03/04/2021
Nathalie Sarraute, Enfance
J'ai l'embarras du choix, il y a des livres partout, dans toutes les pièces, sur les meubles et même par terre, apportés par maman et Kolia ou bien arrivés par la poste... des petits, des moyens et des gros...
J'inspecte les nouveaux venus, je jauge l'effort que chacun va exiger, le temps qu'il va me prendre... J'en choisis un et je m'installe avec lui sur mes genoux, je serra dans ma main le large coupe-papier en corne grisâtre et je commence... D'abord le coupe-papier, tenu horizontalement, sépare le haut des quatre pages attachées l'une à l'autre deux par deux, puis il s'abaisse, se redresse et se glisse entre les deux pages qui ne sont plus réunies que sur le côté... Viennent ensuite les pages "faciles" : leur côté est ouvert, elles ne doivent être séparées que par le haut, puis quatre "difficiles", et ainsi de suite, toujours de plus en plus vite, ma main se fatigue, ma tête s'alourdit, bourdonne, j'ai comme un léger tournis... « Arrête-toi maintenant, mon chéri, ça suffit, tu ne trouves vraiment rien faire de plus intéressant ? Je le découperai moi-même en lisant, ça ne me gêne pas, je le fais machinalement...»
Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, p. 79.
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02/04/2021
Max Jacob, Le cornet à dés
Retour philosophique vers ce qui n’est plus
Après l’adolescence, on peut connaître des joies, on ne connaît plus les ivresses. Cacher les trous des chaussettes, les uns par les autres ! avoir peur de manquer le train ! avoir tout juste l’argent de son voyage et qu’au dernier moment un frère encore couché double la somme ! Peut-être est-ce que les ivresses proviennent de ce que les inquiétudes et les hésitations sont plus angoissantes quand on ignore tout. N’aurais-je pas quelque aventure amoureuse à Nantes ? qui dit « amour » dit pistolet, et je n’avais pas de pistolet. Or, ce qui me surprit le plus dans ce voyage, ce fut de me voir reconnu chez un cordonnier par une ressemblance avec une vieille parente et l’éloge que j’entendis de cette personne dont la vie me paraissait nulle. Les jeunes gens prennent tout au sérieux bien qu’ils ne sachent pas donner leur sérieux à ce qu’ils prennent. À la vérité, ils y mettent seulement des émotions disproportionnées.
Max Jacob, Le cornet à dés, dans Œuvres, Quarto/Gallimard, 2012, p. 424.
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01/04/2021
Max Jacob, Le cornet à dés
Je me déclare mondial, ovipare, girafe, altéré, sinophobe et hémisphérique. Je m’abreuve aux sources de l’atmosphère qui rit concentriquement et pète de mon inaptitude.
Un incendie est une rose ouverte sur la queue ouverte d’un paon.
Un ours qui dansait quitta la place du village et alla pisser contre un mur.
Pour se venger de l’écrivain qui leur a donné la vie, les héros qu’il a créés lui cachent son porte-plume.
Max Jacob, Le cornet à dés, dans Œuvres, 2012, p. 361, 361, 363, 365.
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31/03/2021
Max Jacob, Ballades
Photo Carl Van Vechten
Le sommeil
Au Cher Igor Markevitch
Veilleur de nuit, veilleur de nuit,
Dans les rais d’argent de la nuit.
Qu’y a-t-il de plus pauvre que l’homme endormi ?
La nuit ne caresse pas. Ô prison de la nuit !
Mais la pensée est une eau froide
Qui tombe sur ton cadavre vide.
Qu’y a-t-il de plus pauvre que la pensée ?
Elle féconde la misère de l’homme endormi.
Elle arrose la tête, elle l’ensemence.
Pitoyable être, je n’ai compris ton silence
Que dans le sommeil. Pas de dimanche
Pour le sommeil impitoyable de l’homme nu,
Même le songe n’est pas à lui.
Terne oreiller, ô dure terre pour mon épaule,
Songe mystère qui vient du pôle
À l’arbre qui rêve, à l’arbre qui dort,
Pareil est notre sort.
Veilleur de nuit, veilleur de nuit,
L’océan ne fait aucun bruit.
Voici la voile qui s’étale
Le bateau du lac de Stymphale.
Tamponnez le môle du sommeil
Rame nocturne, sabot, je m’éveille.
Max Jacob, Rivage (1931), dans Ballades,
Gallimard, 1970, p. 175-176.
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30/03/2021
Max Jacob, La laboratoire central
Accès de vue perspective
Vue en montagne d’une maison blanche à tourelles.
C’est la nuit ! il y a une fenêtre de lumière,
Il y a deux tourelles, deux tourterelles de tourelles
Derrière la fenêtre et dans la maison
Il y a l’amour et sa lumière de feu !
