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29/09/2023

Antoinette Deshoulières, De rose alors ne reste que l'épine

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        Chanson

 

         À la Cour

Aimer est un badinage,

         Et l’amour

N’est dangereux qu’au Village.

         Un Berger,

Si sa bergère n’est tendre,

         Saura se pendre,

 Mais il ne saurait changer.

Et parmi nous quand les belles

Sont légères ou cruelles,

Loin d’en montrer du dépit ,

         On en rit,

Et l’on change aussitôt qu’elles.

 

Antoinette Deshoulières, De rose alors ne reste que l’épine,

édition Sophie Tonolo, Poésie/Gallimard, 2023, p. 98-99.

09/10/2020

Ossip Mandelstam, Le livre de 1928

 

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Le 1er janvier 1924

 

Celui qui a embrassé le crâne meurtri du temps

avec une tendresse de fils

se souvient que parmi les congères de blé le temps

pour dormir couchait sous la fenêtre.

Qui, du siècle, a soulevé les paupières malades

(deux pommes pesantes, somnolentes)

entend l’incessante rumeur, lorsque grondent

les fleuves des temps fourbes et lourds.

 

Il y a deux pommes somnolentes, le souverain siècle,

et une belle bouche argileuse,

mais comme le bras languide du fils vieillissant

il vient, agonisant, se serrer.

Je sais : chaque jour s’affaiblit le souffle de vie,

encore un peu et va s’interrompre

la chanson simple parlant des offenses d’argile

et dans les bouches l’étain couler.

 

Ossip Mandelstam, Le livre de 1928, dans Œuvres poétiques, traduction Jean-Claude Schneider, le bruit du temps / La Dogana, 2018, p. 253.

18/06/2018

Norge, Le stupéfait

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             Tout tout

 

Je voulais tout et quand j’eus tout,

     – Mais savez-vous planter des choux ?

J’eus tout et je ne sus qu’en faire

     – À la mode de chez nous

Ce tout-là, ce n’était qu’enfer.

 

T’en as déjà trop dit, Prosper,

Tu ferais mieux de nous servir

Quelque chose qui désaltère

Au lieu de pousser des soupirs.

         … Mais savez-vous planter des choux ?

T’en as déjà trop dit, Prosper,

Et t’aurais mieux fait de te taire

Et de boire encore un bon coup

         Au lieu de pousser des glouglous

         À la mode de chez nous !

 

Norge, Le stupéfait, Gallimard, 1988, p. 49.

 

 

06/05/2018

Henri Heine, 40 poèmes

 

           henri heine,40 poèmes,chanson,peine,détresse

De mes si grandes peines

J’ai fait de courtes chansons,

Elles élèvent leurs empennes

Et jusqu’à son cœur voleront.

 

Elles ont trouvé ma très chère,

Mais sont revenues pour gémir,

Gémissent et ne veulent pas dire

Ce qu’en son cœur elles ont découvert.

 

 Aus meinen grossen Schmerzen

Mach’ich die kleinen Lieder ;

Die heben ihr klingend Gefieder

Und flattern nach ihrem Herzen.

 

Sie fanden den Weg zur Trauten,

Doch kommen sie wieder und klagen,

Und klagen, und wollen nicht sagen,

Was sie im Herzen schauten.

 

 

Dans ma vie toujours trop sombre

Brillait une image aimée,

La douce image effacée

Je reste enveloppé d’ombres.

 

Les enfants quand vient la nuit

D’angoisse ont le cœur serré,

Mais ils chantent à grand bruit,

Leur frayeur est conjurée.

 

Et je suis un fol enfant,

Je chante dans l’ombre épaisse,

Mon chant n’est pas divertissant

Mais il libère ma détresse.

 

In mein gar zu dunkles Leben

Strahlte einst ein süsses Bild ;

Nun das süsse Bild erblichen,

Bin ich gänzlich nachtumhüllt.

 

Wenn die Kinder sind im Dunkeln,

Wird beklommen ihr Gemüt,

Und um ihre Angst zu hannen,

Singen sie ein lautes Lied.

 

Ich, ein tolles Kind, ich singe,

Jetzo in der Dunkelheit ;

Klingt das Lied auch nicht ergötzlich,

Hat‘s mich doch von Angst befreit.

 

Henri Heine, 40 poèmes, texte allemand, traduction

Diane de Vogüe, éditions Debresse, 1956,

37 et 36, 53 et 52.

