Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/03/2022

Laurent Albarracin, Contrebande : recension

Albarracin.jpeg

Le sonnet, introduit en France au XVIe siècle, est resté vivant jusqu’à nos jours, en prenant parfois des formes éloignées du sonnet marotique. On lira la préface de Pierre Vinclair qui rappelle à grands traits l’évolution du sonnet et caractérise ses différentes transformations dans la poésie contemporaine. Il analyse ensuite la manière dont Albarracin reprend cette forme ancienne et son évolution pour ses contenus, proposant ainsi une étude précise de Contrebande. On s’attachera plutôt ici au travail de la forme dans ses détails et à un aspect particulier des contenus.

Le livre se compose de deux groupes de sonnets (25 pour "Bande" et 24 pour "Contrebande") qui encadrent quatorze proses de longueur très variable, "L’atelier général", trois lignes pour la plus brève, une quarantaine pour la plus développée. On pense au sens musical de bande (ensemble de musiciens qui forment un orchestre), contrebande représentant alors une sorte de réponse ; la partie centrale contient quelques « petites ou moins petites machines verbales », pour citer le Ponge de L’Atelier contemporain, titre qui a dû inspirer Albarracin.

Le premier sonnet, titré "La mare", illustre assez clairement ce que fait Albarracin d’une forme. Il retient le schéma du sonnet français (Pelletier du Mans) : deux quatrains à rimes embrassées (ABBA) suivis pour les tercets d’un distique (CC) et d’un quatrain (DEED), et le vers retenu, l’alexandrin, porte un accent à l’hémistiche. C’est cette forme des plus classiques qui est travaillée dans le détail : tout en respectant les contraintes du modèle, une distance est prise grâce au jeu des sons et du sens.

La mare est accroupie dans son coin de soleil,
On dirait dans les rais qu’elle urine à l’abri
Ou qu’elle prend le frais sous sa jupette à plis,
Elle est toute flapie, ensuquée de sommeil.

 Parallèlement aux rimes finales de schéma (eil/i/eil/i), des rimes à l’hémistiche sont introduites en inversant l’ordre (i/ei.i/ai) ; notons la répétition des sons /ai/ et /i/ dans v. 2, « rais » contenu dans « Frais » (v.3), la relation sémantique entre « mare », « [ac]croupie » et « flapie » , la reprise du sens de « rais » par l’image de la « jupette à plis ». Le second quatrain présente des caractères analogues aux hémistiches. On lira d’autres constructions analogues et l’on appréciera l’humour d’Albarracin qui, proposant un "Art poétique", le débute ainsi : « Le premier vers nous coûte alors qu’il est fortuit » et affirme plus loin « Le reste se poursuit sans obstacle majeur » (v.9).

On peut bien imaginer que la pratique du sonnet en rend l’écriture plus aisée, mais la maîtrise acquise des règles n’entraîne pas celle des jeux en tous sens avec la langue. Albarracin n’oublie pas un clin d’œil à la tradition en reprenant quelques-unes des licences codifiées : on relève quelques encor et un avecque. Il en ajoute d’autres, avec la rime de /bleu, en "oubliant" de rimer (enfer /dehors ; inox /phénix) ou au contraire, en répétant dans un sonnet bras à la rime dans le premier quatrain, en reprenant le mot (v. 5 à la rime, v. 11) et en le rappelant avec embrassade dans le v. 12. Le lecteur relèvera nombre de jeux à la rime : paronomases (v. 5/8, chavire / chevir, et v. 6/7, avarie / avanie)("La débroussailleuse") et oxymore (sagesse folle) signalé par une rime avec homophonie : oxymore / occis, morts("Bique"). On ajoute volontiers le plaisir des assonances et allitérations mêlées, comme dans "Métaphysique du dé" : « Car ceux-ci sont son os et son jeune squelette » (v. 5), avec dans le même quatrain, les rappels songer, se, s’efface, sont son bord de son cœur et la chute pour les rimes des vers 13 et 14, chanfrein / sans frein. Sans aucun doute, il faut « ramer pour rimer », associer les sons et exploiter la polysémie !

