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15/08/2015

Murasaki-Shikibu, Poèmes

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   D’un homme qui, las d’avoir frappé  ma porte, s’en était retourné, le lendemain, au matin :

Fût-ce sur les bords

de la mer occidentale

balayée des vents

a-t-on jamais vu la grève

aux vagues inaccessibles ?

 

   En réponse à ces reproches :

Retournée chez elle

peut-être comprendra-t-elle

qu’elle s’est lancée

à l’assaut d’un rude écueil

la frivole vaguelette

 

   Au retour de l’an, comme l’on me demandait si ma porte était désormais ouverte :

De qui rossignol

a-t-il donc en ce printemps

hanté la demeure

pour ainsi se présenter

au logis voilé de brume

 

Murasaki-Shikibu, Poèmes, traduction du japonais par René Sieffert, P. O. F, 1986, p. 47.

 

 

12/08/2015

Catherine Pozzi, Poèmes

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     Infusoire, infusoire,

Viens te poser sur ma main.

     Tu me diras le chemin

           De la gloire.

     Sous le soleil illusoire

     Du havre laboratoire,

     Ha, dirige ta nageoire

Vers mon transparent destin.

Sois mon serin, mon carlin,

     Mon béguin enfin bénin

     Sois ma dernière victoire

           Infusoire !

 

Catherine Pozzi, Poèmes, édition

Claire Paulhan et Lawrence Joseph,

Poésie/Gallimard, 2002, p. 78.

                                                      

            

 

14/01/2015

Constantin Cavafy, Poèmes

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                            Désirs

 

Semblables à des corps superbes de morts qui n’ont point vieilli,

ensevelis, au milieu des pleurs, dans un splendide mausolée,

des roses à la tête et des jasmins aux pieds —

semblables à ces corps sont les désirs qui passèrent

sans être accomplis, et dont aucun ne parvint

à une nuit de volupté ou à son lumineux matin.

 

 

                       Les fenêtres

 

Dans ces chambres obscures, où je passe

des jours qui m’oppressent, je rôde de long en large

cherchant à trouver les fenêtres. — Lorsqu’il s’en ouvrira

une, ce me sera une consolation. —

Mais il n’y a point de fenêtres, ou c’est moi

qui ne puis les trouver. Peut-être en est-il mieux ainsi.

Peut-être la lumière ne serait que nouvelle tyrannie.

Qui sait quelles choses nouvelles elle ferait surgir…

 

 

Constantin Cavafy, Poèmes, traduits par Georges Papoutsakis,

Les Belles Lettres, 1977 (1ère édition, 1958), p. 25 et 37.

10/10/2014

Dylan Thomas, Poèmes, traduction Patrick Reumaux

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La lumière point là où le soleil ne brille pas

 

La lumière point là où le soleil ne brille pas.

Là où la mer ne s'étend pas, les eaux du cœur

Épandent leurs marées,

Et, spectres brisés, des vers luisants plein la tête,

Les choses de lumière

Passent à travers la chair là où la chair n'habille pas les os.

 

Une chandelle dans les cuisses

Échauffe la jeunesse et la graine et brûle la graine de la vie.

Là où la graine ne lève pas

Le fruit de l'homme s'ouvre dans les étoiles

Brillant comme une figue.

Là où la cire n'est pas, la chandelle montre ses cheveux.

 

L'aube point derrière les yeux.

Des pôles du crâne et de l'orteil, le sang venteux

Glisse comme une mer.

Ni clôturées, ni jalonnées, les giclées du ciel

Fusent à la verge

Révélant dans un sourire l'huile des larmes.

 

La nuit dans les orbites arrondit

Comme une lune de poix la limite des globes.

Le jour éclaire l'os.

Là où le froid n'est pas, la morsure des vents fait tomber les   épingles

Qui retiennent les robes de l'hiver.

La taie du printemps pend au bord des paupières.

 

La lumière point sur des lots secrets

Sur des crêtes de pensées où les pensées sentent dans la pluie.