Il y a l’amour à foison, à ailes, à éloquence
Au troisième étage de la maison
Au troisième étage de la maison dans une autre chambre
Chambre sans lumière, il y a un mort
Et toute la douleur de la mort
La moisson de la douleur,
Les ailes de la douleur
L’éloquence de la douleur
Vue perspective d’une maison blanche à tourelles.
Max Jacob, Le laboratoire central, dans Œuvres, 2012, p. 565.
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29/03/2021
Max Jacob, Art poétique
Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’illusion.
Si bien écrit, si bien écrit qu’il n’en reste plus rien.
On réussit parce qu’on est compris. De qui ?
On peut comprendre la vie à travers l’art, mais non l’art au travers de la vie.
Max Jacob, Art poétique, dans Œuvres, Quarto/Gallimard, 2012, p. 1554, 1555, 1556, 1559.
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28/03/2021
Max Jacob, Les pénitents en maillots roses
Nocturne
Sifflet humide des crapauds
bruits des barques la nuit, des rames...
bruit d’un serpent dans les roseaux,
d’un rire étouffé par les mains,
bruit d’un corps lourd qui tombe dans l’eau,
bruit des pas discrets de la foule,
sous les arbres un. bruit de sanglots,
le bruit au loin des saltimbanques.
Max Jacob, Les pénitents en maillot rose, dans
Œuvres, Quarto/Gallimard, 2012, p. 679.
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26/03/2021
Gaspara Stampa, Poèmes
Vous qui écoutez mes poèmes,
ces tristes, tristes voix, ces accents désolés
de mes lamentations, échos de mon amour
et de mes tourments sans pareils.
si vous savez, en nobles cœurs, apprécier la grandeur,
j’attends de votre estime
pour mes plaintes mieux que pardon, acclamation,
leur raison étant si sublime.
J’attends aussi que plus un dira : « Heureuse
est celle qui, pour le plus illustre idéal,
a subi si illustre épreuve !
Ah ! que n’ai-je eu la chance de ce grand amour,
grâce à un si noble seigneur !
Je marcherais de pair avec telle héroïne ! »
Gaspara Stampa, Poèmes, traduction Paul Bachmann, Poésie/Gallimard, 1991, p. 57.
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25/03/2021
Julien Gracq, Nœuds de vie : recension
Bernhild Boie, responsable de la publication dans la Pléiade des œuvres de Gracq, a puisé, pour construire Nœuds de vie, parmi les fragments de prose conservés dans le fonds déposé à la Bibliothèque nationale. Pour conserver les habitudes de l’écrivain, elle a divisé le livre en quatre chapitres, dont les « contours (...) restent flous, (les) frontières poreuses » : "Chemins et rues", "Instants", "Lire", "Écrire" ; chaque chapitre, à la place d’un exergue, s’ouvre avec une photographie empruntée aux archives de Gracq. On retrouve dans ces proses les thèmes et l’écriture des Lettrines, des Carnets du grand chemin, l’aigu du regard dans l’observation du monde et des choses de la vie, les sorties régulières dans l’imaginaire.
Personne ne restitue jamais par l’écriture un paysage "tel qu’il est", chez Gracq l’espace est souvent perçu en mouvement, de nature complexe, ce qu’un simple "comme" introduit ; un soir, quand il se déplace en Sologne, il semble que l’eau est à l’origine de l’obscurité, « la nuit gagnait peu à peu comme la crue d’un étang noir ». La nuit aidant, la transformation des choses se développe : les yeux « de bête luminescents » devinés sur les côtés de la route sont « comme ceux qui brûlent dans les grands fonds de la mer » : ces passages du vivant d’un milieu de vie à un autre, conduisent au conte de fées, conte qui s’achève avec l’arrivée en ville au sortir de la forêt. La confusion des bruits de la forêt et de ceux de la mer revient régulièrement, on parle pour les bois de « son air compact et vert d’aquarium », de « fosse marine » et même les noms signalés aux carrefours « enflent en vague dans la conque du silence une rumeur submergeante de cloche sourde et de coquille marine ».
Une autre forme de passage peut produire dans la réalité un « déclic magique » analogue à celui que donne le rêve, la découverte d’un sentier ignoré : est franchie « une porte clandestine », « un passage caché » et c’est alors pour le promeneur une traversée du miroir — « comme lorsque, dans le château enchanté des contes (...) » —, et à sa disposition l’« excès dans le don ». Mais ce regard sur l’environnement est de moins en moins partagé. Gracq remarquait qu’avec le temps la relation de la plupart des habitants à la nature disparaît, il constatait qu’en 1978 seule une minorité dans un village cultivait encore un potager : la pelouse avait remplacé les légumes et l’éloignement de la nature était irréversible, quelles que soient les « jérémiades écologiques ».
