16/05/2020
Mario Luzi, Pour le baptême de nos fragments
Elle s’ouvrit, eau de roche
Elle s’ouvrit, eau de roche,
goutta, veine indécise
jusqu’à un gargouillis de source
sous le soleil qui l’incendie —
et voici qu’elle inonde
les ruisseaux
de son ravinement
et l’arche de son rebond,
eau et feu, maintenant,
et enfance
devenue langage
clair et sourd, changeant et éternel,
dents et barbe des prophètes
en ruisselant comme stalactites et mousse
dans les âges arides,
en des terres désertes
elle épandue à chaque baptême.
Avec elle autrefois j’ai fait mainte ripaille
mais sans rien dissiper : rien.
Ainsi parle la parole,
de cela témoigne le témoignage.
Mario Luzi, Pour le baptême de nos fragments, traduction
Philippe Renard et Bernard Simeone, Flammarion,
1987, p. 269.
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