29/10/2023
Jack Spicer, c'est mon vocabulaire qui m'a fait ça
Livre I, chapitre I, Le bureau de la lettre morte
« Vous ne pouvez pas fermer la porte. Elle est dans le futur », dit l’histoire française alors que cela naissait à Charleville. C’était avant la Guerre Civile et je ne pense pas que même James Buchanan était président.
Il y avait un bureau de la lettre morte dans chaque village français ou ville ou cité de la taille de Paris. Il y en a toujours. Rimbaud était né dans le bureau de poste de Charleville. Il était un grand enfant.
Apollinaire avait l’habitude de jouer au golf pendant que d’autres tiraient à la mitrailleuse. De gros papillons essayaient de le libérer des libéraux minesprits. Mais Rimbaud rampait jusqu’à la page qui le démarquait de ses neveux.
Cela était né.
Jack Spicer, Un faux roman sur la vie d’Arthur Rimbaud [posthume], in c’est mon vocabulaire qui m’a fait ça, éditions Le Bleu du Ciel, 2006, p. 216.
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10/03/2020
Jack Spicer, c'est mon vocabulaire qui m'a fait ça
Improvisations sur une phrase de Poe
« L’indéfinissable est un élément de la vraie musique »
La grande harmonie de ce qui
Ne s’abaisse pas en se définissant. La mouette
Seule sur la jetée croassant à gorge déployée
Sur nul poisson, nulle autre mouette,
Nul océan. Autant absolument dépourvue de signification
Qu’un cor anglais.
Ce n’est même pas un orchestre. Harmonie
Seule sur une jetée. La grande harmonie de ce qui
Ne s’abaisse pas en se définissant. Nul poisson
Nulle autre mouette, nul océan — la vraie
Musique.
Jack Spicer, c’est mon vocabulaire qui m’a fait ça,
traduction Éric Suchère, Le bleu du ciel, 2006, p. 103.
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13/05/2017
Jack Spicer, C'est mon vocabulaire qui m'a fait ça
La naissance de Vénus
Tout ce qui est détruit doit être jeté
Si cela au moins était une émotion
Les coquillages seraient faux. Campement
Avançant en rien
Campement en partie comme les homosexuels le comprennent comme un chagrin privé
Et en partie comme les autres le comprennent — allumant du feu pour la nourriture.
Non plus, dis-je, l’eau de mer
Ne donne rien.
La naissance de Vénus arriva quand elle fut prête à naître, l’eau de mer ne la remarqua pas et, plus important, il y avait une plage,
pas une plage dans l’univers mais une vraie putain de plage
qui était prête à la recevoir.
Coquille et tout.
Amour et nourriture de
Jack Spicer, C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça, traduction de l’anglais (USA) Éric Suchère, préface Nathalie Quintane, le bleu du ciel, 2006, p. 174.
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24/09/2016
Jack Spicer, c'est mon vocabulaire qui m'a fait ça
Une brouette rouge
Repose-toi et regarde cette satanée brouette. Quoi que
Cela soit. Chiens et crocodiles, lampes à bronzer. Pas
Pour leur signification.
Pour leur signification. Pour être humain
Les signes t’échappent. Toi, qui n’es pas très brillant
Es un signal pour eux. Pas,
Je veux dire, les chiens et les crocodiles, les lampes à bronzer. Pas
Leur signification.
L’amour
Tendre comme un aigle il plonge
Lavant tous nos visages avec sa langue rêche.
Enchaîné à un rocher et dans ce rocher, nus,
Tous les visages.
L’amour II
Tu as attaché ses ailes. Le marbre
Expose ses ailes attachées.
« Mort à l’arrivée » :
Dis-tu avant qu’il n’arrive quelque part.
Le marbre, où ses ailes et nos ailes d’une manière semblable fleurissent.
In-
Fini.
Jack Spicer, c’est mon vocabulaire qui m’a fait ça, traduit de l’anglais par
Éric Suchère, préface de Nathalie Quintane, Le bleu du ciel, 2006, p. 163.
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20/09/2014
Jack Spicer, c'est mon vocabulaire qui m'a fait ça
Un livre de musique
Arrivant à la fin, les amants
Sont épuisés comme deux nageurs. Où
Cela finissait-il ? On ne peut pas savoir. Aucun amour n'est
Comme un océan avec le cortège vertigineux des limites des vagues
Desquelles deux peuvent émerger épuisés, ni un long adieu
Comme la mort.
Arrivant à la fin. Plutôt, dirais-je, comme une longueur
De corde enroulée
Qui ne se déguise pas dans les dernières boucles de ses longueurs
Ses terminaisons.
Mais, diras-tu, nous aimions
Certaines parties de nous aimaient
Et ce qui reste de nous restera
Deux personnes. Oui,
La poésie finit comme une corde.
Jack Spicer, c'est mon vocabulaire qui m'a fait ça, traduction pat Éric Suchère, préface de Nathalie Quintane, Le Bleu du ciel, 2006, p. 116.
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