26/12/2011
André Frénaud, Hæres
Mais qui a peur ?
Les arbres mouillés,
les armes rouillées,
l'astre dérobé,
le cœur engourdi,
chevaux encerclés,
château disparu,
forêt amoindrie,
accès délaissé,
lisière éperdue,
source dessaisie,
— la neige sourit.
décembre 1974
L'homme
L'homme
exposé
retourne
à l'origine
à la Mère
est jeté
en défi
au Destin
hors des lieux
par instants
adoptifs.
Origine de l'œuf
L'œuf se ferme-t-il ou bien s'ouvrira-t-il ?
L'aube traversera-t-elle
ces frondaisons épaisses de la nuit ?
Ou si le couchant s'appesantit décidément, si le globe
s'entoure de cernes concentriques, de paupières,
l'une après l'autre qui se fermeront,
rapetissant puis annulant
ce point qui étincela comme jamais, un instant bref,
et qui n'en finit pas de disparaître,
ce point, peut-être, qui est là de nouveau,
qui grandit.
L'œuf qui se précise passera-t-il par ce poisson
pour nous faire advenir ?
C'était déjà la fin. Et c'est encore la fin.
C'est encore le retour, ou déjà le retour.
André Frénaud, Hæres [1982], p. 147, 189, et
Nul ne s'égare, p. 260, dans Nul ne s'égare [1986],
précédé de Hæres, préface d'Yves Bonnefoy,
Poésie / Gallimard, 2006.
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25/12/2011
Pascal Quignard, La nuit sexuelle
Golgotha
Le Golgotha est encore un orage. C'est encore une colline enveloppée d'un orage qui vient créer la nuit noire en plein jour. La mère regarde son enfant mort. Au puits de la grotte s'est substituée la nef d'une église. À la torche s'est substitué le cierge. Mais les corps humains tombés dans la mort présentent la même opisthotonie déroutante. De Lascaux au-dessus de Montignac à Colmar sur la Lauch en Alsace, c'est toujours le corps incurvé de la transe. Opisthotonie, possession, transe, cauchemar — tous jettent soudain les bras en arrière, disloquent la tête, arquent le corps, font tomber sur le sol derrière eux. Sous les yeux de la jument nocturne (mare), l'elfe pesant sur son ventre, la Morgane de Füssli est arquée comme le chasseur paléolithique du Puits.
Le passage du charognage à l'attaque imitée des mœurs des grands animaux a demandé des centaines de millénaires à notre espèce. La représentation de la scène de charognerie doit être distinguée de celle de la curée. Les pièges, qui sont animaux, sont plus anciens que la chasse (la prédation imitée), qui est humaine. Il faut disjoindre ces deux fonctions. D'un côté le charognage, ses pièges, ses battues, ses fosses, ses grottes. De l'autre la vision immobile, le guet-appensé, l'attaque, la mise à mort, le partage sanglant de la viande fondant le sacrifice. Des millénaires pour chaque stade, encore que ces deux stades soient des lectures de signes, des « visions ». Ce sont des millénaires de visions réelles mais aussi de hantises diurnes, d'hallucinations affamées, de rêves nocturnes involontaires. La scène primitive qi s'élève involontairement dans les songes fit appel à ces deux lots d'images fondamentales, d'abord antéhumaines, puis préhistoriques.
D'une part charognage. De l'autre curée.
La chasse inventée à partir de la carnivorie imitée, la sacrifice sanglant de victimes humaines, l'initiation sanglante des pubères, les guerres historiques sont autant de rituels reproduisant la métamorphose princeps de proie en prédateur.
Durant des millénaires les hommes exterminent les fauves.
Les surmassacres furent d'abord des démonstrations spectaculaires des prouesses prédatrices des hommes.
C'est l'arène romaine. Ce sont les pyramides méso-américaines. Toute vie se paie d'une autre vie.
In suo peccato morietur. Chaque humain mourra dans son péché. Nous amassons des trésors pour le jour de colère. Nudus exii de utero matris. Nu je suis sorti de l'utérus de ma mère. Nu je retournerai dans la terre. Car nous n'avons rien apporté à ce monde.
Le mal, dit Augustin, convocat spectatores.
La souffrance illimitée attire irrésistiblement (éternellement) les regards.
La suite des séquences de la passio et Mors Jesu est traditionnelle dès la fin du monde antique : l'arrestation nocturne dans le jardin de Gethsémani, la flagellation, le couronnement d'épines, le portement de Croix, la montée au mont des Oliviers, la crucifixion des pieds et des mains, le percement du flanc par le fer de la lance, la mort dans l'orage sur le calvaire, la descente de Croix, la mise au tombeau. Comme le fond de la nuit est bleu Dürer dessina Die Grüne Passion, en 1503 et en 1504, au crayon blanc, sur un papier dont la teinte bleue vire lentement au vert.
Pascal Quignard, La nuit sexuelle, chapitre X, Flammarion, 2007, J'ai lu en images, 2009, p. 77-81.
