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22/06/2020

Vittorio Sereni, Étoile variable

Vittorio Sereni, Étoile variable, lieu de travail

                    Lieu de travail

 

Ces marches où l’escalier fait un coude, tous

ces gens qui passent (et repassent chaque jour :

pour le travail) tournant au coin de l’escalier de la vie.

                                                              Usé

par ces réitérants le tapis à cet endroit

sous un froid reflet de lumière. L’hiver comme l’été

et là se refroidit

dans le guet-apens d’une pensée toujours semblable à elle-même

toujours prévue pour cet endroit

toujours pensée pareille

le regard qui là invariablement tombe

chaque jour chaque heure

d’années de travail d’années-lumière

de froid — comme toujours

là commence un automne.

 

Vittorio Sereni, Étoile variable, traduction P. Renard et B. Simeone, Verdier, 1981, p. 27.

17/10/2019

Vittorio Sereni, Étoile variable

vittorioserenibanner.jpg

              Intérieur

 

Assez de coups assez. En plein air

tout un après-midi nous nous sommes malmenés.

Que cela finisse à égalité.

Les collines se couvrent de vent. D’autres déjà

bataillent là-dehors, la parole

est aux jeunes branches qui se ruent contre les vitres

aux bruyères aux sauges par vagues

toujours plus drues et troubles,

bientôt une seule dérive.

Serait-ce cela la paix ? Se serrer

contre un feu de bois

contre le goût mourant du pain contre

la transparence du vin

le jour depuis peu disparu

des rochers avec le cri des plateaux

dans la fourrure des précipices dans le velours

des fausses distances avant que le sommeil nous prenne ?

 

Vittorio Sereni, Étoile variable, traduction

Philippe Renard et Bernard Simeone,

Verdier, 1981, p. 43.

27/01/2012

Vittorio Sereni, Étoile variable

vittorrio sereni,Étoile variable,rimbaud

 

Rimbaud

écrit sur un mur

 

 

Vienne un instant la morsure de son nom

la goutte qui exsude de son nom

écrit en lettres claires sur un mur brûlant.

 

Puis il me haïrait

l'homme au semelles de vent

pour y avoir cru.

 

Mais l'ombre renard ou rat qu'importe

habituée des mastabas

qui sans lien file dans notre regard

nous ignorant dans le jour qui décline...

 

Toi aussi tu l'as pensé.

 

Disparu. Faufilé dans sa maison

de cailloux de sable qui s'éboule

quand le désert recommence à vivre

il nous lance à nouveau ce nom en un long frisson.

 

Louxor, 1979

 

 

Rimbaud

scritto su un muro

 

Venga per un momento la fitta del suo nome

la goccia stillante dal suo nome

stilato in littere chiare su quel muro rovente.

 

Poi mi odierebbe

l'uomo dalle suole di vento

per averci creduto.

 

Ma l'ombra volpe o topo che sia

frequentatrice di mastabe

sfrecciante via del nostro sguardo

irrelata ignorandoci nella luce calante...

 

Anche tu l'hai pensato.

 

Sparito. Sgusciato nella sua casa

di sassi di sabbia franante

quando il deserto ricomincia a vivere

ci rilancia quel nome in un lungo brivido.

 

Luxor, 1979

 

Vittorio Sereni, Étoile variable [Stella variabile], éditon bilingue, traduit de l'italien par Philippe Renard et Bernard Simeone, préface de Franco Fortini, 1987, p. 163 et 162.