05/11/2020
Tristan Tzara, Phases
ce fut un jour sans peur ni haine
ma vie
le cœur ailé
vivant de restes de semaines
au ciel mêlé
vivant — vivions-nous sans nul doute
ni peine —
au gré du vent
c’était le temps où l’on redoute
le mal présent
pourquoi au cours de ces tortures
errantes
lier tes pas
alors que tombe l’ombre mûre
autour de toi
Tristan Tzara, Phases, Poésie 49/Seghers,
1949, p.19.
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28/07/2018
Tristan Tzara, L'Antitête
Sable
Bon, bon, dit le bonbon, de la bouche d’enfant qui était pour lui le bonbon. Le silence de la petite chambre était un cri pour le grand silence. Le silence me dit son manque de confiance. Bon, bon, dit mon silence et s’échappe pour toujours. Tout cela revint sur le bout de ma langue. Avec un peu de charbon. L’accordéon se mit sur la table. Bon, bon, dis-je.
Fable.
Tristan Tzara, L’Antitête, dans Œuvres complètes, 2, Flammarion, 1977, p. 275.
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09/10/2017
Tristan Tzara, De nos oiseaux
Cirque, I
tu fus aussi étoile
l’éléphant sortant de l’affiche
voir un œil énorme d’où les rayons se laissent descendre
en courbes sur terre
qui ne voit que sous la toile
la force musculaire est grave et lente sous la lumière bleuâtre
nous donne la certitude en certains exemples
la précision des gymnastes parfois des clowns
doit attendre ?
la perspective tordant la forme du corps
c’est émouvant dans ces lueurs
loin d’ici
des mains invisibles qui torturent les membres
toutes les taches jaunes aux points d’acier s’approchent
de quelques centimètres du milieu
du cirque
on attend
ce sont des cordes qui pendent en haut
la musique
c’est le directeur du cirque
le directeur du cirque ne veut pas montrer qu’il est content
il est correct
Tristan Tzara, De nos oiseaux, dans Œuvres complètes, I, Flammarion, 1975, p. 183.
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14/02/2015
Tristan Tzara, Où boivent les loups
à l’horizon planent toujours les oraisons
de vie en désordre
le liège est cerf le cerf est feuille
un matin à bijoux une robe de mains
palpitantes qui fuient la terre
un visage qui se hâte à la nuit
les soucis au rivage
une lumière qui erre sans se connaître
une femme qui l’habite à regret
la neige la couvre sur les cimes interdites
une seule ombre la trouve
une seule qui la cherche qui ne doute
de la naissance des ombres
Tristan Tzara, Où boivent les loups, dans Œuvres
complètes, II, édition établie, présentée et annotée par
Henri Béhar, Flammarion, 1977, p. 245.
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24/05/2012
Tristan Tzara, Phases, "Pour Robert Desnos"
Pour Robert Desnos
dans le blanc de ma pensée
hurle un merle l'herbe chante
sur la ville décapitée
siffle l'ai subit du sang
d'où s'ébranle l'arbre mûr
mendiant de lumière
mademoiselle voulez-vous
et la mort montre sa montre
des dents vides au bracelet
et les os de mille témoins
mademoiselle voulez-vous
le bois mort des fortes mâchoires
ferme doucement la marche
à la tête d'un seul espoir
dans la tête une forêt
par le brisement d'étoiles
j'ai connu la mélodie
d'où se lève la mémoire
il n'y a plus de voix sonnante
dans Paris pavé de feuilles
un été manque à l'appel
je suis seul à le savoir
oubliez vos fils vos mères
le jeunesse les printemps
les baisers des amoureuses
l'or du temps
un nom nu voltige encore
dans les nuits autour des lampes
et le poing serré des villes
dresse jusqu'au cœur du jour
cette lumière cette révolte
que l'on offre aux passants
dans la paume de la main
celle du monde
dans les bras que vague emporte
un oiseau rien de plus sauf la colère
un visage à ma fenêtre
une joie flotte
mon secret ma raison d'être
et le monde
Tristan Tzara, Phases, "Poésie 49", éditions Pierre Seghers, 1949, p. 27-28.
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