Dans son analyse du livre, Pierre Vinclair remarque que « les contraintes du sonnet ont semble-t-il aussi desserré un peu l’étau tautologique » propre à des livres précédents comme Le Grand Chosier (2015). La tautologie, sans disparaître de Contrebande, y a une part modeste avec des vers comme « Le cheval réussit du cheval la figure », « Une chose est exactement son être en acte ». Ce qui domine dans les sonnets et les proses, c’est plutôt la métamorphose des choses et des êtres vivants ; elle est affirmée, avec une allusion aux Métamorphoses d’Ovide, « Tout change, tout varie, tout fluctue en fonction / De l’obsession qu’on a : seule vraie dimension », elle fait l’objet dans "L’atelier général" d’une longue prose consacrée aux nuages qui « transportent leur cargaison de métamorphose ». Les ressources de la polysémie peuvent être exploitées ; ainsi "chèvre" désigne un animal et le chevalet, d’où le jeu de mots du titre, "La Chèvre en X", "X" à la rime évoquant plus loin le chevalet et la pornographie ; l’aspirateur poursuit les moutons et « Les grues dans le ciel font un bruit de poulies ». La polysémie est encore à l’origine de l’incite à donner un prénom aux objets : "Louis" pour l’or, d’où "Rebord" pour les chapeaux, etc., en passant de « prénom » à « petit nom », puis à « diminutif ».

Souvent les métamorphoses reposent sur l’emploi de métaphores ; la lune est un ballon, un fruit, un miroir et (avec homophonie et construction en chiasme) « une crêpe entamée par un voile / Et elle une voile endeuillée par un crêpe ». Dans les proses, on s’arrêtera à l’homme de paille qui « s’enflamme pour des riens » et au chas de l’aiguille « trou de souris » avec le commentaire « Ce n’est pas moi qui le dis mais le fil des mots lui-même qui semble prendre son pied dans l’œil de la lettre » Etc. Le lecteur fera ample moisson de découvertes.

On pourra aussi se réjouir des multiples allusions littéraires, minuscules pastiches et presque citations. Au hasard, « Rien ne sert de mourir, il faut vivre content », « l’horreur aux doigts de rose sang », « l’horloge dans la lampe » (d’après le titre d’André Breton, La lampe dans l’horloge), etc. On pense aussi au « Il était une fois » : pas de conte dans ces sonnets, mais un plaisir que l’on sait propre à l’enfance de jouer avec les sons ; est-ce un hasard si Albarracin termine le livre avec ce dernier vers : « L’enfance me revient au rythme qui m’appelle » ? Ce n’est pas tant sa virtuosité dans la composition des sonnets qui ravit à la lecture que son inventivité dans l’utilisation des ressources de la langue dont on a seulement noté ici quelques aspects.

Laurent Albarracin, Contrebande, Le Corridor bleu, 2021, 96 p., 12 €. Cette recension a été publiée par Sitaudis le 10 février 2022.

 

 

 

17/09/2020

Laurent Albarracin, Sonnets de contrebande

portrait_la_web.jpg

Prendre une clochette pour de l’argent content

N’est certes pas commettre une bien grande erreur.

Il est parfois plus de vérité dans un leurre

Si l’on prend celui-ci pour midi au cadran,

 

Car il faut bercer les illusions qui nous bernent,

C’est le meilleur moyen de les circonvenir.

Et dans le but de ne pas trop con devenir,

Vidons nos vessies pour éclairer nos lanternes.

 

Tomber dans le panneau miraculeusement

Arrive à qui est naïf délibérément.

Cela survient quand le mot fait fourcher la chose

 

Et que bifide elle se darde et se regarde

En chien de faïence, stupéfaite, hagarde,

Elle correspond quand à soi-même s’oppose.

