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02/04/2018

Ossip Mandelstam, De la poésie

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De la poésie

 De l’interlocuteur, I

    Ce qui chez le fou produit sur vous la plus terrible impression de démence, pouvez-vous me le dire ? Est-ce la dilatation des pupilles parce que s’absente, ne fixant rien en particulier, le regard vide ? Les paroles insensées parce que s’adressant à vous elles vous ignorent et n’ont que faire d’une existence qui ne les intéresse absolument pas ? L’indifférence terrible dont il fait preuve, voilà ce qui au plus haut point nous angoisse. Rien n’est plus intolérable pour l’être humain que d’en rencontrer un autre pour lequel il n’est rien ? Une signification profonde imprègne cette hypocrisie culturelle qu’est la courtoisie, grâce à quoi nous soulignons à chaque instant l’intérêt qu’on porte à autrui.

[…]

 

Ossip Mandelstam, Œuvres complètes II, Œuvres en prose, traduction Jean-Claude Schneider, Le bruit du temps, 2018, p. 311.

01/04/2018

Gertrude Stein, Stanzas in meditation, traduction Jacques Roubaud

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Stanzas in meditation

 

deuxième partie, strophe quatorze

 

ce n’est pas seulement tôt qu’ils ne font aucune faute

le rouge-gorge et le rossignol

ou plutôt ce qui peut ce qui

peut ce qu’il ce qu’ils peuvent choisir ce qu’

ils savent ou n’aiment pas qu’

ils fassent cela une seul e fois ou pas pareil

et non seulement à ce moment où il leur plaît

d’avoir été absorbés entièrement

et ainsi le trouvent-ils

et ainsi sont-ils

là qui n’est pas seulement ici mais ici aussi bien que là.

ils aiment tout ce que j’aime.

 

Gertrude Stein, traduction de Jacques Roubaud, dans son

Traduire, journal, nous, 2018, p. 70.

31/03/2018

André Frénaud, Il n'y a pas de paradis

 

 

À force de s’aimer

 

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À force de s’aimer on ne se connaît plus,

parce qu’il n’existe plus de toi ni de moi

mais un oiseau aveugle immobile sur le vide,

ne chantant pas, irréprochable, rajeunisseur.

L’éclat de son silence répare les fêlures.

Mon amour, mais toi et moi nous devenons vierges !

 

André Frénaud, Il n’y a pas de paradis, Poésie/Gallimard,

1967, p. 58.

30/03/2018

Marie de Quatrebarbes, Gommage de tête : recension

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   Le quatrième livre de Marie de Quatrebarbes revendique un double patronage. Tout d’abord, Gommage de tête est une adaptation du titre du premier film (1977) de David Lynch, Esaredhead (= « tête effaceuse », sorti en France sous le titre Labyrinth man) ; la référence peut renvoyer à une caractéristique de l’univers du cinéaste américain, le refus de la fonction analogique des images à représenter la réalité. Ensuite, est en exergue un extrait de Duchamp du signe, dont je retiens le début, « Perdre la possibilité de reconnaître 2 choses semblables » ; c’est dire que le réel, dont fait partie l’écriture, est confus, qu’aucun ordre ne peut s’y imposer.

 

   Lisons le premier des six ensembles du livre, "Prophéties". Il est composé de groupements de vers sans lien apparent entre eux, mais réunis grâce à la présence d’un personnage féminin, nommé groe, nom où l’on reconnaît l’anagramme de ogre1, et d’un narrateur (je) qui présente notamment une manière d’écrire, par énumération de quelque mots liés par leur consonance : « je procède par rapprochements vagues, compose des séries : gravelle, gravier grossier, grêlon de gros ». On lira d’autres séries et le retour de certains mots (par exemple, «  grêlon de gros » devient « gros grêlons » ensuite) qui contribuent aussi à donner une unité au texte.