21/10/2017

Valérie Rouzeau, Vrouz

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Je vous visiterai mes amis inconnus

Au sol dans les nuages je ne vous louperai

Aussi sûr que j’aurai dans ma chaussure

Un petit gravillon pour m’agacer le pied

Une plume collée sous ma semelle aussi

Un mégot antérieur long rêve de fumée

Ou crottin de cheval herbe mal essuyée

Réminiscence douce et dormante douce

Mes amis inconnus je m’assoirai dessus

Vivre seul cœur de marbre

Dur et pur come un chêne

J’ôterai de mon soulier le caillou blanc

Et je vous chanterai une chanson mince

À l’intérieur tout noir de moi

 

Valérie Rouzeau, Vrouz, La Table Ronde,

2012, p. 90.

19/04/2017

Renée Vivien, La Vénus des aveugles

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Chanson pour mon ombre

 

Droite et longue comme un cyprès,

Mon ombre suit, à pas de louve,

Mes pas que l’aube désapprouve.

Mon ombre marche à pas de louve,

Droite et longue comme un cyprès,

 

Elle me suit, comme un reproche,

Dans la lumière du matin.

Je vois en elle mon destin

Qui se resserre et se rapproche.

À travers champs, par les matins,

Mon ombre me suit comme un reproche.

 

Mon ombre suit, comme un remords,

La trace de mes pas sur l’herbe

Lorsque je vais, portant ma gerbe,

Vers l’allée où gîtent les morts.

Mon ombre suit mes pas sur l’herbe

Implacable comme un remords.

 

Renée VivienLa Vénus des aveugles, dans Poésies complètes, 

Librairie Alphonse Lemerre, 1944, p. 204-205.

 

20/06/2016

Raymond Queneau, Pour un art poétique

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Un train qui siffle dans la nuit

C’est un sujet de poésie

Un train qui siffle en Bohême

C’est là le sujet de poème

 

Un train qui siffle mélod’

Ieusemet c’est pour une ode

Un train qui siffle comme un sansonnet

C’est bien un sujet de sonnet

 

Et un train qui siffle comme un hérisson

Ça fait tout un poème épique

Seul un train sifflant dans la nuit

Fait un sujet de poésie

 

Raymond Queneau, Pour un art poétique, dans

Si tu t’imagines, Le point du jour/Gallimard, 1952,

  1. 251.

06/04/2016

Robert Desnos, Complainte de Fantômas, dans Domaine public

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     Complainte de Fantômas

 

                1

Écoutez... Faites silence...

La triste énumération

De tous les forfaits sans nom,

Des tortures, des violences

Toujours impunis, hélas !

Du criminel Fantômas.

 

                  2

Lady Beltham, sa maîtresse,

Le vit tuer son mari

Car il les avait surpris

Au milieu de leurs caresses.

Il coula le paquebot

Lancaster au fond des flots.

 

                    3

Cent personnes il assassine.

Mais Juve aidé de Fandor

Va lui faire subir son sort

Enfin sur la guillotine...

Mais un acteur, très bien grimé,

À sa place est exécuté.

 

                      4

Un phare dans la tempête

Croule, et les pauvres bateaux

Font naufrage au fond de l’eau.

Mais surgissent quatre têtes :

Lady Beltham, aux yeux d’or,

Fantômas, Juve et Fandor.

 

                      5

Le monstre avait une fille

Aussi jolie qu’une fleur.

La douce Hélène au grand cœur

Ne tenait pas de sa famille,

Car elle sauva Fandor

Qu’était condamné à mort.

 

                       6

En consigne d’une gare

Un colis ensanglanté !

Un escroc est arrêté !

Qu’est devenu le cadavre ?

Le cadavre est bien vivant,

C’est Fantômas, mes enfants !

 

.....................

                      25

Pour ceux du peuple et du monde,

J’ai écrit cette chanson

Sur Fantômas, dont le nom

Fait trembler à la ronde.

Maintenant, vivez longtemps

Je le souhaite en partant.

 

                      Final

Allongeant son ombre immense

Sur le monde et sur Paris,

Quel est ce spectre aux yeux gris

Qui surgit dans le silence ?

Fantômas, serait-ce toi

Qui te dresse sur les toits ?

 

Robert Desnos, Complainte de Fantômas,

(1933, musique de Kurt Weil), dans

Domaine public, Gallimard, 1953, p. 279-

280 et 286.

18/08/2014

Jacques Dupin, Chansons troglodytes, Gravir

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                                      Francis Bacon, Portrait of Jacques Dupin, 1990

 

             Ta nuque, plus bas que la pierre,

 

 

Ton corps plus nu

Que cette table de granit…

 

Sans le tonnerre d’un seul de tes cils,

Serais-tu devenue la même

Lisse et insaisissable ennemie

Dans la poussière de la route

Et la mémoire du glacier ?

 

Amours anfractueuses, revenez,

Déchirez le corps clairvoyant.

 

Jacques Dupin, Gravir, Gallimard, 1963, p. 94.