 

Laurent Albarracin, Sonnets de contrebande, dans

Place de la Sorbonne, n° 8, mai 2018, p. 46.

28/07/2020

Laurent Albarracin, L'herbier lunatique

AVT_Laurent-Albarracin_8465.jpeg

Retirant la pierre de l’eau

elle luit vivante et morte

On aurait donc arraché

un cœur à ses battements.

 

Mouille un caillou

assombris-le

et son éclat sèche aussitôt

comme un peu de brume lui venant

Souffle sur la pierre

pour attendrir

ton souffle

 

En soupesant une pierre

sentir la pierre faire bloc avec son poids

faire pierre avec la pierre

On ne sépare pas le chacun

du tout

 

Tout  l’opaque de la pierre

est le durcissement d’une clarté

tout le dur de la pierre

l’éclat de sa durée

 

Laurent Albarracin, L’herbier lunatique

Rougerie, 2020, p. 8, 9, 10, 11.

03/01/2019

Laurent Albarracin, Cela

 

      laurent_albarracin_article.jpg

Souvent ça n’est rien de tangible, et ça n’est

Rien non plus d’abstrait. C’est cela. C’est

Désigné par n’importe quoi. C’est tout. Non

Pas la notion du tout, entendez bien, mais

C’est tout qui est cela. Alors on peut s’assoir

Et regarder : la table est cela. La tasse sur

La table, cela. Les vitres sont cela. Le reflet

Des lampes. La pluie qu’on ne voit pas parce

Qu’il fait nuit tombe dans cela.

Cela est une sorte d’escarcelle.

Un pot qui a tout gagné.

Où toute chute se récupère.

 Laurent Albarracin, Cela, Rougerie, 2016, p. 10.

 

17/03/2018

Catastrophes, revue numérique de poésie

catastrophes-revue-numerique-de-poesie.jpg

 

   Contrairement à ce que l’on pourrait penser, très peu de revues exclusivement, ou presque, consacrées à la publication de poèmes sont publiées sur internet, comme par exemple, ce qui reste. Catastrophes, depuis octobre, a fait ce pari : pas de notes de lecture, pas de commentaires, seulement un éditorial en accord avec le titre retenu pour chaque livraison : "Octobre 17", "Zombies ou fantômes", "Noël au ball-trap", "Hautes résolutions", "L’esprit du bas". Chaque fois, les textes sont regroupés en ensembles dont la désignation n’est pas faite, volontairement, pour orienter le lecteur, mais participe de l’esprit de la revue ; qu’on en juge : pour le premier numéro, "Boum", "Tilt", "Shebam", "Dring", "Wizzzz", pour le dernier, "fous", "lubriques", "cornards", "bateleurs". De plus, des poèmes publiés en feuilleton passent dans des rubriques différentes d’un mois à l’autre.

   Pour l’esprit, il y a d’abord le titre, qu’on peut lire comme une provocation dans notre monde en crise — tout comme le logo de la revue (en tête de cet article) — ; mais "catastrophes" est au pluriel, et c’est un « pluriel optimiste » : pour paraphraser les responsables de la revue, l’écriture doit pouvoir bouleverser le cours des choses et créer en même temps, dans la voix, autre chose. Relisons la fin de l’éditorial de la première livraison, il y a à l’œuvre « un puissant désir de tout recommencer. (…) Comme si l’on reparlait, enfin, après la catastrophe. Comme si tout était à construire de nouveau. Comme si c’était Octobre 17. »

