor anglais.
Ce n’est même pas un orchestre. Harmonie
Seule sur une jetée. La grande harmonie de ce qui
Ne s’abaisse pas en se définissant. Nul poisson
Nulle autre mouette, nul océan — la vraie
Musique.
Jack Spicer, c’est mon vocabulaire qui m’a fait ça,
traduction Éric Suchère, Le bleu du ciel, 2006, p. 103.
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09/03/2020
Pierre Alferi, divers chaos
avec vous contre qui
la perte de qui
l’appauvrissement
la soumission de qui
la loi travaille
l’état valet
ne fait pas de quartier
d’été l’état
va — lèche-cul
dans de la soie — danser
la valse des pantins
des représentants
de votre abandon
jusqu’à la sortie
la rentrée des classes
sociales voulez-vous
vous les
laisser faire ?
serons-nous beaucoup
trop peu avec
les plus nombreux ?
Pierre Alferi, divers chaos, P. O. L,
2020, p. 233.
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08/03/2020
Boris Pasternak, L'éclaircie
Printemps dans la forêt
Durent, durent les grands froids,
Le dégel se fait attendre.
Le printemps est en retard
Mais c’est pour mieux nous surprendre.
Tôt le coq est en éveil
Et la poule a la vie dure,
Le sapin cligne au soleil
Qui le frappe à la figure.
C’est en vain qu’il tape et cuit
Car la glace, sous sa croûte
Noirâtre, n’a pas fini
De tenir figées les routes.
En forêt, sous les sapins,
Toute sale s’amoncelle
La neige, et dans les ravins
Le soleil et l’eau se mêlent.
Et sur ce pétrin le ciel
Vêtu d’un duvet de nuages
A si chaud qu’il se tient coi,
Empêtré dans les branchages.
(traduction Michel Aucouturier)
Boris Pasternak, L'éclaircie, dans Œuvres,
Pléiade/Gallimard, 1990, p. 193.
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07/03/2020
Blaise Cendrars, Du monde entier au cœur du monde
Hôtel Notre-Dame
Je suis revenu au Quartier
Comme au temps de ma jeunesse
Je crois que c’est peine perdue
Car rien en moi ne revit plus
De mes rêves de mes désespoirs
De ce que j’ai fait à dix-huit-ans
On démolit des pâtés de maisons
On a changé le nom des rues
Saint-Séverin est mis à nu
La place Maubert est plus grande
Je trouve cela beaucoup plus beau
Neuf et plus antique à la fois
C’est vrai qu’en m’étant fait sauter
La barbe et les cheveux tout courts
Je porte un visage d’aujourd’hui
Et le crâne de mon grand-père
(..)
Je ne suis pas le fils de mon père
Et je n’aime que mon bisaïeul
Je me suis fait un nom nouveau
Visible comme une affiche bleue
Et rouge montée sur un échafaudage
Derrière quoi on édifie
Des nouveautés des lendemains
Blaise Cendrars, Du monde entier au cœur du monde,
dans Œuvres romanesques, I, précédées des Poésies
complètes, Pléiade/Gallimard, 2017, p. 396-397.
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06/03/2020
André Gide, Souvenirs de la Cour d'Assises
C’est un gros homme rouge, épais, carré d’épaules, et sans cou. Ses mains sont gourdes. Il porte un col bas, une petite cravate grise ; les cheveux demi-ras sur un front bas. Il a quarante-sept ans, a fait la campagne de Madagascar où il a pris les fièvres paludéennes ; il boit par accès et a été sujet à quelques hallucinations ; l’examen médical reconnaît sa responsabilité atténuée. Mais depuis qu’il est au service des postes, sa conduite est irréprochable — et il était à jeun lorsque le matin de 2 avril, il a soustrait du bureau une enveloppe contenant treize mille francs. Il reconnaît les faits, s’en excuse et ne cherche même pas à les expliquer. Tous les jours, il était appelé à manier des sommes considérables. (...)
Mais cette enveloppe de treize mille francs, tout à coup, il la met dans sa poche ; il quitte la cabine de chargements en disant à ses collègues qu’il va aux cabinets ; prend tranquillement son paletot et son chapeau, et comme il est midi et demi, personne ne s’étonne de le voir sortir. Dehors il ne se sauve pas, il ne se cache de personne ; il va dans un bordel voisin, dépense deux cents quarante-six francs à régaler la maisonnée ; puis se réveille tout penaud, pour rapporter à la direction le reste de la somme et s’engager à rembourser la différence.
Le jury rapporte un verdict négatif ; la cour l’acquitte.
