Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/04/2020

Maurice Scève, Délie

VII.  Celle beaulté, qui embellit le Monde Quand naſquit celle en qui mourant ie vis, A imprimé en ma lumiere ronde Non ſeulement ſes lineamentz vifz : Mais tellement tient mes eſprits rauiz, En admirant ſa mirable merueille, Que preſque mort, ſa Deité m’eſueille, En la clarté de mes deſirs funebres, Ou plus m’allume, & plus, dont m’eſmerueille, Elle m’abyſme en profondes tenebres. Maurice Scève, Délie, objet de plus haulte vertu, E. Scheuring, Lyon, 1862. merveille, désir

VII

Celle beaulté, qui embellit le Monde
Quand naſquit celle en qui mourant ie vis,
A imprimé en ma lumiere ronde
Non ſeulement ſes lineamentz vifz :
Mais tellement tient mes eſprits rauiz,

En admirant ſa mirable merueille,
Que preſque mort, ſa Deité m’eſueille,
En la clarté de mes deſirs funebres,
Ou plus m’allume, & plus, dont m’eſmerueille,
Elle m’abyſme en profondes tenebres.

Maurice Scève, Délie, objet de plus haulte vertu,

E. Scheuring, Lyon, 1862, p.8.

 

 

28/10/2016

Maurice Scève, Délie

            6a00d8345167db69e20147e15d6ca4970b-200wi.png

CCXXI

 

Sur le printemps que les aloses montent,

Ma Dame et moi sautons dans le bateau,

Où les Pêcheurs entre eux leurs prises comptent,

Et une en prend, qui, sentant l’air nouveau,

Tant se débat qu’enfin se sauve en l’eau,

Dont ma Maîtresse pleure et se tourmente.

— Cesse, lui dis-je, il faut que je lamente

L’heur du poisson que n’as su attraper,

Car il est hors de prison véhémente,

Où de tes mains ne peux onc échapper.

 

Maurice Scève, Délie, édition François Charpentier,

Poésie / Gallimard, 1984, p. 174.

20/03/2014

Maurice Scève, Délie

imgres.jpg

                          CLXXXIII

 

Voy ce papier de tous costez noircy,

Du mortel dueil de mes justes querelles ;

Et, comme moy, en ses marges transy,

Craingnant les mains piteusement cruelles.

Voy, que douleurs en moy continuelles

Pour te servir croissent journellement,

Qui te debvroient, par pitié seulement,

A les avoir agreables constraindre,

Si le souffrir doibt supplir amplement,

Ou le merite oncques n'a peu attaindre.

 

Maurice Scève, Délie, dans Œuvres poétiques,

Librairie Garnier Frères, 1927, p. 67.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

01/10/2012

Maurice Scève, Délie

images.jpeg

L'ardent désir du haut bien désiré,

Qui aspirait à celle fin heureuse,

A de l'ardeur si grand feu attiré,

Que le corps vif est là poussière ombreuse ;

Et de ma vie, en ce point malheureuse,

Pour vouloir toute à son bien condescendre,

Et de mon être, ainsi réduit en cendre,

Ne m'est resté que ces deux signes-ci :

L'œil larmoyant pour piteuse te rendre,

La bouche ouverte à demander merci.

 

 

Sur le Printemps que les Aloses montent,

Ma Dame et moi sautons dans le bateau,

Où les pécheurs entre eux leur prise coptent,

Et une en prend, qui, sentant l'air nouveau,

Tant se débat qu'enfin se sauve en l'eau,

Dont ma Maîtresse et pleure et se tourmente.

« Cesse, lui dis-je, il faut que je lamente

L'heur du poisson que n'a su attraper,

Cat il est hors de prison véhémente,

Où de tes mains ne peux onc échapper. »

 

Maurice Scève, Délie, édition présentée, établie et

annotée par Françoise Charpentier, Poésie / Gallimard,1984, p. 97, 174.