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24/12/2011
Edmond Jabès, Je bâtis ma demeure
La tortue
Toute à sa lenteur
comme l'aiguille à
l'heure elle détruit
l'immobilité
de la nuit pierreuse
devenue chemin
Le but est grenade
fendue par l'attente
aux écailles larges
La soif a les yeux
mornes des brasiers
qu'elle décourage
La fourmi
Fermière des ans
rivée à la terre
L'été c'est le coq
Avec les racines
audacieux paysage
elle épelle l'arbre
d'hier et de demain
Une perle au front
de la discipline
La métamorphose du monde
L'insistance qu'ont les flammes à mettre les points sur les i
Le départ est fixé au lendemain de la course
On applaudit les nains qui d'une main atteignent
le nombril des saisons
Les oiseaux participent à la métamorphose du monde
S'envoler pour permettre à l'étoile de s'envoler enfin
La tête en bas les pieds n'ont plus leur raison d'être
sinon de crever les nuages
Le feu a pris dans les maisons L'homme pour lui
ne réclamait pas tant de chaleur
mais
Edmond Jabès, Je bâtis ma demeure, Poèmes 1943-1957,
préface de Gabriel Bounoure, postface de Joseph Guglielmi,
Gallimard, 1959, p. 266, 266 et 233.
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23/12/2011
Vitezslav Nezval, Prague aux doigts de pluie
Nezval en 1919
Maïakovski à Prague
Entre les coiffeurs et les popes
Un athlète agile comme une antilope
Ses jeux préférés c'étaient
Les vers et le revolver à tambour
Qui veut de la vodka qui se bouche les intestins
Gauche gauche gauche
Quand Maïakovski vint à Prague
J'étais dans un théâtre au vestiaire
Haut-de-forme de maître de poste
Qu'il est impossible d'enlever
C'était futuriste
Comme nos vies brèves
Et comme ce passant superbe
Qui boirait de la jambe gauche
Il avait l'air trop sérieux pour un poète
Il était trop empâté pour une grenouille
Ah tout ce qui serait arrivé
Si la veste et la fiancée étaient de la même cuvée
C'était de la honte
Que naît la haine
Comme les éléphants il dédaignait toute chose
Plus le ciel est lointain plus il est monotone
Surtout dans les bars
Où n'importe qui admire le charlatan
Il l'avait vu danser à Harlem
Il aimait les palmiers autant que les pommes de terre
Des volets
Et Maïakovski est mort
Lui qui pleurait dès qu'il était seul
Tu connais cela et moi aussi je connais cela
Comme nous aimons Prague
Chaque fois qu'il venait quelqu'un de là-bas
Les tavernes et les ménages bouleversés
Et la Voltava tout à coup séduisante
Comme une baigneuse
Nous nous éloignons dans la nuit
À l'angle d'une rue Maïakovski agite son chapeau
Tu te jettes tête baissée
Dans des vers indéfinissables comme la nuit
Et Prague est de nouveau vivante
Le charme des blondes de la petite charcuterie
Comme les ouvrières sont belles
Et nous ne le savions pas
Tu marches et tu parles
Les perspectives défilent
Belles et usées
Comme ton manteau marron
Je connais dans les faubourgs un immeuble
Auquel il ressemble
Comme la poésie à la réalité
Et comme la réalité à la poésie sa demi-sœur
Vitezslav Nezval, Prague aux doigts de pluie, et autres poèmes (1919-1955), traduit du tchèque par François Kérel, Préface de Philippe Soupault, Les Éditeurs Français Réunis, 1060, p. 63-64.
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22/12/2011
Joyce Mansour, Carré blanc
Du doux repos
Prends vite une plume
Écris
Je volerai je volerai
L'orbite de la lune sauvage
Les grêles sanglots des vagues
Venues de l'autre rive
Vagues vaguelettes bandelettes et babillage
Écris
Roule entre mes bras
Ainsi qu'un caillou entre le ciel et le fond
D'un puits
Le sable sauvegarde de l'aveugle
Sur le parchemin de sa nuit
Prends vite du papier
Écris
Suis moi entre les plates bandes
tranchées béquilles épines
Écoute
Les confidences de la rose
Mâchées hachées anodines
Écris donc sur le dos d'un raz-de-marée
Grave ton signe
Mille fois inscris
La joie muette de l'ordure
Sous les voiles soumises
De l'aigue-marine
Trace
Le trait indélébile
Mon vert cœur épris ô maléfice de la lune
Signe résolument de ta verge hautaine
Sur le casque et le heaume de l'escargot cacheté
Écris signe barre
Je me noie dans l'encrier du moindre mot
Jamais
Poème sur papier rose
Ma passion gravée sur une petite pierre
Seule roule aveugle
Vers
Le nombre
Quinze
Servante effroyable de ta cuisse contraire
Ma bouche vide ton corps de son sperme
Ma langue greffe des sauvageons
Sur le buste du Quai Voltaire
Suivre ton usage
Dormir
Irruption des barbares
Versons la semence ânonnante de samedi
Dans la gamelle de la dixième chambre
Effaçons la Justice de nos portillons
Quel mot est plus faux que le mot gratuit
Joyce Mansour, Carré blanc, "Le Soleil Noir", éditions du Soleil, 1965, p. 121-122 et 67.
