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08/01/2024

Henri Michaux, Ecuador

             henri michaux, ecuador, tropiques

Lundi 7 mars

Dans une plantation de bananiers, caféiers, cannes à sucre, à Méra. Dans une cabane de bambous. 

  Peu me sépare de l’extérieur. Je suis presque dehors. Une grêle de lumière, mille couteaux viennent vers moi. Le bambou laisse passer les cris, les bruits et même les chuchotements et, si de l’autre côté quelqu’un s’approche de la paroi on croit que c’est pour vous dire un secret, ou qu’il vous épie. Le bambou n’est pas non plus san traduire tous les mouvements des alentours.

  Dehors, cette partie apprivoisée de la forêt, tous pavillons déployés et les mâts de fête des palmiers. Chonta.

 

  Des drapeaux déchiquetés, enlevés à l’ennemi, ses feuilles lacérées,  et son corps est noir comme s’il sortait du feu. C’est ainsi qu’il est quand il est vieux, le bananier.

Henri Michaux, Ecuador, dans Œuvres complètes, I, Pléiade/Gallimard, 1998, p. 171-172.