   On pourra estimer le projet trop ambitieux, on peut aussi penser qu’il est nécessaire. Est bienvenue une revue de création qui « s’intéresse à toutes les voix », pour laquelle la poésie n’est pas exsangue, mais bien au contraire vivante, inventive, comme le prouvent l’abondance des éditions, la quantité de lectures publiques et de manifestations, le nombre de revues critiques sur internet — répétons avec Catastrophes qu’internet est un moyen qui facilite l’expérimentation. Dans toutes les directions : l’éditorial du n° 5, le dernier paru, souligne que « La poésie fait parler le corps de la langue, pas seulement la tête. Son corps qui jouit, mange, défèque, gonfle risiblement jusqu’à accoucher d’un renouvellement du temps. » Lisons encore une autre proposition, avec laquelle il serait difficile de ne pas être d’accord, pour dire ce qu’est le poème — de Nerval ou de Michaux, d’Emily Dickinson ou de Rose Ausländer : il « relève la part d’inconnu qu’il y a dans les choses », il est toujours du côté de « l’indécidable ».

   Pour mener à bien ce projet, trois écrivains, Laurent Albarracin, Guillaume Condello et Pierre Vinclair travaillent ensemble, retiennent les textes et en sollicitent, choisissent les illustrations, toujours superbes (une pour chaque poème publié). Ils traduisent aussi : G. C., l’anglais, P. V., l’anglais, notamment celui de Singapour. Catastrophes est évidemment une revue ouverte à toutes les langues et, dans ces premiers numéros, le lecteur relira Gabriela Mistral (Chili), découvrira Leónidas Lamborghini (Argentine) et plusieurs poètes des États-Unis de la nouvelle génération (Leslie Harrison, Alan R. Shapiro, Muriel Rukeyser, Solmaz Sharif ). Mahomet, un essai d’Eliot Weinberger, écrivain d’une autre génération (né en 1949), n’était pas traduit, pas plus que Pound pour The Classic Anthology Defined by Confucius, dont la traduction par Auxeméry1 est accompagnée par celle de Pierre Vinclair du Shijing, anthologie de poésie chinoise d’avant notre ère. Auxeméry enrichit sa traduction d’une étude ("L’invention de la lumière ") sur la lecture du chinois par Pound, étude qui éclaire aussi la lecture que l’on peut faire des Cantos et, également, ce qu’est l’acte de traduire, « à la fois se ressembler et se rassembler. Devenir soi, le même de soi, dans le miroir, par l’entremise du miroir exigeant de l’autre en sa diversité. » Pierre Vinclair donne à lire des poètes de Singapour tout à fait inconnus en France (Christiane Cia, Madeleine Lee, Joshua Ip) et, en feuilleton, Claire Tching a entrepris de rassembler des poèmes souvent en français à Singapour ("La poésie française à Singapour"), le plus souvent par des inconnus.

   Il faut reprendre l’ensemble des numéros parus pour voir en quoi Catastrophes, comme je l’ai noté, est une revue de découverte et de création. Outre la traduction de textes inédits en français, outre des poèmes des responsables de la revue, le lecteur rencontrera une "épopée papoue" en tercets de Florence Pazzottu et un poème en prose de Fabrice Caravaca, des sonnets (rimés) de Christian Prigent et un long poème — annoncé de 260 pages — signé Pierre Lenchepé2 et Ivar Ch’Vavar, Serge Airoldi et Alexander Dickow, les échanges de Julia Lepère et Fanny Garin, etc. Sans omettre une discussion entre Laurent Albarracin et Pierre Vinclair à propos de la haine de la poésie : à lire leurs livres, ils s’accordent sur le fait qu’on peut lire dans cette formulation de Bataille le fait que le poème « va dire enfin ce qui est, et qui ne peut être dit autrement » (P. Vinclair), que « la poésie mène du connu vers l’inconnu » (Bataille, Œuvres complètes, V, p. 158)

   Catastrophes est mis en ligne chaque mois, mais il est bon de s’abonner : les contributions arriveront dans votre boîte avant d'être réunies : revuecatastrophes.wordpress@com

 

  1. Auxeméry a publié récemment un recueil de poèmes, Failles /traces (Flammarion, 2017).
  2. enchepé, en Picard, signifie « maladroit » — ce qui s’applique mal à Ivar Ch’Vavar…

Catastrophes, revue numérique de poésie, février 2018, n° 5, np.

