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29/05/2020

Leopoldo Maria Panero, Le dernier homme, poésie 1980-1986

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Motus

 

C’était peut-être plus romantique

quand je griffais la pierre et que

je disais par exemple, en louant

les ombres depuis les ombres,

étonné de mon propre silence,

par exemple : « il faut

labourer l’hiver

et il y a des sillons, et des hommes dans la neige. »

Aujourd’hui les araignées me font signe doucement

depuis les coins de ma chambre, et la lumière vacille,

et je commence à douter qu’elle soit vraie :

l’immense tragédie

de la littérature.

 

Leopoldo Maria Panero, Le dernier homme, poésie 1980-1986, traduction de l’espagnol Rafael Garido, Victor Martinez et Cédric Demangeot, fissile, 2020, p. 89.

28/05/2020

Cédric Demangeot, Le Poudroiement des conclusions recension

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   Le poudroiement des conclusions — titre aussi de la cinquième partie du livre, la plus développée — mêle remarques, réflexions, injonctions (« Heurte en toi ce qui se peut »), aphorismes, poèmes à propos d’un poète (Tsvetaeva) ou non, journal sans date, commentaires critiques et citations. Les noms sont abondants dans la première partie, "Lire dans le noir", à partir desquels le lecteur construit une bibliothèque ; à côté de Jacques Dupin, très présent, les noms d’Essenine, Proust, Cendrars, Svevo, Pizarnik, Mathieu Bénézet, Lautréamont, Rosewicz, Guy Viarre, Rodrigue Marques de Souza, etc., et la littérature tchécoslovaque, familière à Cédric Demangeot, Kafka, Richard Weiner, Jakub Deml...

   On revient toujours à la question, à vrai dire difficile à résoudre de la lecture de la poésie, de la littérature, question trop liée au dépeçage scolaire (ou non) des textes. C’est pourquoi la poésie de Guy Viarre est importante aux yeux de Demangeot, « elle guérit violemment le lecteur de cette manie de passer le poème à l’interrogatoire ». Lire dans le noir, c’est être totalement absorbé, « disparaître » dans sa lecture, de sorte que cette lecture en vienne à « nourrir le livre », donc à le réécrire en le lisant. C’est rejoindre en partie une pratique que cherchent à répandre des enseignants poètes comme Serge Martin, pour qui il faut apprendre à lire autrement ; en abandonnant le commentaire, on cherche à ré-énoncer les textes, « à les faire siens dans sa propre voix, sa propre manière de vivre, son propre corps. (1) ». La lecture, donc, comme expérience particulière, liée intimement à l’écriture — que l’on écrive soi-même ou non ; mais pour Demangeot, ce lien est plus complexe, la disparition dans la lecture est indissociable de l’entrée de tout sujet dans la langue : alors on est « dans l’intimité de personne [...] on est avec personne ». Ce n’est pas hasard si une fiction récente de Demangeot a pour titre Pour personne. Cela ne signifie évidemment pas que le livre est détaché de toute réalité.

   Si Jacques Dupin est commenté et souvent cité, c’est parce qu’il est l’un de ceux qui mettent au jour « ce qui, dans la langue maternelle, nous est étranger ». Sa relation aux mots s’apparente à celle entretenue par le sculpteur avec le fer ou le bois : ce à quoi le sculpteur aboutit n’a que des rapports éloignés avec le matériau de départ et, de manière analogue, le matériau langue est travaillé pour que le poème soit « rythme et lieu d’un combat », et c’est par ce travail qu’on parvient à « la connaissance intime (...) / de ce qui n’a pas de nom ». Mais si l’on admet que la société repose sur la parole, l’écriture, quand elle n’est pas d’information, sépare ; pour Demangeot, elle est proprement « expérience d’exil et d’enfermement », et il y a dans son écriture une volonté de rompre avec ce qu’est la société : écrire, lire, pour « ne pas crever asphyxié par le monde ».

   Cependant, ce qui est écrit et publié devient partie de la littérature, quel que soit le refus exprimé et Demangeot dit fermement qu’écrire a pour lui un autre but, « L’écriture, la poésie, la littérature : en soi, je m’en fous. Tant que je n’aurai pas compris comment vivre la vie, aucun autre travail, aucune autre question ne saura me retenir ». Mais l’écriture peut-elle « sauver la vie » qui est « invivable » ? La réponse est ambiguë ; certes, elle aide sans doute à supporter le réel, le chaos en donnant un peu de sens à ce qui est d’emblée incohérent, sans pourtant permettre une continuité et faire que l’on se retrouve entier dans le monde et s’accepte. Aimer la vie : sans doute, « sous la forme d’un arbre ou d’un chien ». On lit, me semble-t-il, la difficulté de construire une unité de la vie, autant dans la construction même du livre que dans des propositions où la relation à l’Autre est dite impossible ; si l’on se souvient d’André Breton en lisant « Je n’aime plus que l’amour », la suite est loin de lui, « L’amour sans le monde. L’amour sans personne ».

