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27/11/2021

Emily Dickinson, Je cherche l'obscurité

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Un grand Espoir est tombé

Tu n’as rien entendu

La Ruine était intérieure

Oh Naufrage rusé

Qui n’a conté aucune Histoire

Et n’a admis aucun Témoin

 

L’esprit fut bâti pour de lourdes Charges

Planifié pour de terribles occasions

Si souvent sombrant en Mer

Soi disant, sur Terre

 

Emily Dickinson, Je cherche l’obscurité, traduction

François Heusbourg, éditions Unes, 2021, p. 73.

26/11/2021

Fabienne Raphoz, Ce qui reste de nous

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sursis d’été à

l’heure d’hiver roux

trois rouges-gorges

jouent à la guéguerre

avant l’aurore

 

 

                                écrire toute une vie

                                     sans autre connaissance           

                                     que — la perte —

                                      des chants et des fleurs)

 

                  *

 

Puis la mousse se gorge quand le tilleul lâ

                  che tout

Toute la forêt détone entre les sabots

                  des bêtes

Une langue se tend du plexus à leurs yeux

                  mi-clos

 

Fabienne Raphoz, Ce qui reste de nous,

éditions Héros-Limite, 2021, p. 27-28.

                                                ©Photo Ianna Andréadis

 

25/11/2021

Pierre Chappuis, En bref, paysage

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Les arbres et leurs ombres : imbriqués mais droits

— des sapins —, rangs serrés, à gagner, regagner du

terrain sur la neige.

 

À la nuit reprendra ses positions avancées.

 

 

Ciel bas, assombri, lourd à nos épaules — si tant est

que... —

 

 

Me tient captif, de si loin, cette prairie enneigée

resserrée sur elle-même, si haut juchée à flanc de

coteau.

 

Pierre Chappuis, En bref, paysage, Corti, 2021, p. 43.

24/11/2021

Pierre Chappuis, La nuit moins profonde

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L’ombre

 

L’ombre des chênes (son épaisseur), là (y fûmes-nous ?), serrés, solidaires (à poings fermés), cœur même de la plénitude de l’été.

 

Y fûmes-nous vraiment ?

 

Que ne nous sépare pas...

 

Que ne nous sépare pas, insensible abîme, le moindre écart.

 

Ce que nous étions ; ce que nous sommes. N’ayant point souvenir des massifs d’ombre côtoyés, mouvants, dont les senteurs portaient à la tête.

 

Un courant de transparence insensiblement nous porte : aurore, démarcation nulle.

 

Pierre Chappuis, La nuit moins profonde, éditions Empreintes, 2021, p. 64-65.

23/11/2021

Pierre Chappuis, La nuit moins profonde

                        

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                                Une photographie

 

   Retour sur image, celle, panoramique, accrochée au mur depuis bien des années, à l’écart.

 

   La mer, basse, a laissé le fond de l’anse à nu. Partout une lumière égale, riante, plane. Bonheur ! Il n’est que de céder, insoucieux, au sentiment d’immensité sans rencontrer d’autre obstacle que, moindre éminence, celui de l’îlot voisin vers lequel tu t’avances dans la tiédeur d’une fin d’après-midi de juillet, minuscule tache rouge et blanche (jupe et corsage) à quoi un œil non averti ne prêterait aucune attention.

 

   Tu ne te retourneras pas. Le temps, inexorablement, est au beau fixe.

 

Pierre Chappuis, L’espace que rien ne borne, dans La nuit moins profonde, éditions Empreintes, 2021, p. 73.