Ces changements, survenus en quelques décennies, l’écrivain les notait dans d’autres domaines, par exemple dans l’usage de l’outillage le plus répandu aujourd’hui pour écrire. Le choix de refuser l’ordinateur et ce qui lui est attaché, mais également la « promotion » de ses livres, me rangent, écrivait-il avec humour, parmi les « survivances folkloriques » après du « pain Poilâne et du jambon fumé chez l’habitant ». Les décalages entre ses pratiques et l’air du temps expliquent qu’il y a quelque chose de désabusé dans ses remarques à propos de la littérature de son temps ; après 1945, elle n’a fait selon lui que proposer des variations sur des thèmes anciens, souffrant, comme en politique, d’une « crise de l’expression ». « L’univers littéraire » lui apparaissait « en voie d’éclatement », et notamment la poésie, où s’étaient développés progressivement des « univers clos » sans aucun lien entre eux ; pour la critique, ce ne sont plus le désir et l’exigence du lecteur qui seraient premiers mais une lecture conçue, comme « un champ d’investigations, c’est-à-dire, comme elle dit, la substitution au voyage de la carte routière ». Pour ce qui est de l’enseignement de la littérature, qui se refuse à toucher aux « anciennes momies » — pourtant, « Qui lit Homère ? Qui lit Pindare ? » —, il a abouti à leur rejet par les lycéens qui ne veulent plus "commenter" que « Boris Vian, Charlie Hebdo et les bandes dessinées ».
Gracq, lui, s’il n’avait lu de l’Ulysse de Joyce que des fragments (« admirable ouverture »), s’interrogeait sur ce qui lui faisait apprécier tel écrivain, les « qualités visuelles » de Colette, la prédominance « du détail sur l’ensemble » chez Proust, le « génie de grand rhétoriqueur » de Lautréamont, etc. Analysant ce qu’avait été la réception de Ponge, d’abord encensé par Sartre, puis un temps par « le tandem Barthes-Sollers », Gracq craignait que cette œuvre ne soit plus lisible dans l’avenir : en 1976, déjà, « la langue, son support unique, se décolore, se désarticule et s’en va ».
Ces transformations rapides de la langue, qui empêchent dans les années 1970 de penser qu’un livre pourra être lu un siècle plus tard, Gracq les vivait, pensant qu’en France le « support linguistique pourrit (...) à vue d’œil ». Cela ne le détournait pas de l’écriture qu’il assurait pratiquer « en amateur » : l’écrivain professionnel, qui ne cesse d’écrire, accepte de n’être « à chaque instant littéralement que ce que l’écriture va tirer » de lui, position intenable pour Gracq. Il écrivait en amateur, c’est-à-dire qu’il était "celui qui aime", et ce qu’il voulait exprimer ce sont d’abord des « nœuds de vie », « Une sorte d’entrelacement intime et isolé, autour duquel flotte le sentiment de plénitude et de l’être-ensemble ». Cela implique une « réussite de forme », un accord entre son et sens, manière peut-être d’aboutir à la « saisie d’une vérité ».
Julien Gracq, Nœuds de vie, avant-propos Bernhild Boie, Corti, 2021, 176 p., 18 €. Cette recension a été publiée dans Sitaudis le 18 février 2021.
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24/03/2021
Fernando Pessoa, Poèmes jamais rassemblés
En écoutant mes vers quelqu’un m’a dit : en quoi c’est nouveau ? »
Tout le monde sait qu’une fleur est un fleur et qu’un arbre est un arbre.
Moi j’ai répondu : pas tout le monde, personne.
Tout le monde aime les fleurs parce qu’elles sont belles, moi je suis différent.
Tout le monde aime les arbres parce qu’ils sont verts et qu’ils donnent de l’ombre, pas moi.
Moi j’aime les fleurs parce que ce sont des fleurs, tout simplement.
J’aime les arbres parce que ce sont des arbres, sans que j’y pense.
29 mai 1918
Fernando Pessoa, Poèmes jamais rassemblés d’Alberto Caeiro, traduction J-L. Giovannoni, I. Hourcade, R. Hourcade et F. Vallin, éditions Unes, 2019, p. 31.
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23/03/2021
Li Qinzbao (1084-1154), Œuvres poétiques
Poème à chanter 28
Aux cris des grillons cachés dans l’herbe,
Tombent du platane des feuilles effarées.
A cet instant, le ciel et la terre sont lourds de tristesse.
