Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/12/2020

Tristan Corbière, Les Amours jaunes

Capture d’écran 2019-09-14 à 17.54.47.jpg

 

À UNE ROSE


Rose, rose-d’amour vannée, 
Jamais fanée, 
Le rouge-fin est ta couleur, 
Ô fausse-fleur !

Feuille où pondent les journalistes
Un fait-divers, 
Papier-Joseph, croquis d’artistes :
— Chiffres ou vers —

Cœur de parfum, montant arôme
Qui nous embaume…
Et ferait même avec succès, 
Après décès ;

Grise l’amour de ton haleine, 
Vapeur malsaine, 
Vent de pastille-du-sérail, 
Hanté par l’ail !


Ton épingle, épine-postiche, 
Chaque nuit fiche
Le hanneton-d’or, ton amant…
Sensitive ouverte, arrosée
De fausses-perles de rosée, 
En diamant !

Chaque jour palpite à la colle
De la corolle
Un papillon-coquelicot, 
Pur calicot.

Rose-thé !… — Dans le grog, peut-être ! —
Tu dois renaître
Jaune, sous le fard du tampon, 
Rose-pompon !

Vénus-Coton, née en pelote, 
Un soir-matin, 
Parmi l’écume… que culotte
Le clan rapin !

Rose-mousseuse, sur toi pousse
Souvent la mousse

De l’Aï..... Du BOCK plus souvent
— À 30 Cent.

— Un coup-de-soleil de la rampe !
Qui te retrempe ;
Un coup de pouce à ton grand air
Sur fil-de-fer !…

Va, gommeuse et gommée, ô rose
De couperose, 
Fleurir les faux-cols et les cœurs, 
Gilets vainqueurs !

Tristan Corbière, Les Amours jaunes,

Gladys frères, 1873, p. 47-49.

 

 

Les commentaires sont fermés.