   Le sens en effet n’est pas dans une quelconque narration, que le lecteur cherche (presque) toujours à construire s’il ne la trouve pas immédiatement, mais justement dans l’essai de ne pas donner du texte immédiatement "lisible" — encore faudrait-il s’entendre sur ce que l’on définit comme lisible et illisible2. Il y a bien, par exemple, dans la première partie du livre, les éléments d’un conte, et l’ogre se comporte comme tout lecteur s’y attend : elle mange les jeunes gens ; notons que cela est dans la continuité de la poésie de Marie de Quatrebarbes puisque La vie moins une minute, son précédent livre de poèmes, mettait en scène Barbe Bleue. Ajoutons que le conte, par tradition, renvoie à l’enfance et c’est un motif récurrent dans l’œuvre ; elle est présente ici encore avec les jeux (« Une enfant joue (…) », ou « et lorsqu’enfant je me faisais enfant, d’un drap aimant trop j’étais le chien ») et l’association de l’enfant et de l’île, thème littéraire rebattu.

   À extraire dans les différentes parties des traces de tel ou tel thème, on finit par découvrir ce que l’on cherchait. Dans l’ensemble "Trop cuire", il est question d’un « bateau échoué sur l’île d’Ua Pou », île que le lecteur reconnaîtra en Polynésie sur son atlas ; ensuite mention est faite d’une caravelle (ce qui nous transporte dans une époque lointaine), puis d’un bateau de pêche, d’un harpon, de tonneaux de poudre mis à l’abri dans une église. L’addition de ces données, que je détache de leur contexte, ne suffit pas à construire un récit, d’autant moins qu’elles sont suivies d’un vers qui décourage, me semble-t-il, le lecteur saisi du désir de narration : « quand la vague envahit l’âme ».

   N’y a-t-il dans ce livre aucune représentation du monde, ou aucun de ces vers signe du lyrisme prêté à la poésie ? Un (groupe de) vers peut laisser penser qu’un récit est proposé, par exemple : « Elle dit mon œil a cessé de te voir » et, un peu plus loin, on lit « hors de ma vue », puis « la vue s’est perdue » ; citons encore : après « dire "fenêtre" au moment où je l’ouvre », on lit ensuite « vous fermez les fenêtres ». Etc. On comprend que des fragments éparpillés, même réunis, n’aboutissent qu’à des énoncés qui ne peuvent qu’être incomplets et décevoir. Abandonnons ces tentatives et lisons une séquence de 4 vers retenus dans "Trop cuire" :

revers de la main gauche, odeur de punaise écrasée

c’est une histoire qu’on se raconte qu’on se raconte

le glaçon est petit

nous avons le pouls qui bat fort, c’est assez rare

On pourra toujours, si l’on est oulipien, inventer des liens entre les vers et, même, de proche en proche, les rattacher à ceux qui précèdent et suivent. On peut aussi lire autrement. Ce qui est en cause dans la poésie de Marie de Quatrebarbes, c’est bien l’unicité de ce que le discours dominant et une bonne partie de la littérature tentent d’imposer. Les vers ci-dessus, s’ils restituent quelque chose, c’est le chaos de nos représentations, leur mouvement incessant, l’extrême diversité de notre expérience. C’est pourquoi on lit dans Gommage de tête des expressions empruntées aux textes techniques (« système d’éclairage à double volet »), des phrases toutes faites (« c’est la même chose pour tout le monde », « selon bon nombre de témoignages »), des énoncés en suspens (« les uns par rapport aux ») ; etc. Cela n’empêche pas la présence de divers éléments qui, sans du tout prétendre organiser le chaos, donnent au livre sa cohérence ; ainsi le retour dans les différentes parties, comme des traces, de mots : je retiens le mot "pas" dans différentes contextes, de « les pas qu’ils marchent » à « nous étions deux dans les pas de personne ». Ainsi la manière constante d’interroger notre usage de la syntaxe (sujet-verbe-complément, pour le dire vite), parfois provocante : « Elle dit c’est moi le dit en ils me semblent ». Etc. Cela n’interdit pas pour autant de reprendre une forme éprouvée, la strophe régulière, avec 18 strophes de 6 vers libres dans "Émulsion mineure", ou l’alexandrin (3/3/2/4) : « ce qu’on dit en rêvant : griefs enchevêtrés ».

