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16/05/2017

Marcel Cohen, Sur la scène intérieure

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Maria Cohen,

Née le 9 octobre 191 à Istanbul,

Convoi n° 63 du 17 décembre 1943.

 

   En 1939, dans les mois qui précédèrent la guerre, Marie rendit visite à une amie de la famille, dans le xie arrondissement de Paris, et lui offrit un petit coquetier en bois peint décoré à la main. En 2009, sachant que nous allions nous retrouver, l’amie enfouit le coquetier dans son sac pour me l’offrir. Depuis longtemps, il n’était plus assez présentable pour avoir sa place à table et les enfants et petits-enfants de cette amie, qui l’ont pourtant beaucoup utilisé, n’avaient aucune raison de lui attacher la moindre importance. Fendillé et délavé comme un bois roulé, le coquetier ne conserve que quelque taches de couleur dont il est difficile de lire avec certitude ce qu’elles ont pu représenter. Peut-être un papillon. Sur le pied, seul demeure tout à fait reconnaissable un nœud orange souligné de noir, comme on voit sur les œufs de Pâques russes.

   Je sais bien que les objets familiers sont synonymes d’aveuglement : nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l’habitude. Mais le coquetier, dans le placard à vaisselle, et ne serait-ce que de façon très épisodique, a eu bien des occasions de susciter quelques bouffées de tendresse à l’égard de Marie. (Elle se faisait appeler Marie bien que son nom soit officiellement Maria.) Je me dis qu’on ne conserve pas un objet aussi modeste, et aussi défraichi, pendant soixante-dix ans sans de sérieuses raisons. La crainte de la voir disparaître confirme cet attachement. Le petit coquetier, aujourd’hui, n’est donc pas seulement la concrétion d’un souvenir. Est-il abusif d’y voir la qualité même de ce souvenir, sa texture, quelque chose d’aussi incertain que le reflet d’une aura ?

 

Marcel Cohen, Sur la scène intérieure, Folio/Gallimard, 2013, p. 13-14.

15/05/2017

Thomas Bernhard, Kulterer

 

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   Plus approchait le jour où il serait libéré de la centrale, plus Kulterer craignait de revenir auprès de sa femme. Il menait une vie refermée sur elle-meme, totalement ignorée par ses co-détenus, et il tuait le temps libre, qui était souvent bien trop long à la centrale car ils ne travaillaient, selon le règlement, que cinq à six heures par jour aux machines d’imprimerie, en notant des idées subites ou, pensait-il, des pensées insignifiantes qui l’occupaient presque sans interruption. Par ennui, et parce qu’il eût désespéré sans cela, il se lisait souvent à lui-même de courtes histoires et de courts récits qu’il avait lui-même inventés et rédigés. Le chat par exemple ou La cale sèche ou Les palmipèdes, L’hyène, La régisseuse de la propriétaire terrienne, Le lit de mort. La plupart du temps, ces histoires lui venaient la nuit, et il devait, pour ne pas les perdre, se lever et s’asseoir à la table dans l’obscurité tandis que ses compagnons de cellule dormaient, et noter dans cette même « obscurité effrayante » ce qui lui était venu.

 

Thomas Bernhard, Kulterer, traduction Claude Porcell, Arcane 17, 1987, p. 81-82.

14/05/2017

Hans Magnus Enzensberger, Culture ou mise en condition ?

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                                       Poésie et politique

 

(…) Si la poésie répugne à l’éloge et à la diatribe concernant les hommes au pouvoir, ce n’est pas une obligation générale où elle serait de s’en tenir à l’abstraction. Ce n’est pas le fait qu’ils sont désignés nommément qui ôte toute valeur aux poèmes en l’honneur de Hitler ou de Staline : le poème ne rejette pas les noms de personne en général, mais seulement ceux des hommes au pouvoir. Sur toute autre personne privée, il est possible d’écrire des poèmes, aujourd’hui comme par le passé : sur une femme, sur un ami, sur un chauffeur de taxi, sur un marchand de légumes. Il ne manque pas, dans la poésie moderne, de textes importants qui s’adressent à des personnes : Lorca a pleuré dans un oratorio le torero Ignacio Sanchez Mejias, Supervielle a écrit une ode à Lautréamont et Auden un mémorial pour William Butler Yeats : la langue de la poésie ne se refuse à aucun de ces noms, ils trouvent tous place dans le texte sans le faire éclater.

   (…) La fin du panégyrique en poésie, donc d’un phénomène éminemment politique, s’oppose à toute explication par la politique, la psychologie ou la sociologie. Il s’agit d’un état de choses objectif : le langage poétique se refuse à quiconque veut l’utiliser pour transmettre le nom des hommes au pouvoir. La raison de ce refus ne réside pas hors de la poésie, mais en elle-même.