André Gide, Souvenirs de la Cour d’Assises, dans Journal, 1939-1949, Souvenirs, Pléiade/Gallimard, 1954, p. 636-637.
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05/03/2020
André Frénaud, Les Rois mages
La création de soi
Mes bêtes de la nuit qui venaient boire à la surface,
j’en ai harponné qui fuyaient,
je les ai conduites à la maison.
Vous êtes ma chair et mon sang.
Je vous appelle par votre nom, le mien.
Je mange le miel qui fut venin.
J’en ferai commerce et discours, si je veux.
Et je sais que je n’épuiserai pas vos dons,
vermine habile à me cribler de flèches.
André Frénaud, Les Rois mages (1977),
Poésie/Gallimard, 1987, p. 67.
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04/03/2020
Tristan Corbière, Le Amours jaunes
Sous un portrait de Corbière fait par lui-même
Jeune philosophe en dérive
Revenu sans avoir été
Cœur de poète mal planté ;
Pourquoi voulez-vous que je vive ?
Amour !... je l’ai rêvé, mon cœur au grand ouvert
Bat comme un volet en pantenne
Habité par la froide haleine
Des plus bizarres courants d’air ;
Qui voudrait s’y jeter ? ... pas moi si j’étais ELLE
Va te coucher mon cœur, et ne bats plus de l’aile.
J’aurais voulu souffrir et mourir d’une femme,
M’ouvrir du haut en bas et lui donner en flamme,
Comme un punch, ce cœur-là chaud sous le chaud soleil.
Alors je chanterai : (faux comme de coutume)
Et j’irai me coucher seul dans la trouble brume :
Éternité, néant, mort, sommeil, ou réveil.
(...)
Tristan Corbière, Les Amours jaunes, Albert Messein, 1928, p. 18.
03/03/2020
André Gide et les peintres, Lettres inédites
À l’occasion du 150ème anniversaire de sa naissance (29 novembre 1869), un nouveau volume de la correspondance de Gide a été publié*, ainsi que dans la collection Folio un choix de lettres (de 1888 à sa mort en 1951), préparé par Pierre Masson qui, avec Olivier Monoyer, a commenté des lettres de l’écrivain et de peintres qu’il a connus. La première phrase de la présentation de ce livre définit bien la relation de Gide aux arts, « André Gide a vécu pour la littérature ; il a vécu par la musique ; il a vécu avec la peinture » (p. 7). Gide a soutenu, parfois par des dons (par exemple Albert Brabo), par l’écrit quelques peintres, a acheté des tableaux et plusieurs de ses œuvres ont été illustrées.
Il a fréquenté très tôt les salons parisiens, y compris les mardis de Mallarmé, lieux où il a rencontré des peintres. Le premier est sans doute Jacques Émile Blanche, portraitiste notamment d’écrivains anglais, qui partageait son temps entre sa propriété normande, à Offranville, et la Grande Bretagne. Blanche se lia avec le peintre anglais Walter Sickert, depuis 1895 à Dieppe, donc près de chez lui ; il le fit connaître après 1900 à Gide qui, après avoir visité son atelier, lui acheta plusieurs toiles. Les lettres de Sickert ont été conservées, contrairement à celles de Gide ; le peintre devenu connu, sa galerie organisa en 1909 une grande vente à Drouot, Gide y est présent mais écrit à un ami sa « déconvenue ». En 1912, quand il vient à Londres pour rencontrer l’écrivain Edmund Gosse et dîner avec Henri James et George Moore, il ne semble pas avoir revu Sickert qui s’y était installé. Les relations avec Blanche se sont, elles, poursuivies.