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21/12/2011
Kobayashi Issa, Sous le ciel de Shinano
la neige doucement descend
qui aurait encore le cœur à rire
sous le ciel de Shinano
au soir
parlant avec la terre
les feuilles tombent
au soir tombant
un vol d'oies sauvages les fumées
blotti sur moi-même
herbes échevelées
le froid se sent
rien qu'à vue d'œil
silence des réclusions d'hiver
cette nuit j'ai entendu
la pluie tomber sur la montagne
juste de quoi faire un feu
les feuilles mortes
que le vent m'a apportées
Kobayashi Issa [1763-1827], Sous le ciel de Shinano, textes choisis et traduits par Alain Gouvret et Nobuko Imamura, Arfuyen, 1984, n.p.
Quelques éléments bibliographiques sur le haïku en français.
Anthologie du haïku en France, sous la dir. de Jean Antonini, Lyon, Aléas, 2003.
Au fil de l'eau : les premiers haïku français, éd. établie par Éric Dusert, Paris, Mille et une nuits, 2003.
BAUDRY Micheline (sous la direct.), Sur d'autres pas : géographie du haïku canadien-français, Seichamps, Association française de haïku, 2004.
BAUMANN Lucien, Haïkaï à la française, Strasbourg, L. Baumann, 1983.
BELLEN Salim, L'Échelle brisée, Seichamps, Association française de haïku, 2006.
BERGÈSE Paul, Le coucou du haïku, gravures de Titi Bergèse, Véron, éd. de la Renarde rouge, 2003.
BIGA Daniel, La Chasse au haïku, Bouvron, Les éd. du Chat qui tousse, 1998.
BLANCHE Patrick, L'apprenti-bouddha et l'arbre d'en face, Seichamps, Association française de haïku, 2006.
BOISSÉ Hélène, Le jour ne se lève jamais seul : haïkus, Association française de haïkus, 2009.
BORDES Luc, L'esprit du promeneur : haïkus, Lyon, Assocaition française de haïku, 2009.
BOUDET Alain, Haïku du soleil, ill. d'Adeline Lorthios, Toulon, Pluie d'étoiles, 2004.
Bourgeons éclos, (sous la direct. de Daniel Py), par les lauréats du concours Haïku-Sebryu d'internet, illustr. par Ion Codrescu, Seichamps, Association française de haïku, 2003.
CALAFERTE Louis, Haïkaï du jardin, Paris, Gallimard, 1991.
CALMANT Michel, 66 haïkus anciens et modernes, préface de Dietrich Krusche, Paris, Librairie-galerie Racine, 2007.
CAZALIS Alain et MORI Eiko, Haïku, 5 eaux-fortes d'A. Cazalis et 5 de E. Mori, avec 32 poèmes haïkus de Claude Carcassonne, Marseille, L'Échoppe, 1993.
CHIPOT Dominique (coordination de -), Le soleil sur la rosée, ouvrage collectif, illustré par les élèves de l'école Pauline Kergomard d'Arras, Seichamps, Association française de haïku, 2006.
CLAUDEL Paul, Cent phrases pour éventail, présentation de Michel Truffet, Paris, Gallimard, 1996 (1ère éd., 1926).
CONSTANTIN Pierre, Vivant (haïku), encres de Michel Joyard, Cannes, éd. Tipaza, 1999.
CONVERSET Pierre, Haïku des pierres, photog. de l'auteur, textes de J. Poullaouec, préf. d'Yves Coppens, Rennes, Apogée, 2006.
COURTAUD Pierre, Trente-trois haïkaï des sites et autres modèles, La Souterraine, La Main courante, 1987.
COURTAUD PIERRE, Onze haïkaï de la fluidité, ill. par Guy Teste, Berthecourt, G & g, 2001.
DESCÔTEAUX Diane, L'heure du thé : haïku, préf. de Georges Karedas, Paris, éd. Karedas, 2008.
DRUART Henri, Pincements de cordes, 288 haïkaïs en 24 séries, préface de René Maublanc, Reims, éd. du Pampre, 1929.
D'un ciel à l'autre : anthologie de haïkus de l'Union européenne, Seichamps, Association française de haïkus, 2006.
Éclair soudain : haïkus francophones, Seichamps, Association française de haïku, 2005.
FOURIER Claire, Le temps de le dire : haïku d'été, Paris, éd. J.-P. Rocher, 2004.
FOURIER Claire, Tâches de rousseur : haïku d'automne, préf. de Jean Markale, Paris, éd. J.-P. Rocher, 2006.
FRAIN Irène, Chat haïku, eaux-fortes de Bernard Vercruyce, Auvers-sur-Oise, Au chat mage, 1997.
GASC Yves, Infimes débris : 60 haïkus, Paris, éd. Saint-Germain-des-Prés, 1980.