 

Hans Magnus Enzensberger, Culture ou mise en condition ?, traduction Bernard Lortholary, Les Belles Lettres, 2012, p. 321.

13/05/2017

Jack Spicer, C'est mon vocabulaire qui m'a fait ça

 

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La naissance de Vénus

 

Tout ce qui est détruit doit être jeté

Si cela au moins était une émotion

Les coquillages seraient faux. Campement

Avançant en rien

Campement en partie comme les homosexuels le comprennent comme un chagrin privé

Et en partie comme les autres le comprennent — allumant du feu pour la nourriture.

Non plus, dis-je, l’eau de mer

Ne donne rien.

La naissance de Vénus arriva quand elle fut prête à naître, l’eau de mer ne la remarqua pas et, plus important, il y avait une plage,

pas une plage dans l’univers mais une vraie putain de plage

qui était prête à la recevoir.

Coquille et tout.

Amour et nourriture de

 

Jack Spicer, C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça, traduction de l’anglais (USA) Éric Suchère, préface Nathalie Quintane, le bleu du ciel, 2006, p. 174.

12/05/2017

Diogène Laërce, Sentences vaticanes

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                           Sentences vaticanes

 

  1. La nécessité est un mal, mais il n’y a aucune nécessité à vivre avec la nécessité.

 

  1. Nous sommes nés une seule fois, et il n’est pas possible de naître deux fois ; ne plus être dure nécessairement l’éternité ; mais toi, parce que tu n’es pas maître de ton lendemain, tu diffères ta joie ; or la vie est ruinée par l’attente et chacun, parmi nous, meurt dans l’affairement.

 

  1. Chacun quitte la vie comme s’il venait tout juste de naître.

 

  1. Le fruit le plus important de l’autosuffisance, c’est la liberté.

 

Diogène Laërce, Sentences vaticanes, traduction Daniel Delattre, dans Les Épicuriens, sous la direction de D. Delattre et Jackie Pigeaud, Pléiade/Gallimard, 2010, p. 64, 65, 70, 73.

11/05/2017

Edmond Jabès, Le Soupçon Le Désert

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   Pratiquer l’écriture c’est pratiquer, sur sa vie, une ouverture par laquelle la vie se fera texte. Le vocable est l’étape vers l’inconnu où l’esprit paiera le prix de sa témérité ; cet inconnu sans lequel la pensée ne serait qu’une pensée morte et jamais une pensée à mourir, au plus vif, au plus écartelé de sa mort.

 

Edmond Jabès, Le Soupçon Le Désert, Gallimard, 1978, p. 81.

10/05/2017

Paysages (Périgord)

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09/05/2017

Jacques Izoard, La Patrie empaillée

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Déjà nous attendons juin,

et que les rixes craquent,

ensoleillées comme

tant d’autres appareils du corps :

les yeux dans leurs loges,

gloutons et sereins,

les dents d’aix, les sûres

traces de doigts sur la jambe,

entre les cuisses bleues-belles,

longues du feu tapi.

 

Jacques Izoard, La Patrie empaillée,

Grasset, 1973, p. 72.

08/05/2017

Françoise Morvan, Gitan & Glaïeuls, dans Babel heureuse

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               Gitan

 

Un foulard crasseux brille

Peint de soleils et de chardons

Sur fond de suie violette

 

Idole au front courbé
Tout luisant de sueur et d'huile
Il lève un sourire aux dents claires

 

Et la lumière à plis d’étole
Ondule autour des boucles noires
Pour se poser sur les épaules ruisselantes

 

 

                   Glaïeuls

 

Fleurs tigrées que l’on porte aux morts

Anthères saillant jaune au fond de l’ombre

Lys œil de tigre abysse de mémoire

Glaïeuls moulés d'un bloc comme de cire

Dans l'orange éclaté d'un bulbe

Laissés sur le marbre à reflets miroitants
Au bas du bourg où la fête foraine éclate
Dans une odeur de sucre et d’amande brûlée
Avec crépitements de tirs les fleurs de l’Assomption

Vivent leur temps de vie sous le soleil.

 

Françoise Morvan, dans Babel heureuse,

avril 2017, n° 1, p. 107 et 110.

