Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/11/2022

Erich Fried, Es ist was es ist

 

erich-fried-931431-250-400.jpg.gif

Merci et pardon

(50 ans après l’arrivée au pouvoir d’Hitler)

 

Beaucoup trop accoutumés

à hocher la tête d’indignation

devant les crimes        

de l’époque de la croix gammée

 

nous oublions

d’être un peu reconnaissants

à nos prédécesseurs

pour ce que leurs actions

 

pourraient nous aider encore

à reconnaître à temps

le forfait infiniment plus grand

que nous préparons aujourd’hui

 

Dankeschuld

(50 Jahre nach der Machteinsetzung Hitlers)

 

Viel zu gewohnt

uns vor Entrüstung zu schütteln

über die Verbrechen

der Hakenkreuzzeit

 

vergessen wir

unseren Vorgängern doch ein wenig

dankbar zu sein

dafür dass uns ihre Taten

 

immer noch helfen könnten

die ungleich größere Untat

die wir heute vorbereiten

rechtzeitig zu erkennen

 

 

Conversation avec un survivant

 

Qu’as-tu fait jadis

que tu n’aurais pas dû faire ?

« Rien »

 

Qu’est-ce que tu n’as-tu pas fait

que tu aurais dû faire ?

« Des choses et d’autres

ceci et cela :

certaines choses »

 

Pourquoi ne les as-tu pas faites ?

« Parce que j’avais peur »

Pourquoi avais-tu peur ?

« Parce que je ne voulais pas mourir »

 

D’autres sont-ils morts

parce que tu ne voulais pas mourir ?

« Je crois

que oui »

 

As-tu autre chose à ajouter

sur ce que tu n’as pas fait ?

« Oui : Te demander

Qu’aurais-tu fait à ma place ? »

 

Cela je ne le sais pas

et je ne peux pas te juger.

Il n’y a qu’une chose que je sache :

Demain aucun d’entre nous

ne restera en vie

si nous aujourd’hui

recommençons à ne rien faire

 

Gespräch mit einem Überlebenden

 

Was hast du damals getan

was du nicht hättest tun sollen ?

„Nichts“

 

Was hast du nicht getan

was du hättest tun sollen ?

„Das und das

dieses und jenes :

Einiges“

 

Warum hast du es nicht getan ?

„Weil ich Angst hatte“

Warum hattest du Angst ?

„Weil ich nicht sterben wollte“

 

Sind andere gestorben

weil du nicht sterben wolltest ?

„Ich glaube

ja“

 

Hast du noch etwas zu sagen

zu dem was du nicht getan hast ?

„Ja : Dich zu fragen

Was hättest du an meiner Stelle getan ?“

 

Das weiß ich nicht

und ich kann über dich nicht richten.

Nur eines weiß ich :

Morgen wird keiner von uns

leben bleiben

wenn wir heute

wieder nichts tun

 

 

Erich Fried, Es ist was es ist, Liebesgedichte Angstgedichte Zorngedichte, traduction inédite Chantal Tanet et Michael Hohmann.

26/11/2022

Erich Fried, Es ist was es ist

25837857-erich-fried-vor-einer-lesung-in-seinem-todesjahr-1988-2buRiJEmL3ec.jpg

 Car

 Car

il y a l’alpha

et l’oméga

 

Car au commencement

Car j’ai faim

Car j’ai peur

 

Car je suis là

Car je veux vivre

Car j’aime

 

Car à mi-chemin

demande

« Encore combien de temps ? »

 

Car à mi-chemin

demande

« A quoi bon tout ça ?»

 

Car à la fin

ne dira pas même

« Eh bien meurs donc »

 

 

Denn

        

Denn

ist das Alpha

und das Omega

 

Denn am Anfang

Denn ich habe Hunger

Denn ich habe Angst

 

Denn ich bin da

Denn ich will leben

Denn ich liebe

 

Denn in der Mitte

fragt

„Wie lange denn noch ?“

 

Denn in der Mitte

fragt :

„Wozu denn das alles ?“

 

Denn am Ende

wird nicht einmal sagen

„So stirb denn

 

 Les derniers seront les premiers

Parce que les choses passées ne sont pas encore

précisément examinées, il se tourne

l’homme de conscience

vers les choses qui les ont précédées

 

Mais l’homme sans conscience

se sert déjà de poignées artificielles

pour se saisir des choses à venir

et de celles qui suivront

 

L’homme de conscience

a découvert entretemps

que la clé

qui donne accès aux choses qui les ont précédées

 

se trouve dans des choses antiques

qui existaient encore avant ces choses

ou plus profondément encore

au sein de leurs conditions préexistantes

 

