27/07/2022
Jacques Dupin, L'Esclandre
le retour des oiseaux dans la nuit de ma tête
et le déclin du jour sur mes doigts engourdis
j’alexandrinise et je casse le verre
que je n’aurais jamais pu boire, le pénultième
toujours, dans la liturgie de la semaison ivre
le vin est agenouillé sur la terre et devient
transparence à la cime de la montagne
l’aube ne meurt jamais il n’y a que des nains
pour l’enterrer un ivrogne pour la ressaisir
et la tirer du fond d’un regard perdu
et je suis plus vieux que l’aube un cep de vigne
une goulée de vin me lèvent au-dessus du temps
fantôme amer strié de rouge et de blanc
Jacques Dupin, L’Esclandre, P.O.L, 2022, p. 116.
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30/06/2022
Jacques Dupin, L'Esclandre
d’une ombre qui chavire dans la douceur
le temps n’est plus où je me souvenais du temps
des lieux mal-dits, des trahisons, des couleurs
devant le soleil nous comparaissions sans chemise
un soleil chargé de fruits, entre le dénuement
de l’idiot de l’arrière-pays et ce qui surgit
d’un œil vide — un volcan toujours,
une apostasie, loin dehors, près dedans
un printemps sans hannetons, sans fils de la Vierge
le pré jaune de la folie, la langue fendue
dans le neutre, un massacre, un sacrifice
l’homme ouvert que j’affectionne et que je dis
ses traces et lui sans fin disparaissent
Jacques Dupin, Rien encore, tout déjà, dans L’Esclandre,
introduction Dominique Viart, P.O.L, 2022, p. 112.
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