GASC Yves, L'Eaublier : 99 haïkus, Paris, Le Méridien, 1990.
GILBERT-LECOMTE Roger, Neuf haïkaï, Montpellier, Fata Morgana, 1977.
Gong, revue francophone de haïku, Seichamps, Association française de haïku, n° 1, nov. 2004.
GUINSBOURG Élisabeth, 1000 haïkus, dessin de Danièle Le Bricquir, Paris, Caractères, 1999.
Haïku, Le Hotwald, éditions LUS [= Libre université de Samadeva], 2007.
Haïku : anthologie canadienne, préparée sous la dir. de Dorothy Howard et André Duhaime, Montréal, éd. Asticou,
HULIN Bruno, Le Geai grincheux, ill. de Jean-Marc Demabre, Seichamps, Association française de haïku, 2004.
LACHÈZE Henri, D'un silence à l'autre : haïkaï, Sainte-Geneviève-des-Bois, Maison rhodanienne de poésie, 1999.
Le Haïku en français, Seichamps, Association française de haïku, 2003.
LANOUE David, Fou de haïkus, traduit de l'anglais (américain) par Alain Adaken et Richard Carter, Rennes, La Part commune, 2008.
MALINEAU Jean-Hugues, Trente haïku rouges ou bleus, ill. de Christian Piéron, Toulon, Pluie d'étoiles, 2000.
MARICOURT Paul de, D'un quai à l'autre : haïkus et senryûs du métro, illustr. de Thierry Poulhès, Seichamps, Association française de haïku, 2008.
MAUDUY Jean-Pierre, Assis sur un muret de pierre : poèmes et esprit du haïku, J.-P. Mauduy, 2003.
MELANÇON Robert, Quartiers d'hiver, avec 3 photographies d'Yves Laroche, Seichamps, Association française de haïku, 2007.
MICHELOT Soizic, Haïku, Petits chants de la pluie et du beau temps, Rennes, La Part commune, 2010.
NOIR Michel, J'entends une fourmi : haïkus, Paris, éd. de La Différence, 1994.
OSANATI Jacques, La tulipe et l'espoir : haïku et son commentaire, photog. de Xavier Coulmier, Aix-en-Provence, l'Ouisti, 2007.
PALAQUER Patrice, Chroniques d'Oburo : haïku d'un planqué, illust. de Nishi, Seichamps,
Association française de haïku, 2003.
Ploc, La revue du haïku, Association pour la promotion du haïku, Seichamps, n° 1, déc. 2008.
POULLAOUEC Jacques, Haïku des quatre éléments, Rennes, La Part commune, 2006.
POUPAS Jean-Pierre, Bref, des haïku, Le Pallet, Traces, 2002
POUPAS Jean-Pierre, Haïku d'œil, vignettes de M.-F. Lavaur, Le Pallet, éd. Traces, 2005.
POUPAS Jean-Pierre, Ma tasse de thé : haïku monostiques, Le Pallet, Traces, 1998.
PY Daniel, Haïku : 1999-2000, trad. en anglais de l'auteur, ill. d'Odette Py, Aguessac, éd. associatives Clapàs, 2001.
QUERO Pascal, Pas de fil entre les regards, illustrations de Line Michaud, Seichamps, Association française de haïku, 2006.
QUINTA Philippe, Comme nous la mouche, haïkus et senryûs, Seichamps, Association française de haïku, 2008.
RAOUL Louis, Flaques du chemin : haïku, ill. de Michel-François Lavaur, Le Pallet, Traces, 1997.
RAY Lionel, Pages d'ombres, suivi de Un besoin d'azur et de Haïku, Paris, Gallimard,
Regards de femmes : haïkus francophones, réunis sous la direction de Janick Belleau, Montréal, éd. Adage, 2008.
RELIQUET Philippe, D'un loin si sombre : poèmes, haïku (1998-2003), avec deux dessins de Fred Deux,
RENONDIN Françoise, Si la terre ainsi demeure, suivi de 19 haïkus, Blois, F. Renondin, vers 1998.
RIBIÈRE René, Haïkaï, poèmes, Cavaillon, imprimerie Mistral, 1968.
ROUBAUD Jacques, Io et le loup : dix-sept plus un plus un haïku en ouliporime, Paris, Oulipo, 1981.
SELLÈS Jacques, Haïkus sous la neige, suivi de Gouttes de vitre, Le Bugue, l'Ivre cœur, 2002.
SIGG Juan, Parfums escarpés, Seichamps, Association française de haïku, 2005.
STÉFAN Jude, Stances (ou 52 contre-haï-ku), Cognac, Le temps qu'il fait, 1991.
TABLADA José Juan, Papillons de l'instant, adaptés par Patrick Blanche, Association française de haïku, 2009.
TANGUY Pierre, Haïku du chemin : en Bretagne intérieure, Rennes, La Part commune, 2002.
TANGUY Pierre, Haïku du sentier de montagne, préf. d'Alain Kerven, Rennes, La Part commune, 2007.
TIXIER Roland, Temps ordinaire banlieue est, 100 haïkus inédits, Grenoble, Le Pré carré, 2004.
