Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/02/2013

Cesare Pavese, Travailler fatigue [Lavorare stanca]

 

cesare pavese,travailler fatigue [lavorare stanca],nocturne,nuage,regard

                     Nocturne

 

La colline est nocturne, dans le ciel transparent.

Ta tête s'y enchâsse, elle se meut à peine,

compagne de ce ciel. Tu es comme un nuage

entrevu dans les branches. Dans tes yeux rit

l'étrangeté d'un ciel qui ne t'appartient pas.

 

La colline de terre et de feuillage enferme

de sa masse noire ton vivant regard,

ta bouche a le pli d'une cavité douce au milieu

des collines lointaines. Tu as l'air de jouer

à la grande colline et à la clarté du ciel :

pour me plaire tu répètes le paysage ancien

et tu le rends plus pur.

 

                                    Mais ta vie est ailleurs.

Ton tendre sang s'est formé ailleurs.

Les mots que tu dis ne trouvent pas d'écho

dans l'âpre tristesse de ce ciel.

Tu n'est rien qu'un nuage très doux, blanc

qui s'est pris une nuit dans les branches anciennes.

 

                         Notturno

 

La collina è notturno, nel cielo chiaro.

Vi s'inquadra il tuo capo, che muove appena

e accompagna quel cielo. Sei come una nube

intravista fra i rami. Ti ride negli occhi

la stranezza di un cielo che non è il tuo.

 

La collina di terra e di foglie chiude

con li massa nera il tuo vivo guardare,

la tua bocca ha la piega di un dolce incavo

tra le coste lontane. Sembri giocare

alla grande collna e al chiarore del cielo :

per piacermi ripeti lo sfondo antico

e lo rendi piú puro.

 

                               Ma vivi altrove.

Il tuo tenero sangue si è fatto altrove.

La parole che dici non hanno riscontro

con la scabra tristezza di questo cielo,

Tu non sei che una nube dolcissima, bianca

impigliata una notte fra i rami antichi.

 

Cesare Pavese, Travailler fatigue [Lavorare stanca],

traduction de l'italien et préfacé par Gilles de Van,

Poésie du Monde entier, Gallimard, 1969, p. 85 et 84.

Les commentaires sont fermés.