17/01/2025
Alexis Pelletier, Là où ça veille
nous sommes venus mon père et moi à l’appel
je l’ai vu embrasser le front puis
repartir
encore aujourd’hui je ne sais à quel moment
la douleur le saisit et quel
sens prit la mort
de sa femme je me le demande
aujourd’hui
après beaucoup d’années
il y a un silence
et je
ne sais pas quand j’ai vraiment pris conscience que
c’était fini comme Myriam l’a dit et le
sens des mots reste sans aucune prise dans
la mort de l’autre et dans le deuil qui s’installe et
surtout quand celle-ci vient d’arriver pourquoi
avec la lumière
un souvenir
assez sombre
Alexis Pelletier, Là où ça veille, Tarabuste, 32025, p. 11.
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20/07/2024
Constantin Cavafy, Poèmes
Mélancolie de Jason, fils de Cléandre : Poète en Commagène ; 505 ap. J.C.
Vieillissement de mon corps et de ma figure —
c’est une blessure d’un effroyable couteau.
Je n’ai plus d’endurance.
A toi je recours, Art de la Poésie,
qui, tant soit peu, te connais en remèdes :
tentatives d’assoupissement de la douleur,
par l’Imagination et par le Verbe.
Blessure d’un effroyable couteau —
Art de la Poésie, apporte tes remèdes,
pour endormir — pour quelque temps — la douleur.
Constantin Cavafy, Poèmes, traduction Georges Papoutsakis, Les Belles Lettres, 1958, p. 153.
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06/11/2021
Antoine Emaz, Jours
24.03.07
et quoi vient
dans la nuit blanche du corps
quel rat grignote
entre douleur et malaise
comme si
importait
ce tas d’atomes
de fait oui
il crisse
et on supporte mal
*
douleur seule
« capitale »
c’est beaucoup dire
on n’a pas vraiment de mots
sur ce qui fait mal
à qui le dire ou quoi
ça soignerait
on attend que le grain de sable
le papier de verre qui raie
dans l’épaule et la tête
s’en aille
le reste flotte
comme d’habitude
(...)
Antoine Emaz, Jours / Tage,
Éditions En Forêt / Verlag im Wald,
2009, p. 23 et 25.
Photo T.H., 2007
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24/10/2020
Cioran, Syllogismes de l'amertume
Une poésie digne de ce nom commence par l’expérience de la fatalité. Il n’y a que les mauvais poètes qui soient libres.
Une vogue philosophique s’impose comme une vogue gastronomique : on ne réfute pas plus une idée qu’une sauce.
Au rebours des plaisirs, les douleurs ne conduisent pas à la satiété. Il n’est point de lépreux blasé.
Rien ne nous flatte tant que l’obsession de la mort ; l’obsession, et non la mort.
Cioran, Syllogismes de l’amertume, Idées / Gallimard, 1976, p. 30, 31, 59, 59.
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09/12/2019
Georg Trakl, Poèmes
Dans un vieil album
Tu reviens toujours, mélancolie,
O douceur de l’âme solitaire.
Pour sa fin s’embrase un jour doré.
Humblement devant la douleur
S’incline celui qui s’est fait patience.
Résonnant d’harmonie et de tendre folie.
Vois ! Il va faire noir déjà.
La nuit revient, quelque chose de mortel se plaint
Et quelque autre souffre avec elle.
Tremblant sous les étoiles d’automne
Chaque année la tête penche davantage.
Georg Trakl, Poèmes, traduits et présentés par
Guillevic, Obsidiane, 1981, p. 11.
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27/11/2019
Emily Dickinson, Un ciel étranger
La Douleur — agrandit le Temps —
Les siècles s’enroulent dans
L'infime Circonférence
D’un simple Cerveau —
La Douleur contracte — le Temps —
Occupées par la détonation
Les Gammes d’Éternités
Sont comme n’existant pas —
Emily Dickinson, Un ciel étranger,
traduction François Heusbourg,
éditions Unes, 2019, p. 45.
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24/12/2017
Fabienne Courtade, corps tranquille étendu
Je choisis une année en été
Pour lire les papiers collés
je n’en dis pas un mot
le livre m’est apparu
au cours des nuits
devant moi
posé sur l’étagère
l’année n’en finit pas
septembre 2012
Il perd se voix
Je tiens sa main
le souffle manque
il ne tient plus rien
rien ne tient à moi
Il s’assoit à grand-peine sur le bord du lit
Dans l’échelle de douleur
on peut s’installer dans la case 7
La première fois que je l’ai vu
Il avait un large tache rouge
Sur sa chemise
Au milieu du cœur
Un verre de vin renversé
Fabienne Courtade, corps tranquille étendu,
Flammarion, 2017, p. 14-15.
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14/02/2017
Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né
Toute forme de hâte, même vers le bien, trahit quelque dérangement mental.