Quand meurent toutes les logiques

Le secret de la glèbe pousse à travers l'œil

Et le sang saute dans le soleil.

Au-dessus des lopins incultes l'aube fait halte.

 

Dylan Thomas, Poèmes, traduction Patrick Reumaux, dans

Œuvres, I, édition établie par Monique Nathan et Denis Roche,

Seuil, 1970, p. 368-369.

29/09/2014

Emily Jane Brontë, Poèmes, traduits par Pierre Leyris

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Mon plus grand bonheur, c'est qu'au loin...

 

Mon plus grand bonheur, c'est qu'au loin

Mon âme fuie sa demeure d'argile,

Par une nuit qu'il vente, que la lune est claire,

Que l'œil peut parcourir des mondes de lumières —

 

Que je ne suis plus, qu'il n'est rien —

Terre ni mer ni ciel sans nuages —

Hormis un esprit en voyage

Dans l'immensité infinie.

 

                                           [Février ou mars 1838]

 

I'm happiest when most away...

 

I'm happiest when most away...

I can bear my soul from its home of clay

On a windy night when the moon is bright

And the eye can wander through wrld of light —

 

When I am not and not beside —

Nor earth nor sea nor cloudless sky —

But only spirit wandering wide

Through infinite immensity

 

                                              [February or March 1838]

 

Emily Jane Brontë, Poèmes, choisis et traduits par Pierre Leyris, Poésie / Gallimard, 2003 [1963], p. 49 et 48.

 

28/09/2014

Georg Trakl, Poèmes, traduits et présentés par Guillevic

 

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                     Paysage

 

Soir de septembre ; les sombres appels des

          bergers tristement résonnent

À travers le village au crépuscule ; du feu jaillit dans la forge.

Puissamment se cabre un cheval noir ; les boucles de jacinthe de la    [servante

Happent l'ardeur de ses pourpres naseaux.

Doucement se fige à la lisière du bois le cri de la biche

Et les fleurs jaunes de l'automne

Se penchent muettes sur la face bleue de l'étang.

Dans une flamme rouge un arbre a brûlé ;

           figures sombres de chauve-souris s'élevant en battant des ailes.

 

                               Landschaft

 

Septemberabend ; traurig tönen die dunklen Rufe der Hirten

Durch das dämmernde Dorf ; Feuer sprüht in der Schmiede.

Gewaltig bäumt sich ein schwarzes Pferd  ; die hyazinthenen Locken    [der Magd

Haschen nach der Inbrunst seiner purpurnen Nüstern.

Leise estarrt am Saum des Waldes der Schrei der Hirschkuh

Und die gelben Blumen des Herbstes

Neigen sich sprachlos über das blaue Antlitz des Teichs.

In roter Flamme verbrannte ein Baum , aufflattern mit dunklen [Gesichtern die Fledermäuse.

 

Georg Trakl, Poèmes,  traduits et présentés par Guillevic, Obsidiane, 1986, p. 25 et 24.

 

09/09/2014

Emily Jane Brontë, Poèmes (1836-1846), traduction Pierre Leyris

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            Viens-t’en avec moi

 

Viens-t’en avec moi

Il n’est plus que toi

Dont mon cœur puisse se réjouir ;

Nous aimions par les nuits d’hiver

Errer dans la neige :

Si nous renouvelions ces vieux plaisirs ?

Noires et folles, les nuées

Tachent d’ombre, là-haut, les terres élevées

Comme elles faisaient autrefois,

Et ne s’arrêtent que là-bas,

À l’horizon confusément amoncelées,

Tandis que les rayons de lune

Si prestement luisent et fuient

Qu’à peine pouvons-nous dire qu’ils ont souri.

 

Viens avec moi — viens te promener avec moi ;

Nous étions bien plus autrefois,

Mais la Mort nous a dérobés nos compagnons

Comme le Soleil la rosée ;

Oui, la Mort les a pris un à un, nous laissant

Tous deux seuls désormais ;

Aussi mes sentiments se voudraient-ils aux tiens

Nouer étroitement, n’ayant d’autre soutien.

