07/07/2022
Wolfgang Hilbig (1941-2007), Six poèmes
Le seuil
La lune blanc vase de nuit se déversait
et j’ai sans lutter abandonné toutes mes couleurs
là où des âmes épuisées se reposent près des bords
à la sortie du faubourg
des dames blanches
qui se reposent près des eaux qui ne sont pas terrestres
qui errent dans des brouillards sans cesse variant leur densité
près d’accotements où l’on n’échappe guère à une peste
de taillis sournois et d’aulnes buissonnants pâles comme cadavres et où tombent des rires — de ventres tailladés de la terre —
rires de trolls et de lémures poussés dans du sable froid.
Cette pente de la route était déjà le bord des mondes
où je cherchais le large et ne l’ai pas gagné —
pas avant d’être vidé de mon sang debout sur mon seuil.
Wolfgang Hilbig, Six poèmes, traduit de l’allemand par Bernard Banoun, dans La revue de belles-lettres, 1022, 1, p. 119.
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