18/04/2020
Maurice Scève, Délie
VII
Celle beaulté, qui embellit le Monde
Quand naſquit celle en qui mourant ie vis,
A imprimé en ma lumiere ronde
Non ſeulement ſes lineamentz vifz :
Mais tellement tient mes eſprits rauiz,
En admirant ſa mirable merueille,
Que preſque mort, ſa Deité m’eſueille,
En la clarté de mes deſirs funebres,
Ou plus m’allume, & plus, dont m’eſmerueille,
Elle m’abyſme en profondes tenebres.
Maurice Scève, Délie, objet de plus haulte vertu,
E. Scheuring, Lyon, 1862, p.8.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vii. celle beaulté, qui embellit le monde quand naſquit celle en qui mourant ie vis, en admirant ſa mirable merueille, que preſque mort, ſa deité m’eſueille, en la clarté de mes deſirs funebres, ou plus m’allume, & plus, dont m’eſmerueille, elle m’abyſme en profondes tenebres. maurice scève, délie, objet de plus haulte vertu, e. scheuring, lyon, 1862. merveille, désir, a imprimé en ma lumiere ronde non ſeulement ſes lineamentz vifz | Facebook |
28/10/2016
Maurice Scève, Délie
CCXXI
Sur le printemps que les aloses montent,
Ma Dame et moi sautons dans le bateau,
Où les Pêcheurs entre eux leurs prises comptent,
Et une en prend, qui, sentant l’air nouveau,
Tant se débat qu’enfin se sauve en l’eau,
Dont ma Maîtresse pleure et se tourmente.
— Cesse, lui dis-je, il faut que je lamente
L’heur du poisson que n’as su attraper,
Car il est hors de prison véhémente,
Où de tes mains ne peux onc échapper.
Maurice Scève, Délie, édition François Charpentier,
Poésie / Gallimard, 1984, p. 174.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maurice scève, délie, pêche, printemps, amour | Facebook |
20/03/2014
Maurice Scève, Délie
CLXXXIII
Voy ce papier de tous costez noircy,
Du mortel dueil de mes justes querelles ;
Et, comme moy, en ses marges transy,
Craingnant les mains piteusement cruelles.
Voy, que douleurs en moy continuelles
Pour te servir croissent journellement,
Qui te debvroient, par pitié seulement,
A les avoir agreables constraindre,
Si le souffrir doibt supplir amplement,
Ou le merite oncques n'a peu attaindre.
Maurice Scève, Délie, dans Œuvres poétiques,
Librairie Garnier Frères, 1927, p. 67.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maurice scève, délie, écrit, poème, douleur, souffrir | Facebook |
01/10/2012
Maurice Scève, Délie
L'ardent désir du haut bien désiré,
Qui aspirait à celle fin heureuse,
A de l'ardeur si grand feu attiré,
Que le corps vif est là poussière ombreuse ;
Et de ma vie, en ce point malheureuse,
Pour vouloir toute à son bien condescendre,
Et de mon être, ainsi réduit en cendre,
Ne m'est resté que ces deux signes-ci :
L'œil larmoyant pour piteuse te rendre,
La bouche ouverte à demander merci.
Sur le Printemps que les Aloses montent,
Ma Dame et moi sautons dans le bateau,
Où les pécheurs entre eux leur prise coptent,
Et une en prend, qui, sentant l'air nouveau,
Tant se débat qu'enfin se sauve en l'eau,
Dont ma Maîtresse et pleure et se tourmente.
« Cesse, lui dis-je, il faut que je lamente
L'heur du poisson que n'a su attraper,
Cat il est hors de prison véhémente,
Où de tes mains ne peux onc échapper. »
Maurice Scève, Délie, édition présentée, établie et
annotée par Françoise Charpentier, Poésie / Gallimard,1984, p. 97, 174.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maurice scève, délie, dame, amour | Facebook |