03/10/2014
Mathieu Bénézet, Poèmes uniques, dans Rehauts
Tes habits d'aujourd'hui
Rue du Moulin Vert un rejet de gly
cine se prit dans es cheveux Je
t'évoquais dans tes habits d'aujourd'hui
Tu pars comme on dit au travail
dans un journal à Saint-Denis
(J'y écrivis naguère encore hier demain qui sait)
Ô la glycine je nous connus neuf
ans déjà rue du Château, rue des Plantes
les allers et retours
charriant le petit panier du repas
(Ô fête d'une sieste sous un ciel de chambre)
(fête du poulet grillé dans un four)
Si profondément se forme un pas d'homme
(moi) il te regarde chaque jour
dans tes habits d'hier d'aujourd'hui
demain qui sait
Rue Jean Sicard, Paris le 30.X.1991
Mathieu Bénézet, Poèmes uniques, dans Rehauts,
n° 33, 2014, p. 91.
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26/01/2013
Mathieu Bénézet, Ode à la poésie (janvier 1984-janvier 1987)
Ode à la poésie
II
et ma solitude fit un pas que j'ai le cœur à chanter
comme un enfant ô tous doivent un jour connaître une ombre
au bord d'un puits au bord d'un chant où est l'ultime dialogue
le premier qui fut fondé de joie et de mort en profondeur paisible
ô coups d'un orage ce n'est pas en vain qu'en toute saison la langue
nous fond en elle comme plomb et nous cache à nous-mêmes
énorme flambée des anciens jours il suffit qu'à nouveau tu l'accueilles
pour qu'à son tour elle n'ordonne plus d'aller à la mort ni dans le fleuve
mais s'apaise si brève dans le tournoiement de l'amour déchirant et
un vent souffle sur les brûlures du passé et invente un jardin
respiration du temps emplie de peines qui nous pousses vers les ombres
tu peux prêter la main à qui l'emplit du chant commun de chaque
jour de l'âme minuscule et commune des hommes de chaque jour
où les enfants jouent ensemble toujours il est un reste de chant que j'ai
cœur à inventer alterné de défaites et de joies anonymes roses
pour mon bien je regarde à vos doigts la trace d'une beauté odorante
dans le bruit de vos jeux si clairs j'entends comme l'oubli de la mort
qui m'attend pauvres silhouettes d'enfants c'est moi bien sûr
[...]
Mathieu Bénézet, Ode à la poésie (janvier 1984-janvier 1987),
William Blake & CO, 1992, p. 39-40.
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26/02/2012
Mathieu Bénézet, Ode à la poésie
[...]
ô mots de naguère de quelques vocables espacés un grand
blanc dilacérait ma voix asphyxiée dans l'appartement endormi
par cent fois j'écrivis j'écrivis les mêmes mots ah balcon
d'où je jetai mes livres à la rue ô enfant qui me les rapportas
au cœur et aux mains me tendis le viatique de ma prose
de tout cela ne demeure que la barque d'y songer seul
rêve à ma vie ajoutée et cela maintenant que dix ans ont
passé qui à nouveau réunit en un don le plus haut ce qui
s'effondra ô pardon qui me fut octroyé par un ciel d'enfant
mais ce qui souffre l'enfance le connaît quand on longe trop
longuement les fleuves ce qui de l'adieu teint de sombre
les lèvres l'enfance le connaît et ne demande pas
une question plus au-dedans de l'homme et de la femme
elle connaît leur souffrance à quoi elle se blesse ce qui d'elle
ne survivra pas au fracas où l'homme et la femme appellent
vois je mets à nu mon chant où respire une morte ô
Gérard qui me fiança avec l'ombre et les lilas défleuris
je puis bien vivre aujourd'hui du long abandon des mains
d'une femme je puis bien vivre avec ce que me retirent les mots
et les cris mes papiers couronnés de taches de vin lilas
dans une cuisine exiguë où s'entassent et l'enfant et l'abîme
je puis bien vivre pauvre sang noir comme on marche dans le passé
parlant d'une chose ou d'une autre d'une tête fleurie de lumière
[...]
Mathieu Bénézet, Ode à la poésie (janvier 1984-janvier 1987),
William Blake & C°,1992, p. 47-48.
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