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07/05/2023

Esther Tellermann, Ciel sans prise

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Puis soudain

 je vous perds

et me fige

 reste aux portes

 car rien n’avait

 prêté serment

peut-être un

 secret que le

 corps porte

et soudain

     irradie

la brûlure.

 

Esther Tellermann,  Ciel

 sans prise, éditions Unes,

2023,p. 43.

06/05/2023

Esther Tellermann, Ciel sans prise

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Devons-nous

puiser d’autres abandons

     pour renaître ?

Et la terre nous

porte encore

vers l’incertain

une fois encore vient

     le vertige

des rues vides

et des senteurs acides

pour encore vous

bercer

     décliner

tous les verts.

 

Esther Tellermann, Ciel sans prise,

éditions Unes, 2023, p. 79.

05/05/2023

Esther Tellermann, Ciel sans prise

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Déjà s’étaient

éteints    les horizons

nous devions recueillir

la lumière des chambres

des nuits rompues

par l’absence

de lendemains.

Déjà nous devions

rassembler les

vents et les os    et

tous les gestes

mais voici la main

qui oppose

   le fruit.

 

Esther Tellermann, Ciel sans prise,

éditions Unes, 2023, p. 29.

04/05/2023

Oskar Pastior, Poèmepoèmes

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quand la fête commence à quatre heures le point culminant commence à six quand le poème commence par la fête le point culminant par la fin quand la fin commence à six heures la fête commence par le point culminant quand le point culminant commence par la fin la fin commence le poème quand la fin commence par la fête le poème commence par le point culminant quand le poème commence à six heures le poème commence à quatre quand le point culminant commence le poème commence par la fin quand le poème commence commence la fin

 

Oskar Pastior, Poèmepoèmes, traduction Alain Jadot, NOUS, 2913, p. 90.

03/05/2023

Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète

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une semblable, longtemps après

 

du ciel tombe la neige, désolation,

là tombent tes effets en flocons, adoration,

ils sont à terre dans le trou de ce vers

là entre mes deux socquettes l’air se réchauffe,

là mes trous de socquettes  deviennent trop petits

là je fonce tel un coq écorché vers un rêve

où s’époumonne une poule : c’est mon ode d’antan ;

mais son brio me semble là si minable,

que le ciel s’abat sur moi en éclats de vers.

 

Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète,

traduction Alain Jadot, NOUS, 2015, p. 79.

02/05/2023

Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète

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triste pompon

 

nombre de nuages noirs sombrent ici

ils sont si nombreux et si seuls

que même dans la pénombre

ça ne pourrait pas être plus sombre

qu’en moi en mon club solitaire

et mes pieds et mes mains

 

ils m’assombrissent en soufflant en souffrance

sur ma table de maquillage un nuage noir

avec une frange flottanttant au vent

 

nombre de nuages noirs sombrent ici

qu’en souffrance je sombre je suis à l’é3

tel le nuage de mon pompon en berne

 

toujours davantage

 

Reinhard Priessnitz, 44 poèmes, poésie complète,

traduction Alain Jadot, NOUS, 2015, p. 89.

 

 

01/05/2023

Jean-Baptiste Clément, Chansons : Pour fêter le 1er mai

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tombe de J-B Clément au Père Lachaise

             Liberté Égalité Fraternité

 

                                    Liberté,

                                    Égalité,

                                    Fraternité.

 

Lorsque nous sapons par ses bases

Votre édifice mal d’aplomb,

Vous nous répondez par du plomb

Ou vous nous alignez par des phrases.

En attendant, cher est le pain,

Longs la misère et le chômage…

Hier, en cherchant de l’ouvrage,

Hier, un homme est mort de faim !

 

                                       Liberté,

                                       Égalité,

                                       Fraternité.

 

Vous pouvez couvrir les murailles

De ces mots vides et pompeux :

Ils ne sont pour les malheureux

Que synonymes de mitrailles.

