08/07/2015
Chloé Bressan, Claire errance
Nous ressentons le simple, le tors, le vain, le secourable, altération profonde, vit là le solitaire. Nous ressentons le ténu, le dense, le palpitant, le hors d’atteinte. Nous entrons. Nous disparaît. Nous n’est plus possible à surveiller. On ne surveille pas deux ciels à la fois. On passe un après un. Et encore, tout juste. On longe l’étrange ligne qui semble ne pas finir au fond du regard. Accepter de faire le guet pour les autres pendant qu’ils traversent le jour dans la poussière conforme.
Vient l’heure où il devient urgent de faire passer devant un motif d’absence.
Chloé Bressan, Claire errance, éditions sabelle sauvage, 2015, p. 36.
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27/05/2015
Ingeborg Bachmann, Trois sentiers vers le lac
Problèmes, problèmes
« Alors à sept heures. Oui mon chéri. J’aimerais mieux. Café du Hochhaus. Parce que par hasard je... Oui, par hasard, de toute façon il faut que j’aille chez le coiffeur. À sept heures, c’est à peu près ce que je prévois si j’ai le temps de... Quoi, ah bon ? Il pleut ? Oui, je trouve aussi. Il pleut sans arrêt. Oui, moi aussi. Je suis contente. »
Beatrix souffla encore quelque chose dans le micro du combiné et posa le récepteur, soulagée elle se tourna sur le ventre et appuya de nouveau sa tête sur les coussins. Pendant qu’elle s’efforçait de parler avec animation, son regard était tombé sur le vieux réveil de voyage avec lequel jamais personne ne voyageait, il n’était effectivement que neuf heures et demie, ce qu’il y avait de mieux dans l’appartement de sa tante Mihailovics, c’état les deux téléphones, et elle en avait un dans sa chambre à côté de son lit, pouvait à tout moment parler dedans, se mettant alors volontiers les doigts dans le nez quand elle faisait semblant d’attendre posément une réponse, ou préférant encore, aux heures tardives, faire des pédalages ou exécuter des exercices encore plus difficiles, mais à peine avait-elle raccroché qu’elle était déjà rendormie. Elle était capable dès neuf heures du matin de répondre avec une voix claire et nette, et ce brave Erich pensait alors qu’elle était, comme lui, debout depuis longtemps, qu’elle était peut-être même déjà sortie et se trouvait en cette journée prête à toute éventualité.
Ingeborg Bachmann, Trois sentiers vers le lac, traduction de l’allemand Hélène Belleto, Actes Sud/Babel, 2006, p. 51-52.
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22/05/2015
Sandra Moussempès, Vestiges de fillette
Reflet 1
Lèvres dévastées, le rouge vif déborde, les yeux sans fin au contour aguicheur, elle s’accroupit (pagne mauve lèvres offertes tee-shirt près du corps), regarde au loin, les traces noires autour des yeux, sourcils maladroitement repeints de la main d’une enfant, la lumière opaque, moue d’une fillette, rayons roses sur le corps, secret de la paille autour de ses cuisses refermées, elle s’imagine de l’autre côté du miroir.
Reflet 2
Les draps noirs sur les seins, dessein caché de l’autre monde. La dentelle d’une bretelle soutient la gorge dorée, dorure éternelle, les cheveux blonds, délavés par temps orageux, embroussaillés, sa bouche enflammée, le rouge dévie, regard docile presque doux (les pleurs ou le discours indicible d’une nuit blanche) elle tient au cœur du corps le drap froissé, elle, blonde à gémir, l’œil glauque et langoureux, désir tiède de l’autre corps, luxure des lumières, l’éclat de sa peau, en plein jour, émaillée.
Sandra Moussempès, Vestiges de fillette, Poésie / Flammarion, 1997, p. 103-104. © Photo Didier Pruvot.
