05/05/2023
Esther Tellermann, Ciel sans prise
Déjà s’étaient
éteints les horizons
nous devions recueillir
la lumière des chambres
des nuits rompues
par l’absence
de lendemains.
Déjà nous devions
rassembler les
vents et les os et
tous les gestes
mais voici la main
qui oppose
le fruit.
Esther Tellermann, Ciel sans prise,
éditions Unes, 2023, p. 29.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, Tellermann Esther | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esther tellermann, ciel sans prise, horizon | Facebook |
04/05/2023
Oskar Pastior, Poèmepoèmes
quand la fête commence à quatre heures le point culminant commence à six quand le poème commence par la fête le point culminant par la fin quand la fin commence à six heures la fête commence par le point culminant quand le point culminant commence par la fin la fin commence le poème quand la fin commence par la fête le poème commence par le point culminant quand le poème commence à six heures le poème commence à quatre quand le point culminant commence le poème commence par la fin quand le poème commence commence la fin
Oskar Pastior, Poèmepoèmes, traduction Alain Jadot, NOUS, 2913, p. 90.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oskar pastor, commencer, fête, poème | Facebook |
03/05/2023
Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète
une semblable, longtemps après
du ciel tombe la neige, désolation,
là tombent tes effets en flocons, adoration,
ils sont à terre dans le trou de ce vers
là entre mes deux socquettes l’air se réchauffe,
là mes trous de socquettes deviennent trop petits
là je fonce tel un coq écorché vers un rêve
où s’époumonne une poule : c’est mon ode d’antan ;
mais son brio me semble là si minable,
que le ciel s’abat sur moi en éclats de vers.
Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète,
traduction Alain Jadot, NOUS, 2015, p. 79.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reinhard priessnitz, neige, vers | Facebook |
02/05/2023
Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète
triste pompon
nombre de nuages noirs sombrent ici
ils sont si nombreux et si seuls
que même dans la pénombre
ça ne pourrait pas être plus sombre
qu’en moi en mon club solitaire
et mes pieds et mes mains
ils m’assombrissent en soufflant en souffrance
sur ma table de maquillage un nuage noir
avec une frange flottanttant au vent
nombre de nuages noirs sombrent ici
qu’en souffrance je sombre je suis à l’é3
tel le nuage de mon pompon en berne
toujours davantage
Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète,
traduction Alain Jadot, NOUS, 2015, p. 89.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reinhard priessnitz, triste pompon, nuage | Facebook |
01/05/2023
Jean-Baptiste Clément, Chansons : Pour fêter le 1er mai
tombe de J-B Clément au Père Lachaise
Liberté Égalité Fraternité
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Lorsque nous sapons par ses bases
Votre édifice mal d’aplomb,
Vous nous répondez par du plomb
Ou vous nous alignez par des phrases.
En attendant, cher est le pain,
Longs la misère et le chômage…
Hier, en cherchant de l’ouvrage,
Hier, un homme est mort de faim !
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Vous pouvez couvrir les murailles
De ces mots vides et pompeux :
Ils ne sont pour les malheureux
Que synonymes de mitrailles.
Nous connaissons le prix du pain
Et vos doctrines libérales…
Hier, sur le carreau des Halles,
Une femme est morte de faim !
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Pour qui s’en va l’estomac vide,
Ayant chez lui femme et marmots,
On peut traduire ces trois mots :
Chômage, Misère, Suicide.
Les mots ne donnent pas de pain,
Car nous voyons dans la grand’ville
De vieux travailleurs sans asile
Et des enfants mourir de faim.
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Ces mots sont gravés dans la pierre
Sur le fronton des hôpitaux,
De la Morgue et des arsenaux
Et sur les murs du cimetière.
Avec le temps, il est certain
Que la bourgeoisie en délire
Finira bien par les inscrire
Sur le ventre des morts de faim.
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Hommes libres nous voulons être,
Mais il nous faut l’Égalité.
Nous voulons la Fraternité
Mais il ne faut « Ni Dieu ni Maître ».
Moins de phrases et plus de pain,
Et, surtout, moins de politique,
Car nous disons qu’en République
On ne doit pas mourir de faim.
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Paris-Montmartre, 1884.