   Pourquoi écrire encore si dominent le « désastre », le « laid » qui peut faire mourir, si à regarder l’Autre on ne voit plus qu’un « sa peau et ses os — raclés de temps » ? Si le poème peut et, donc, « doit témoigner de tout », l’écriture prend un sens en ce qu’elle donnerait à saisir les racines du désastre. Depuis toujours, rappelle Demangeot, le politique a été l’ennemi de la poésie, « c’est pourquoi la poésie ne peut pas faire comme si le politique n’existait pas », et il résume brutalement ce qui commande aujourd’hui selon lui la vie des hommes « prêts à pisser du pétrole » :

                  la chirurgie

                  de destruction

                  de masse : un noir

                  usinage des corps —

                  et l’anéantissement de l’esprit

 

 Ce n’est pas une issue qu’espérer « se dissoudre (...) dans le poudroiement des conclusions ». Peut-être la trouvera-t-on dans le livre avec la récurrence du mot "neige" : la neige recouvre tout — et tout ensuite peut recommencer. Alors le sujet peut se défaire de ce qui l’encombre et sortir provisoirement du temps, comme ce "je" des dernières lignes, « Je suis nu, je m’endors, il neige ».

Les cinq dessins d’Ena Lindenbaur qui ouvrent chaque partie, comme celui de la couverture, accompagnent très exactement le texte de Demangeot : traits voulus maladroits pour des corps qui se défont — toute la difficulté d’être là, en ce monde.  

                 

  1. Serge Martin, Poétique de la voix en littérature de jeunesse Le racontage de la maternelle à l'université, 2014.

Cédric Demangeot, Le poudroiement des conclusions, dessins d’Ena Lindenbaur, L’Atelier contemporain, 2020, 162 p., 20 €. Cette note de lecture a été publiée par Sitaudis le 24 avril 2020.

 

27/05/2020

Sabine Huynh, Parler peau

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grand écart par-dessus les

flaques de mémoire la

langue défie le vide se frotte

au silence délie ses doigts

— dégrafent recueillent et

plantent — la douceur elle

avance avec ce trésor son

cœur bat l’indifférence des

rues le désespoir et l’espoir

tapis ensemble sous les

marches où assise elle

attendra le regain ses mains

toutes aux ondulations de sa

peau sous les traces

indélébiles

 

Sabine Huynh, Parler peau,

Æncrages & Co, 2019, np.

26/05/2020

Rainer Maria Rilke, Chant éloigné

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[Pour Madame Agnes Renold]

 

Nous ne sommes que bouche. Qui chantera le cœur lointain 

que rien n’atteint, qui règne au plus profond de toutes choses ?

Sa grande pulsation se partage entre nous

en pulsations moindres. Et sa grande douleur,

comme sa grande exaltation, sont trop fortes pour nous.

Ami, nous ne cessons de faire effort pour nous en détacher

et n’en être ainsi que la bouche.

                                                   Mais soudain fait irruption

secrètement la grande pulsation au plus profond de nous,

qui nous arrache un cri.

Et dès lors nous sommes aussi être, changement et visage.

 

Rainer Maria Rilke, Chant éloigné, traduction Jean-Yves Masson,

Verdier, 1990, p. 29.

25/05/2020

Samuel Beckett, Peste soit de l'horoscope

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là-bas

 

là-bas

surprenant

pour un être

si petit

jolis narcisses

armée de mars

alors en marche

 

puis là

puis là

 

puis de là

narcisses

encore

mars alors

en marche encore

surprenant

encore

pour un être

si petit

 

Samuel Beckett, Peste soit de l’horoscope,

traduction Édith Fournier,

éditions de Minuit, 2012, p. 37.

