04/06/2013
Nathalie Riera, Paysages d'été
Dans la pénombre du roman
mon enjouement dans le retrait j'écris la certitude de la soie à être douceur la certitude du fruit à mûrir j'écris sans m'éloigner ni du demi jour ni du midi sans fuir les limites de l'enclos du jardin
mon enjouement dans l'attente du souffle qui reprend du rêve qui est vie l'ardeur contre le désarroi qui ne peut prendre place nulle part et de l'insouciance parmi les soucis
dans la pénombre du roman que reste-t-il ? deux voix qui se sont tues un vent sans fougue et ce qui se répète mais ne se renouvelle pas
réveiller la pénombre remanier le texte rafraîchir le jardin
ce n'est pas la vie mais le destin qui est grave reprendre possession de la joie pour écrire et se dire que c'est l'instant qui compte le souvenir n'est même pas un jour lointain ce qui a commencé un jour a eu lieu et dont il est impossible de se souvenir un jour lointain qui aurait pris asile dans la pierre la plus exposée la plus chaude sur cette même pierre où je me suis assise à regarder passer les chevaux
Un jour lointain tu te retournes ! et c'est un jour nouveau !
rien à savoir de plus que ce que je sais
un secret sous le soleil ou dans la fraîcheur d'une tonnelle se préserve de la même manière
la vibration de mes chevilles tout près des bouquets de thym le spasme de leurs parfums le serrement et à nouveau l'abandon c'est sans repos mais d'une telle patience la bienveillance même
imperturbable est la pierre qui recèle le secret
Nathalie Riera, Paysages d'été, Lanskine, 2013, p. 29-30.
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