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23/07/2021

Samuel Beckett, Bande et sarabande

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Madame bboggs avait un amant dans la Délégation à l’urbanisme, au point que de, du reste, certaines dames malveillantes de sa connaissance ne perdaient pas une occasion de souligner la disparité frappante tant en ce qui concerne le physique que le caractère entre monsieur bboggs et Thelma : lui si sanguin, si blond et trapu à tous points de vue, attributs qui, remarquez bien, pouvaient non moins servir adéquatement de prédicat à sa fille Una ; une petite créature si frêle et noiraude. Anomalie des plus étranges, pour dire le moins, et qu’aucun ami de la famille ne pouvait vraisemblablement ignorer.

Le coucou présomptif, s’il n’était pas précisément l’un de ces petits bureaucrates sémillants dont on jurerait qu’ils sont venus au monde vêtus par Austin Reed,(1) présentait cependant quelques-unes des particularités spécifiques les mieux connues : le menton à fossette, les yeux de  toutou si attirants, bruns et brillants, la surface sans ride d’un vaste front pâle dont la superficie était au moins le double de celle du bas du visage.

 

Samuel Beckett, Bande et sarabande, traduction Édith Fournier, éditions de Minuit, 1994 (More Pricks than Kicks, 1934), p. 186-187.

1. Chaîne britannique de vêtements.

10/06/2021

Bashô, Jours d'hiver

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De notre malheur

ne résoudra le mystère

le chant du coucou

 

Jusqu’aux fleurs des champs

butine le papillon

aux ailes froissées

 

De la creuse cigale

d’automne le cri sans voix

s’élève en silence

 

Ne pouvant la couvrit

elle fait tomber la lune

l’averse d’hiver

 

Joyeusement

gazouille l’alouette

tire-lire-li

 

Bashô, Jours d’hiver, traduction

René Sieffert, Presses orientalistes

de France, 1987, p. 21, 25, 33, 37, 41.