Blanche se piquait de vouloir être écrivain autant que peintre ; il avait publié en 1911 Essais et portraits et souhaitait une réédition à La NRF, sa demande au directeur Jacques Copeau, alors directeur des éditions, resta sans réponse et il sollicita Gide qui récrivit en partie le manuscrit — d’où ce commentaire dans son Journal : « Les extraordinaires défaillances de son style m’éclairent sur celles de sa peinture ». Le livre ne sera pas retenu, pas plus que son autobiographie, mais La NRF publiera en 1915 ses Cahiers d’un artiste ; Blanche proposa pour un second volume de payer l’impression, mais le livre comptait 500 pages : il se résigna difficilement à l’alléger de 180 pages (« Tout cela est déplorable, car le volume est plein tel que je l’avais conçu » ; Gide « rapetasse » comme il le put le manuscrit, mais les dissensions entre Gaston Gallimard et Blanche conduisirent au retrait du manuscrit porté chez Émile-Paul. Blanche avait déjà fait deux portraits de Gide seul, le premier vers 1890, le second en 1912, et un autre entouré de quelques amis, à la manière de Fantin-Latour, au moment de l’exposition universelle de 1900. Les deux hommes ont correspondu jusqu’en 1939, mais Gide notait en 1916 dans son Journal : « Il y a chez J.-E. Blanche quelque chose de content, de facile, de léger, qui me cause un inexprimable malaise. »
Beaucoup plus tôt, Gide se fit construire une maison à Auteuil, notant dans son Journal en mai 1905 « J’attends de cette maison ma force de travail, mon génie ». Les travaux furent longs et Gide demanda à René Piot d’y préparer une fresque, ayant apprécié dans le sous-sol du Grand Palais son ensemble, titré La Chambre funéraire, y voyant une rupture avec l’esthétique symboliste qui correspondait à ses recherches. La fresque fut achevée en janvier 1909, décriée par Blanche — Gide vendit sa maison en 1928 et informa Piot qu’il faisait don de la fresque au Palais du Luxembourg (elle est actuellement au Louvre). Piot, qui avait travaillé dans l’atelier de Gustave Moreau et appris la technique de la fresque en Italie, fit aussi des décors de théâtre ; intermédiaire du mécène Jacques Rouché, voulant « des pièces modernes », il sollicita Gide qui n’avait guère d’illusions sur ses capacités et notait dans son Journal, « près des maîtres, l’intelligence de ceux-ci suppléait avantageusement la sienne (qu’il a fort médiocre) ».
Gide avait correspondu avant 1900 avec William Rothenstein, mais il se lia avec le peintre anglais grâce à Saint-John Perse qui lui écrivit en octobre 1912 à propos de Rabindranath Tagore et lui envoya en mars 1913 son exemplaire du Gitanjali. Gide traduisit 25 poèmes qui parurent dans la NRF (revue) en décembre et la totalité (L’Offrande lyrique) au moment où l’écrivain indien reçut le prix Nobel. Rothenstein, ami de Rodin, fréquentant notamment Marcel Schwob, Verlaine quand il était à Paris, écrivit à Gide son enthousiasme à la lecture de la traduction et l’invita en Angleterre. Gide ne fera le voyage qu’en 1918, à la demande également du peintre Simon Bussy, ami de longue date, dont l’épouse Dorothy deviendra la traductrice de ses œuvres.
Les deux peintres ont donné de beaux portraits de l’écrivain. D’autres portraitistes ont fait poser Gide, de Dunoyer de Segonzac à la sculptrice Renée Sintenis, de Théo van Rysselberghe à Paul Albert Laurens. Les auteurs retiennent ici André Bourdil dont un portrait est publié en frontispice d’une édition de L’immoraliste (1947) et qui dessina le visage de Gide sur son lit de mort (ici page 189). On suit également le travail des illustrateurs. Un fusain d’Odilon Redon et un tableau de Sickert, qui avaient appartenu à Gide, sont reproduits, ainsi que deux illustrations de Dufy et de Dunoyer de Segonzac pour ses œuvres. Les commentaires des lettres complètent très heureusement ce que l’on sait de la relation de Gide à la peinture à partir de son Journal et de son abondante correspondance.
* André Gide, Marcel Drouin, Correspondance, 1890-1943, édition Nicolas Drouin, Gallimard, 2019, 992 p.
André Gide et les peintres, Lettres inédites, dossier Pierre Masson et Olivier Monoyer, Les Cahiers de la NRF/Gallimard, 2019, 208 p., 18, 50 €. Cette note de lecture a été publiée sur Sitaudis le 22 janvier 2020.
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Antoine Emaz, Lichen, lichen
En hommage à Antoine Emaz, disparu le 3 mars 2019
Lyrisme : le terme me gêne aux entournures à cause de son lien au chant. Char : « aucun oiseau ne chante dans un buisson de questions ». On m’accordera sans peine que l’époque est buissonneuse.
On ne va pas faire comme si... Ce monde est sale. Et il n’en est pas d’autre. Au bout de la critique, ce n’est pas du chant qui vient ; dans l’effondrement de la louange et de l’espoir naît une parole tentée malgré, fragile, mais sûre de sa mémoire. Une parole qui ne tient que parce que c’est elle ou rien. Et rien, ce serait pire, non ?
Prenons la poésie comme une question ouverte ; autant qu’elle le reste, c’est plus simple. Quand on en vient aux principes, on n’est jamais très loin des gourdins, massues, matraques...
Qu’il y ait une fenêtre n’enlève pas les murs.
Antoine Emaz, Lichen, lichen, Rehauts, 2003, p. 13, 21, 26, 34.
©Photo T. H., mars 2007.