 

 

« Non, ne m’appelle pas, cela ne saurait être ;

L’Amour serait-il si constant ?

La fleur de l’Amitié peut-elle dépérir

Pour revivre après de longs ans ?

Non, quand même le sol est humide de larmes

Et si belle qu’elle ait pu croître ;

Car la sève une fois tarie, son flux vital

Ne s’épanchera jamais plus :

Mieux encore que ne fait l’étroit cachot des morts

La Terre sépare le cœur des hommes. »

 

                                                          [Printemps 1844]

 

                   Come, walk with me

 

Come, walk with me ;

There only thee

To bless my spirit now ;

We used to love on winter nights

To wander throw the snow.

Can we not woo back old delights ?

The clouds rush dark and wild ;

They fleck with shade our mountain heights

The same as long ago,

And on the horizon rest at last

In looming masses piled ;

While moonbeams flash and fly so fast

We scarce can say they smiled.

 

Come, walk with me — come, walk with me ;

We were not once so few ;

But Death has stolen our company

As sunshine steals the dew :

He took them one by one, and we

are left, the only two ;

So closer would my feelings twine,

Because they have no stay but thine.

 

 

« Nay, call me not ; it may not be ;

Is human love so true ?

Can Friendship’s flower droop on for years

And then revive anew ?

No ; though the soil be wet with tears,

How fair soe’er it grew ;

The vital sap once perished

Will never flow again ;

And surer than that dwelling dread,

The narrow dungeon of the dead,

Time parts the hearts of men. »

 

                                                   [Spring 1844]

 

Emily Jane Brontë,  Poèmes (1836-1846), choisis

et traduits d’après la leçon des manuscrits par

Pierre Leyris, édition bilingue, Poésie / Gallimard,

1963, p. 144-147.

06/09/2014

James Joyce, Poèmes, Chamber Music, traduction Jacques Borel

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Viens légère ou légère pars :

   Bien que ton cœur te fasse voir

Chagrins, vallons, soleils noyés,

   Que ton rire, Oréade, danse

Jusqu’à ce que l’air des sommets

Rebrousse avec irrévérence

Ta chevelure déployée

 

Sois légère et toujours ailée :

   Les nues qui voilent les vallées

Quand monte l’étoile du soir

   Sont les plus humbles des suivants :

Rire et amour se fassent chant

Si le cœur renonce à l’espoir.

 

 

Lightly come or lightly go :

   Though thy heart presage thee woe,

Vales and many a wasted sun,

   Oread, let thy laughter run,

Till the irreverent mountain air

 Ripple all thy flying hair.

 

Lightly, lightly — ever so :

   Clouds that wrap the vales below

At the hour of evenstar

   Lowliest attendants are ;

Love and laughter song-confessed

When the heart is heaviest. 

 

                  James Joyce, Poèmes, Chamber Music, Pomes

                 Penyeach, poèmes traduits de l’anglais et préfacés

                 par Jacques Borel, Poésie du monde entier,

                 Gallimard, 1967, p. 65 et 64.

04/09/2014

Georges Bataille, Poèmes, dans Œuvres complètes, IV

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Le loup soupire…

 

Le loup soupire tendrement

dormez la belle châtelaine

le loup pleurait comme un enfant

jamais vous ne saurez ma peine

le loup pleurait comme un enfant

 

La belle a ri de son amant

le vent gémit dans un grand chêne

le loup est mort pleurant le sang

ses os séchèrent dans la plaine

le loup est mort pleurant le sang.

 

 

La Marseillaise de l’amour

 

Deux amants chantent la Marseillaise

deux baisers sanglants leur mordent le cœur

les chevaux ventre à terre

les cavaliers morts

village abandonné

l’enfant pleure

dans la nuit interminable

 

                         Georges Bataille, Poèmes, dans Œuvres complètes, IV,

                         Œuvres littéraires posthumes, Gallimard, 1971, p. 27 et 35.

16/07/2014

Malcolm Lowry, Poèmes, traduction de Jean Follain

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              Nulle poésie

  

Nulle poésie à vivre là.