 

   Que la lecture de Gommage de tête ne soit pas aisée, j’en conviens, et c’est tant mieux : en ce mois de poésie printanière (le Printemps des Poètes !), il est bon de s’éloigner des clowns lyriques et des belles âmes pour savoir que l’invention n’est pas morte. Pour conclure, j’offre à Marie de Quatrebarbes et au lecteur une autre proposition de Marcel Duchamp : « le style veut dire que l’on suit la tradition, que l’on s’attache aux bonnes manière et à un modèle de comportement ; tout cela n’ayant rien à voir avec l’objectif même de l’art. »3

 

________________________________-

1 Dans un entretien avec Emmanuèle Jawad (Diacritik, 30 janvier 2018, Marie de Quatrebarbes précise que groe rappelle phoniquement une marque de sanitaires (Grohe), et que le cinquième ensemble, titré "Initiales", évoque une marque (Initial) de produits d’hygiène pour toilettes. J’ajoute que de groe on passe facilement à groin.

2 Sur cette question, on lira par exemple Christian Prigent, La langue et ses monstres (P.O.L, 2014) et le récent essai de Pierre Vinclair, Terre inculte, Penser dans l’illisible : The Waste Land (Hermann, 2018).

3 Marcel Duchamp de retour en Amérique répond à Laurie Eglington (1933), L’échoppe, 2004, p. 19.

Marie de Quatrebarbes, Gommage de tête, éditions Éric Pesty, 80 p., 13 €. Cette note d lecture a été publiée sur Sitaudis le 7 mars 2018.

 

 

 

 

29/03/2018

Ben Lerner, Angle de lacet, traduction Virginie Poitrasson

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La première console de jeu était la flamme domestiquée. Les jeux vidéo actuels vous permettent de choisir l’angle par lequel vous voyez l’action, inspirant une éruption de massacres dans les lycées. Les jeux les plus récents qui utilisent des petits coups simulant la lumière réfléchie, sont presque inintelligibles pour les anciens joueurs. Nous avons ôté les avions de nos simulateurs dans l’espoir de manipuler le vol en tant que tel. Les tricheries dans le jeu, les codes spéciaux qui rendent votre personnage invincible ou riche, qui modifient les conditions météo ou vous permettent de sauter un niveau du jeu, ont un rapport avec les jeux vidéo vus comme une imploration à la réalité. À la limite les enfants essaieront d’imposer ces tricheries dans le monde physique. Taper haut, bas, haut, bas, gauche, droite, gauche, droite, a, b, a, déchirer le ciel. Gauche, gauche, b, b, se réchauffer.

 

Ben Lerner, Angle de lacet, traduction Virginie Poitrasson, dans La tête et les cornes, n° 5, mars 2018, p. 7.

28/03/2018

Des merles dans le jardin

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27/03/2018

Ossip Mandelstam,Œuvres poétiques

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Combien m’est cher ce vivant qui peine,

qui compte pour un siècle une année,

qui met au monde, qui dort, qui crie,

tout ce peuple cloué à sa terre.

 

Ton oreille se tient aux frontières —

elle se satisfait de tout bruit —

un ictère, un ictère, un ictère !

dans ce trou moutardier et maudit !

 

                                               octobre 1930

 

Ossip Mandelstam, Œuvres complètes I, Œuvres

poétiques, traduction Jean-Claude Schneider,

Le Bruit du temps / La Dogana, 2018, p. 351.

