09/10/2021
Philippe Jaccottet, Ponge, pâturages, prairies
En se rejoignant
elles deviennent silencieuses
les eaux de montagne
Qu’a donc voulu dire Buson en écrivant ce haïku, sinon, apparemment, ceci : qu’au moment où confluent au fond de la vallée les torrents descendus des montagnes, on cesse d’entendre le bruit de leurs eaux ? Belle découverte !
Il se trouve toutefois que l’extrême concision du haïku, en ne laissant passer dans les mots que quatre éléments : la montagne, les eaux, leur confluence et le silence qui s’ensuit, en les associant comme elle le fait dans un mouvement et une sorte de métamorphose, permet au poète de susciter, autour de ce presque rien, un espace ouvert où la rencontre de ces éléments, dont chacun est lié pour nous à un nombre très élevé de correspondances intérieures, de souvenirs et de rêves peut prendre sa plus large et plus profonde résonance. En cela, de surcroît, sans avoir l’air d »’y toucher, sans que cette notation qui serait, formulée autrement, à la limite de l’insignifiance, soit aucunement montée en épingle.
Philippe Jaccottet, Ponge, pâturages, prairies, le bruit du temps, 2015, p. 47-48.
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26/11/2018
Buson, le parfum de la lune
toute la nuit
sans un bruit la pluie
sur des sacs de graines
jour de pluie
loin de la capitale
une demeure dans les fleurs de pêchers
hésitant à le jeter
je pique le rameau de saule en terre
le son de la pluie
nuit courte
une averse
sur l’auvent en bois
au bord du chemin
des jacinthes d’eau arrachées fleurissent
la pluie du soir
Buson, le parfum de la lune, traduction Cheng
Wing fun et Hervé Collet, Moudarren,
1992, p. 39, 49, 53, 73, 80.
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25/05/2014
Buson (1716-1783), Le parfum de la lune
les journées lentes
s'accumulent
si loin autrefois
le poirier en fleurs
sous la lune
une femme lit une lettre
je marche, je marche
songeant à des choses et à d'autres
le printemps s'en va
au bord du chemin
des jacinthes d'eau arrachées fleurissent
la pluie du soir
la nuit, des voix d'hommes
irriguant les champs
la lune d'été
la nuit voilée
les grenouilles brouillent
l'eau et le ciel
Buson (1716-1783), Le parfum de la lune,
traduction Cheng Wing fun et Hervé
Collet, Moundarren, 1992, p. 55, 59,
68, 80, 90, 93.
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11/05/2014
Buson (1716-1783), Le parfum de la lune
aux poils de la chenille
on devine que souffle
la brise matinale
sous la lune
si loin semblent-elles
la couleur et la senteur de la glycine
juste un somme
au réveil cette journée printanière
déjà se termine
toute la nuit
sans un bruit la pluie
sur les sacs de graines
au bord du chemin
par une main éparpillées
quelques fleurs de sarrasin
les fleurs des cerisiers s'éparpillent
dans les pépinières de riz inondées
nuit étoilée
Buson (1716-1783), Le parfum de la lune,
traduction Cheng Wing fun et Hervé
Collet, Moundarren, 1992, p. 19, 29,
32, 39, 44, 48.
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30/11/2011
Buson, le parfum de la lune
Buson
l'automne est arrivé
il faut bien l'admettre
quelqu'un a éternué
début de l'automne
dans une maison une lampe
à la tombée du jour
un chemin sur la lande d'automne
quelqu'un marche
derrière moi
les montagnes s'assombrissent
confisquent leur vermillon
aux feuilles rouges
le vent d'automne le chahute
puis passe son chemin
ah ! l'épouvantail
la tempête d'automne s'est calmée
la lumière filtre à une porte
au bout du village
Buson, le parfum de la lune, poèmes traduits du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet, calligraphie de Cheng Wing fun, Moudarren, 1992, p. 106, 108, 112, 116, 118, 126.
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