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18/12/2014
Nathalie Quintane, Les années 10
Les prépositions
Pour les pauvres. Ou est-ce que ce ne serait pas plutôt vers les pauvres ? Est-ce qu'il ne faudrait pas plutôt indiquer — une direction ? Parmi les pauvres est par exemple douteux, même si parmi maintient une disjonction — on peut être parmi et tout à fait distinct, soit : à côté ; oui, mais on peut être à côté sans être aux côtés, là est le problème. Par les pauvres — ce qui se dit peu de nos jours — est tactique et manipulateur, donc on oublie. J'aime avec, sa brutalité simple, son absence de chichi ; mais ce n'est pas adéquat dans cette situation : évidemment que je ne parle pas ici avec les pauvres. Ils vivent dans leurs coins, dans leurs banlieues ou fin fond de zones rurales ravitaillées par les corbeaux, tandis que moi je suis au-dessus de mon clavier, je tape, et par la fenêtre une brise de printemps en janvier courbe à peine mes roseaux, dans mon jardin, mon épicéa, et cet arbuste dont j'ai oublié le nom, qui a eu tellement de mal à démarrer parce que je ne l'avais pas suffisamment arrosé et qui depuis un an pousse parmi des branches, si bien qu'il va falloir en couper ; la ville est à dix minutes à pied, j'en ramène sans klaxons, mes baguettes, mes côtelettes de chez le boucher, en comptant les noisetiers qui bordent le ruisseau, et je m'apprête chaque fois à m'arrêter au beau milieu du chemin pour laisser passer, sans l'effrayer, l'écureuil.
Il y a bien des pauvres en ville, mais nos relations se limitent, pour ma part, à l'hésitation, au moment d'hésitation anticipatrice qui me fait visualiser les centimes d'euros que contiennent mon portefeuille ou ma poche, et pour leur part, je suppose, à l'analyse rapide de ma vêture et de mon comportement, qui leur font supputer la menue somme que je leur verserai, ou pas. Mais ce sont les pauvres pauvres.
[...]
Nathalie Quintane, Les années 10, La Fabrique, 2014, p. 61-63.
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17/10/2014
Jules Supervielle, Les Amis inconnus
L'oiseau
« Oiseau, que cherchez-vous, voletant sur mes livres,
Tout vous est étranger dans mon étroite chambre.
— J'ignore votre chambre et je suis loin de vous,
Je n'ai jamais quitté mes bois, je suis sur l'arbre
Où j'ai caché mon nid, comprenez autrement
Tout ce qui vous arrive, oubliez un oiseau.
— Mais je vois de tout près vos pattes, votre bec.
— Sans doute pouvez-vous approcher les distances
Si vos yeux 'ont trouvé ce n'est pas de ma faute.
— Pourtant vous êtes là puisque vous répondez.
— Je réponds à la peu que j'ai toujours de l'homme
Je nourris mes petits, je n'ai d'autre loisir,
Je les garde en secret au plus sombre d'un arbre
Que je croyais touffu comme l'un de vos murs.
Laissez-moi sur ma branche et gardez vos paroles,
Je crains votre pensée comme un coup de fusil.
— Calmez donc votre cœur qui m'entend sous la plume.
— Mais quelle horreur cachait votre douceur obscure
Ah ! vous m'avez tué, je tombe de mon arbre.
— J'ai besoin d'être seul, même un regard d'oiseau !...
— Mais puisque j'étais loin au fond de mes grands bois ! »
Jules Supervielle, Les Amis inconnus, dans Œuvres poétiques complètes, édition sous la direction de Michel Collot, Pléiade, Gallimard, 1996, p. 300-301.