Le nuage vu du perron et la lune, du sol,
Me font penser aux portes fermées »es de mille passes,
Même les barques des fées venant du ciel
Et celles qui y retournent
Ne se rencontrent jamais.
Le Pont des Étoiles, les pies bien que fidèles
Ne viennent le bâtir qu’une fois l’an.
Les adieux et l’éloignemenet affligent sans fin les célestes amants !
Le Bouvier et la tisserande
Sans doute sont-ils loin l’un de l’autre, sinon
Pourquoi l’éclaircie,
Puis l(ondée suivie
D’un bon coup de vent ?
Li Qingzbao, Œuvres poétiques complètes,
traduction Liang Paitchin, Connaissance de
l’Orient/Gallimard, 1977, p.70.
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22/03/2021
Tristan Tzara, Où boivent les loups
I
larmes mères
dans la coupe au givre
sur le bout des chiffres
où il n’y a plus de consolation
filles mères
aux lèvres de soleil
rêves brefs
pareils pareilles
pour s’en souvenir
tel qu’il devint
tant qu’il a fallu
et ce qu’il en garde le loup
Tristan Tzara, Où boivent les loups,
dans Œuvres complètes, 2,
Flammarion, 1977, p. 195.
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21/03/2021
Octavio Paz, Salamandre
Durée
I
Noir le ciel
Jaune la terre
Le coq déchire la nuit
L’eau se lève et demande l’heure
Le vent se lève et te demande
Passe un cheval blanc
II
Comme le bois dans son lit de feuilles
tu dors dans ton lit de pluie
chantes dans ton lit de vent
embrasses dans ton lit d’étincelles
III
Odeur véhémence multiple
corps aux nombreuses mains
Sur une tige invisible
une seule blancheur
IV
Parle écoute réponds-moi
ce que dit le tonnerre
la forêt le comprend
V
J’entre par tes yeux
par ma bouche tu sors
Tu dors dans mon sang
sur ton front je m’éveille
VI
Je te parlerai un langage de pierre
(tu réponds par un monosyllabe vert)
Je te parlerai un langage de neige
(tu réponds par un éventail d’abeilles)
Je te parlerai un langage d’eau
(tu réponds par une pirogue d’éclairs)
Je te parlerai un langage de sang
(tu réponds par une tour d’oiseaux)
Octavio Paz, Salamandre, dans Œuvres,
Pléiade/Gallimard, 2008, p.139-140.
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20/03/2021
Philippe Jaccottet, Le bol du pèlerin (Morandi)
[...] ces paysages de Morandi sont, à les bien regarder, très étranges. Tous, rigoureusement, « sans figures », et si la plupart comportent des maisons, celles-ci ont souvent des fenêtres aveugles : on les dirait fermées, sinon vides.
Ce serait une erreur pourtant d'y voir l'image d'un monde désert, d'une « terre vaine », comme celle du poème d'Eliot ; je ne crois pas que, même sans le vouloir ou sans en être conscient Morandi ait fait de cette partie de son œuvre une déploration sur la fin des campagnes.
Certains critiques ont noté que le peintre aimait à laisser se déposer, quand il ne le faisait pas lui-même, une légère couche de poussière sur les objets de ses natures mortes : était-ce encore une couche de temps qui devait les protéger et les rendre plus denses ? Sur ses paysages aussi, on a souvent cette impression d'un voile de poussière. Il me vient l'image puérile du « marchand de sable », parce que son office est d'apaiser, d'endormir. Je pense même à la « Belle au bois dormant » ; on pourrait nommer ainsi la lumière égale, jamais scintillante ou éclatante, n'opérant jamais par éclairs ou trouées, qui les baigne ; même aussi claire que l'aube, avec des roses et des gris subtils, elle est toujours étrangement tranquille. Paysages « aux lieux dormants ».
Philippe Jaccottet, Le bol du pèlerin (Morandi), La Dogana, 2006, p. 45-46.
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19/03/2021
Laurent Fourcaut, Dedans dehors
Des villes et des champs
La violence on la sent jusque dans l’air des rues
chaque pouce de l’espace est sous la pression
du forcing de la marchandise vile et brute
en ville le vivant souffre d’inanition
le printemps à contre-courant posse sa crue
l’ai puant pourri lui présente l’addition
fazut respirer un bon coup l’air de la rue
pour s’envoyer du bon côté la perdition
et même plutôt le parfum de l’aubépine
blanche il n’est pas possible que mieux on s’avine
entre cambrousse et mer au gré des chemins creux
certes c’est désolé il faut se faire buse
et renard sinon rapidement le cœur s’use
à soutenir le vent farouche et ténébreux
Laurent Fourcaut, Dedans dehors, éditions Tarabuste,
2021, p. 92.
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