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02/05/2024

James Sacré, Paysage au fusil (cœur) une fontaine

                                     DSC_0046_3_2.JPG

Oiseaux qui sont dans l’herbe en automne

 

Une caille est un geste

lancé dans le bleu un carré

de petit lotier (dessin

d’un village hangar et des tuiles

entre deux branches) geste lancé

par-dessus le buisson derrière

caillou tombé de la grande herbe

une ombre où dans le silence

bat son cœur d’ombre où ?

 

La perdrix elle pourrait être un bruit

dans ce poème (silence un automne et la

couleur des regains) si les mots...

                           rien qu’un motif

au bord de l’imagination : tache automne

orangé en (silence) d’un coq de roche — Brésil

ou braise en mon trou natal ; perdrix

rouge dans un regain (pas d’Amazonie) parlé

de plus en plus gris.

 

 

Une caille est tellement loin mais

presque sous mon pied (luzerne

en septembre le temps doré des

petits cailloux blancs) autrefois aujourd’hui

quelle trace : un poème aussi soudain (blanc

de la page rempli derrière la vitre un autre

espace en automne un arbre et des

petits mots noirs) aujourd’hui demain

quelle trace. Le mot caille est tellement

Loin. Poème comme un fusil.

[...]

James Sacré, Paysage au fusil (cœur) une fontaine, repris dans Les Mots longtemps, Qu’est-ce que le poème attend ?, Tarabuste, 2003, p. 81-82. Photo T. H., 2007

04/01/2024

James Sacré, Paysage au fusil (cœur) une fontaine

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           Oiseaux qui sont dans l’herbe en automne

 

Une caille est un geste

lancé dans le bleu un carré

de petit lotier (dessin

d’un village hangar et des tuiles

entre deux branches) geste lancé

par-dessus le buisson derrière

caillou tombé de la grande herbe

une ombre où dans le silence

bat son cœur d’ombre où ?

 

La perdrix elle pourrait être un bruit

dans ce poème (silence un automne et la

couleur des regains) si les mots...

                           rien qu’un motif

au bord de l’imagination : tache automne

orangé en (silence) d’un coq de roche — Brésil

ou braise en mon trou natal ; perdrix

rouge dans un regain (pas d’Amazonie) parlé

de plus en plus gris.

 

 

Une caille est tellement loin mais

presque sous mon pied (luzerne

en septembre le temps doré des

petits cailloux blancs) autrefois aujourd’hui

quelle trace : un poème aussi soudain (blanc

de la page rempli derrière la vitre un autre

espace en automne un arbre et des

petits mots noirs) aujourd’hui demain

quelle trace. Le mot caille est tellement

Loin. Poème comme un fusil. 

[...]

James Sacré, Paysage au fusil (cœur) une fontaine,

repris dans Les Mots longtemps, Qu’est-ce que le

poème attend ?, Tarabuste, 2003, p. 81-82.

26/10/2019

James Sacré, Paysage au fusil (cœur) une fontaine

DSC_0042.jpg

Oiseaux qui sont au loin dans la plaine

 

Courlis qui sont passés loin quel

cri jeté brille encore à l’extrémité

(peut-être) d’une plaine oh si petite

ou d’une enfance oiseaux poursuivis

précaution fusil pour rien après

des guérets traversés des prairies rases

un autre cri jeté plus loin quel

poème brille (bonheur peut-être oiseaux

solitaires et vrais) que je chasse avec

un autre poème.

 

Oiseau ventolier les branches

mesurent son effort son aile

sait décliner croître pour

quel point haut dans l’air nul

secret ni leçon à montrer

le vent large l’emporte

un peu plus loin je regarde

à travers un poème un arbre comme

nul moment ni désir mais dans le vent

 

[...]

James Sacré, Paysage au fusil (cœur) une fontaine,

La Cécilia, 1991, p. 15.

© Photo Tristan Hordé