Vous êtes ces pierres mêmes, ces bruits ceux de vos esprits

Les ferraillants tramways grondeurs et les rues qui mènent

Au bar de vos rêves où le désespoir siège

Ne sont que rues et tramways : la poésie est ailleurs.

Cinémas et boutiques une fois abandonnés

On les regrette. Puis plus. Étrangement hostiles

Semblent les nouveaux points de repère marquant ici et         [maintenant.

 

Mais allez du côté de la Nouvelle-Zélande et vers les Pôles,

Ces pierres s'avivront, ce bruit sera chant,

Le tramway bercera l'enfant qui dort

Et aussi celui qui court toujours, dont vogue la nef

Mais qui jamais ne peut retourner au pays mais doit rapporter

À Illion d'étranges et sauvages trophées.

 

Malcolm Lowry, Poèmes, traduction de Jean Follain, dans "Les

Lettres nouvelles", juillet-aoùt 1960, p. 91.

15/02/2014

Malcom Lowry, Poèmes, traduction Jean Follain

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                     Dans la prison d'Oaxaca

 

J'ai connu la cité d'atroce nuit

bien plus atroce que celle que connurent

Kipling ou Thomson...

une nuit où la dernière graine d'espérance s'est envolée

de l'esprit évanescent d'un petit-fils de l'hiver.

 

Dans le cachot cet enfant alcoolique frissonne

réconforté par l'assassin car la compassion ici aussi se montre ;

les bruits nocturnes y sont appels au secours

provenant de la ville, du jardin d'où l'on expulse les destructeurs ?

 

L'ombre du policier se balance sur le mur

l'ombre de la lanterne forme tache noire sur le mur

et sur un pan de la cathédrale oscille lentement ma croix

— les fils et le grand poteau télégraphique remuant au vent —

 

Et  moi je suis crucifié entre deux continents.

 

Aucun message n'arrive du dehors en pleurnichant

pour moi qui demeure ici

mais que de messages pour moi venant d'ici

où l'on signe syphilis et chaude pisse avec du Sloane liniment

mais selon l'un ou l'autre on varie la dose

 

Malcom Lowry, Poèmes, traduction Jean Follain, dans Les Lettres Nouvelles, "Malcom Lowry", mai-juin 1974, p. 225.

11/01/2014

Paul Celan, Poèmes, traduction de John E. Jackson

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En hommage à Jean Bollack : une semaine avec Paul Celan

 

                        Psaume

  

Personne ne nous pétrira plus de terre et d'argile,

personne ne conjurera notre poudre.

Personne.

 

Loué sois-tu, Personne.

Par amour de toi nous

voulons fleurir.

Vers

Toi.

 

Un rien

étions-nous, sommes-nous, resterons-

nous, fleurissant :

la rose de Rien, la

rose de Personne.

 

Avec

le style clair d'âme,

l'étamine ciel-désert,

la corolle rouge

du mot-pourpre que nous chantions

par-dessus, ô par-dessus

l'épine.

 

                       Psalm

 

Niemand knetet uns wieder aus Erde und Lehm,

niemand bespricht unsern Staub.

Niemand.

 

Gelobt seist du, Niemand.

Dir zulieb wollen

wir blühn.

Dir

entgegen.

 

Ein Nichts

waren wir, sind wir, werden

wir bleiben, blühend :

die Nichts-, die

Niemandsrose

 

Mit

dem Griffel seelenhell,

dem Staubfaden himmelswüst,

der Krone rot

vom Purpurwort, das wir sangen

über, o über

dem Dorn.

 

Paul Celan, Poèmes, traduction de John E. Jackson,

éditions Unes, 1987, p. 37 et 36.

 

 

 

 

10/09/2013

Émile Verhaeren, Poèmes [Les Soirs - les Débâcles - Les Flambeaux noirs]

 

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                               Les villes

 

Odeurs de suifs, crasses de peaux, marcs de bitumes !

