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06/11/2021

Antoine Emaz, Jours

Antoine, 2.JPG

24.03.07

 

et quoi vient

dans la nuit blanche du corps

quel rat grignote

 

entre douleur et malaise

 

comme si

importait

ce tas d’atomes

 

de fait oui

il crisse

et on supporte mal

 

            *

 

douleur seule

« capitale »

c’est beaucoup dire

 

on n’a pas vraiment de mots

sur ce qui fait mal

 

à qui le dire ou quoi

ça soignerait

 

on attend que le grain de sable

le papier de verre qui raie

dans l’épaule et la tête

s’en aille

 

le reste flotte

comme d’habitude

 (...)

 

Antoine Emaz, Jours / Tage,

Éditions En Forêt / Verlag im Wald,

2009, p. 23 et 25.

Photo T.H., 2007

24/02/2021

Cioran, écartèlement

           jpg_cioran.jpg

C’est une erreur de vouloir faciliter la tâche du lecteur. Il ne vous en saura pas gré. Il n’aime pas comprendre, il aime piétiner, s’enliser, il aime être puni. D’où le prestige des auteurs confus, d’où la pérennité du fatras ?

L’amitié étant incompatible avec la vérité, seul est fécond le dialogue muet avec nos ennemis.

Exister est un plagiat.

Du temps que je fumais sans arrêt, la cigarette, après une nuit blanche, avait une saveur funèbre qui me consolait de tout.

 

Cioran, écartèlement, Gallimard, 1979, p. 69, 74, 79, 80.

13/07/2018

Georges Bataille, Poèmes

Bataille.JPG

Nuit blanche

 

S’étrangler

rabougrir une voix

avaler mourante la langue

abolir le bruit

s’endormir

se raser

rire aux anges

 

Nuit noire

 

Tu te moqueras de ton prochain comme de toi-même

Tirez l’amour de l’oie

de la rate des grands hommes

 

L’oubli est l’amitié des égorgés

 

Révérence parler

Je m’en vais

 

Georges Bataille, Poèmes, dans

Œuvres complètes, IV, Gallimard

1971, p. 31