Trois graines de haïku, Seichamps, Association française de haïku, 2009.
VERBEKE Geert, Baobab, Seichamps, Association française de haïku, 2006.
VILLENEUVE Jocelyne, Feuilles volantes, recueil de poèmes rédigés à la façon du haïkaï, suivi d'une bibliographie du haïkaï, Canada, Naasman, 1985.
WHITE Kenneth, Les cygnes sauvages : voyage haïku, trad. de l'anglais par Marie-Claude White, Paris, Grasset, 1990.
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20/12/2011
Henti Michaux, Moments, Traversées du temps
Sur des lignes tracées sans but sur le papier ; sur des pages de
lignes.
Ennoblie par une trace d'encre, une ligne fine, une ligne, ou plus rien ne pue
Pas pour expliquer, pas pour exposer, pas en terrasses, pas monumentalement
Plutôt comme par le Monde il y a des anfractuosités, des sinuosités, comme il y a des chiens errants
une ligne, une ligne, plus ou moins une ligne...
En fragments, en commencements, prise de court, une ligne, une ligne...
... une légion de lignes
Alevins de l'eau nouvelle d'un sentiment qui point, parle, rit, ravit ou qui déjà par moments poignarde
Échappées des prisons reçues en héritage, venues non pour définir, mais pour indéfinir, pour passer le râteau sur, pour reprendre l'école buissonnière, lignes, de-ci de-là, lignes,
Dévalantes, zigzagantes, plongeantes pour rêveusement, pour distraitement, pour multiplement... en désirs qui s'étirent, qui délivrent.
Débris sans escorte, le réel déminé,
Souris du souvenir indéfiniment se profilant à 'horizon de la page,
ou bien tracés légers d'avenir incertain.
D'aucune langue, l'écriture —
sans appartenance, sans filiation
Lignes, seulement lignes.
Henri Michaux, Moments, Traversées du temps, "Le Point du jour", Gallimard, 1973, p. 29-31.
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19/12/2011
Jean-Yves Masson, Neuvains du sommeil et de la sagesse
Je n'ai pas eu à la chercher longtemps, la maison grise. Soudain
près du grand pont de pierre, au bout de cette rue trop noire,
elle était là. Et si je l'avais imaginée différente,
passé le bref étonnement je crus l'avoir connue depuis toujours.
Enfant, à l'une ou l'autre de ces fenêtres
tu te penchais. Mais point de jardin, point d'allée :
le bruit seulement de la rue — carrioles, chevaux et voitures —
et l'heure au clocher de l'église, les cris d'enfants au loin...
Plus rien ici ne se souvient de ton sourire.
Jean-Yves Masson, Neuvains du sommeil et de la sagesse, éditions Cheyne,
2007, p. 63.
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18/12/2011
Paul Celan, La Rose de personne, traduction Martine Broda
... Bruit la fontaine
Vous couteaux aiguisés de prière,
de blasphème, de prière,
de mon
silence.
Vous mes paroles, qui vous estropiez
avec moi, vous
mes paroles droites.
Et toi :
toit, toi, toi,
de vérité chaque jour plus vraie
écorché, mon plus-tard
des roses — :
Combien, ô combien
du monde. De
chemins.
Aile, tu es béquille. Nous — —
Nous chanterons la chanson d'enfant, celle,
entends-tu, celle
avec les « hom », avec les « mes », avec les hommes, oui, celle
avec la broussaille, avec
la paire d'yeux, qui restait prête là-bas :
larme-et-
larme.
... Rauscht der Brunnen
Ihr gebet-, ihr lästerungs-, ihr
gebetscharfen Messer
meines
Schweigens.
Ihr meine mit mir ver-
Krüppelnden Worte, ihr
meine geraden.
Und du :
du, du, du
mein täglich wahr- und wahrer-
geschundenes Später
der Rosen — ;
Wievel, o wievel
Welt. Wievel
Wege.
Krücke du, Schwinge. Wir — —
Wie werden das Kinderlied singen, das,
hörst du, das
mit den Men, mit den Schen, mit den Menschen, ja das
mit dem Gestrüpp und mit
dem Augenpaar, das dort bereitlag als
Träne-und-
Träne.
Paul Celan, La Rose de personne (Die Niemandsrose), édition bilingue, traduction de Martine Broda, Le Nouveau Commerce, 1979, p. 61 et 60.
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17/12/2011
Oscar Wilde, L'artiste, et Madonna mia
L'artiste
Un soir, il lui vint l'âme le désir de façonner l'image du Plaisir qui ne dure qu'un moment. Et il s'en alla par le monde pour chercher du bronze. Car il ne pouvait penser qu'en bronze.
Mais tout le bronze du monde entier avait disparu, et nulle part dans le monde entier on ne put trouver aucun bronze, que le bronze de
la statue La Douleur qui dure pour toujours.
