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16/05/2020

Mario Luzi, Pour le baptême de nos fragments

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Elle s’ouvrit, eau de roche

 

Elle s’ouvrit, eau de roche,

goutta, veine indécise

jusqu’à un gargouillis de source

sous le soleil qui l’incendie —

et voici qu’elle inonde

                                   les ruisseaux

de son ravinement

et l’arche de son rebond,

eau et feu, maintenant,

                                    et enfance

devenue langage

clair et sourd, changeant et éternel,

dents et barbe des prophètes

en ruisselant comme  stalactites et mousse

dans les âges arides,

                                   en des terres désertes

elle épandue à chaque baptême.

Avec elle autrefois j’ai fait mainte ripaille

mais sans rien dissiper : rien.

Ainsi parle la parole,

de cela témoigne le témoignage.

 

Mario Luzi, Pour le baptême de nos fragments, traduction

Philippe Renard et Bernard Simeone, Flammarion,

1987, p. 269.

15/05/2020

Ferdinando Camon, Figure humaine

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                          Figure humaine ou presque

 

Mon village est grand mais les maisons ne sont pas nombreuses et en dehors des routes et on ne se connaît pas entre nous et même les pêcheurs qui vivent dans le Sud où le fleuve ans digue déborde sur les champs et forme comme une mer avancée, ceux-là personne ne savait qu’ils existaient parce qu’ils ne s’étaient jamais montrés au grand jour et je les ai découverts au cours d’une de mes expéditions m’avançant sur les chemins où je n’allais pas d’habitude en effet je me dirigeais vers le nord en passant d’abord devant la ferme des Tojoni ceux qui ont une grande maison carrée et basse avec le toit en pyramide et au-dessus des tas de cheminées disposées curieusement par groupes et basses ou hautes comme des sentinelles fatiguées et il paraît impossible que chacune corresponde à un foyer ou à un poêle et peut-être qu’elles y correspondaient encore quand la maison était habitée par les comtes mais maintenant les comtes sont allés vivre à Montesalice et ils ont une villa au milieu des collines (...).

 Ferdinando Camon, Figure humaine, traduction Jean-Paul Manganaro avec la collaboration de Pierre Lespine, Gallimard, 1976, p. 11.

14/05/2020

Eugenio Montale, La Tourmente

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            Lumière hivernale

 

Lorsque je descendis du haut ciel de Palmyre

sur palmiers nains et propylées candis

et qu’à la gorge un étau m’avertir

que tu m’emporterais,

lorsque je descendis du ciel de l’Acropole

et trouvai, sur des  kilomètres, des corbeilles

de poulpes et de murènes

(ces dents, une scie

sur le cœur qui se serre),

lorsque j’abandonnai cette cime aux aurores

inhumaines pour le musée gélifié

— momies et scarabées — (tu pâlissais,

ma vie unique) et vins comparer lave

et jaspe, sable et soleil, fange

et divine argile —

                            à l’étincelle

qui jaillit, je fus neuf, et fait cendres.

 

Eugenio Montale, La Tourmente et autres poèmes,

Traduction Partice Angelini, Gallimard, 1966, p. 91.

13/05/2020

Salvatore Quasimodo, Poèmes

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           Élégie

 

Froide messagère de la nuit

tu es revenue limpide au balcon

des maisons ravagées

pour éclairer des tombes sans nom

et les restes abandonnés de la terre fumante.

Ci-gît notre songe. Solitaire

tu montes vers le Nord où toute chose

s’achemine sans lumière à sa mort,

et tu résistes.

 

Salvatore Quasimodo, Poèmes, traduction

Pericle Patocchi, Mercure de France, 1958, p. 58.

12/05/2020

Guido Ceronetti, Une poignée d'apparences

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                                   Leopardi et Kafka

 

L’exclusion du salut que Kafka rend plus redoutable, au moment où le piège se déclenche pour nous, n’annule pas la possibilité d’un salut comme explication du bien et du mal, de la vie et de sa destruction. C’est un salut amer et intellectuel, mais c’est l’ultime refuge de l’espérance messianique.

Kafka est un tapis fait de tous les fils et de toutes les couleurs du mystère et de la passion hébraïques, il est prophétique et talmudique, élection traditionnelle et décadence d’un ghetto proche de la démolition, victime expiatoire et tikva sioniste. C’est un tapis volant qui permet de retrouver, après le vol nocturne, le architectures familières de l’absolu métaphysique : bien que suspendues et flottantes, elles nous paraissent reposer, seules, sur un terrain sûr.

