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14/03/2022

Marie de Quatrebarbes, Aby

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Chez les patients du Dr Kraepelin, il y a des brumes, de l’air démoniaque, des odeurs de charbon, de cadavre, d’étranges fumées envahissent les chambres, on les noie dans le Tigre, ou on tue leurs parents, on vole leurs pensées, ou leur nourriture est mélangée à de la chair humaine, à des déchets, on y verse du poison, du musc, du jus d’aiguilles et de chaussure, de la potasse. Leur sommier pleure quand ils dorment, il est planté d’aiguilles, on les cloue à un arbre, on les pique avec des tarentules, des courants électriques traversent leur corps, on leur injecte un sang étranger, on rend leurs membres raides, de grosses grenouilles rentrent dans leur nez et leurs oreilles avant de sortir par leur bouche. Ça sent le soufre, le roussi, les aliments ont un goût de poison, de pourriture, quelqu’un parle à l’intérieur de leurs organes génitaux, ils sont des loups-garous, des chiens sans maître, on vole leur sang pour en faire quelque chose d’incongru, du boudin, des offrandes au diable. Un jour, ils se laissent mourir sur leur tombe et on salit leurs cheveux, on transforme leur visage en quelque chose d’autre, ils ne se reconnaissent plus, quelqu’un fabrique leurs pensées, influence leurs actes, leur souffle leurs mots. [...]

 

Marie de Quatrebarbes, Aby, P.O.L, 2022, p. 74-75.

 

01/02/2019

Dagmara Kraus, Fatrasie (dans : La tête et les cornes)

Dagmara Kraus, Fatrasie (dans La tête et les cornes), incohérence, Jean-René Lassalle

fatrasie

 

supposons une seule fois

que oiseaumot infiltre

sa trogn morfondue

plutôt tailladée

nonobstant d’extrême circonspection

mi-pointant depuis l’extérieur

tortillé dans sa longue queue

vers une bouche domestiquée

des humeurs cachées déclencheraient

le déchiffrage temporel

de ces obstacles mêmes

 

Dagmara Kraus, traduction de l’allemand

Jean-René Lassalle, dans La tête et les cornes,

n° 6, hiver 2018, p. 1.

 

Dans le même numéro, un extrait de En voie d’abstractionde Rosmarie Waldrop, des poèmes Nils Christian Moe-Repstad (traduit du norvégien), de Maxime Hortense Pascal, de Seung-Hee Kim (traduit du coréen), de Mia You (traduit de l’anglais).

La tête et les cornes s’achète 6 € à Paris chez Yvon Lambert, Texture, Vendredi et Litote. À Bruxelles chez Ptyx et à Marseille à la galerie le 10.

Pour s'abonner il suffit d'écrire un mail à l'adresse suivante : lateteetlescornes@gmail.com