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08/03/2024

Georges Perros, Œuvres

georges perros, œuvres, ciel, mer

Les poissons nagent dans l’eau

Bien mieux que l’homme sur terre

Savoir nager c’est misère

Quand on n’est pas maquereau

 

La mouette dans le ciel

Mieux que l’homme vole, vole,

Ah ! voler manque de sel

Quand on n’est pas un oiseau.

 

La mer est toujours à boire.

Le ciel à prendre d’assaut.
Mais si vous voulez m’en croire

Restons-en là.

          Ken Avo !

 

Georges Perros, Œuvres, Quarto/

Gallimard, 2020, p.528.

01/02/2023

Antoine Emaz, De peu

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Bleu très bleu

 

dans le ciel sans fin d’œil

toute histoire engouffrée

rien

quasi lisse vaste couleur quelle

espèce de bleu

sans honte

tant il est sans mémoire

 

              *

 

ciel plein ciel

sans anges

 

on rêve leurs battements d ‘ailes

leurs bruits de mouettes folles

d’envol

 

alors qu’on veut seulement des mots

pour ici

sous l’aplat de l’été

 

Antoine Emaz, De peu, Tarabuste,

2014, p. 269.

01/01/2023

Jours d'hiver

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25/09/2021

Étienne Faure, Et puis prendre l'air

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L’ennui léger à la fenêtre enduré dès l’enfance, à regarder passer dans le ciel quelque chose, attendre un événement venu des nues, infime : un nuage effilé par le vent, la vitesse de l’avion disparu par l’embrasure des arbres, un V d’oiseaux très haut en solitude rebroussant leur chemin et lançant des signaux aux autres animaux restés au sol, cet ennui lentement scruté derrière la vitre avait changé progressivement de sens, glissé par la force des ans — nouveaux cirrus, autre altitude — parmi les  nuages qui commençaient à s’amonceler, non plus singuliers mais pluriels — les ennuis. Et de loin le rire clair qui tout balaie au ciel de mars, à nouveau en mouvement.

 

Étienne Faure, Et puis prendre l’air, Gallimard, 2020, p. 103.

 

            Lecture-rencontre à deux voix :
 Stéphane Bouquet & Etienne Faure
                             liront
Le fait de vivre (Champ Vallon)
                               &
 Et puis prendre l'air (Gallimard)
 
 à la librairie Gallimard -15 Bd Raspail- 
    le mercredi 29 septembre à 19h

21/10/2019

Antoine Emaz, Soirs

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on peut décrocher d’ici et retrouve la mer le ciel – cette image fixe d’un ciel plat sur une mer sans vague – bleu fer bleu vert – sans rien d’autre : deux plaques de mots dans l’œil ferment l’angle et mettent devant un paysage à la fois calme stable et dur – aucune sorte d’éternité retrouvée – aucun soleil d’ailleurs à y bien regarder.

 

on pourrait se contenter

de ce trajet

 

quelque part on se dit

on devrait

c’est déjà beaucoup

mais toujours pas le repos

attendu

 

comme s’il fallait prendre au filet

non pas tant des poissons

que l’eau

 

à peu près

ça

 

Antoine Emaz, Soirs, Tarabuste,

1999, p. 62-63.

20/05/2018

Ossip Mandelstam, Cahiers de Voronej

 

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Je ne le dis qu’au brouillon, en murmurant —

parce que l’heure n’a pas sonné :

le jeu inconscient du ciel ne se révèle

qu’après la sueur et  l’expérience.

 

Sous le ciel provisoire du purgatoire

il nous arrive trop d’oublier

qu’un heureux réservoir de ciel n’est rien

qu’une maison en viager, à coulisses.

 

Ossip Mandelstam, Cahiers de Voronej, traduction

Jean-Claude Schneider, dans Œuvres poétiques,

Le bruit du temps / La Dogana, 2018, p. 552.

30/04/2018

Déborah Heissler, Sorrowful Songs

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Rien que le ciel ouvert

 

                                                                                                Nuit

 

L’horizon comme un cheminement sans fin. Se perdre, ne pas insister. Bouches dans le silence. Trêve. Voir. Sentir. Jouir.

 

Tu le sais que quelque chose peut se passer. Que tu sens. Cri. Gorge. Nuit comme lignes qui se fondent.

 

                                                                                          Fruit brûlé

 

Tu — qui bat entre deux rythmes, juste amnésie à la langue de nos désirs. Corps inclinés, paupières closes.

 

Spasme lumineux du bleu sur la page contre le  soleil avant le jour. Creusement. Torsion de la voix et tournant ainsi étreinte ; dans le milieu du monde, rien que le ciel ouvert.

 

                                                                                          Lignes

 

 

Et qui manquent aux lèvres, traits de neige tenant la terre contre les vents. Impasse du seul geste de tes mains sur mes mains, habiles, ferventes.

 

Je t’ai rêvée bouche et nuque, pointes sèches des hanches déroulant la ligne d’horizon.

 

Esquisse.

 

[…]

 

Déborah Heissler, Sorrowful Songs, Æncrages & Co, 2015, np.

                                                                                                  

15/01/2018

Jacques Roubaud, C et autre poésie (1962-2012)

 

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1994

 

il n’y a pas de ciel

pas d’yeux

pas de voix

rien qu’une lampe

une lampe dans la lumière

s’écoule

et ne reviendra pas

même si elle semble

posée

en permanence

sur la photographie au mur

sur les livres

en l’absence du ciel

d’yeux

et de voix

 

Jacques Roubaud, C et autre poésie

(1962-2012), NOUS, 2015, p. 308.

17/11/2017

Karl Lubomirski, Le ciel..., dans Rehauts

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Le ciel

est un pavot bleu

qui enivre

qui endort.