Cette note de lecture a été publiée sur Sitaudis le 9 février 2018.

 

24/02/2018

Laurent Albarracin, Plein vent, 111 haïkus

 

laurent albarracin,plein vent,111 haïkus,vache,libellule,oiseau

Dans le pré tendre

les vaches respirent

avec rudesse

 

Une libellule

les yeux exorbités

passe d’un trait

 

Vélo retourné

pour un pneu crevé —

rouet de l’enfance

 

S’envolant de la branche

l’oiseau y laisse

un léger balancement

 

Écrasant un escargot

je songe la frivole

gravité de mes pas

 

 

Laurent Albarracin, Plein vent,

111 haïkus, Pierre Mainard, 2017,

11, 13, 14, 15, 19.

29/04/2016

Laurent Albarracin, Le Grand Chosier

                                        6a015433b54391970c01a73db41b01970d-800wi.jpg

Les orages grondent et grondent mais ils grondent

Sans qu’on sache d’où cela vient, comme une vitre

Tremble, comme sous la poussée d’un taureau vague,

Un taureau venant, taureau se formant dans l’air.

 

Né de son souffle, de son pas ou de son coup

D’épaule, les orages grondent et ils naissent

D’eux-mêmes, de la caresse de leur puissance,

Du doux frisson de la colère qui les roule,

 

Grondent de plaisir comme un éboulis de fauve

Où ronronne un torrent d’eau claire entre ses dents,

Eau qui est salive qui dévaste sa pente.

 

Tels des châteaux d’air en marche sur le gravier —

L’être est amplification de sa venue —

Les orages grondent en s’en faisant l’écho.

 

Laurent Albarracin, Le Grand Chosier, Le corridor bleu,

2016, p. 108.

 

04/06/2015

Laurent Albarracin, Herbe pour herbe

6a015433b54391970c01a73db41b01970d-200wi.jpg

[...]

Les ronces sont difficiles —

on dirait qu’elles sont en végétation

montées en épingles sur elles

leur peine à les extirper

 

De l’inextricable

on peut extraire l’inextricable —

ce sera toujours un fibreux

jus

 

L’herbe floute le sol — le hache

doucement — tant il est vrai

comme venu au tout proche

un peu du lointain horizon

 

Comme l’herbe d’herbe — oui

l’envahi est envahi d’envahi

et le tendre est le plus tendre

au plus dru du tendre

 

Pour soutenir le bleu du ciel

il n’y a que le bleu du ciel —

ce qui porte est soi-même porté —

l’allégresse est joie de joie

 

Les nuages sont gros

des plus fins traits

de la pluie — l’herbe est grise

d’herbe

 

Laurent Albarracin, Herbe pour herbe, Dernier

Télégramme, 2015, p. 51-53.

18/06/2012

Laurent Albarracin, Le Secret secret

54.jpeg

Les armes découvertes

 

 

 [...]

L'herbe on dirait un peigne mou

ondoyant dans la nuit du jour

étendant ses cils tactiles

aveugles et verts aquatiquement

sous la lune du soleil

On dirait un peigne fou, une houle très calme

comme des clés libres dans des pênes bleus

une échine se levant dans un poulpe du monde

un poil de la bête qui viendrait à la chose

des longes rebelles, un vent d'herbe, une tempête en herbe

et un soulèvement pour se rendre

 

 

 

L'herbe monte

dans les fins tuyaux capillaires —

marée du ciel

 

 

 

La tige déjà cueille la fleur

La tige déjà casse et tend

l'immobile fleur

 

 

 

Fougère foudre légère

poussée en son point d'impact

comme ne cravache de l'air

un harnais de cuir en pot

un fouet sage, la côte d'une cage

où naît l'oiseau du ciel

 

Laurent Albarracin, Le Secret secret, Poésie / Flammarion,

2012, p. 68-69.