24/05/2020

Alexandre Castant, Mort d'Athanase Shurail

 

  

    alexandre castant,mort d’athanase shurail,métropolitain,suicide

                                                                                 Photo Florence Chevallier

                                         Métropolitain

 

Décidé à mettre fin à ses jours (en se jetant, aujourd’hui par exemple, sous la rame du métropolitain en bas de chez lui à la station La Muette), par ce qu’en finir avec soi-même est aussi raisonnable ou déraisonnable que de ne pas le faire, et que rien dans la vie n’est décidable ou indécidable ni visible ni invisible pour toujours, l’homme s’étonna à peine lorsque à dix mètres de lui — et tandis que certains usagers s’inquiétaient de sa présence, certes chorégraphique, mais anormalement proche du  bord du quai —, quand à dix mètres donc de son geste à venir et fatal aux yeux de tous et de lui-même, le métropolitain s’arrêta d’un coup, suite à une panne de courant comme il en arrive parfois.

 

Alexandre Castant, Mort d’Athanase Shurail, Tarabuste, 2019, p. 56.

23/05/2020

Robert Desnos, Domaine public

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                     Le paysage

 

J’avais rêvé d’aimer. J’aime encore mais l’amour

Ce n’est plus ce bouquet de lilas et de roses

Chargeant de leurs parfums la forêt où repose

Une flamme à l’issue de sentiers sans détours.

 

J’avais rêvé d’aimer. J’aime encore mais l’amour

Ce n’est plus cet orage où l’éclair superpose

Ses bûchers aux châteaux, déroute, superpose,

Illumine en fuyant l’adieu du carrefour,

 

C’est le silex en feu sous mon pas dans la nuit,

Le mot qu’aucun lexique au monde n’a traduit,

L’écume sur la mer, dans le ciel ce nuage.

 

A vieillir tout devient rigide et lumineux,

Des boulevards sans noms et des cordes sans nœuds.

Je me sens me roidir avec le paysage.

 

Robert Desnos, Domaine public, Gallimard, 1953, p. 391.

22/05/2020

Joseph Joubert, Carnets, II

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Conservons un peu d’ignorance, pour conserver un peu de modestie et de déférence à autrui.

 

Les subtilités modernes n’ont de la vogue que parce qu’on a oublié les subtilités anciennes.

 

Tous ceux qui écrivent ne font pas un ouvrage ni tous ceux qui parlent un discours.

 

Je, d’où, où, pour, comment ; c’est toute la philosophie : l’existence, l’origine, le lieu, la fin et les moyens ou les devoirs.

 

Joseph Joubert, Carnets II, Gallimard, 1994, p. 315, 325, 329, 338.

21/05/2020

Jacques Roubaud, Strophes reverdie

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49 Qui ne veut plus savoir ce qui se passe

 

Arrête ta mémoire

Personne ne viendra

Conclure cette histoire

Ni du cœur ni du bras

Tu ne tireras gloire

 

50 Plaine perdue

 

Je me suis élongué longtemps

Dans l’herbe arasée de la plaine

Au loin vont les collines molles

Tout ce que j’étais je l’étais

Mais tout ce qui viendra n’est rien

 

Jacques Roubaud, Strophes reverdie,

L'usage, 2019, p. 45.

19/05/2020

Antoine Emaz, Personne

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Passants

 

loin sur le sable au matin

des passants qui semblaient

ressembler

 

passants

rien d’autre

 

mais assez pour lever zn tête

après leur passage

d’autres passés

que l’on poursuit de l’œil dedans

alors que l’espace est devant

vide

à nouveau

 

on ne sait comment faire

pour bloque rles deux yeux

dedans dehors

 

malgré tout l’effort

ça passe

 

trop poreux

 

revenir seulement aux vagues

leur calme lancinant fatigué

à marée base

leur énergie qui se replie

 

tirer dedans comme un drap

lourd d’écume et de sel

du ciel un peu aussi

et dans les plis

les êtres

passés

pas plus

des ombres

des bouts

[...]

 

Antoine Emaz, Personne, éditions

Unes, 2020, p. 21-23. 

© Photo Tristan Hordé, 2012

18/05/2020

Mona Ozouf, La Composition française, Retour sur une enfance bretonne,

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                            La Bretagne incarnée

 

Elle est le plus souvent debout, entre l’évier et le fourneau de la cuisine, la luche à café à la main, ajoutant ou ôtant une rondelle de fonte au gré des plats qu’elle prépare, tournant la pâte à crêpe, raclant du chocolat sur les tartines du « quatre heures », baignée dans la lumière d’ouest qui vient de la fenêtre. Je l’ai si souvent dessinée que l’image est nette : elle se tient aussi droite que l’arthrose le lui permet, enveloppée dans d’immuables jupes noires et jamais sans la coiffe. L’attacher est son premier geste du matin, bien avant l’éveil de la maisonnée : quelle honte, si le facteur venait à la surprendre « en cheveux » ! je ne la verrai ainsi que sur son lit d’agonisante. Son souci constant est la dignité — nul ne songerait du reste à la lui contester. Sa règle morale essentielle est de ne jamais se mettre dans une situation telle qu’elle puisse en avoir honte.