22/11/2021

Aragon, Les Poètes

    aragon,lex poètes,le discours à la première personne,chanter

Le discours à la première personne

 

3

 

J’entends j’entends le monde est là

Il passe des gens sur la route

Plus que mon cœur je les écoute

Le monde est mal fait mon cœur las

 

Faute de vaillance ou d’audace

Tout va son train rien n’a changé

On s’arrange avec le danger

L’âge vient sans que rien se passe

 

Au printemps de quoi rêvais-tu

On prend la main de qui l’on croise

Ah mettez les mots sur l’ardoise

Compte qui peut le temps perdu

 

Tous ces visages ces visages

J’en ai tant vu des malheureux

Et qu’est-ce que j’ai fait pour eux

Sinon gaspiller mon courage

 

Sinon chanter chanter chanter

Pour que l’ombre se fasse humaine

Comme un dimanche à la semaine

Et l’espoir à la vérité

 

J’en ai tant vu qui s’en allèrent

Ils ne demandaient que du feu

Ils se contentaient de si peu

Et avaient si peu de colère

 

J’entends leurs pas j’entends leurs voix

Qui disent des choses banales

Comme on en lit sur le journal

Comme on en dit le soit chez soi

 

[...]

Aragon, Lex Poètes, dans Œuvres poétiques

complètes, II, Pléiade/Gallimard, 2017, p. 451-452.

21/11/2021

Aragon, Les Chambres

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              VI

 

                                            Toutes les chambres de ma vie

M’auront étranglé de leurs murs

Ici les murmures s’étouffent

Les cris se cassent

 

Celles où j’ai vécu seul

À grands pas vides

Celles

Qui gardaient leurs spectres anciens

Les chambres d’indifférence

 

Les chambres de la fièvre et celle que

Que j’avais installée afin d’y froidement mourir

Le plaisir loué Les nuits étrangères

 

Il y a des chambres plus belles que blessures

Il y a des chambres qui vous paraîtront banales

Il y a des chambres de supplications

Des chambres de lumière basse des

Chambres prêtes à tout sauf au bonheur

Il y a des chambres à jamais pour moi de mon sang

Éclaboussées

 

Toutes les chambres un jour vient que l'homme s'y

Écorche vif

Qu'il y tombe à genoux qu'il demande pitié

Qu'il balbutie et se renverse comme un verre

Et subit le supplice épouvantable du temps

Derviche lent le temps est rond qui tourne sur lui-même

Qui regarde d'un œil circuklaire

L'écartèlement de son destin

Et le petit bruit d'angoisse avant les

Heures les demies

Je ne sais jamais si cela va sonner ma mort

Toutes les chambres sont chambres de justice

Ici je connais ma mesure et le miroir

Ne me pardonne pas

 

Toutes les chambres quand enfin je m'endormis

Ont été sur moi la punition des rêves

 

Car je ne sais des deux le pis rêver ou vivre

 

 

Aragon, Les Chambres, dans Œuvres poétiques complètes, II, Pléiade/Gallimard, 2007, p. 1113-1114.

20/11/2021

Aragon, La Grande Gaîté

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Fillette

 

Je voudrais lécher son masque ô masque

Saphir blanc

Tes cheveux carrés

Fourrure

Ô sacré nom de dieu de rouge aux lèvres

Murmure

Esquisse enfant bleu pâle

Je voudrais

Léchere

Ton casque

Ô tutu

 

Aragon, La Grande Gaîté, dans Œuvres poétiques

complètes, I, Pléiade/Gallimard, 2017, p. 413.

19/11/2021

Aragon, Persécuté persécuteur

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Front rouge

 

Une douceur pour mon chien

Un doigt de champagne Bien Madame

Nous sommes chez Maxim’s l’an mil

neuf cent trente

On met des tapis sous les bouteilles

pour que leur cul d’aristocrate

ne se heurte pas aux difficultés de la vie

des tapis pour cacher la terre

des tapis pour éteindre

le bruit de la semelle des chaussures des garçons

Les boissons se prennent avec des pailles

Délicatesse

Il y a les fume-cigarette entre la cigarette et l’homme

des silencieux aux voitures

des escaliers de service pour ceux

qui portent les paquets

et du papier de soie autour des paquets

et du papier autour du papier de soie

du papier tant qu’on veut Cela ne coûte

rien le papier ni le papier de soie ni les pailles

ni le champagne ou si peu

ni le cendrier réclame ni le buvard

réclame ni le calendrier

réclame ni les lumières

réclame ni les images sur les murs

réclame ni les fourrures sur Madame

réclame réclame les cure-dents

réclame l’éventail et réclame le vent

rien ne coûte rien et pour rien

des serviteurs vivants tendent dans la rue des prospectus

(...)