Tel qu'un grand souvenir lourd de rêves, debout

Dans la fumée énorme et jaune, dans les brumes

Et dans le soir, la ville inextricable bout

Et coule, ainsi que des reptiles noirs, ses rues

Noires, autour des ponts, des docks et des hangars,

Comme des gestes fous et des masques hagards

— Batailles d'ombres et d'or — bougent dans les ténèbres.

Un colossal bruit d'eau roule, les nuits, les jours,

Roulent les lents retours et les départs funèbres

De la mer vers la mer et des voiles toujours

Vers les voiles, tandis que d'immenses usines

Indomptables, avec marteaux cassant du fer,

Avec cycles d'acier virant leur gélasines,

Tordent au bord des quais — tels des membres de chair

Écartelés sur des crochets et sur des roues —

Leurs lanières de peine et leurs volants d'ennui,

Au loin, de longs tunnels fumeux, au loin, des boues

Et des gueules d'égout engloutissant la nuit ;

Quand strident tout à coup de cri, stride et s'éraille :

Les trains, voici les trains broyant les ponts,

Les trains qui sont battant le rail et la ferraille,

Qui vont et vont mangés par les sous-sols profonds

Et revomis, là-bas, vers les gares lointaines,

Les trains, là-bas, les trains tumultueux — partis.

 

 

Émile Verhaeren, Poèmes [Les Soirs - les Débâcles, Les Flambeaux noirs], Mercure de France, 1920, p. 171-172.

06/03/2013

Lord Byron, Poèmes

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J'achève ce jour ma trente-sixième année

 

                             I

Il est temps que ce cœur se fige,

Qui cesse d'émouvoir les autres :

Or, lorsqu'on ne peut plus m'aimer,

          Que j'aime encore !

 

                             II

Mes jours sont une feuille jaune :

Fleurs, fruits de l'amour en allés ;

Le ver, le chancre, puis la peine

          Sont seuls miens !

 

                              III

Le feu qui fait mon sein sa proie,

Seul comme une île volcanique,

N'embrasse à sa flamme de torche —

          Un bûcher funèbre !

 

                               IV

L'espoir, la peur, les soins jaloux,

L'ardente souffrance et la force

De l'amour, guère n'en partage

          Plus que la chaîne.

 

                                V

Mais ainsi, ici, ces pensées

Ne doivent m'ébranler : la gloire

Pare la bière du héros

          Ou ceint son front.

 

                                 VI

L'épée, la bannière et le champ,

La gloire et la Grèce m'entourent !

La spartiate mis au pavois

          N'était plus libre.

 

                                  VII

 

Debout ! (Non toi, Grèce, tu l'es)

Debout mon esprit ! Pense d'

Ton sang tire son premier lac,

          Et frappe juste !

 

                Lord Byron, Poèmes, Choix et traduction de Florence Guilhot et                          

 Jean-Louis Pauléditions Allia, 2012, p. 115 et 117.


06/01/2013

James Joyce, Poèmes, traduction Jacques Borel

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Ma colombe, ma belle,

   Lève-toi, lève-toi !

   La rosée d ela nuit

Mouille mes yeux, mes lèvres.

 

Les vents embaumés tissent

   Tout un chant de souirs !

Lève-toi, lève-toi

Ma colombe, ma belle !

 

Je t'attends près du cèdre,

   Ma sœur et mon amour.

   Sein pur de la colombe

Mon sein sera ta couche.

 

La pâle rosée couvre

   Ma tête comme un voile.

   Ma blonde, ma colombe,

Lève-toi, lève-toi !

 

 

My dove, my beautiful one,

   Arise, arise !

   The night-dew lies

Upon my lips and eyes.

 

The odorous winds are weaving

   A music of sight :

   Arise, arise,

My dove, ma beautiful dove !

 

I wait by the cedar tree,

   My sister, my love.

   White breast of the dove,

My breast shall be your bed.

 

The pale dew lies

   Like a veil on my head.

   My fair one, my fair dove,

Arise, arise !

 

 

James Joyce, Poèmes, édition bilingue,

poèmes traduits de l'anglais et préfacés

par Jacques Borel, Gallimard, 1967,

p. 43 et 42.