Mais l’homme sans conscience

fait des progrès plus rapides. Aussi

se pourrait-il que nous tous

et également l’homme de conscience

 

il nous conduise

aux dernières extrémités, bien avant

que l’homme de conscience

ait remonté

 

aux causes premières

jusqu’aux ultimes racines du mal

qui avait rendu sans conscience

l’homme sans conscience

 

Die Letzten werden die Ersten sein

        

Weil die vorigen Dinge noch nicht

genau untersucht sind, wendet

sich der Gewissenhafte

den vorvorigen zu

 

Doch der Gewissenlose

übt schon Kunstgriffe, um die nächsten

und übernächsten Dinge

in den Griff zu bekommen

 

Der Gewissenhafte

hat mittlerweile entdeckt

dass der Schlüssel

zu den vorvorigen Dingen

 

in älteren Dingen liegt

die noch vor diesen Dingen waren

oder noch tiefer in deren

Vorvorbedingungen

 

Der Gewissenlose aber

macht raschere Fortschritte. Deshalb

wird er vielleicht uns alle

und auch den Gewissenhaften

 

schon zu den letzten Dingen

gebracht haben, lange bevor

der Gewissenhafte

die tiefsten Wurzeln des Übels

 

das den Gewissenlosen

gewissenlos werden liess

zurückverfolgt hat

bis zu den ersten Dingen

 

Erich Fried, Es ist was es ist, Liebesgedichte Angstgedichte Zorngedichte, traduction inédite Chantal Tanet et Michael Hohmann.

24/11/2022

Julia Lepère, Par elle se blesse

                 Unknown.jpeg

Sur la rive

Je suis entre deux

Hommes comme sur un couteau j’efface

Tout. Pleine d’eux

Au milieu de ces vies qu’on cherche pour se taire

Il faudra bien que la vitesse nous

Fasse disparaître

Nous aussi

Nuée de plomb

 

Dans ce film pourquoi

TU à l’approche me blesse-t-il autant tu la filmes

Si lentement

Je ferme

 

À côté de moi quelqu’un s’endort

Je pourrais être à lui, comme à n’importe qui — un instant

Imaginer le suivre

Agitée

Et repartir

 

Julia Lepère, Par elle se blesse, Poésie/Flammarion,

2022, p. 51.

23/11/2022

Juan Rodolfo Wilcox, Les Jours heureux

Wilcock.jpg

Je porte un chiffre sur le cœur, un sceau

de t’aimer comme si le silence s’était inscrit

dans la chair profondément ; et j’ai parcouru

des galeries de feuilles passionnées, des chemins

qui s’ouvraient au soleil hurlant, s’arrachant,

se râpant jusqu’à l’âme. Ô s’il m’était donné

de ne pas te voir apparaître, immuable,

là où l’amour naît, comme une image

au fond de l’eau !

 

Joan Rodolfo Wilcox, Les Jours heureux, traduction Silvia

Baron Supervielle, Orphée/La Différence, 1994, p. 67.

22/11/2022

Erich Fried, es ist was es ist

Unknown.jpeg

Mais alors

 

La vie

serait

peut-être plus simple

si je ne t’avais

pas du tout rencontrée

 

Moins de tristesse

chaque fois

que nous devons nous séparer

moins d’appréhension

de la prochaine séparation

et de la suivante

 

Et pas non plus

quand tu n’es pas là   

tant de ce vain désir

qui ne réclame que l’impossible

et l’immédiat

dans l’instant même

et qui ensuite

parce qu’il ne peut s’accomplir

en est troublé    

et respire avec peine

 

La vie       

serait peut-être

plus simple

si je ne t’avais

pas rencontrée

Mais alors

elle ne serait pas ma vie

 

Quoi ?                                

 

Qu’es-tu pour moi ?

Que sont pour moi tes doigts

et tes lèvres ?

Qu’est pour moi le son de ta voix ?

Qu’est pour moi ton odeur

avant l’étreinte

et ton parfum

pendant l’étreinte

et après ?

 

Qu’es-tu pour moi ?

Que suis-je pour toi ?

Que suis-je ?

 

 

Toi  

 

Toi

te laisser être toi

entièrement toi

 

Voir

que tu n’es toi

que lorsque tu es tout

ce que tu es

la tendresse

et le sauvage

ce qui veut se détacher

et ce qui veut se blottir

 

Celui qui n’aime que la moitié

ne t’aime pas à moitié

il ne t’aime pas du tout

celui-là veut te tailler sur mesure

t’amputer

te mutiler

 

Te laisser être toi       

est-ce difficile ou facile ?

Cela ne dépend pas de la dose

de calcul et de bon sens                

mais de la dose d’amour 

et de désir suspendu à tout –

à tout

ce qui est toi      

 

À la chaleur

et à la froideur

à l’amabilité

et à l’obstination

à ton bon vouloir                        

et ton mécontentement      

à chacun de tes gestes

à tes mauvais gestes

ton inconstance

ta constance

 

Alors cela

te laisser être toi 

n’est

peut-être pas

si difficile

 

Erich Fried, poèmes extraits du recueil Es ist was es ist, Liebesgedichte Angstgedichte Zorngedichte, Berlin, Verlag Klaus Wagenbach, 1983 ; rééd., 2005. Traduction inédite de Chantal Tanet et Michael Hohmann.