Les douleurs imaginaires sont de loin les plus réelles, puisqu’on en a un besoin constant et qu’on les invente parce qu’il n’y a pas moyen de s’en passer.
Point de méditation sans un penchant au ressassement.
Nous avons perdu en naissant autant que nous perdrons en mourant. Tout.
Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né, Idées / Gallimard, 1973, p. 65, 65, 70, 70.
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14/07/2015
Caroline Sagot Duvauroux, 'j : recension
« nous voici séparés mais c’est écrire »(1)
Le titre, imprononçable, annonce l’impossibilité d’articuler "je", comme s’il y avait une disparition du sujet. Une apostrophe après le j implique, appelle un verbe, soit un engagement dans le monde, et c’est ce monde, difficile à vivre maintenant, dont le déplacement symbolique de l’apostrophe garde la trace. C’est que ’j est un poème du deuil, comme le furent Nous deux encore (Henri Michaux, 1948) et Quelque chose noir (Jacques Roubaud, 1986).
Le livre, d’une façon différente dans ses trois séquences, est entièrement construit sur le motif de l’absence, celle de l’aimé. Il s’ouvre par un fragment de phrase, « L’absence peut-elle », avant le premier ensemble où il est répété page de gauche, complété page de droite de sorte qu’une question chaque fois est posée, mais la liminaire les contient toutes, « L’absence peut-elle / ce que la présence, étrange, accomplit ? », et la dernière clôt toute question sur la relation entre présence et absence, une seule réponse, attendue, « L’absence peut-elle / arraisonner la présence ? ».
L’absence ne peut se vivre ici qu’en rappelant la présence, parce que le "je" s’est construit avec elle, dans ce qui est sans cesse mouvement, le lieu "je-tu", maintenant aboli ; il y a nécessité de la « présence étrangère » pour qu’existe en même temps « l’étranje ». Et quand « Tu s’est tu » — "tu sais tu" disparu —, ce qui est survenu devant le "je" peut être dit faille, fracture, seulement si l’on comprend qu’il n’est rien à combler, l’équilibre perdu n’était pas d’être sur l’autre bord mais "je-tu" du même côté.
Sans doute retrouve-t-on le thème de l’élégie, et la douleur s’exprime d’ailleurs aussi par le biais de l’interjection grecque classique, « o popoi ». Mais cette reprise est peut-être aussi une manière de (re)construire une assise, comme les diverses allusions littéraires, de Sophocle et la tragédie grecque à Genet, même si elles ont également une autre fonction dans le texte. Indissolublement lié au motif élégiaque est développé le questionnement sur ce qu’est le "je" par rapport au "tu" dans le passé et aujourd’hui. Hors la difficulté à penser autrement que dans un ici qui ne peut être que remémoré (« Nous n’étions qu’ici »), ce qui revient et s’écrit, c’est l’étreinte, la présence de la chair vivante dite sans détours par les verbes baiser, branler en ouverture de la seconde séquence. C’est là encore savoir, par l’évocation de l’amour des corps, que "je" fut autre, que la question « T’aimer sans toi ? » ne peut faire sens et que le "je" d’aujourd’hui dans une réelle mutilation ne peut se reconnaître. L’équivalence « tu = toujours » peut s’écrire, cependant la mort interdit que puisse se dire maintenant « je t’ », alors même qu’il n’est qu’une seule copule, « je t’aime », tout en contraignant à (ré)inventer une orientation — un ici maintenant —, en écrivant jusqu’au ressassement que le passé ne fut pas confusion, mais accomplissement du je, de son étrangeté.
Il faudrait s’attarder sur la manière, variée, dont la perte irréparable et ce qu’elle entraîne s’exprime dans ’j. Ce qui est le plus remarquable à mes yeux, c’est que l’expression écrite du deuil, ici, restitue avec force ce qu’éprouve toute personne vivant la mort de l’aimé(e). D’abord un ensemble de questions dont aucune n’a réellement de réponse, chacune ne faisant que renvoyer à la solitude maintenant vécue — « Tu ne seras pas là je n’étais pas là / Je ? là ? qu’est-ce ? / Nous n’étions qu’ici «. Ensuite, l’ordre du monde défait se dit par la mise en pièces des règles convenues de la syntaxe : phrases inachevées ou réduite à très peu de mots, à un mot, comme si la trituration de la langue pouvait aboutir à comprendre l’incompréhensible qu’est la disparition. Enfin, surtout dans la dernière partie, des énoncés bien détachés par des blancs qui, sans former une suite continue pour le sens, aboutissent à la nécessité de continue à écrire l’indicible, ce que reprend la quatrième de couverture. Cette nécessité achève le long cheminement qui commence de façon très négative — « Je n’aime pas Rabat » — et se termine dans la ville culturelle marocaine : « Prends place, narrateur, je l’altéré définitif nous débouche une bouteille à Tanger ».