Or, cette statue, il l'avait lui-même de ses propres mains façonnée, et il l'avait placée sur la tombe du seul être qu'il eût aimé dans la vie. Sur la tombe de l'être défunt qu'il avait le plus aimé, il avait
placé cette statue qu'il avait lui-même faite, afin qu'elle fût comme un signe
de l'amour humain qui ne meurt pas et un symbole de la douleur humaine qui dure pour toujours. Dans le monde entier, il n'y avait d'autre bronze que le bronze de cette statue.
Il prit cette statue qu'il avait façonnée et il la plaça dans un grand creuset et il la livra au feu.
Et du bronze de la statue La Douleur qui dure toujours, il a façonné la statue du Plaisir qui ne dure qu'un moment.
Oscar Wilde, Poèmes en prose, traduction Henri D. Davray [1898], dans Œuvres,
édition publiée sous la direction de Jean Gattégno, Bibliothèque de la Pléiade,
Gallimard, 1996, p. 33.
Madonna mia
Une fillette, un lis, inapte à la douleur du monde,
Cheveux bruns et soyeux tressés autour de ses oreilles,
Aux yeux charmeurs voilés de larmes folles,
Telle une eau d'un bleu pur dans un brouillard de pluie,
Et des joues pâles ignorantes des baisers,
Lèvres rouges qui ont toujours craint l'amour,
Gorge aussi blanche que gorge de colombe,
Sur le marbre de laquelle s'inscrit une veine de pourpre.
Pourtant, bien que mes lèvres ne cessent de te louer,
Je n'ose même pas embrasser ton pied,
Tant je suis assombri par les ailes de la peur,
Tel Dante, se tenant auprès de Béatrice,
Sous le poitrail en feu du Lion, lorsqu'il vit
La septième splendeur et l'escalier d'or (1).
Oscar Wilde, Poèmes, traduction Bernard Delvaille, dans op. cité., p. 13.
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16/12/2011
Jacques Réda, La Liberté des rues
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(À Pierre Bergounioux)
Pendant un bon moment, j'acquiers la certitude d'avoir été délégué ce soir sur cette route, en poussière de diamant, et qu'une vague de feu qui ne brûle pas submerge dans les virages : c'est le feu de la source même dont il a gardé la fraîcheur. Alors les bois d'alentour brusquement s'assombrissent, pressés le long des talus comme de grands animaux curieux. J'entends leur souffle, à travers le déplacement d'air, chaque fois que j'en dépasse un plus proche. C'est en même temps farouche et fraternel. Je devrais donc m'arrêter tous les trente mètres pour répondre à cette affection. Mais pourquoi négliger les autres ? Or il y en a vraiment beaucoup, et qui dégringolent et qui grimpent à droite vers la rivière au nom (1) de restaurant de servante de faubourg, à gauche vers l'immensité de savane rose où luit l'étang de Saclay. Trois ou quatre fois quand même je fais halte, et flatte un de ces troncs rugueux ou moussus. La roue dont ils sont les rayons se suspend alors comme les miennes dans le déferlement de la chute d'or. Elle se remet à tourner dès que j'avance, prouvant que j'appartiens en quelque manière au moyeu. Tel est mon rôle, aussi modeste que celui de la rivière, dans l'accomplissement de ce moment qui ne durera pas, qui n'est ni du présent puisque je passe, ni du passé parce que je le vis — et que si bonne soit-elle un jour j'en aurai perdu la mémoire. Je ne suis là que pour recueillir, et ensuite disparaître au profit de cette lumière qui, elle, fait que rien ne peut cesser de ce qu'elle touche un seul instant.
Jacques Réda, La Liberté des rues, Gallimard, 1997, p. 43-44.
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15/12/2011
Roland Dubillard, Je dirai que je suis tombé
Roland Dubillard, 1923-13/12/2011
Je connais vos reproches
Oh ! bien sûr, je n'aurais pas dû.
Si j'avais pu prévoir une chose, comme vous dites, si prévisible !
Mais j'en avais tellement envie !...
C'est comme s'il avait fallu
que je me prive de mes bras !
Ceux qui disent que je n'aurais pas dû
ont oublié bien des choses
dont ils feraient mieux de se souvenir.
C'est facile, quand il n'est plus temps !
C'est facile, quand c'est arrivé !
Comme c'est facile et comme c'est cruel.
Car c'est moi qui reste là,
et qui regrette.
Je regrette, car maintenant
il y aurait...
Mais qui peut dire ce qu'il y aurait ?
Ils le disent pourtant, sans savoir.
On croit qu'une chose va continuer,
et quand la chose s'arrête,
on croit qu'elle aurait duré si longtemps !
Mais puisque c'est fait, puisque c'est arrivé,
On ne va pas rester là, tout autour, à ne rien faire !
J'y reviendrai tout seul trop souvent, malgré moi,
puisqu'il paraît que c'est moi...
Ou alors, si vous croyez qu'il faut que je paye,
— mais je ne sais pas avec quoi.
Roland Dubillard, Je dirai que je suis tombé, Gallimard, 1966, p. 96-97.