 

 

21/11/2022

Eugène Savitzkaya, Bufo bufo bufo

 

Unknown-10.jpeg

Au feu, à l’étang, le visage couleur de la nuit,

odeur de la journée, le visage d’innocente,

de pourpre fleur, de garçon livide, de porc

blanc, de poisson roi, de sale enfant,

qui criait, au feu, à l’étang, au sumac,

à la saveur des baies et des tiges,

la morte répandue, la robe éparpillée, la salie,

tout au feu, à l’étang, les draps, les nuages autour,

autour de la cheminée, même le héros, le premier parleur

au baiser, le premier loup qui dort, au feu,

à l’étang, au parfum.

 

Eugène Savitzkaya, Bufo bufo bufo, éditions de Minuit,

1980, p. 36.

20/11/2022

André Frénaud, Il n'y a pas de paradis

andré frénaud,il n'y a pas de paradis,la lumière de l'amour

De toi, de moi, d’où sortait la lumière ?

 

Dans la grande bienveillance de l’âtre profond

où je me flattais de brûler pour me découvrir

comme un rayon de flammes et m’éclairer à ma lumière,

quand celle-ci était l’amour qui sortait de moi

parce qu’il était destiné à qui j’étais voué.

Et je multipliais les feux, j’embrasais l’alentour.

Je croyais en un pouvoir d’aurore perpétuel.

(...)

Nous. Nous étions retrouvés, nous devions nous déprendre.

Et qui affirme se trompe, qui croit en soi se hausse en vain.

L’unité que je poursuivais avec nos cœurs tâtonnants,

si elle anéantit quelquefois nos limites

ce fut malgré toi, malgré moi peut-être.

 

André Frénaud, Il n’y a pas de paradis, Poésie/Gallimard,

1987, p. 181 et 183.

 

19/11/2022

André Frénaud, Les Rois Mages

Frenaud_1945_visuel-f297b874-0a88-4563-9c55-a568d9e39a2f.jpg

               Tu es belle

 

Tu es belle par les relais de la nuit,

tu es belle aux arènes de l’aurore,

tu es toujours dévêtue pour moi,

je veux prendre part à ton visage dans la peine,

je veux nourrir tes yeux par les miens,

je veux garder ma vie entre tes mains.

 

Répondons aux oiseaux qui sifflent pour nous plaire.

 

André Frénaud, Les Rois Mages, Poésie Gallimard,

1977, p . 56.

 

18/11/2022

André Frénaud, La Sainte Face

Unknown-9.jpeg

                La vie est comme ça

 

— Ça ne tache pas, c’est du vin rouge.

— Ça vous fera plaisir, c’est du sang.

— Ça ne lui fera pas de mal, ce n’est qu’un enfant.

— Ça ne vous regarde pas, c’est la vérité.

— Ça ne vous touche pas, c’est votre vie.

— Ça ne vous blessera pas, c’est l’amour.

 

André Frénaud, La Sainte Face, Poésie/Gallimard, 1985, p. 77.

17/11/2022

Jacques Roubaud, Autobiographie, chapitre dix

             

Unknown-3.jpeg

                     La mémoire

 

ma mémoire se brouille souvent,

la neige incessante des sensations recouvre de son grand

silence blanc les pistes plus anciennes.

Avec quelle bêche creuserai-je ce manteau pour découvrir

sans les effacer les traces du renard de la jeunesse ?

Alors, je pisse dedans.

 

Jacques Roubaud, Autobiographie, chapitre dix, Gallimard, 1977,

p. 114.

 

16/11/2022

Jacques Roubaud, Octogone

Unknown-2.jpeg

             À P. L. pour son 70e anniversaire

 

« J’ai moins de souvenirs que si j’avais deux ans »

« Ma mémoire n’est plus qu’un souvenir ». Je cite

souvent ces mots. Ce sont deux vers. C’est un peu vite

dire que ce sont vers. Aphorythmr au présent

 

continuel est leur statut. C’est au hasard

d’une recuisson de langage que la suite

de mallarméennes syllabes reste juste

comptable, tu n’as jamais montré tant d’égards

 

pour Alexandre que pour Bach (Johann Sebas-

tian). Le second est un décasyllabe ly-

rique, une invention de trouvères. Pali

 

est le feuillet crayonné d’ans où tu jetas

sa ligne de poids métrique. Sombres paroles.

Ô dure incomplétude des pensives époques.