Nous connaissons le prix du pain

Et vos doctrines libérales…

Hier, sur le carreau des Halles,

Une femme est morte de faim !

 

                                       Liberté,

                                       Égalité,

                                       Fraternité.

 

 

Pour qui s’en va l’estomac vide,

Ayant chez lui femme et marmots,

On peut traduire ces trois mots :

Chômage, Misère, Suicide.

Les mots ne donnent pas de pain,

Car nous voyons dans la grand’ville

De vieux travailleurs sans asile

Et des enfants mourir de faim.

 

                                       Liberté,

                                       Égalité,

                                       Fraternité.

 

Ces mots sont gravés dans la pierre

Sur le fronton des hôpitaux,

De la Morgue et des arsenaux

Et sur les murs du cimetière.

Avec le temps, il est certain

Que la bourgeoisie en délire

Finira bien par les inscrire

Sur le ventre des morts de faim.

 

                                       Liberté,

                                       Égalité,

                                       Fraternité.

 

Hommes libres nous voulons être,

Mais il nous faut l’Égalité.

Nous voulons la Fraternité

Mais il ne faut « Ni Dieu ni Maître ».

Moins de phrases et plus de pain,

Et, surtout, moins de politique,

Car nous disons qu’en République

On ne doit pas mourir de faim.

 

                                       Liberté,

                                       Égalité,

                                       Fraternité.

 

Paris-Montmartre, 1884.

 

Jean-Baptiste Clément, Chansons, C. Marpon

et E. Flammarion, 5ème édition, 1887.

30/04/2023

Oskar Pastior, Poèmepoèmes

oskar pastior,poèmespoèmes,femme au foyer,commencer

dans le poème-femme-au-foyer la femme cuivre au foyer refuse l’appellation femme au foyer plus longtemps elle s’arroge le nom lilas ôte les cuivres du mur à partir de là met fin au conte et va au concret se teint les cheveux en roux cuivré mais dans le cas présent ils deviennent lilas et elle malheureuse elle en est consciente et sort tant bien que mal de son état  puis parle d’elle à la troisième personne parfois aussi à la seconde «  lilas est une objet roux » ou « lilas tu te cuivres en lyrisme » lilas est consciente du danger métallique des biographies métaphoriques elle se lance dans une humeur roussie elle frotte les taches blafardes aux murs qui donnent l’impression qu’une femme au foyer ne serait qu’un vieux cadre pour motifs en cuivre

 

Oskar Pastior,  Poèmepoèmes, traduction Alain Jadot, NOUS, 2013, p. 24.

29/04/2023

Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle

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Tu m’aimas dans la fausseté

Du vrai — dans le droit du mensonge,

Tu m’aimas — plus loin — c’eût été

Nulle part ! Au-delà ! Hors songe !

 

Tu m’aimas longtemps et bien plus

Que le temps — la main haut-jetée ! —

Désormais :

            • Tu ne m’aimes plus —

C’est en cinq mots la vérité.                        

                                             (12 décembre1921)

 

Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle, traduction

P. Léon et E. Malleret, Poésie/Gallimard,

1999, p. 119.

28/04/2023

Fleurs du printemps

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Photos T. H. et Chantal Tanet

27/04/2023

Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie

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Tentative de jalousie

 

Comment ça va la vie avec une autre,

Plus simple, n’est-ce pas ? — Rames, claquez ! —

S’est-il vite, le profil de la côte,

Le souvenir s’est-il vite masqué,

 

De moi, de moi, île désamarrée ?

(Voguant de par le ciel, non sur les flots !)

Âmes ! Jamais amantes ne serez !

Sœurs vous serez ! Sœurs : vous ! C’est votre lot !

 

Comment ça va la vie près d’une femme

Simple ? C’est comment sans divinités ?

Votre souveraine, prince profane,

Détronâtes (ledit trône quitté),

 

Comment ça va la vie, les froissis d’ailes,

Les tracas ? Le lever, comment se passe ?