Caroline Sagot Duvauroux, ’j, éditions Unes, 2015, 64 p., 16 €. Recension publiée dans Sitaudis le 18 juin 2015.
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1. Caroline Sagot Duvauroux, Canto rodado, "Le Refuge en Méditerranée", centre international de poésie Marseille, 2014, np.
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11/12/2014
Georg Trakl, Grodek : deux traductions
On peut lire dans le numéro de printemps de la revue de belles-lettres treize traductions d'un poème de Georg Trakl (dont une en tchèque, une en slovène et une en grec). En voici deux :
Grodek
Vers le soir les forêts de l'automne retentissent
D'armes tueuses, les plaines d'or
Et les lacs bleus où s'abîme un soleil
Plus lugubre ; la nuit cerne
Des guerriers mourants, la farouche plainte
De leurs bouches brisées.
Mais sans bruit, dans le creux des pâturages,
Rouge nue où trône un dieu courroucé,
S'amasse le sang répandu, fraîcheur de lune ;
Tous les chemins débouchent dans une noire pourriture.
Sous les ramures d'or de la nuit et des étoiles
L'ombre de la sœur s'en vient par le bois muet, chancelante,
Saluer les âmes des héros,
les têtes ensanglantées,
Et doucement sonnent aux roseaux les sombres flûtes de l'automne.
O deuil où la fierté s'exalte ! O vous autels d'airain !
Une vaste douleur nourrit en ce jour la flamme ardente de l'esprit,
Les descendants non nés encore.
Georg Trakl, Vingt-quatre poèmes, préface et traduction de
Gustave Roud, La Délirante, 1978, dans la revue de belles-lettres, p. 179.
Grodek
Le soir résonnent les fêtes automnales
D'armes et de mort, les plaines dorées,
Les lacs bleus, plus sinistre le soleil
Roule au-dessus d'eaux ; la nuit entoure
Des guerriers mourants, la plainte sauvage
De leurs bouches cassées.
Cependant se rassemble sans bruit dans les pâtures du vallon
De la nuée rouge où habite un Dieu furieux,
Le sang versé, du froid lunaire ;
Toutes les routes débouchent sur la pourriture noire.
Sous les ramures dorées de la nuit et des étoiles
L'ombre de la sœur chancelle à travers le bois silencieux,
Pour saluer les esprits des héros, les têtes ensanglantées ;
Et doucement résonnent dans les roseaux les sombres flûtes de
[l'automne.
O deuil plus fier, vous autels d'airain !
Une douleur puissante nourrit aujourd'hui la chaude flamme de
[l'esprit,
Les descendants qui ne sont pas nés.
Georg Trakl, Poèmes, traduits et présentés par Guillevic, Obsidiane, 1989, dans la revue de belles-lettres, p. 182..
Grodek
Am Abend tönen die herbstlichen Wälder
Von tödlichen Waffen, die goldnen Ebenen
Und blauen Seen, darüber die Sonne
Düstrer hinrollt; umfängt die Nacht
Sterbende Krieger, die wilde Klage
Ihrer zerbrochenen Münder.
Doch stille sammelt im Weidengrund
Rotes Gewolk; darin ein zürnender Gott wohnt
Das vergoßne Blut sich, mondne Kühle,
Alle Straßen münden in schwarze Verwesung.
Unter goldnem Gezweig der Nacht und Sternen
Es schwankt des Schwester Schatten durch den schweigenden Hain.
Zu grüßen die Geister der Helden, die blutenden Häupter;
Und leiser tönen im Rohr die dunklen Flöten des Herbstes.
O stolzere Trauer! ihr ehernen Altäre,
Die heiße Flamme des Geistes nährt heute ein gewaltiger Schmerz,
Die ungebornen Enkel.
la revue de belles-lettres, 2014, I, Lausanne, p. 176.
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22/04/2014
Maine de Biran, Journal intime (1792-1817)
C'est une chose singulière pour un homme réfléchi et qui s'étudie, de suivre les diverses modifications par lesquelles il passe. Dans un jour, dans une heure même, ces modifications sont quelquefois si opposées qu'on douterait si on est bien la même personne. Je conçois qu'à tel état du corps répond toujours tel état de l'âme, et que tout dans notre machine étant dans une fluctuation continuelle, il est impossible que nous restions un quart d 'heure dans la même situation absolue d'esprit. Aussi suis-je bien persuadé que ce que l'on appelle coups de la fortune contribue généralement beaucoup moins à notre mal-être, à notre inquiétude, que les dérangements insensibles (parce qu'ils ne sont pas accompagnés de douleurs) qu'éprouve par diverses causes notre frêle machine. Mais peu d'hommes s'étudient assez pour se convaincre de cette vérité. Lorsque le défaut d'équilibre des fluides et des solides les rend chagrins et mélancoliques, ils attribuent ce qu'ils éprouvent à des causes étrangères, et, parce que leur imagination montée sur le ton lugubre ne leur retrace que des objets affligeants, ils pensent que la cause de leur chagrin est dans les objets mêmes.