Le Mystère de la question

du Pourquoi

délie le lien.

Dociles les mains de feu

se posent

sur le corps écailleux du Temps.

 

Toute âme veut rentrer chez elle

soit rossignol

soit rose

ou pierre

veut être un élément

de la pyramide

des flancs de laquelle

elle a chu.

 

Karl Lubomirski, traduction de l’allemand Jacques Legrand, dans Rehauts, n° 40, novembre 2017, p. 83.

07/04/2017

David Constantine, Gare d'Oxford, 15 février 1997

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Gare d’Oxford, 15 février 1997

 

Et puis tout s’arrêta, tout devint très calme.

Je regardais plein nord un petit nuage dans le ciel bleu

Un ciel bleu vers lequel s’éloignaient les rails.

 

Un bleu, si sereinement bleu, qu’il me troubla

Comme quelque chose d’inimaginable que je pouvais voir

Et pour lequel je n’avais pas de mot, je regardai le nuage

 

Un seul nuage blanc dans ce ciel sereinement vide

Léger comme une plume au bord des lèvres

Pour tester le souffle, ultime preuve de la vie.

 

David Constantine, dans Rehauts, n° 39, mars 2017, p. 9.

07/03/2017

Apollinaire, Le Guetteur mélancolique

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La nudité des fleurs c’est leur odeur charnelle

Qui palpite et s’émeut comme un sexe femelle

Et les fleurs sans parfum sont vêtues par pudeur

Elles prévoient qu’on veut violer leur odeur

 

La nudité du ciel est voilée par des ailes

D’oiseaux planant d’attente émue d’amour et d’heur

La nudité des lacs frissonne aux demoiselles

Baisant d’élytres bleus leur écumeuse ardeur

 

La nudité des mers je l’attire de voiles

Q’elles déchireront en gestes de rafale

Pour dévoiler au stupre aimé d’elles leurs corps

 

Au stupre des noyés raidis d’amour encore

Pour violer la mer vierge douce et surprise

De la rumeur des flots et des lèvres éprises

 

Apollinaire, Le Guetteur mélancolique, dans Œuvres

poétiques, Pléiade :Gallimard, 1965, p. 574.

15/02/2017

Fernando Pessoa, Le gardeur de troupeaux

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Je trouve si naturel que l’on ne pense pas

que parfois je me mets à rire tout seul,

je ne sais trop de quoi, mais c’est de quelque chose         

ayant quelque rapport avec le fait qu’il y a des gens qui pensent…

 

Et mon mur, que peut)il bien penser de mon ombre ?

Je me le demande parfois, jusqu’à ce que je m’avise

que je me pose des questions…

Alors je me déplais et j’éprouve de la gêne

comme si je m’avisais de on existence avec un pied gourd…

 

Qu’est-ce que ceci peut bien penser de cela ?

Rien ne pense rien.

La terre aurai-elle conscience des pierres et des plantes qu’elle porte ?

S’il en est ainsi, et bien, soit !

Que m’importe, à moi ?

Si je pensais à ces choses, je cesserai de voir les arbres et les plates et je cesserai de voir la Terre, pour ne voir que mes propres pensées…

Je m’attristerais et je resterais dans el noir.

Mais ainsi, sans penser, je possède et la Terre et le Ciel.

 

Fernando Pessoa, Le gardeur de troupeaux, traduction Armand Guibert, Gallimard, 1960, p. 98-99.

08/11/2016

E. E. Cummings, une fois un (traduction Jacques Demarcq)

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l’amour est une source à laquelle

s’abreuvent ces fous qui ont grimpé

plus raides que les espoirs sont peurs

simplement pas toujours nommées

des montagnes plus si quand chaque

totalité connue s’évapore

 

insouciants sont les amants qui

plus hauts que leurs peurs sont espoirs

sont les amants genoux à terre

eux dont les lèvres heurtent des cieux

inimaginés plus profonds

que le paradis n’est l’enfer

 E. E. Cummings, une fois un, traduction Jacques

Demarcq, La Nerthe, 2015, p. 31.

19/09/2016

Bashô, Le Faucon impatient

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Ne vous cognez pas la tête

est-il écrit sur la porte

 

À perte de vue le ciel

est une nuée d’azur

 

Dans cette terre

qui ne convient aux radis

ils sont tout tordus

 

À peine les poules

ont-elles gagné le juchoir

lune de crépuscule

 

Dans la montagne un portail

et lune du point du jour

 

Du printemps peu à peu

complètent la figure

lune et prunier

 

Bashô, Le Faucon impatient, traduit du

Japonais par René Sieffert, POF, 1994,

  1. 19, 21, 39, 51, 55, 87.

25/08/2016

Lisa Robertson, Le temps

 

Vendredi

 

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                           Vendredi

Nous nous reposons sur la cité ou de l’eau et des formes simulées dans un beau soir après les averses le ciel plein de spécimens de formes bizarres. Cette image présente le commencement d’une brume du soir. Nous nous reposons sur des événements violents ou des enchaînements d’incidents ou d’onguents de maquillage de pollen l’ornement mobile après le fait est entré montrant tapageur vigoureux et humide. De la partie du ciel une masse nuageuse. Nous nous reposons sur le spectacle chtonien prodigieux ou sur l’imbroglio satisfaisant dans l’inachèvement comme dans les brumes basses et rampantes. L’image est après les averses. Elle signifie célèbre éclatant et beau. Dans une belle soirée d’été. Tacite. Après les averses. […]

 

Lisa Robertson, Le temps, traduction de l’anglais (Canada) par Éric Suchère, NOUS, 2016, p. 52.