 

Mona Ozouf, La Composition française, Retour sur une enfance bretonne, Folio/Gallimard, 2019 (2009), p. 47.

17/05/2020

Georg Christoph Lichtenberg, Aphorismes

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Horreur du monde d’avant.

Le singe le plus parfait ne peut pas dessiner un singe, seul l’homme le peut, mais il n’y a que l’homme également qui tienne cela pour un privilège.

Aujourd’hui, j’ai permis au soleil de se lever plus vite que moi. 

En Cochinchine, lorsque quelqu’un dit doji (j’ai faim), les gens courent comme s’il y avait le feu pour lui apporter à manger. Dans bien des régions d’Allemagne, un besogneux pourrait dire j’ai faim, cela lui serait à peu près aussi utile que s’il disait doji.

 De nos jours, trois saillies et un mensonge font un écrivain.

 

Georg Christoph Lichtenberg, Aphorismes, traduction Marthe Robert, Denoël, 1985, p. 117, 118, 119, 121, 125.

16/05/2020

Mario Luzi, Pour le baptême de nos fragments

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Elle s’ouvrit, eau de roche

 

Elle s’ouvrit, eau de roche,

goutta, veine indécise

jusqu’à un gargouillis de source

sous le soleil qui l’incendie —

et voici qu’elle inonde

                                   les ruisseaux

de son ravinement

et l’arche de son rebond,

eau et feu, maintenant,

                                    et enfance

devenue langage

clair et sourd, changeant et éternel,

dents et barbe des prophètes

en ruisselant comme  stalactites et mousse

dans les âges arides,

                                   en des terres désertes

elle épandue à chaque baptême.

Avec elle autrefois j’ai fait mainte ripaille

mais sans rien dissiper : rien.

Ainsi parle la parole,

de cela témoigne le témoignage.

 

Mario Luzi, Pour le baptême de nos fragments, traduction

Philippe Renard et Bernard Simeone, Flammarion,

1987, p. 269.

15/05/2020

Ferdinando Camon, Figure humaine

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                          Figure humaine ou presque

 

Mon village est grand mais les maisons ne sont pas nombreuses et en dehors des routes et on ne se connaît pas entre nous et même les pêcheurs qui vivent dans le Sud où le fleuve ans digue déborde sur les champs et forme comme une mer avancée, ceux-là personne ne savait qu’ils existaient parce qu’ils ne s’étaient jamais montrés au grand jour et je les ai découverts au cours d’une de mes expéditions m’avançant sur les chemins où je n’allais pas d’habitude en effet je me dirigeais vers le nord en passant d’abord devant la ferme des Tojoni ceux qui ont une grande maison carrée et basse avec le toit en pyramide et au-dessus des tas de cheminées disposées curieusement par groupes et basses ou hautes comme des sentinelles fatiguées et il paraît impossible que chacune corresponde à un foyer ou à un poêle et peut-être qu’elles y correspondaient encore quand la maison était habitée par les comtes mais maintenant les comtes sont allés vivre à Montesalice et ils ont une villa au milieu des collines (...).

 Ferdinando Camon, Figure humaine, traduction Jean-Paul Manganaro avec la collaboration de Pierre Lespine, Gallimard, 1976, p. 11.

14/05/2020

Eugenio Montale, La Tourmente

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            Lumière hivernale

 

Lorsque je descendis du haut ciel de Palmyre

sur palmiers nains et propylées candis

et qu’à la gorge un étau m’avertir

que tu m’emporterais,

lorsque je descendis du ciel de l’Acropole

et trouvai, sur des  kilomètres, des corbeilles

de poulpes et de murènes

(ces dents, une scie

sur le cœur qui se serre),

lorsque j’abandonnai cette cime aux aurores

inhumaines pour le musée gélifié

— momies et scarabées — (tu pâlissais,

ma vie unique) et vins comparer lave

et jaspe, sable et soleil, fange

et divine argile —

                            à l’étincelle

qui jaillit, je fus neuf, et fait cendres.

 

Eugenio Montale, La Tourmente et autres poèmes,

Traduction Partice Angelini, Gallimard, 1966, p. 91.