Maine de Biran, Journal intime (1792-1817), avec un avant-propos, une introduction et des notes de A. de la Valette-Monbrun, Plon, 1927, p. 56-57.
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20/03/2014
Maurice Scève, Délie
CLXXXIII
Voy ce papier de tous costez noircy,
Du mortel dueil de mes justes querelles ;
Et, comme moy, en ses marges transy,
Craingnant les mains piteusement cruelles.
Voy, que douleurs en moy continuelles
Pour te servir croissent journellement,
Qui te debvroient, par pitié seulement,
A les avoir agreables constraindre,
Si le souffrir doibt supplir amplement,
Ou le merite oncques n'a peu attaindre.
Maurice Scève, Délie, dans Œuvres poétiques,
Librairie Garnier Frères, 1927, p. 67.
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01/07/2013
François de Malherbe, Poésies
Chanson :
Sur le départ de la vicomtesse d'Auchy
Ils s'en vont ces rois de ma vie,
Ces yeux, ces beaux yeux,
Dont l'éclat fait pâlir d'envie
Ceux mêmes des cieux.
Dieux, amis de l'innocence,
Qu'ai-je fait pour mériter
Les ennuis où cette absence
Me va précipiter ?
Elle s'en va cette merveille
Pour qui nuit et jour
Quoi que la raison me conseille,
Je brûle d'amour.
Dieux, amis de l'innocence,
Qu'ai-je fait pour mériter
Les ennuis où cette absence
Me va précipiter ?
En quel effroi de solitude
Assez écarté
Mettrai-je mon inquiétude
En sa liberté ?
Dieux, amis de l'innocence,
Qu'ai-je fait pour mériter
Les ennuis où cette absence
Me va précipiter ?
Les affligés ont eu leur peine
Recours à pleurer ;
Mais quand mes yeux seraient fontaines,
Que puis-je espérer ?
Dieux, amis de l'innocence,
Qu'ai-je fait pour mériter
Les ennuis où cette absence
Me va précipiter ?
François de Malherbe, Poésie, Librairie de la
Bibliothèque nationale, 1884, p.154-155.
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04/06/2013
Nathalie Riera, Paysages d'été
Dans la pénombre du roman
mon enjouement dans le retrait j'écris la certitude de la soie à être douceur la certitude du fruit à mûrir j'écris sans m'éloigner ni du demi jour ni du midi sans fuir les limites de l'enclos du jardin
mon enjouement dans l'attente du souffle qui reprend du rêve qui est vie l'ardeur contre le désarroi qui ne peut prendre place nulle part et de l'insouciance parmi les soucis
dans la pénombre du roman que reste-t-il ? deux voix qui se sont tues un vent sans fougue et ce qui se répète mais ne se renouvelle pas
réveiller la pénombre remanier le texte rafraîchir le jardin
ce n'est pas la vie mais le destin qui est grave reprendre possession de la joie pour écrire et se dire que c'est l'instant qui compte le souvenir n'est même pas un jour lointain ce qui a commencé un jour a eu lieu et dont il est impossible de se souvenir un jour lointain qui aurait pris asile dans la pierre la plus exposée la plus chaude sur cette même pierre où je me suis assise à regarder passer les chevaux
Un jour lointain tu te retournes ! et c'est un jour nouveau !
rien à savoir de plus que ce que je sais
un secret sous le soleil ou dans la fraîcheur d'une tonnelle se préserve de la même manière
la vibration de mes chevilles tout près des bouquets de thym le spasme de leurs parfums le serrement et à nouveau l'abandon c'est sans repos mais d'une telle patience la bienveillance même
imperturbable est la pierre qui recèle le secret
Nathalie Riera, Paysages d'été, Lanskine, 2013, p. 29-30.
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13/05/2013
Matthieu Gosztola, Visage vive
[...]
Notre visage prend le temps
De nous arracher à chaque
Pierre
Du chemin ombragé avec
Qui jouent les branches des
Arbres
Comme s'il s'agissait de dire je
Reviens pardon
Je te rattraperai oui je te
Rattraperai
J'ai couru de plus en plus
Vire avec mon espoir
En tenant ton corps déjà roide
Contre moi
Nos visages ce pourrait être la
Respiration
La douleur est une histoire
Qui écha
ppe totalement
Et dans laquelle on se re
trouve
Est-ce que je peux faire
Certains gestes
Ou certaines paroles
Pour te sauver de la douleur ?
Matthieu Gosztola, Visage vive, Gros textes, 2011, p. 31.
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