 

 

07/05/2017

Jacques Prévert, La pluie et le beau temps

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             Étranges étrangers

 

Étranges étrangers

 

Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel

hommes des pays loin

cobayes des colonies

deux petits musiciens

soleils adolescents de la porte d’Italie

Boumians de la porte de Saint-Ouen

Apatrides d’Aubervilliers

brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris

ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied

au beau ilieu des rues

Tunisiens de Grenelle

embauchés débauchés

manœuvres désœuvrés

Polacks du Marais du Temple des Rosiers

Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone

pêcheurs des Baléares ou du cap Finisterre

rescapés de Franco et déportés de France et de Navarre

pour avoir défendu en souvenir de la vôtre

la liberté des autres

 

Esclaves noirs de Fréjus

tiraillés et parqués

au bord d’une petite mer

où peu vous vous baignez

Esclaves noirs de Fréjus

qui évoquez chaque soir

dans les locaux disciplinaires

avec une vieille boîte à cigares

et quelques bouts de fil de fer

tous les échos de vos villages t

ous les oiseaux de vos forêts

et ne venez dans la capitale

que pour fêter au pas cadencé

la prise de la Bastille le quatorze juillet

 

Enfants du Sénégal

dépatriés expatriés et naturalisés

 

Enfants indochinois jongleurs aux innocents couteaux

qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés

de jolis dragons d’or faits de papier plié

Enfants trop tôt grandis et si vite en allés

qui dormez aujourd’hui de retour au pays

le visage dans la terre

et des bombes incendiaires labourant vos rizières

On vous a renvoyé

la monnaie de vos papiers dorés

on vous a retourné

vos petits couteaux dans le dos

 

Étranges étrangers

 

Vous êtes de la ville

vous êtes de sa vie

même si mal en vivez

même si vous en mourez

 

Jacques Prévert La pluie et le beau temps,

Gallimard, 1955, p. 29-31.

06/05/2017

64 Dodoïstu, Les montagnes, les rizières et la mer

       

                       64 Dodoïstu, Les montagnes les rizières et la mer, alain kervern, rupture, grenouille, pluie, femme

L’homme avec qui j’ai rompu

Le voilà au détour du chemin

Vite frottons nous les yeux

Une poussière y est entrée

 

Le long des berges

Par temps de pluie

Des grenouilles se tiennent

Vigiles de l’autre monde

 

La pluie tombe

Les mauvaises langues se délient

La pluie s’arrête

Les mauvaises langues continuent

 

Cœur de femme

Corps de luciole

Sans un mot

Se consument

 

64 Dodoïstu, Les montagnes les rizières et la mer,

traduction du japonais Alain Kervern,

Calligrammes,1984, np.

05/05/2017

Le 7 mai de la patrie et du patron ? et : Mélenchon le 22 avril 2002

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Jean-Luc Mélenchon, le 22 avril 2002 :

 

Quelle conscience de gauche peut accepter de compter sur le voisin pour sauvegarder l’essentiel parce que l’effort lui paraît indigne de soi ? Ne pas faire son devoir républicain en raison de la nausée que nous donne le moyen d’action, c’est prendre un risque collectif sans commune mesure avec l’inconvénient individuel.

 

 

                                      Le 7 mai de la patrie et du patron ?

 

   Non, la littérature n’est pas au centre de mes préoccupations jusqu’au 7 mai. Je lis des prises de position d’écrivains qui laissent perplexes ; résumons : les espoirs nés pour eux avec la candidature de Mélenchon ont été déçus, donc ils n’ont pas à choisir entre les deux candidats à l’élection présidentielle. Je ne discuterai pas, c’est maintenant inutile, le programme nationaliste de Mélenchon, mais ceux/celles qui refusent de voter pour Macron le 7 mai ont-ils lu le programme de Le Pen ? l’ont-ils comparé à celui de Macron ? J’en doute, puisqu’ils s’obstinent à prétendre que l’un et l’autre sont des ennemis, d’une nature différente mais des ennemis. J’ai l’impression désagréable d’un retour en arrière et j’entends encore le communiste Duclos en 1969 appeler à l’abstention sur le thème « c’est bonnet blanc et blanc bonnet », à propos de Pompidou et Poher qui s’opposaient alors au second tour de la présidentielle.

   Où sommes-nous donc ? Je n’ai pas connu une telle confusion en 2002 (y compris de la part de Mélenchon), Chirac était-il alors moins « le candidat des patrons » que Macron ? L’abstention ne fera peut-être pas de Le Pen une élue — mais rien n’est gagné d’avance —, mais elle obtiendra alors un pourcentage beaucoup plus élevé qu’elle ne le devrait, c’est-à-dire que l’élection sera pour les nationalistes de droite un tremplin pour les élections législatives. Réduire le plus possible le pourcentage des voix, c’est commencer à lutter efficacement contre un parti xénophobe, obscurantiste, tourné vers le passé. Il faut bien commencer et cela, ce n’est pas approuver le programme de Macron, c’est de manière positive commencer à lutter pour qu’un cadre, la république telle qu’elle est, continue à exister : cadre qui permet les luttes, politiques et syndicales.