 

Guido Ceronetti, Une poignée d’apparences, traduction André Maugé, Albin Michel, 1988, p. 183.

 

11/05/2020

Caarlo Emilio Gadda, L'affreux pastis de la rue des merles

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     C'était une journée splendide, une de ces journées si superbement romaines qu'un fonctionnaire  de 8ème grade, fut-y su' l' point de s' propulser au 7ème, est capable d' sentir lui aussi, mais oui, un je n' sais quoi gigoter en son âme, un p' tit quèque chose qui ressemble assez au bonheur. Il avait l'impression, parole, d'aspirer d' l'ambroisie par les narines, d'en imbiber ses poumons. Et sul' travertin ou l' péperin d' chaque façade d'église, au faîte d'chaque colonne, ce poudroiement doré d'soleil déjà auréolé d'un carrousel de mouches. Et puis, c'est qu'il avait en tête tout un programme, l'Ingravallo. Car à Marino, y avait mieux que l'ambroisie ! "Chez Pippo", en effet, on trouvait un blanc homicide, un p'tit salopard d' quatre ans, couché dans certains biberons, un blanc qui aurait pu électriser, cinq ans plus tôt, le défunt cabinet Facta,  si la Facta factorum en quetion eût été à même d'en soupçonner l'existence. Sur les nerfs d'un molisan, en tout cas, il faisait office de café fort, avec, en plus, tout le bouquet, toutes les nuances d'un cru de grande classe, les témoignages et les constats modulés, lingo-palato,pharyngo-œsophagiques, d'une introduction dyonisiaque. Et qui sait, en s'en'oyant un ou deux d'ces 'odets derrière la cravate...

 Carlo Emilio Gadda, L'affreux pastis de la rue des merles, traduction Louis Bonalumi, Seuil, 1963, p. 49.

 

 

10/05/2020

Tommaso Landolfi, La femme de Gogol

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                                    La femme de Gogol

 

   Au moment que se présente à moi le problème embrouillé de la femme de Nicolas Vassiliévitch, je suis pris d'hésitation. Ai-je le droit de révéler ce qui n'est connu de personne, ce que mon inoubliable ami lui-même (et il avait ses bonnes raisons) voulait cacher à tout le monde, ce qui, dis-je, ne saurait donner matière qu'aux plus perfides et balourdes interprétations — sans compter que cela va peut-être offenser des foisons d'âmes cléricalement et sordidement hypocrites, et quelque âme vraiment pure aussi, pourquoi pas, à condition qu'il s'en trouve encore une ? Ai-je le droit par ailleurs, de révéler une chose devant laquelle mon propre jugement recule, quand il ne prend pas, de façon plus ou moins avouée, le parti de la réprobation ? Comme biographe, cependant, mes devoirs sont précis. Je crois que tout renseignement sur le cas d'un homme si extraordinaire devrait être précieux tant aux générations futures qu'à la nôtre, et je ne voudrais pas confier à un jugement frivole, autrement dit masquer, ce qui n'a pas la moindre chance d'être sainement jugé avant la fin des temps. En vérité, nous permettrons-nous de condamner, nous autres ? Serait-ce donc qu'il nous fut donné de connaître les nécessités intimes et encore les fins d'utilité générale et supérieure auxquelles répondaient les actions de tels hommes extraordinaires, qui ont eu la mésaventure de nous paraître vils ? Certes non, car  à ces natures privilégiées nous n'avons jamais rien compris. « C'est vrai, disait un grand homme, je fais pipi moi aussi, mais pour toute autre raison ! »

[...]

Tommaso Landolfi, La femme de Gogol et autre récits, présentés par André Pieyre de Mandiargues (traducteur de cette nouvelle), Gallimard, 1969, p. 17-18.

09/05/2020

Giorgio Manganelli, Centuries

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                                            Quatre vingt-six   

 