 

Aragon, Persécuté persécuteur, dans Œuvres poétiques complètes, I, Pléiade/Gallimard, 2017, p. 493-494.

18/11/2021

Aragon, Le paysan de Paris

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Le sentiment de la nature aux Buttes-Chaumont

 

Par ces temps magnifiques et sordides, préférant presque toujours ses préoccupations aux occupations de mon cœur, je vivais au hasard, à la poursuite du hasard, qui seul parmi les divinités avait su garder son prestige. Personne n’en avait instruit le procès, et quelques-uns lui restituaient un grand charme absurde, lui confiant jusqu’au soin des décisions infimes. Je m’abandonnais donc. Les jours coulaient à cette sorte de baccara tournant. Une idée de moi-même était tout ce que j’avais en tête. Une idée qui naissait doucement, qui écartait doucement les ramures. Un mot oublié, un air. On le sent lié à tout soi-même, et comme une forme qui en recherche une autre avec sa lanterne au milieu de la nuit, la voyez-vous qui va et vient, ou prend le moindre pli de terrain pour un homme, l’arbuste ou quelque ver luisant. Dans ce calme et cette inquiétude alternés qui formaient alors tout mon ciel, je pensais comme d’autres du sommeil, que les religions sont des crises de la personnalité, les mythes des rêves véritables. J’avais lu dans un gros livre allemand l’histoire de ces songeries, de ces séduisantes erreurs.

 

Aragon, Le paysan de Paris, dans Œuvres poétiques complètes, I, Pléiade/Gallimard, 2007, p. 226.

17/11/2021

Shakespeare, Sonnets

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81

 

Soit je vivrai pour composer ton épitaphe,

Soit tu me survivras, moi pourrissant en terre,

La mort ne peut d’ici dérober ta mémoire,

Même quand je serai tout entier oublié

Ton nom grâce à mes vers aura vie immortelle,

Si je dois (disparu) mourir au monde entier,

La terre m’offrira une tombe ordinaire

Quand tu reposeras au fond des yeux des hommes.

Tu auras pour tombeau mes doux et nobles vers

Que reliront sans fin des yeux encore à naître

Et des langues à venir rediront ton être,

Quand tout ce qui respire au monde expireras ;

     Toi tu vivras toujours (ma plume a cette force)

      Où le souffle prend souffle, dans la bouche des hommes.

 

Shakespeare, Sonnets et autres poèmes, traduction Jean-Michel Déprats, Pléiade/Gallimard, 2021, p. 409.

16/11/2021

Shakespeare, Sonnets

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5

 

Ces heures, dont l’œuvre raffinée a créé

Ce regard merveilleux où tous les yeux s’attachent,

Seront plus tyranniques envers leur propre ouvrage,

Détruisant tout ce qui excellait en beauté.

Car, jamais en repos, le temps mène l’été

Jusqu’au hideux hiver et l’anéantit,

Sève toute glacée, feuilles vertes en allées,

Beauté vêtue de neige et partout nudité,

Alors s’il ne restait de l’été un parfum,

Liquide emprisonné entre des murs de verre,

La beauté et sa puissance d’engendrer mourraient

Sans même laisser un souvenir de ce qu’elles furent.

     Mais les fleurs distillées, confrontées à l’hiver,

     Perdent leur apparence, leur essence survit.

 

Shakespeare, Sonnets et autres poèmes, traduction Jean-Michel Déprats, Pléiade/Gallimard, 2021, p. 257.