   Je suis gêné d’avoir à écrire de telles évidences.

 

Tristan Hordé, publié sur Sitaudis le 27 avril 2017

04/05/2017

Georges Braque, Le jour et la nuit

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Ne jamais adhérer.

 

Chez ceux qui ont le culte d’eux-mêmes, les convictions remplacent la foi.

 

Contrarions les vocations.

 

Le profil contre la silhouette, l’évolution contre le progrès.

 

Tous les ismes sont des constructions.

 

Georges Braque, Le jour et la nuit, Gallimard, 1952, p. 29, 29, 36, 38, 38.

03/05/2017

Élection du 7 mai : Jacques Lèbre, Angoisse

ANGOISSE

 

Certains d’entre nous ne veulent ni de Macron ni de le Pen (et ils ont bien raison !). Ils voteront blanc ou ils s’abstiendront. Il y a juste un gros problème : malgré leur vote blanc ou leur abstention, le soir du 7 mai, ils auront l’une ou l’autre comme président(e) de la République. Si jamais c’est l’une, je les laisserais se regarder dans la glace le 8 mai au matin. Je les laisserais à leur consternation dont ils seront les seuls responsables.

Il y a une position de rejet face aux deux candidats du deuxième tour, elle est légitime sur le fond (politique) et je la partage. Mais il y a aussi une toute autre légitimité : celle de penser aux réfugiés et aux sans papiers, celle de se demander si par notre non-vote nous allons les abandonner au sort peu enviable que leur promet l’extrême-droite. La légitimité, c’est de penser à ceux qui les aident (dans la vallée de la Roya par exemple) et qui, sous un gouvernement soi-disant de gauche, sont déjà traînés devant les tribunaux – il suffit de lire quotidiennement L’Humanité pour en être informé.

Ce qui est légitime, c’est de se demander si syndicalement et politiquement nous aurons longtemps les moyens de nous opposer efficacement à une extrême-droite qui aura tous les pouvoirs de la cinquième République. Ce qui est légitime, c’est de se demander si les journalistes pourront continuer longtemps à enquêter et à nous informer (les aides à la presse existent, elles peuvent être supprimées).

Ce qui est légitime, c’est de se demander ce que deviendront les politiques d’acquisition des bibliothèques et des médiathèques. Déjà, sous le quinquennat de François Hollande, des bibliothèques se sont désabonnées de certaines revues pour cause de "restrictions budgétaires". Ce qui est légitime, c’est de se demander ce que deviendront les aides à la littérature, à la poésie et aux revues par le biais du Centre national du livre.

Ce qui est légitime, c’est de se demander ce que deviendra la situation des femmes à travers le planning familial et la loi Weil sur l’IVG ; c’est de se demander ce que deviendra la situation des homosexuels. La légitimité, c’est de se demander dans quel monde, par notre non-vote, nous allons abandonner les jeunes Français des cités et des banlieues confrontés quotidiennement au racisme, aux tracasseries et aux violences policières ; que cela ait lieu sous un gouvernement soi-disant de gauche nous laisse deviner ce que cela deviendra sous un gouvernement d’extrême-droite. Car c’est bien ce gouvernement encore en place le premier responsable de la situation actuelle. Je n’oublie pas la droite si nous devons nous souvenir du sinistre ministère de l’identité nationale. Droite et soi-disant gauche confondues, par de sombres et d’inavouables calculs, ont compté sur l’extrême-droite afin de gagner chaque élection au deuxième tour. L’une et l’autre viennent de lamentablement échouer.

Ce qui est légitime, c’est de se poser toutes ces questions. Pour ma part, ma réponse est claire. Au premier tour j’ai voté pour Jean-Luc Mélenchon. Je ne me fais donc aucune illusion sur Emmanuel Macron. Je n’attends ni n’espère rien de lui président de la République. Je le considère bien évidemment comme un ennemi de classe. Mais le 7 mai, en réponse aux questions que je viens de me (et peut-être de vous) poser, je mettrai dans l’urne un bulletin Macron contre l’extrême-droite. Ensuite il nous restera les législatives du mois de juin pour essayer de contrecarrer et de limiter le plus possible le pouvoir de nuisance du (ou de la) candidat(e) élu(e). 

02/05/2017

vote du 7 mai

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