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14/12/2011
Bashô, Jours d'hiver, traduction de René Sieffert
Une ombre noire
dans le petit matin blême
attise la flamme
Rossignol réveille-toi
la chandelle est allumée
Lune de trois jours
dans le ciel noir du levant
la voix de la cloche
Au jour de la lune pleine
que pareil soit mon destin
Auprès du foyer sans feu
on croit voir le disparu
On pleure les fleurs
qui du cerisier ne sont
que la moisissure
Soleil d'un matin d'hiver
tout n'est que mélancolie
Par ce temps d'automne
en voyage on versifie
sans cérémonie
Bashô, Jours d'hiver, présenté et traduit du japonais
par René Sieffert, Presses orientalistes de France, 1987, p. 17, 31, 45, 47, 51, 53, 61, 63.
Quelques éléments bibliographiques sur le haïku traduit en français
BASHÔ Matsuo, Cent cinq haïkaï, trad. du japonais par Kumiko Muraoka et Fouad El-Etr, Paris, La Délirante, 1979.
BASHÔ Matsuao, Cent onze haïkus : Bashô, traduit du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 1998.
BASHÔ Matsuo, Jours de printemps : haïku, trad. du japonais par Alain Kerven, Paris, Arfuyen, 1988.
BASHÔ Matsuo, La Lumière des bambous : 60 haïkaï de Bashô et de son école, trad. et présentation par Alain Kerven, Romillé, Folle Avoine, 1988.
BASHÔ Matsuo, Le chemin étroit vers les contrées du nord, précédé de huit haïkus, trad. de Nicolas Bouvier, présentation d'Alexandre Chollier, Genève, Héros-Limite, 2006.
BASHÔ Matsuo, Le haïkaï selon Bashô : traité de poétique, propos recueillis par ses disciples, présentation et trad. par René Sieffert, Presses orientaliste de France, 1983.
BASHÔ Matsuo, Le Voyage d'hiver : Trente six haïkaï de Matsuo Bashô, trad. du japonais par Jacques Pezeu-Massabiau,
BASHÔ Matsuo, Bashô et son école, trad. du japonais par René Sieffert, Paris, Textuel, 1998.
BASHÔ Matsuo, Vingt haïku [Bashô, Buson, Issa], trad. du japonais par Philippe Denis, encres de Jacques Capdeville, Varces, La Petite fabrique, 2009.
Brefs du soleil levant : haïkai, choix et présentation de Jean Pietri, Annecy, Guile du poème, 1985.
Cueillette d'éclairs, suivi de Notes dans la paume, choix de haïkus, trad. et mise en vers de Roland Halbert, calligraphies de Hosoda Kiyonobu, Paris, éd. Le Veilleur, 2001.
BUSON Yosa, Haïku, trad. du japonais par Nobuko Imamura et Alain Gouvret, Arfuyen, 1983.
BUSON Yosa, Haïku, choisis, présentés et trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Paris, éd. de La Différence, 1990.
BUSON Yosa, 66 Haïku, choisis, présentés et trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, éd. Verdier, 2004.
BUSON Yosa, Travers la mémoire, florilège de haïku, poèmes trad. et adaptés du japonais par Akié Boulard, gravures d'Oscar Lloveras, Paris, éd. Arichi, 2004.
Fourmis sans ombre : le livre du haïku, anthologie-promenade par Maurice Coyaud, Paris, Phébus, 2001.
Du rouge aux lèvres, haïjins japonaises, trad. du japonais et présenté par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku, éd. bilingue, Paris, Le Seuil, 2010.
Haïku, avant-propos et texte français de Roger Munier, préface de Yves Bonnefoy, Paris, Fayard, 1990.
Haïku, présentés et transcrits par Philippe Jaccottet, dessins d'Anne-Marie Jaccottet, Montpellier, Fata Morgana, 1996.
Haïku pour les amants, réunis par Manu Bazzano, adapté de l'anglais par Bernard Dubant, Paris, éd. Véga, 2003.
Haïku : poésies anciennes et modernes, une anthologie compilée par Jackie Hardy, adaptation de l'anglais par Bernard Dubant, Paris, éd. Véga, 2003.
Haïku : anthologie du poème court japoais, présentation, choix, traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu, Paris, Poésie / Gallimard, 2002.
Haïku du XXe siècle : le poème court japonais d'aujourd'hui, présentation, choix, traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu, Paris, Poésie / Gallimard, 2007.
Haïku : poésie du zen, textes choisis et présentés par Manuela Dunn Mascetti, péf. de T.H. Barrett, trad. de l'anglais par Zéno Bianu, Paris, P. Picquier,
Haïkus érotiques : extraits de "La fleur du bout" et du "Tonneau de saule" : des moines, des dames du palais, de la vie conjugale, des domestiques, des veuves, des courtisanes ; trad. et présenrtés par Jean Cholley, Paris, P. Picquier, 1996.
Haïkus des saisons, sous la dir. de Armelle Caron et Bruno Bonhoure, Drancy, Destination 2055, 2006.
ISSA Kobayashi, Haïku, trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 1994.