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03/10/2014
Mathieu Bénézet, Poèmes uniques, dans Rehauts
Tes habits d'aujourd'hui
Rue du Moulin Vert un rejet de gly
cine se prit dans es cheveux Je
t'évoquais dans tes habits d'aujourd'hui
Tu pars comme on dit au travail
dans un journal à Saint-Denis
(J'y écrivis naguère encore hier demain qui sait)
Ô la glycine je nous connus neuf
ans déjà rue du Château, rue des Plantes
les allers et retours
charriant le petit panier du repas
(Ô fête d'une sieste sous un ciel de chambre)
(fête du poulet grillé dans un four)
Si profondément se forme un pas d'homme
(moi) il te regarde chaque jour
dans tes habits d'hier d'aujourd'hui
demain qui sait
Rue Jean Sicard, Paris le 30.X.1991
Mathieu Bénézet, Poèmes uniques, dans Rehauts,
n° 33, 2014, p. 91.
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21/09/2014
Bernard Noël, La Place de l'autre
Où le regard s'aère
Du plus haut, c'est une plantation de i — des i noirs empanachés d'un vert tremblant. Le visiteur s'assied en voyant son regard aligné par tant de barres ; il cherche le sens de l'air pour y accorder ses yeux et ose ainsi chaque chose à sa place : la pente, la forêt et lui-même venu par un chemin sans point de vue. Alors, quelque chose blanchit la lisière : ce n'est pas une éclaircie, mais une sorte de promesse virtuelle, qui invite à dévaler la pente pour voir... Voir tout à coup, entre la vieille courbe de la terre et le bleu profond, ce qui, justement, a conduit jusqu'ici et qui, bien qu'attendu, saisit aussitôt le regard, le modèle, l'emplit et lui communique sa forme au point qu'elle se fixe dans la tête et devient un lieu...
Plus tard, l'œil reprend son rôle de lecteur : il parcourt des surfaces, des angles, avec le sentiment de reconnaître dans cet agencement moderne une figure très ancienne, car la vision se double d'un fantôme de mémoire, qui renforce la présence du présent par la poussée, en elle, d'une sève d'images. Il y a des plans de béton, des plans d'ombre, des plans de lumière ; il y a des arêtes où le ciel est posé, des étages de terrasses, des escaliers en l'air, et tout cela s'exhausse à tout moment à l'intérieur de la vue parce que le croisement du plein et du vide, du vertical et de l'horizontal aère la masse et y entretient le perpétuel élan d'une mise debout.
Bernard Noël, La Place de l'autre, Œuvre III, P.O.L, 2014, p. 103-104.
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25/04/2014
Paul Louis Rossi, Cose naturali, Natures inanimées
Vie tranquille
Sur une des parois de l'ensemble magdalénien de Marsoulas on aperçoit un visage humain de face : le nez de travers et les yeux presque ronds. Ainsi représenté il ressemble à celui que nous avions autrefois rencontré dans les couloirs du collège sur l'emplacement écaillé d'un ancien lavabo qui figurait à notre avis le visage d'un homme : le nez, les yeux, le rictus de la bouche. Et nous allions chaque jour lui rendre visite comme un rite que l'on accomplit à ces âges.
Pour moi le masque humain sera toujours un sujet d'étonnement. Quand j'y songe, j'ai de tous temps eu cette sorte de passion pour les masques : masques amers de la comédie, orbites creuses des masques africains, masques à transformation de la Colombie Britannique, dents pointues de ceux du théâtre de Java, regard aveugle des géants de l'île de Pâques Aussi loin que l'on découvre le geste de l'homme, il a tenté de se représenter parmi les outils, les dieux et les animaux familiers. Et ces masques, je ne les observe pas seulement, ce sont eux, souvent, qui viennent m'épier à leur tout, ils m'interrogent et me surveillent, me regardent autant que je les regarde.
[...]
Paul Louis Rossi, Cose naturali, Natures inanimées,
éditions Unes, 1991, p. 7-8.