Ossip Mandelstam,Œuvres poétiques

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Combien m’est cher ce vivant qui peine,

qui compte pour un siècle une année,

qui met au monde, qui dort, qui crie,

tout ce peuple cloué à sa terre.

 

Ton oreille se tient aux frontières —

elle se satisfait de tout bruit —

un ictère, un ictère, un ictère !

dans ce trou moutardier et maudit !

 

                                               octobre 1930

 

Ossip Mandelstam, Œuvres complètes I, Œuvres

poétiques, traduction Jean-Claude Schneider,

Le Bruit du temps / La Dogana, 2018, p. 351.

25/03/2018

Robert Marteau, Mont-Royal

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Un jeune étourneau trille à la tête d’un chêne, de ses rémiges battant l’air et l’ennuageant de suis, puis, les ailles fixes et tendues pour former avec le fuselage un triangle, il pointe son fin bec et lance une crépitement de brèves, de longues et d’aiguës vers celle qui va venir et dont l’absence comme la proche venue visiblement l’enivrent.

 

L’ombre de l’été déjà sur les derniers pans de neige isolés autour du marais et maintenus par l’abri des sapins. Dans la vasque encombrée de chevelure et de mirages, les grenouilles concertent, chanteuses sorties des cryptes noires, chœur tout occupé de son gloussement comme poussée annonciatrice des pontes, des flottages de gélatine en dérive sous le vent et sur les eaux laquées.

 

Le monde n’a pas attendu d’être nommé pour vivre / la roulette du carouge et cri du corbeau sont plus perpétuels que l'anapeste, le psaume, le verset. l  

Robert Marteau, Mont-Royal, Gallimard, 1981, p. 50.

 

24/03/2018

Walter Benjamin, Sur le haschich

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29 septembre [1928] samedi Marseille

 

   À 7 heures du soir j’ai pris du haschisch après avoir longuement hésité. La journée, j’avais été à Aix. Je ne note ce qui va éventuellement suivre que pour constater que si des effets se produisent, étant donné que ma solitude ne me permet pour ainsi dire pas d’autre contrôle. À côté de moi, un petit enfant pleure, ça me dérange. Je pense que trois quarts d’heure se sont déjà écoulés. Mais pourtant c’est seulement une demi-heure. Par conséquent… Car abstraction faite d’un très léger malaise, je ne sens rien. J’étais sur le lit, je lisais et je fumais. En face de moi, toujours cette vue sur le centre de Marseille. (À présent les images commencent à exercer leur emprise sur moi.) La rue que j’ai vue si souvent est pour moi comme la coupure qu’un couteau a tracée. [...]

   Je dois remarquer ici de manière générale : la solitude de telles ivresses a son revers. Pour ne parler que de l'aspect physique, il y a eu un instant dans le café du port où une violente pression sur le diaphragme a cherché apaisement dans un chantonnement. Et en outre il ne fait aucun doute que beaucoup de choses belles et éclairantes ne se sont pas éveillées. Mais par ailleurs la solitude agit ensuite comme un filtre ; ce qu'on rédige le jour suivant est davantage qu'une énumération d'expériences vécues de quelques secondes ; l'ivresse se distingue dans la nuit de l'expérience de jour par ses beaux contours prismatiques, elle forme une sorte de figure et elle est plus mémorable que d'ordinaire.

Walter Benjamin, Sur le haschisch, traduction Jran-François Poirier, Titres / P.O.L, 2011, p 42 et 49.

