02/03/2020
Pierre-Albert Jourdan, Fragments
Ce qui s’offre au regard. Mais qu’est-ce donc cela qui s’offre au regard ? Cela me fait parfois songer à ce personnage, lors de la première représentation d’Ubu roi, qui demandait : « C’est bien une plaisanterie n’est-ce pas ? »
Sous la paisible (somme toute) nomination des choses demeure une force explosive, aveuglante. Et toutes les interrogations n’enlèvent nullement ce pouvoir d’évidence (que d’autres voies soient possibles n’y change rien). Pouvoir d’évidence, pouvoir aussi de fascination. Niveau simple ? Alors nous devons aussi nous interroger sur ce que ce mot de « simple » signifie, sur ce mystérieux donné. Cette « simplicité » fait se dresser devant l’esprit de telles murailles qu’il vaut mieux s’ouvrir à une telle venue, se disposer à une telle venue. Il y aurait là, tout aussi bien, une science terriblement ardue.
Pierre-Albert Jourdan, Fragments, éditions poliphile, 2011, p. 12.
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14/09/2019
Paul Nougé, Fragments
Pourquoi m’as-tu
reconnu ?
La nuit tombait
Et en fin de compte
les lèvres sèches
nous sommes
tombés là
dans le sable
(si l’on veut)
Exténués
Je ne dis `
que ce que
tu penses
Il pleuvait ce jour-là
ô chérie
sur un monde inconnu
Je crois
ce que tu es
Paul Nougé, Fragments, éditions
Labord, 1983, p. 20, 21, 21, 24.
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02/06/2014
Paul Nougé, Fragments
Entendre encore
le son de tes pas
sur la pierre
Pourquoi m'as-tu
reconnu ?
La nuit tombait.
Ton rire brisé
la vague
qui retombe
Et en fin de compte
les lèvres sèches
nous sommes
tombés là
dans le sable
(si l'on veut)
exténués
Je ne dis
que ce que
tu penses
J'attendais
ton image
dans le miroir
d'en face
Viens
même si tout est
perdu
Paul Nougé, Fragments,
éditons Labor, 1983, p. 20-23.
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06/09/2013
Nougé, Fragments
La Messagère
(paroles de femme sur petit fond d'orchestre)
Je suis belle
on me l'a dit
je suis laide
on me l'a dit
mais ce n'est pas pour vous
que je le suis
Messieurs Mesdames
N'essayez pas sous cette robe
qui pourrait être de n'importe quelle
couleur
de prévoir les points sensibles d'un
corps qui n'est pas pour vous
ni sous le fard de mes lèvres
le moyen d'une bouche qui
restera pour toujours
et pour moi-même
un secret
ni le sens des reflets de mes yeux
qui seront pour vous
pour toujours
des yeux vides
Nougé, Fragments, éditions Labor, p. 139.
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08/04/2013
Pierre-Albert Jourdan, Ajouts pour une édition revue et augmentée de Fragments
Ce qui s'offre au regard. Mais qu'est-ce donc cela qui s'offre au regard ? Cela me fait parfois songer à ce personnage, lors de la première représentation d'Ubu roi, qui demandait : « C'est bien une plaisanterie, n'est-ce pas ?
Sous la paisible (somme toute) nomination des choses demeure une force explosive, aveuglante. Et toutes les interrogations n'enlèvent nullement e pouvoir d'évidence (que d'autres voies soient possible n'enlève rien). Pouvoir d'évidence, pouvoir aussi de fascination. Niveau simple ! Alors nous devons aussi nous interroger sur ce que ce mot de "simple" fait se dresser devant l'esprit de telles murailles qu'il vaut mieux s'ouvrir à une telle venue, se disposer à une telle venue. Il y aurait là, tout aussi bien, une science terriblement ardue.
Sous-bois. Caresse des branches de pin sur la peau nue. Un peu plus loin, halte sur une pierre. Je quitte mes sandales, croise mes jambes. Un papillon se pose sur mon pied. Je l'accueille bien volontiers. Façon en quelque sorte de me dé-placer. J'entame mon recyclage.
Village au loin comme porté par les nuages, plus vrai sous cette oi errante aux fruits parfois désastreux.
Pierre-Albert Jourdan, Ajouts pour une édition revue et augmentée de Fragments, Poliphile, 2011, p. 12.
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