 (var. : ô rude incomplétude des poussives systoles)

 

Jacques Roubaud, Octogone, Gallimard, 2014, p. 230.

15/11/2022

Jacques Roubaud, Quelque chose noir

Unknown-1.jpeg

            Le sens du passé 

 

Le sens du passé naît

                          d’objets-déjà

 

Dans tous les moments évidents

                                    je t’ai cherchée

 

Aussi dans de ténus

                     interrègnes

 

Cherchée qui ?

                où

                es-tu ?

 

qui ?

 

qui, n’a plus de nom

 

ni quoi (sans nom, dans nulle langue)

 

Je reviendrais de quelques pas en arrière, je serais

                           dans un espace

                           différent, en un sens précaire.

 

Comme si le son traversant l’eau

                           tombait d’une quarte.

 

Jacques Roubaud, Quelque chose noir, Gallimard, 1986, p. 30.

14/11/2022

Les Ruines de Paris

                            6a015433b54391970c016767a94ae1970b-600wi.jpg

Des fleurs des acacias qui moussent pendent au-dessus du trottoir. Je m’aperçois que trois demoiselles pour vouloir en cueillir des grappes : elles n’y arriveront pas. J’estimerais assez naturel de leur venir en aide, mais qu’en penseraient-elles, et puis moi, dans le vacillement de la courte échelle ? J’attends donc qu’elles aient disparu avant de plonger les bras dans le lait frais bouillonnant de ces géants de la ligne de Ceinture. Les fleurs sentent le grenier à foin un été sous l’averse (je me souviens de l’été de 43), la cigarette Senior Service, le cou de jeune fille, la camomille — bref elles sentent surtout l‘acacia. Si candides, si fragiles, j’en remplis ma sacoche dont le ressort va sauter rue d’Alésia, s’embrouillant dans la chaîne, compliquant prosaïquement le reste de la journée, alors que j’avais prémédité de bouleverser ma vie en offrant ces fleurs — mais je divague, et surtout j’anticipe ; je n’ai même pas encore atteint le coin de la rue de Patay, près du restaurant La Pente Douce ; je ne fais qu’amorcer la descente vers les derniers potagers suspendus de  la rue Regnault, et là, dans les lointains brumeux d’une Afrique de rêve, d’horizons en photogravure d’atlas géographique, aberrant mais fatal, sans nom, sans raison, sans emploi, éclôt en fragment absolu le piton du zoo de Vincennes.

Jacques Réda, Les Ruines de Paris, Gallimard, 1972, p. 86-87.

13/11/2022

Jacques Réda, Retour au calme

Unknown.jpeg

                       La mercière

 

Ayant mis des chandails en solde sur le trottoir,

Elle contemple l’infini du fond de sa boutique.

Au passage on entend grésiller des musiques

Comme de l’huile chaude, au fond d’un petit transistor.

On croise en même temp des gens qui déménagent

Des poêles, des ballons débordant de lainages,

Ils ont l’air misérable et louche, un peu traqué.

Un couloir de travers les avale, et le pavé

Luit de nouveau comme un couteau dans un libre-service.

Froid et gras, son reflet met dans la profondeur

Des vitrines une autre rue où le ciel des tropiques

Décoloré voisine avec les fioles du coiffeur,

Des lavabos et des gâteaux aux couleurs utopiques,

Pendu bien au-delà sans remuer d’un cil,

L'œil résigné de la mercière les traverse.

Elle n’attend plus rien. L’hiver est nuisible au commerce,

Elle ne vendra pas aujourd’hui la moindre bobine de fil.

 

Jacques Réda, Rettour au calme, Gallimard, 1989, p. 67.

12/11/2022

Jacques Réda, Retour au calme

photo-reda-1-1.png

                  La pie

 

Au nouvel habitant de la cour (la pie) ;

Derrière mon rideau, ma vieille, je t’épie,

Car depuis ce matin — et ce n’est pas fini —

Tu n’as pas arrêté d’aller, venir ; ton nid

Doit prendre forme en haut de l’immense platane,

Avec des ramillons, des bouts de tarlatane,

De paille, de ficelle ; et, régulièrement,

On entend éclater ton sec ricanement

Qui suspend à tout coup la cadence baroque

Du merle et des moineaux, l’effervescent colloque.

Le concert matinal deviendra bien succinct

Quand, ta famille ayant passé de deux à cinq,

La cour, déjà soumise aux rauques tourterelles,

Retentira du bruit sans fin de ses querelles,

Il est vrai que dans le blason des animaux,

Rien ne vaut la sobriété des deux émaux

Qui, composant le rien d’argent pur et de sable,

Te rendent entre mille oiseaux reconnaissable,

Comme ce vol au mécanique et lourd ballant

Qui paraît imiter celui d’un cerf-volant.

(...)

 Jacques Réda, Retour au calme, Gallimard, 1989, p. 131.