 

 

           Romance aveugle

 

Je me suis perdu dans le bois

dans la voix d’une étrangère

scabreuse et cassée comme si

une aiguille perçant la langue

habitait le cri perdu

 

coupe claire des images

musique en dessous déchirée

dans un emmêlement de sources

et de ronces tronçonnées

comme si j’étais sans voix

 

c’en est fait de la rivière

c’en est fini du sous-bois

les images sont recluses

sur le point de se détruire

avant de regagner sans hâte

 

la sauvagerie de la gorge

et les précipices du ciel

le caméléon nuptial

se détache de la question

 

c’en est fini de la rivière

c’en est fait de la chanson

 

l’écriture se désagrège

éclipse des feuilles d’angle

le rapt et le creusement

dont s’allège sur la langue

la profanation circulaire

 

d’un bond de bête blessée

la romance aveugle crie loin

 

que saisir d’elle à fleur de cendre

et dans l’approche de la peau

et qui le pourrait au bord

de l’horreur indifférenciée

[…]

Jacques Dupin, Chansons troglodytes, Fata Morgana, 1989, p. 21-23.

24/12/2013

Jacques Prévert, Histoires — Soleil de nuit

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Chanson pour les enfants l'hiver

 

          Dans la nuit de l'hiver

galope un grand homme blanc

galope un grand homme blanc

 

C'est un bonhomme de neige

          avec une pipe en bois

un grand bonhomme de neige

           poursuivi par le froid

 

          Il arrive au village

          il arrive au village

     voyant  de la lumière

          le voilà rassuré

 

Dans une petite maison

          il entre sans frapper

Dans une petite maison

          il entre sans frapper

          et pour se réchauffer

          et pour se réchauffer

s'asseoit sur le poêle rouge

   et d'un coup disparaît

   ne laissant que sa pipe

au milieu d'une flaque d'eau

   ne laissant que sa pipe

et puis son vieux chapeau...

 

Jacques Prévert, Histoires, Gallimard, 1963,

p. 139-140.

 

                      *

 

          Cantiques

 

Le voici l'agneau si doux

Le vrai pain des anges

Du ciel il descend sur nous

Dévorons-le tous !

 

Dieu de clémence

odieux vainqueur

sauvez Rome et la France

au nom du Sacré-Cœur !

 

Quel beau jour, quel touchant spectacle

Jésus sort de son tabernacle

et s'avance en triomphe-à-tort.

 

Jacques Prévert, Soleil de nuit, Gallimard, 1980,

 

p. 250.

07/12/2013

Jean Ristat, N Y Meccano

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Il y avait si long temps d'amour qu'au matin

Un ange tombé dans la plume par surprise

La bouche encore nouée comme une rose

Ne m'avait tenu à l'ourlet d'un soupir

 

Ô il y avait si long temps du tendre amour

Les doigts dépliés dans sa longue chevelure

Comme un éventail de nacre au creux de l'épaule

Je me suis égaré dans un jardin chinois

 

Écoute mon cœur comme il bat pour la bataille

Et la fureur qi t'accable et la violence

De mes jambes dans le sable brûlant d'un drap

Ô beau fantôme par mégarde à la fenêtre

 

D'un rêve qui t'enfuis au hasard des rencontres

Et la seine berce un noyé qui me ressemble

Un couteau dans le dos pas besoin d'olifant

Sous l'oreiller pour la main le jour comme un gant

 

Retourné notre-dame agite ses grelots

Il y avait si long temps d'un grand vent de sel

Et d'épices sur mes lèvres pour un baiser

Et ce passant n'en sait rien à son miroir

 

Qui sourit poudré comme la lune d'hiver

Je t'effacerai mirage dans mon désert

Comme une ardoise la craie d'un enfant

C'est à new york ou dans l'île saint-louis le

 

Songe bleu d'un amour révolu la chanson

D'un autre siècle il est passé le temps d'aimer

Il est passé n'en parlons plus on se retourne

Et cette fois  il y avait si long temps de

 

Mourir à tes genoux que l'air m'en est connu

Si douce la nuit sur le pont-marie je marche

À reculons et sans visage ni raison

Qui me reconnaîtrait pas même une chouette

 

Comme la vigie sur le chapeau d'un poète

Pour l'adieu

 

Jean Ristat, N  Y  Meccano, Gallimard, 2001, p. 13-14.

 

 

 

 

 

01/07/2013

François de Malherbe, Poésies

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                            Chanson :

        Sur le départ de la vicomtesse d'Auchy

  

Ils s'en vont ces rois de ma vie,  

     Ces yeux, ces beaux yeux,

Dont l'éclat fait pâlir d'envie

     Ceux mêmes des cieux.

Dieux, amis de l'innocence,

Qu'ai-je fait pour mériter

Les ennuis où cette absence

     Me va précipiter ?

 

Elle s'en va cette merveille

     Pour qui nuit et jour

Quoi que la raison me conseille,

     Je brûle d'amour.