Jean-Baptiste Clément, Chansons, C. Marpon
et E. Flammarion, 5ème édition, 1887.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-baptiste clément, chansons, pour fêter le 1er mai | Facebook |
30/04/2023
Oskar Pastior, Poèmepoèmes
dans le poème-femme-au-foyer la femme cuivre au foyer refuse l’appellation femme au foyer plus longtemps elle s’arroge le nom lilas ôte les cuivres du mur à partir de là met fin au conte et va au concret se teint les cheveux en roux cuivré mais dans le cas présent ils deviennent lilas et elle malheureuse elle en est consciente et sort tant bien que mal de son état puis parle d’elle à la troisième personne parfois aussi à la seconde « lilas est une objet roux » ou « lilas tu te cuivres en lyrisme » lilas est consciente du danger métallique des biographies métaphoriques elle se lance dans une humeur roussie elle frotte les taches blafardes aux murs qui donnent l’impression qu’une femme au foyer ne serait qu’un vieux cadre pour motifs en cuivre
Oskar Pastior, Poèmepoèmes, traduction Alain Jadot, NOUS, 2013, p. 24.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oskar pastior, femme au foyer, commencer, poèmepoèmes | Facebook |
29/04/2023
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle
Tu m’aimas dans la fausseté
Du vrai — dans le droit du mensonge,
Tu m’aimas — plus loin — c’eût été
Nulle part ! Au-delà ! Hors songe !
Tu m’aimas longtemps et bien plus
Que le temps — la main haut-jetée ! —
Désormais :
-
-
-
-
-
- Tu ne m’aimes plus —
-
-
-
-
C’est en cinq mots la vérité.
(12 décembre1921)
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle, traduction
P. Léon et E. Malleret, Poésie/Gallimard,
1999, p. 119.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marina tsvétaïéva, amour, mensonge, vérité | Facebook |
27/04/2023
Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie
Tentative de jalousie
Comment ça va la vie avec une autre,
Plus simple, n’est-ce pas ? — Rames, claquez ! —
S’est-il vite, le profil de la côte,
Le souvenir s’est-il vite masqué,
De moi, de moi, île désamarrée ?
(Voguant de par le ciel, non sur les flots !)
Âmes ! Jamais amantes ne serez !
Sœurs vous serez ! Sœurs : vous ! C’est votre lot !
Comment ça va la vie près d’une femme
Simple ? C’est comment sans divinités ?
Votre souveraine, prince profane,
Détronâtes (ledit trône quitté),
Comment ça va la vie, les froissis d’ailes,
Les tracas ? Le lever, comment se passe ?
Pauvre créditaire de l’immortelle
Médiocrité, comment faites-vous face ?
« Tressauts et syncopes, stop ! Je suis quitte !
Un toit me louerai ! Suffit, le déluge ! »
Comment ça va avec n’importe qui,
Dites, comment, quand on est mon élu ?
Pour sûr plus comestible, domestique,
La table ? Qu’on s’en lasse, la faute à qui ?
Comment ça va la vie près d’un pastiche
Pour vous qui trahîtes le Sinaï ?
Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie, traduction
E. Malleret, La Découverte, 1986, p.91.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marina tsvétaïéva, tentative de jalousie, amante, sinaï | Facebook |
26/04/2023
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle
Les nuits sans celui qu’on aime— et les nuits
Avec celui qu’on n’ aime pas, et les grandes étoiles
Au-dessus de la la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers Celui
Qui n’est pas — qui ne sera jamais,
Qui ne peut être — et celui qui le doit…
Et l’enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l’enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Qur la poitrine de celui qui doit — en bas…
Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,
Je connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains — on appelle la vie.
(1917 ?)
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle, traduction P. Léon et E. Malleret, Poésie/Gallimard,1999, p. 79.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marina tsvétaïéva, le ciel brûlerie | Facebook |
25/04/2023
Johannes Bobrowski, Boehlendorff et quelques autres
À propos de poésies posthumes
Comme dans les monts d’Alk
Lorsqu’y court, aussi leste,
La bergère, qu’en plaine,
Et du roc fait son lit,
Mais dont le pied déli-
Cat, pour mille baisers,
Ne veut plus avancer,
Quand moi, pour l’approcher,
Je saute les rochers,
Tant l’amour a des ailes,
Nonobstant les cailloux
Courant au-devant d’elle
Je tombe à deux genoux
Et aperçois en haut
Ma vie et mon tombeau.