ISSA Kobayashi, Pas simple en ce monde d'être né humain, trad. du japonais par Danièle Faugeras et Pascale Janot, Ramonville-Saint-Agne, éd. Érès, 2008,
ISSA Kobayashi, Sous le ciel de Shinano : haïku, texte choisis et trad. par Alain Gouvret et Nobuko Imamura, Arfuyen, 1984.
L'année des douze singes, calligraphies de Sotaro Takanami, trad. du japonais par Valérie Terranova, Versailles, Artlys, 2004.
Le Livre d'or du haïkaï, réuni et présenté par Pierre Seghers, avec la collaboration de Claude Gertier, Paris, Robert Laffont, 1984.
L'hôte, l'invité et le chrysanthème blanc : haïkus d'automne, trad. du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet, Millemont, Moundarren, 1990.
Les grands maîtres du haïku (Bashô, Issa, Taïgi, Shiki), présenté par Érik Sablé,
Les plus beaux haïkus, illust. de Ichiro Sato Tessen, Masayuki Kaï, Setsuko Ikai, traduits par Akié Boulard,Paris, Arichi, 2006.
MERCIER Catherine Jeanne, Haïkus, mis en images par C.J. Mercier, Paris, Le Seuil, 2003.
OKUYAMA Kimihito, Flânerie, trad. du japonais par Camille Déhauprés, gravures de Catherine Prats, Paris, Dervy, 2003.
On se les gèle, haïkus d'hiver, poèmes trad. du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet, calligraphie de Cheng Wing fun, Millemont, Moundarren, 1990.
Paroles du Japon : haïkus, choisis et présentés par Jean-Hugues Malineau, Paris, Albin Michel, 1997.
Perles choisies du Japon : 150 poèmes classiques : haïkaï, trad. par Édouard Desmons, illustrations de Marguerite Capon, Denain, É. Desmons, 1989.
RYOKAN, Les 99 haïkus de Ryôkan, trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 1992.
Quelle chaleur ! , haïkus d'été, poèmes trad. du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet, calligraphie de Cheng Wing fun, Millemont, Moundarren, 1990.
Regarder le temps : choix de haïkus illustrés, conception et illustrations d'Isabelle Bourbonnaud, Paris, Les Xénographes, vers 2005.
Sagesse du zen, texte choisis et présentés par Manuela Dunn Mascetti, introd. de T. H. Barrett, trad. de l'anglais de Zéno Bianu, Paris, P. Picquier, 1997.
SHIKI Masaoka, Cent sept haïku, trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 2002.
TANEDA Santôka, Zen à pas comptés : haïku, dessins de Masayuki Kaï, trad. du japonais par Akié Boulard, éd. Arichi,
Tanka, haïku, renga, le triangle magique, textes présentés et trad. par Maurice Coyaud, Paris, Les Belles Lettres, 1996.
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13/12/2011
Antoine Emaz, Peau
Vert, I (31.09.05)
on marche dans le jardin
il y a peu à dire
seulement voir la lumière
sur la haie de fusains
un reste de pluie brille
sur les feuilles de lierre
rien ne bouge
sauf le corps tout entier
une odeur d'eau
la terre acide
les feuilles les aiguilles de pin
silence
sauf les oiseaux
marche lente
le corps se remplit du jardin
sans pensée ni mémoire
accord tacite
avec un bout de terre
rien de plus
ça ne dure pas
cette sorte de temps
on est rejoint
par l'emploi de l'heure
l'à faire
le corps se replie
simple support de tête
à nouveau les mots
l'utile
on rentre
on écrit
ce qui s'est passé
il ne s'est rien passé
Antoine Emaz, Peau, encres de Djamel Meskache,
éditions Tarabuste, 2008, p. 25-28.
© Photo Tristan Hordé
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12/12/2011
Valérie Rouzeau, Va où
Me règle un peu mes comptes ici sur le papier couche ma vie séparée ma vie mirabelle et ma joie capitale allonge enfin mon tout
Que me coule douce la Seine j'y ai laissé ma main je n'en ai plus besoin c'était un coquillage
C'était toute pour des prunes
La main qui fait rougir fallait que l'écrevisse
J'ai noyé le chagrin et la gaieté me dure j'ai craché les noyaux
Ça ne me valait rien cette eau grise qui déchante je lui ai fait un lit
Et maintenant je ris ici au bord je sèche
Des pages pour ne pas vivre idiote pour m'entraîner au testament et en même temps purger ma peine
Pour aimer frères et sœurs humains réparer toute ma méchanceté
Trouver si le silence est d'or avant qu'il devienne de la boue
La mort ne fait pas mal qu'à l'âme si vous restez assis longtemps sur le marbre d'un disparu cher
Autant de pensées de jetées dans le vague d'un rêve éveillé
Un songe à répéter encore ni folle ni sage et ni françoise
Voilà pour m'apprendre à la fin pour m'exercer au jour le jour au soleil et au jour sans jour
Valérie Rouzeau, Va où, Le temps qu'il fait, 2002, p. 48 et 73.
© Photo Chantal Tanet
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