Dieux, amis de l'innocence,

Qu'ai-je fait pour mériter

Les ennuis où cette absence

     Me va précipiter ?

 

En quel effroi de solitude

     Assez écarté

Mettrai-je mon inquiétude

     En sa liberté ?

Dieux, amis de l'innocence,

Qu'ai-je fait pour mériter

Les ennuis où cette absence

     Me va précipiter ?

 

Les affligés ont eu leur peine

     Recours à pleurer ;

Mais quand mes yeux seraient fontaines,

     Que puis-je espérer ?

Dieux, amis de l'innocence,

Qu'ai-je fait pour mériter

Les ennuis où cette absence

     Me va précipiter ?

 

 

François de Malherbe, Poésie, Librairie de la

Bibliothèque nationale, 1884, p.154-155.

26/11/2012

Renée Vivien, La Vénus des aveugles

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Chanson pour mon ombre

 

Droite et longue comme un cyprès,

Mon ombre suit, à pas de louve,

Mes pas que l’aube désapprouve.

Mon ombre marche à pas de louve,

Droite et longue comme un cyprès,

 

Elle me suit, comme un reproche,

Dans la lumière du matin.

Je vois en elle mon destin

Qui se resserre et se rapproche.

À travers champs, par les matins,

Mon ombre me suit comme un reproche.

 

Mon ombre suit, comme un remords,

La trace de mes pas sur l’herbe

Lorsque je vais, portant ma gerbe,

Vers l’allée où gîtent les morts.

Mon ombre suit mes pas sur l’herbe

Implacable comme un remords.

 

Renée VivienLa Vénus des aveugles, dans Poésies complètes,

Librairie Alphonse Lemerre, 1944, p. 204-205.

02/07/2011

John Donne, Chanson

         Chanson

 

Mon cher amour, je ne m’en vais

   Parce que tu me lasses,

Ou que j’espère ici trouver

   Amour qui te remplace.

     Mais puisqu’il faut

Que je meure à la fin mieux vaut

En jouant me faire à l’idée,

   Par des morts simulées.

 

Le soleil qui s’en fut au soir

   Aujourd’hui se reflète ;

Il n’a ni raison ni vouloir,

   Et sa route est moins brève ;

     Ne crains donc rien :

J’irai plus vite, crois le bien,

Qu’il ne va, car j’emporte en selle

   Plus d’éperons et d’ailes.

 

Faible est de l’homme le pouvoir

   Qui, quand vient la fortune,

Ne peut une autre heure y pourvoir

   Ni, morte, en revivre une.

     Mais le malheur

Aidons, et faisons de bon cœur,

Lui enseignant art et durée

     Sa victoire assurée.

 

Tes soupirs ne sont point du vent :

   Mon âme s’y disperse.

Quand tu pleures, tendre tourment,

   C’est mon sang que tu verses.

     Ne peux ainsi

M'aimer autant que tu le dis

Si je dois en toi disparaître,

   Le meilleur de mon être.

 

Ne permets à ton cœur devin

   De me prévoir misère :

Tu pourrais pousser le destin

   À tes craintes parfaire ;

     Comme en dormant,

Crois-nous détournés seulement :

Une âme gardant l’autre en vie,

   Point ne sont désunies.

 

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 John Donne (1572-1631)


          Song

Sweetest love, I do not go,

For wearinesse of thee,

Nor in hope the world can show

   A fitter Love for mee ;

   But since that I

Must dye at last,’tis best,

To use my self in jest

Thus by fain’d deaths to dye ;

 

Yesternight the Sunne went bence,

   And yet is here to day

He hath no desire nor sense,

   Nor halfe so short a way :

     Then fears not mee,

But beleeve that I shall make

Speedier journeyes, since I take

   More wings and spurres than bee.

 

O how feeble is mans power,

     That if good fortune fall,

Cannot adde another houre,

   Nor a lost houre recall !

     But come had chance,

And wee joyne to’it our strength,

 And wee teach it art and length,

 It selfe o’r us to’advance.

 

When thou sigh’st, thou sigh’st not winde,

   But sigh’st my soule away,

Then thou weep’st, unkindly kinde,

   My lifes blood doth decay.

     It cannot bee

That thou lov’st mee, as thou say’st,

If in thine my life thou waste,

Thou art the best of mee.

 

Let not thy divining heart

   Forethinke me any ill,

Destiny may take thy part,

   And may thy feares fulfill ;

     But thinks that wee

Art but turn’d aside to sleepe ;

They who one another keepe

   Alive, ne’r parted bee.

 

John Donne,  Poèmes, traduction par J. Fuzier et Y. Denis, introduction de J.-R. Poisso, édition bilingue, Poésie : Gallimard, 1962, p. 124-127.