23/03/2018

Ciels du mois de mars en Périgord

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                                             Photos Chantal Tanet

22/03/2018

Colette, Lettres à sa fille, 1916-1953

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1944 [Janvier ?], Lundi soir

 

C’est beaucoup de temps sans lettre de toi, chérie. Ce bout de papier n’est que pour te rassurer, te dire que nous allons bien, que nous mangeons assez mal, que je te blâme pourtant de m’avoir fait apporter des choses si précieuses. Un soir un peu maigre, nous avons tordu le cou à une boîte qui contenait un merveilleux morceau de cochon, et nous l’avons mangé chaud avec des pommes de terre. Un mets des dieux, chérie ! Mais pas de gaspillage ! Je cache les autres. Car la vie et la ville sont idiotes. Plus d’eau chaude électrique. Une heure de gaz. Défense de. Interdiction de. Le métro se résorbe mais les barrages prolifèrent. Pas de lumière de 7 h 30 matin à 8 h 30 du soir, etc., etc. Et par là-dessus un froid ! Tourbillons glacés de poussière, vent du nord-est.

 

Colette, Lettres à sa fille, 1916-1953, édition Anne de Jouvenel, Gallimard, 2003, p. 448.

21/03/2018

H(ilda) D(oolittle), Le jardin près de la mer

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         Nuit

 

La nuit a séparé

l’un de l’autre

et recroquevillé les pétales

sur le dos de la tige

et dessous en rangs crépus :

 

dessous, sans défaillir,

dessous, jusqu’à ce que les peaux se fendent,

et sur le dos de la tige, jusqu’à ce que chaque feuille

s’en détache à force de pencher ;

 

dessous, avec sévérité,

dessous, jusqu’à ce que les feuilles

soient recourbées,

jusqu’à ce qu’elles tombent sur le sol,

courbées jusqu’à ce qu’elles soient brisées.

 

Ô nuit,

tu prends les pétales

des roses dans ta main,

mais tu laisses le cœur nu

de la rose

périr sur la branche.

 

H(ilda) D(oolittle), Le jardin près de la mer, traduction

Auxeméry, Orphée/La Différence, 1992, p. 99.

 

20/03/2018

Eugène Savitzkaya, Portrait de famille

 

                           eugène savitzkaya,portrait de famille,mère,guêpe,exil      

   Une guêpe rend visite à mère couchée dans sa chambre. La guêpe est véritablement dorée et striée de suie. Son abdomen n’est séparé du thorax que par un filament mince comme un cheveu et qui semble très près de se rompre. La guêpe dit à ma mère : » Je connais cette chambre, j’y suis déjà venue à trois reprises et j’ai bu dans ton verre de sirop de cassis une bonne quantité de sucre, les parois de cette chambre sont beaucoup trop rapprochées et la vitre, froide et dure comme le haut ciel. » La guêpe dit encore : «  Je suis une femme que tu as rencontrée dans le train qui te conduisait à travers l’Allemagne, c’est moi qui, t’ayant mise en confiance — toi bouleversée et triste — t’ai volé l’enveloppe contenant toutes tes photographes, mon cœur et mes nerfs sont dans mon thorax, et mon abdomen contient le reste, et cette division nette me rend invincible. »

 

Eugène Savitzkaya, Portrait de famille, Bruxelles, Tropismes, 1992, p. 7-8.

 

19/03/2018

Sylvie Durbec, (bien difficile de) Transformer la jalousie en ballon rond

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Bien difficile

 

s’asseoir café des Miroirs

en face de Dino Campana

en espérant que n’entre pas

celle que je n’attends pas

grise mais les yeux ouverts

là où je suis assise

Caffè degli Specchi

à me demander quoi voir

ce soir

à part elle à part moi

dans le noir

bien difficile

et ensuite y aller d’un bon pas

en revenir en repartir

avec un ballon

sous le bras

 

c’est une maison

qui commence

son histoire

ici

 

Sylvie Durbec, (bien difficile de) transformer

la jalousie en ballon rond, Le phare du cousseix,

2018, p. 5.

 

nouvelle publication des éditions

        le phare du cousseix

                                Sylvie Durbec, (bien difficile de) transformer  la jalousie en ballon rond, café, dino campana, reprise

Vous pouvez découvrir & commander ce recueil sur le site des éditions
                               www.lephareducousseix.com