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02/03/2020
Pierre-Albert Jourdan, Fragments
Ce qui s’offre au regard. Mais qu’est-ce donc cela qui s’offre au regard ? Cela me fait parfois songer à ce personnage, lors de la première représentation d’Ubu roi, qui demandait : « C’est bien une plaisanterie n’est-ce pas ? »
Sous la paisible (somme toute) nomination des choses demeure une force explosive, aveuglante. Et toutes les interrogations n’enlèvent nullement ce pouvoir d’évidence (que d’autres voies soient possibles n’y change rien). Pouvoir d’évidence, pouvoir aussi de fascination. Niveau simple ? Alors nous devons aussi nous interroger sur ce que ce mot de « simple » signifie, sur ce mystérieux donné. Cette « simplicité » fait se dresser devant l’esprit de telles murailles qu’il vaut mieux s’ouvrir à une telle venue, se disposer à une telle venue. Il y aurait là, tout aussi bien, une science terriblement ardue.
Pierre-Albert Jourdan, Fragments, éditions poliphile, 2011, p. 12.
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01/03/2020
Pierre Vinclair, Sans adresse
(59)
Le café noir au début d’un jour blanc :
que le jour passe et que le jour à suivre
passe — passé à lire en attendant
quoi ? Un réveil, un café et un livre.
Que la vie passe, avec ou sans café
oui ! Que la nuit arrive et m’engloutisse
et me recrache au matin décoiffé,
indifférent — et que le jour finisse.
Pourtant un jour je retrouverai goût
au café noir, à sa saveur amère
et forte en gorge, à sa texture — à tout
ce qui depuis si longtemps indiffère
mon cœur, nerveux comme un moulin qui broie
quelque grain noir d’excitation sans joie.
Pierre Vinclair, Sans adresse, éditions Lurlure, 2018, p. 67.
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29/02/2020
Claude Chambard, carnet des morts
VI
Les feuilles sont mortes sur votre tombeau,
grand-père que je ne connais,
élevé dans la forêt, la hache sur les deux poings.
Perdu dans les rues des villes,
pleurant le départ des enfants,
& la femme morte trop jeune.
Où serions-nous allés ?
Qu’auriez-vous montré à l’infans ?
Vous seriez-vous battu avec Grandpère ?
Ou de votre air doux auriez-vous dit :
— Je vais partir, je ne vous gênerai plus.
Longue silhouette de dos
disparaissant après le virage du pont.
À pied toujours, cinq kilomètres vers l’autre village
où même la ferme ne vous appartient plus,
dévorée par la fratrie infectée.
Car l’adieu, c’est la nuit.
La langue, la voix impossible.
Le nom est un silence. On ne peut en compter les syllabes.
Ce n’est pas la mort, ce n’est pas la vie.
Un rêve, les mains jointes, près du coffret où s’entassent les lettres perdues.
Une longue marche — toujours vivant —
sans me soucier des murs
ni du tunnel
ni du balancier des heures.
Claude Chambard, carnet des morts, Le bleu du ciel, 2011, p. 55-56.
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28/02/2020
Béatrice Bonhomme, Les boxeurs de l'absurde
Chef-d’œuvre
Il dit tu as accompli un chef-d’œuvre de nos vies
Un trésor où passe le vent
Et où rien n’est à personne
Il est fait de bric et de broc
D’instants de vie et de sourires
D’instants de larmes
Et de souffrance
Il est fait de tout et de rien
Il est construit de non-sens
Et donne un sens à ma vie
Il dit plus tard j’élèverai un château de cartes
Une architecture improbable
De terre et de limon
De branches et d’échappées
De nuit et de terre
Il sera comme un puzzle abandonné
Un sable qui n’a pas d’empreintes
Un paréo prêté au vent
Une figure sans dessin
Le temps baroque d’un passage.
Béatrice Bonhomme, Les boxeurs de l’absurde,
L’étoile des limites, 2019, p. 117.
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27/02/2020
Lao-tseu, Tao tö king
XXXIII
Qui connaît autrui est intelligent,
Qui se connaît est éclairé,
Qui vainc autrui est fort,
Qui se vainc soi-même a la force de l’âme.
Qui se contente est riche,
Qui s’efforce d’agir a de la volonté.
Qui reste à sa place vit longtemps.
Qui est mort sans être disparu atteint l’immortalité.
Lao-tseu, Tao tö king, traduction Liou Kia-hway,
Connaissance de l’Orient/Gallimard, 1967, p. 69.
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26/02/2020
Quelques images du portail de l'église de Besse (Dordogne)
saint Eustache chasse ...
... le cerf
Photos T. H.
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