15/11/2021

Marcel Sauvage, Mémoires 1895-1981 : recension

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Marcel Sauvage (1895-1988), comme nombre d’écrivains du XXème siècle, n’est plus beaucoup lu bien que plusieurs de ses écrits (romans et essais) soient toujours réédités. Ses Mémoires ne le feront peut-être pas redécouvrir, mais ils se suffisent à eux-mêmes ; recueillis en 1980 par Jean José Marchand, restés inédits et déposés à l’IMEC, ils constituent un ensemble énorme et passionnant d’informations sur la vie littéraire mais qui déborde ce domaine.  Dans cette traversée du siècle, Marcel Sauvage s’attribue parfois un rôle qu’il n’a pas eu, cherchant parfois une reconnaissance qu’il estimait lui faire défaut, les notes de Vincent Wackenheim, on y reviendra, remettent toujours les choses en place et complètent les données chaque fois que nécessaire.

 

Anarchiste pacifiste, engagé volontaire en 1914, Marcel Sauvage a appartenu à la génération des tranchées et des massacres de la Première Guerre mondiale. Il a vu un soldat le corps « écartelé » par un obus : « Des images comme celles-là m’ont rendu encore plus pacifiste dès le début ». Alors qu’il a été atteint par le gaz au chlore, un lieutenant exige qu’il parte à l’attaque et le traîne au bord de la tranchée : ses camarades fusillent ce fou de guerre et lui sauvent la vie. Il a conservé longtemps son idéal, acceptant progressivement des compromis pour, à la fin des années 1920, accepter des concessions, « Mon anarchisme muait peu à peu en scepticisme souriant ». Plus tard, il se rangera du côté du pouvoir en place ; alors qu’il passe la plus grande partie de la Seconde Guerre mondiale en Tunisie pour éviter une probable arrestation, donc qu’il connaît le sort des habitants, il ne comprend pas la révolte de Sétif du 8 mai 1945, violemment réprimée ; pour lui les exactions des Algériens, dont plusieurs milliers sont tués, sont aussi condamnables que la répression par l’armée.
Si l’on revient à sa petite enfance parisienne, elle ne fut pas des plus heureuses. Après quelques années à Vendôme, il rejoint le lycée de Beauvais ; élève brillant, il prend en charge un jeune boursier pauvre, Pierre Pucheu, qui devient ministre de l’intérieur dans le gouvernement de Pétain. Marcel Sauvage prouve jusqu’au bout que l’amitié n’est pas un vain mot et a défendu Pucheu, essayant devant le tribunal militaire réuni en Algérie de démontrer qu’il n’était pas inféodé au nazisme, sans peut-être comprendre le rôle des uns et des autres dans la politique de Vichy. Son plaidoyer n’a pas convaincu les juges et Pucheu a été fusillé le 20 mars 1944 ; quant à Marcel Sauvage il sera violemment attaqué par les communistes pour son témoignage et même agressé physiquement.

 

On ne peut résumer cinquante années d’activité d’écriture. Marcel Sauvage, après 1918, trouve une place de correcteur, donne des contes au journal Le Matin dont Colette est directrice littéraire : c’est sa première entrée dans le monde de la presse, qu’il ne quittera plus. Poète très influencé par Max Jacob (il sera lauréat du prix Max-Jacob en 1953) et André Salmon, il a observé les mouvements littéraires, participé à plusieurs d’entre eux, collaboré à de très nombreuses revues (dont les Cahiers du Sud), travaillé comme journaliste, puis grand reporter à L’Intransigeant, ensuite à l’agence internationale de presse Opera Mundi quand le journal est racheté et prend une orientation plus à droite. Gérant d’un hôtel à Tunis pendant la guerre, il écrit dans Tunis-soir avant de diriger en 1942 Tunisie, Algérie, Maroc (T.A.M.). Après 1945, il a animé des émissions de radio.  
Membre du jury du prix Renaudot à partir de 1927 et jusqu’en 1981, très tôt critique d’art et critique littéraire, il a connu des écrivains et des peintres : Malraux dès 1920 (publié dans la revue Action qu’il avait fondée avec Florent Fels), Cendrars, Édouard Dujardin, Laurent Tailhade, Léon-Paul Fargue (qui « avait en tête les endroits de Paris ouverts nuit et jour »), etc., et les peintres Pascin, Kisling, Vlaminck, etc. Lecteur attentif, il parle, dans une conférence de 1925, de Jouve, Supervielle, Picabia et Éluard, tous fort peu connus. Dans les années 1950 il découvre, pour la Série Noire de Marcel Duhamel, Albert Simonin (Touchez pas au grisbi) et Auguste Le Breton (Du rififi chez les hommes). Il fait aussi dans ces mémoires le portrait toujours précis et vivants de quelques-uns de ses contemporains, ainsi d’André Suarès, rencontré au début des années 1920 :