Pauvre créditaire de l’immortelle

Médiocrité, comment faites-vous face ?

 

« Tressauts et syncopes, stop ! Je suis quitte !

Un toit me louerai ! Suffit, le déluge ! »

Comment ça va avec n’importe qui,

Dites, comment, quand on est mon élu ?

 

Pour sûr plus comestible, domestique,

La table ? Qu’on s’en lasse, la faute à qui ?

Comment ça va la vie près d’un pastiche

Pour vous qui trahîtes le Sinaï ?

 

Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie, traduction

E. Malleret, La Découverte, 1986, p.91.

26/04/2023

Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle

 

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Les nuits sans celui qu’on aime— et les nuits

Avec celui qu’on n’ aime pas, et les grandes étoiles

Au-dessus de la la tête en feu et les mains

Qui se tendent vers Celui ­

Qui n’est pas ­— qui ne sera jamais,

Qui ne peut être — et celui qui le doit…

Et l’enfant qui pleure le héros

Et le héros qui pleure l’enfant,

Et les grandes montagnes de pierre

Qur la poitrine de celui qui doit — en bas…

 

Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,

Je connais ce mystère sourd-muet

Que dans la langue menteuse et noire

Des humains — on appelle la vie.

                                                   (1917 ?)

 

Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle, traduction P. Léon et E. Malleret, Poésie/Gallimard,1999, p. 79.

25/04/2023

Johannes Bobrowski, Boehlendorff et quelques autres

 

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À propos de poésies posthumes

 

Comme dans les monts d’Alk

Lorsqu’y court, aussi leste,

La bergère, qu’en plaine,

Et du roc fait son lit,

Mais dont le pied déli-

Cat, pour mille baisers,

Ne veut plus avancer,

Quand moi, pour l’approcher,

Je saute les rochers,

Tant l’amour a des ailes,

Nonobstant les cailloux

Courant au-devant d’elle

Je tombe à deux genoux

Et aperçois en haut

Ma vie et mon tombeau.

 

Johannes BobrowskiBoehlendorff

et quelques autrestraduction

Jean-Claude Schneider, La Dogana,

1993, p. 61.

24/04/2023

Johannes Bobrowski, Terre sarmate

johannes bobrowski, terre sarmate, poème d'amour, lune, hier, aujourd'hui

Poème d’amour

 

Lune, éponge d’huile, lanterne

lune — ou une plante des champs,

lune, disparais,

melon d’eau ou verte, biscornue

courge, je veux

par moi-même éclairer, seul,

mon amie, je veux

m’éteindre plus haut que toi,

rien que d’une hauteur

d’herbe — dans un arbre

surplombant la rivière,

lorsque viendra, humide,

le matin, je serai là, couché,

respirant encore.

 

Et je t’interroge,

toi qui étais couchée près de moi,

au sujet d’une lune

hier : quand a-t-elle disparu . ­ toi,

sans répondre, la lueur

qui vibre depuis ta voix

effleure le nuage.

 

Hier —

j’ai disparu —

aujourd’hui —

je t’ai entendue —

et je continue de respirer.

 

Johannes Bobrowski, Terre sarmate,

traduction Jean-Claude Schneider,

Atelier La Feugraie, 2005, p. 29.

23/04/2023

Johannes Bobrowski, Terre d'ombres fleuves

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Cris de l’hiver

 

Corneilles, corneilles,

vert de la glace, corneilles

au-dessus du fleuve. Hallier

figé, qui fuit sur la rive

vers l’amont.

 

Neige, elle ne retombe pas en poudre,

quand la frôle ton aile,

oiseau, oiseau de buisson, mais

un peu de sang,

ton cœur

pris dans la glace, ton cri

trace de fumée sur

le banc de sable,

 

où avaient lieu d’inlassables

étreintes, toujours

vivait le fleuve.

 

Johannes Bobrowski, Terre d’ombres fleuves,

traduction Jean-Claude Schneider,

Atelier La Feugraie, 2005, p. 43.