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09/02/2014
Sanguineti, Corollaire, traduction Patrizia Atzei & Benoît Casas
Les éditions NOUS ont quinze ans
pour toi je les ai éprouvés (et pour toi je les éprouve ma chérie) : et de ce que [tu vois,
tu le vois, il s'agit :
il y a comme un pré, une rive (un rivage), avec des roseaux,
avec des herbes en fleur, avec des zones lacustres ou palustres (le cadrage est [serré :
on voit, et on devine, peu et mal) : et deux couples d'oiseaux aquatiques voilà,
justement, âprement se becquettent, se déchirent (et, déchirés, se déplument) :
mais
trois autres volatiles (mais inaccoutumés, inadaptés au vol), trottinant paisibles,
apaisés (ce que je désigne ici, respectivement, par S, et par T, et enfin par R),
se tiennent là dans un coin, gauchement sereins :
(pourtant observe-les, ici, avec moi, ils palpitent) :
Edoardo Sanguineti, Corollaire, traduit de l'italien par Patrizia Atzei et Benoît Casas, préface de Jacques Roubaud, NOUS, 2013, p. 38.
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08/01/2014
Paul Celan, Poèmes, traduction André du Bouchet
En hommage à Jean Bollack : une semaine avec Paul Celan
Parler, la grille
Œil-le-rond entre les ferrures.
Paupières, cillant,
qui rames amont,
élargis ce regard.
Iris, nageur, rogue et sans rêve :
le ciel, cœur gris, n'est pas loin.
Déclive, à ce bec du métal,
l'écharde charbonne.
Où la lumière tire,
tu devines l'âme.
(Si j'étais semblable à toi. Toi-même, à moi.
Ne sommes-nous pas debout
dans un même alizé ?
Nous sommes étrangers.)
Les dalles. Dessus,
entreserrées, l'une et l'autre
flaques gris-cœur :
deux fois
se taire plein la bouche.
*
Sprachgitter
Augenrund zwischen den Stäben
Flimmertier Lid
rudert nach oben,
gibt einen Blick frei.
Iris, Schwimmerin, traumlos und trüb :
der Himmel, herzgrau, muss nah sein.
Schräg, in der eisernen Tülle,
der blakende Span.
Am Lichtsinn
errätst du die Seele.
(Wär ich wie du. Wärst du wie ich.
Standen wir nicht
unter einem Passat ?
Wir sind Fremde.)
Die Fliesen. Darauf,
dicht beieinander, die beiden
herzgrauen Lachen
zwei
Mundwoll Schweigen.
Paul Celan, Poèmes, traduits par André du
Bouchet, Clivages, 1978, n. p.
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02/06/2013
Bernard Noël, Des formes d'elle
Des formes d'elle
1
vivre dis-tu
c'est la venue
d'un mystère il s'empare
de nous tu vois cette ombre
sur le corps
tu vois
ce fantôme en dessous
la matière a besoin
de matière
ce besoin
est notre infini
ma langue
touche en toi une serrure
intime
tu fais de moi
un moi par dessus les morts
par delà les vivants
2
le soleil se couche derrière
les dents
le corps est un mot
que tu touches il a la forme
de l'amour
mon bras d'air
traverse tes yeux tu
l'empailles de présent
regarde dis-tu
regarde
la belle buée
l'ombre
qui s'en va de nous
la vérité est une image
blanche
tout le noir tient
dans l'ouverture de tes bouches
[...]
Bernard Noël, Des formes d'elle, dans Les Plumes
d'Éros, Œuvres I, P.O.L, 2010, p. 279-280.
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08/04/2013
Pierre-Albert Jourdan, Ajouts pour une édition revue et augmentée de Fragments
Ce qui s'offre au regard. Mais qu'est-ce donc cela qui s'offre au regard ? Cela me fait parfois songer à ce personnage, lors de la première représentation d'Ubu roi, qui demandait : « C'est bien une plaisanterie, n'est-ce pas ?