                      

(..) malgré mes articles toujours favorables, je n’ai pas bien connu André Suarès. Je savais seulement qu’il avait refusé qu’on lui installe l’électricité (ne parlons pas de téléphone) et qu’il recevait un flambeau à la main à son domicile de la rue Cassette, dans la puanteur de ses innombrables chats. Il pensait qu’il n’était pas à sa place, et c’était vrai en un sens, car il mérite d’être considéré comme un très grand. Cependant il est déjà apprécié et considéré par un petit nombre comme un génie. (etc.)

 

Il faut lire la préface de Vincent Wackenheim, elle retient les moments saillants de la vie de Marcel Sauvage et ajoute des éléments absents des Mémoires, notamment à propos de sa vie privée. Le lecteur d’aujourd’hui serait perdu dans l’abondance des faits relatés et les notes qui accompagnent le texte sont indispensables pour les comprendre, reconstituer des contextes et, ce qui n’est pas négligeable, elles sont toujours agréables à lire. Elles sont précieuses jusque dans les détails ; ainsi, le premier numéro de la revue Action étant imprimé en caractères Plantin (p. 142), une note précise (note 6) porte sur Christophe Plantin (1520-1589) et la création du caractère ... Elles apportent aussi régulièrement un peu de fantaisie dans une matière, les notes, qui en manque habituellement ; par exemple, quand Marcel Sauvage raconte qu’il observait à la jumelle, avec un ami, les « priapées » qui avaient lieu dans le petit square derrière Notre-Dame, une note commente avec humour « Nous n’avons pas pu confirmer que ce parc était alors connu comme lieu de débauche ».
Vincent Wackenheim a ajouté de brèves mais abondantes annexes : des articles critiques des livres de Marcel Sauvage, la préface d’Édouard Dujardin pour Cicatrices, un portrait par André Salmon, un autre par Armand Guibert, etc. Suivent le catalogue de la vente aux enchères en 1983 des eaux-fortes, aquarelles, gouaches de MS, des repères biographiques précis, une liste des noms cités — plusieurs centaines ! Comme tous les livres des éditions Claire Paulhan, une riche iconographie accompagne le texte.

Marcel Sauvage, Mémoires 1895-1981, recueillis par Jean-José Marchand, édition et préface de Vincent Wackenheim, Claire Paulhan, 2021, 524 p., 33 €. Cette recension a été publiée par Sitaudis le 14 octobre 2021.

 

 

14/11/2021

Fabienne Raphoz, Ce qui reste de nous

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                                                                 Il était une fois

 

un trille dans la forêt

 

                                 l’air ouvert devant moi

                                 s’était déjà re

                                 fermé un chevreuil me

                                 surprit comme une

                                 pensée soudaine

 

derrière l’écran

 

Fabienne Raphoz, Ce qui reste de nous,

Héros-Limite, 2021, p. 59.

13/11/2021

Eugène Savitzkaya, Bufo bufo bufo

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Berger dans les boues, bête déchirée, mise

en pièces, en lambeaux  jetée, brûlée, de tige

visitée et peinte, traversée, à l’étang mise

sous la glace et touchée par la main , montrant

les entrailles dans la maison, les quartiers, les fleurs,

poitrine vide, fontaine coulée, fontaine fondue,

qui, au milieu des champs, lève le bras de plomb

et dévore le mouton et le veau, ouvrant une bouche

profonde où tombe le jour, du ciel au jardin, et pue,

pue, pauvre.

 

Eugène Savitzkaya, Bufo bufo bufo, éditions de Minuit,

1986, p. 39.