Il se demande souvent si la question du rapport à la sphère n'est pas, de par sa nature même, insoluble. La sphère n'est pas présente en permanence devant ses yeux, cependant, même lorsqu'elle s'éloigne, même lorsqu'elle se retire ou se cache, la sphère agit, et il croit comprendre que si le monde présente cette forme qu'on connaît, c'est précisément parce qu'il doit accueillir la sphère. Parfois, alors qu'il vient de se réveiller, dans la chambre plongée dans une semi-obscurité — le jour a déjà commencé pour tout le monde, et ce n'est pas ce qu'il aime se lever tard, mais en retard — la sphère se tient en équilibre au milieu de la chambre ; il l'examine avec attention car, telle une question, la sphère exige de l'attention. La sphère n'est pas toujours de la même couleur, elle passe par toutes les nuances du gris au noir : parfois, et ce sont les moments les plus intéressants, la sphère bascule, laissant place à une cavité sphérique, à un vide entièrement privé de lumière. Il arrive que la sphère s'absente quelque temps, mais rarement plus d'une dizaine de jours. Elle réapparaît à l'improviste, à n'importe quelle heure, sans raison compréhensible, comme si elle revenait de voyage, comme après une absence légèrement coupable quoique convenue. Il a l'impression que la sphère fait semblant de présenter ses excuses, mais qu'elle est en réalité ironique et, même innocemment, maligne. Il fut un temps où, par la violence, il tenta d'effacer de sa vie cette présence révulsive ; mais la sphère est taciturne, insaisissable, à moins qu'elle ne décide elle-même de frapper ; elle provoque alors dans la partie du corps qu'elle atteint, une douleur opaque, sombre, déchirante. Quoi qu'il en soit, la manifestation typique de l'hostilité de la sphère consiste à s'interposer entre lui et quelque chose qu'il essaie de voir ; dans ce cas, la sphère est susceptible de devenir minuscule, une bille turbulente qui danse et s'esquive devant ses yeux. Il est une fois de plus tenté d'affronter la sphère avec une soudaine brutalité, comme s'il ignorait que, de par sa constitution il est impossible de l'atteindre  ; ou bien il envisage de s'enfuir, de recommencer sa vie en un lieu que la sphère ne connaît pas. Mais il ne croit pas que cela soit possible ; il pense qu'il doit convaincre la sphère de ne pas exister, et il sait que pour la conduire à cette progressive séduction du néant, il lui faut emprunter une voie lente, patiente, labyrinthique, et faire preuve d'ingéniosité et de minutie.

 Giorgio Manganelli, Centurie (cent petits romans fleuves), prologue de Italo Calvino, traduction Jean-Baptiste Para, éditions W, 1985, p. 183-184.

 

 

08/05/2020

Pierre Vinclair, La Sauvagerie

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[6] On n’élève plus de poulets sauvages, hélas ! Les poètes de jadis trempaient leur plume dans l’encrier de l’absolu, le lecteur mangeait de la viande, savait des vers, priait le Père ; le poète de ce temps sont d’hypocrites vegans, élevant en batterie leur poétique, s’agglutinent dans des festivals comme copulent des moucherons d’avril sur une toile lumineuse, et qui pourtant te disent de ronger jusqu’à l’os leurs poèmes pour jouir dans ta bouche à la fin.

 

Pierre Vinclair, La Sauvagerie, Corti, 2020, p. 189.

07/05/2020

Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood

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Quel sens donner au mauvais rêve de la mère putain,

Du père centenaire et du frère déserteur

Comme retranchés chacun dans une solitude amère,

Lequel aux fermages touchés, aux lettres sans réponse,

Sinon qu’on est trois fois coupable de survivre,

Volant aux morts leur dû, et pour justifier l’héritage

Profanant en songe celle qui fut la plus chère.

Mais une barque bleue enlisée dans la neige,

Le chahut de cinq cloches déréglée et fêlées,

Un train roulant à toute vapeur sur un pont de fer,

La façade en feu d’une forteresse qui s’effondre,

De ces obsessions nocturnes aux formes si précises

Rien ne laisse deviner la provenance et la clé.

 

Louis-René des Forêts, Poèmes de Samuel Wood, Fata

Morgana, 1988, p. 9.

06/05/2020

Cesare Pavese, Travailler fatigue

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                  Récit du politique

 

Nous allions le matin au marché des poissons

et nous rincions l’œil : il y en avait d’argent,

des vermeils ou des verts, aux couleurs de la mer.

Comparés à la mer, tout écaillés d’argent,

les poissons l’emportaient. Nous pensions au retour.

 

Même les femmes étaient belles, l’amphore sur la tête,

olivâtre, façonnée sur la forme des hanches

mollement : chacun pensait aux femmes,

leur manière de parler ou de rire, de marcher dans la rue.

Nous étions tous à rire. Il pleuvait sur la mer.

 

Par les vignes cachées dans les replis de terre

l’eau macère feuilles et grapillons. Le ciel

se colore de nuages épars, rougissants

de soleil et de joie. Sur la terre saveurs

et couleurs dans le ciel. Personne avec nous.

 

Nous pensions au retour comme on pense au matin

après toute une nuit occupée à veiller.