Sous la paisible (somme toute) nomination des choses demeure une force explosive, aveuglante. Et toutes les interrogations n'enlèvent nullement e pouvoir d'évidence (que d'autres voies soient possible n'enlève rien). Pouvoir d'évidence, pouvoir aussi de fascination. Niveau simple ! Alors nous devons aussi nous interroger sur ce que ce mot de "simple" fait se dresser devant l'esprit de telles murailles qu'il vaut mieux s'ouvrir à une telle venue, se disposer à une telle venue. Il y aurait là, tout aussi bien, une science terriblement ardue.
Sous-bois. Caresse des branches de pin sur la peau nue. Un peu plus loin, halte sur une pierre. Je quitte mes sandales, croise mes jambes. Un papillon se pose sur mon pied. Je l'accueille bien volontiers. Façon en quelque sorte de me dé-placer. J'entame mon recyclage.
Village au loin comme porté par les nuages, plus vrai sous cette oi errante aux fruits parfois désastreux.
Pierre-Albert Jourdan, Ajouts pour une édition revue et augmentée de Fragments, Poliphile, 2011, p. 12.
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08/02/2013
Cesare Pavese, Travailler fatigue [Lavorare stanca]
Nocturne
La colline est nocturne, dans le ciel transparent.
Ta tête s'y enchâsse, elle se meut à peine,
compagne de ce ciel. Tu es comme un nuage
entrevu dans les branches. Dans tes yeux rit
l'étrangeté d'un ciel qui ne t'appartient pas.
La colline de terre et de feuillage enferme
de sa masse noire ton vivant regard,
ta bouche a le pli d'une cavité douce au milieu
des collines lointaines. Tu as l'air de jouer
à la grande colline et à la clarté du ciel :
pour me plaire tu répètes le paysage ancien
et tu le rends plus pur.
Mais ta vie est ailleurs.
Ton tendre sang s'est formé ailleurs.
Les mots que tu dis ne trouvent pas d'écho
dans l'âpre tristesse de ce ciel.
Tu n'est rien qu'un nuage très doux, blanc
qui s'est pris une nuit dans les branches anciennes.
Notturno
La collina è notturno, nel cielo chiaro.
Vi s'inquadra il tuo capo, che muove appena
e accompagna quel cielo. Sei come una nube
intravista fra i rami. Ti ride negli occhi
la stranezza di un cielo che non è il tuo.
La collina di terra e di foglie chiude
con li massa nera il tuo vivo guardare,
la tua bocca ha la piega di un dolce incavo
tra le coste lontane. Sembri giocare
alla grande collna e al chiarore del cielo :
per piacermi ripeti lo sfondo antico
e lo rendi piú puro.
Ma vivi altrove.
Il tuo tenero sangue si è fatto altrove.
La parole che dici non hanno riscontro
con la scabra tristezza di questo cielo,
Tu non sei che una nube dolcissima, bianca
impigliata una notte fra i rami antichi.
Cesare Pavese, Travailler fatigue [Lavorare stanca],
traduction de l'italien et préfacé par Gilles de Van,
Poésie du Monde entier, Gallimard, 1969, p. 85 et 84.
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21/12/2012
Chloé Bressan, le chant de le femme d'argile
Par un scintillant un rayon de jour brodé sur le temps, chiffre un, étoilé, recommence janvier. Grise étendue de ciel, grisance paradis éternel par un scintillant un rayon de jour brodé sur le temps, chiffre deux, glissant sourire parallèle par un scintillant un rayon de jour brodé sur le temps, chiffre un, étoilé, recommence par un scintillant, un rayon de jour brodé par un scintillant un ...
À son rêve
elle oppose un sourire
muet
des lézardes le long de l'échine
elle est
immobile
vision opaline, regard pierreux
sans refuge
son beau visage mais de peur
effraie le passant qui
de regard
s'arcboute
se rétracte
s'abîme au soir transi
[...]
Chloé Bressan, le chant de le femme d'argile, éditions
isabelle sauvage, 2012, p. 7-8.
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