Johannes Bobrowski, Boehlendorff
et quelques autres, traduction
Jean-Claude Schneider, La Dogana,
1993, p. 61.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : johannes bobrowski, boehlendorff et quelques autres, bergère, course | Facebook |
24/04/2023
Johannes Bobrowski, Terre sarmate
Poème d’amour
Lune, éponge d’huile, lanterne
lune — ou une plante des champs,
lune, disparais,
melon d’eau ou verte, biscornue
courge, je veux
par moi-même éclairer, seul,
mon amie, je veux
m’éteindre plus haut que toi,
rien que d’une hauteur
d’herbe — dans un arbre
surplombant la rivière,
lorsque viendra, humide,
le matin, je serai là, couché,
respirant encore.
Et je t’interroge,
toi qui étais couchée près de moi,
au sujet d’une lune
hier : quand a-t-elle disparu . toi,
sans répondre, la lueur
qui vibre depuis ta voix
effleure le nuage.
Hier —
j’ai disparu —
aujourd’hui —
je t’ai entendue —
et je continue de respirer.
Johannes Bobrowski, Terre sarmate,
traduction Jean-Claude Schneider,
Atelier La Feugraie, 2005, p. 29.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : johannes bobrowski, terre sarmate, poème d'amour, lune, hier, aujourd'hui | Facebook |
23/04/2023
Johannes Bobrowski, Terre d'ombres fleuves
Cris de l’hiver
Corneilles, corneilles,
vert de la glace, corneilles
au-dessus du fleuve. Hallier
figé, qui fuit sur la rive
vers l’amont.
Neige, elle ne retombe pas en poudre,
quand la frôle ton aile,
oiseau, oiseau de buisson, mais
un peu de sang,
ton cœur
pris dans la glace, ton cri
trace de fumée sur
le banc de sable,
où avaient lieu d’inlassables
étreintes, toujours
vivait le fleuve.
Johannes Bobrowski, Terre d’ombres fleuves,
traduction Jean-Claude Schneider,
Atelier La Feugraie, 2005, p. 43.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : johannes boobrowski, terre d'ombres fleuves, corneilles, cri | Facebook |
17/04/2023
Johannes Bobrowski, Ce qui vit encore
Et voici que
Et voici que
nous avons les deux mains pleines de lumière —
les strophes de la nuit, les eaux
agitées heurtent de nouveau
la rive, le soleil âpre, sans regard,
des bêtes dans les roseaux
après l’étreinte — puis
nous voilà debout contre la pente
ders, contre le ciel
blanc, qui vient
par-dessus la montagne,
froid, cascade splendeur,
et demeure figé, glace
qui descendait des étoiles.
Sur ta tempe
je veux vivre cette petite
saison, oublieux, sans bruit,
laisser errer
mn sang à travers ton cœur.
Johannes Bobrowski, Ce qui vit encore,
L’Alphée,1087, p.73.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : johannes bobrowski, ce qui vit encore, étreinte | Facebook |
15/04/2023
Benoît Casas, Combine
571
Nous
partageons
le monde
à nous deux
d’une manière
bizarre
peut-être est-ce
nous-mêmes
que nous
partageons
en deux.
580
Seuls
nous ne
sommes pas
nous ne sommes
jamais
sinon
vertige
et vide.
598
Alors
nous en
étions là
et que fallait-il
faire
continuer
bien sûr
continuer
alors j’ai
continué.
604
Maintenant
il faut
ne plus
être seuls
ne plus
attendre
ne plus
avoir peur.
Benoît Casas, Combine,
NOUS, 2023, np.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : benoît casas, combine, solitude, partage | Facebook |
14/04/2023
Benoît Casas, Combine
81
Vous êtes
l’objet
de la lecture
de l’autre
chacun lit
en l’autre
son histoire
non écrite.
92
S’il ne
Lisait
pas
il ne voyait
pas
le jour
dans le
jour.
96
Concerné
j’accepte
le temps
comme
j’accepte
les nuages.
98
Elle
m’a fait
découvrir
de quoi
il était
question
dans ma vie
dans
mon livre.
Benoît Casas, Combine,
NOUS, 2023, np.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : benoît casas, combine, live, histoire | Facebook |