Nous jouissions des couleurs des poissons et de l’humeur

Des fruits, à l’odeur pénétrante dans les relents marins.

Nous étions ivres, dans l’attente de retour.

 

Cesare Pavesse, Travailler fatigue, Gallimard, 1961, p. 257.

05/05/2020

Ah ! la culture

                                              Ah ! la cultuuure !

 

Madame Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, était l’invitée de France-Inter le dimanche 3 mai à 12h30. Au cours de sa prestation bien rodée (il était facile de répondre à sa place), le journaliste lui demande pourquoi les restaurants, les cinémas, entre autres, ne peuvent ouvrir, alors que l’on ne risque pas plus d’y être contaminés que dans une grande surface. La réponse n’est pas stupéfiante, elle est dans la droite ligne des politiques, quels qu’ils soient à de rarissimes exceptions, pour lesquels le mot culture renvoie d’abord, sinon à l’agriculture, à la vision d’un match de football ou de tennis, à une visite à Disneyland ou à Notre-Dame. Voici la réponse : « Il y a des choses que l’on fait dans notre vie qui sont indispensables, d’autres qui le sont un peu moins ». En effet, lire — donc aller dans une librairie —, fréquenter le théâtre, le cinéma, l’opéra, toute musiquene sont pas, madame Ndiaye, certes, « indispensables » — un peu moins qu’aller travailler pour « redresser l’économie ». Et puis, de quoi se plaignant-ils, ces libraires et tous les autres : L’État les aide. Il faut sans doute vous rappeler de la dite culture n’existe que vivante, avec ses acteurs, ses lecteurs, pas avec des subventions qui seront de toute manière insuffisantes pour maintenir en vie librairies, cinémas, etc. Il faut vous rappeler aussi un passage célèbre de l’évangile de Luc (4,4), « L’homme ne vit pas seulement de pain », vous rappeler enfin que considérer la culture comme « un plus », comme on dit dans votre jargon, (vous qui parlez volontiers de « fake news », alors que le français « fausses nouvelles » est clair) a souvent conduit à mettre en danger la démocratie, toujours très fragile.

Paul Celan, Grille de parole

paul celan,grille de parole,un œil ouvert,image,martine broda

    Un œil ouvert

 

Heures, couleur mai, fraîches.

Ce qui n’est plus à nommer, brûlant,

audible dans la bouche.

 

Voix de personne, à nouveau.

 

Profondeur douloureuse de la prunelle :

la paupière

ne barre pas la route, le cil

ne compte pas ce qui entre.

 

Une larme, à demi,

lentille plus aiguë, mobile,

capte pour toi les images.

 

Paul Celan, Grille de parole, traduction

Martine Broda, 1991, p. 75.

04/05/2020

William Blake, Chants de l'innocence

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                Chanson du rire

 

Quand les bois verts rient avec l’accent de la joie,

Et que le ruisseau tout en fossettes rit en courant,

Quand l’air lui-même rit de nos gaies saillies,

Et que la verte colline rit en écho,

 

Quand les prés rient de leur vert étincelant,

Et que la sauterelle rit dans ce joyeux ensemble,

Quand Marie, Suzanne et Émilie

De leur douce bouche ronde égrènent les notes du rire,

 

Quand les oiseaux éclatants rient dans l’ombre

Où se dresse notre table offrant cerises et noix,

Viens vivre dans la joie et joindre à moi,

Chantant le doux refrain du rire.

 

William Blake, Chants de l’innocence, dans Poèmes,

Traduction M. L. Cazamian, Aubier-Flammarion,

1968, p. 133.

03/05/2020

Jean Ristat, Le théâtre du ciel, Une lecture de Rimbaud

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                      O bleu

 

                        Scène 1

 

Au petit matin les anges sont les yeux cernés

Et les boulets qu’ils traînent aux pieds font un bruit de

Casserole de quel bagne sortent-ils donc

Tout tachés de nuit à l’odeur de caoutchouc

Brûlé et leurs jupons déchirés laissent voir

Un genou poilu comme un bleuet

 

                             Scène 2

 

Au petit matin les anges ont les yeux meurtris

Ssi bleus à regarder toujours le ciel bleuir

Qu’ils se confondent avec l’azur un simple verre

Coloré pas même un lapis-lazuli et

Loin là-bas mon pauvre amour les dieux reprirent

Leurs chaussettes un nuage sert d’édredon de

Plumes et tout s’éteint alors il fait vraiment noir

 [...]

Jean Ristat, Le théâtre du ciel, Une lecture de Rimbaud,

Gallimard, 2009, p. 81.