01/05/2024
James Sacré, Une petite fille silencieuse
À côté des iris sans fleur
Je voudrais que tes joues
Brillent comme au loin, dans le souvenir que j’en ai,
La tuile un peu vieille d’une ou deux maisons seules
Au fond du mot Poitou,
Ou pareil que dans soudain la campagne américaine
Un grand manège où tu t’en vas, charpente en bois peinte roller-
Coaster sa construction savante et fine à travers les arbres...
On entend des cris, on entend
Le silence aussi.
Pendant toute une journée que le beau temps
A été là, quelle impatience quel genou tendre
Sur la pelouse qui dégèle !
Que faut-il oublier pour mieux t’aimer ?
(Pour qu’un poème soit un bas de robe légère
À ta jambe.)
Des petites filles qui t’ont connue sans doute
Ont dit le mot bonjour, de loin
Et comme en riant dans ce paysage où tu pourrais courir.
Un jour le monde avait ton sourire
En octobre en automne quel plaisir d’oublier
D’aimer le temps dans les saisons, le monde
Avait tes joues dans sa couleur,
Ta jambe griffée dans un buisson donne-
Moi la main, donne.
Mais tout s’incline comment dans ce poème,
Où va la jambe du temps ?
Et qu’est-ce qui saigne ?
[...]
James Sacré, Une petite fille silencieuse, André Dimanche, 2001, p. 39-41. Photo T. H, 2007.
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06/01/2024
James Sacré, Une petite fille silencieuse
À côté des iris sans fleurs
4
Je voudrais que tes joues
Brillent comme au loin, dans le souvenir que j’en ai,
La tuile un peu vieille d’une ou deux maisons seules
Au fond du mot Poitou,
Ou pareil que dans soudain la campagne américaine
Un grand manège où tu t’en vas, charpente en bois peinte roller-
Coaster sa construction savante et fine à travers les arbres...
On entend des cris, on entend
Le silence aussi.
Pendant toute une journée que le beau temps
A été là, quelle impatience quel genou tendre
Sur la pelouse qui dégèle !
Que faut-il oublier pour mieux t’aimer ?
(Pour qu’un poème soit un bas de robe légère
À ta jambe.)
Des petites filles qui t’ont connue sans doute
Ont dit le mot bonjour, de loin
Et comme en riant dans ce paysage où tu pourrais courir.
Un jour le monde avait ton sourire
En octobre en automne quel plaisir d’oublier
D’aimer le temps dans les saisons, le monde
Avait tes joues dans sa couleur,
Ta jambe griffée dans un buisson donne-
Moi la main, donne.
Mais tout s’incline comment dans ce poème,
Où va la jambe du temps ?
Et qu’est-ce qui saigne ?
[...]
James Sacré, Une petite fille silencieuse, André Dimanche, 2001, p. 38-40.
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04/05/2011
James Sacré, Une petite fille silencieuse
À côté des iris sans fleurs
1
La beauté d’un jour de juillet,
Grand soleil et bleu mais tempérés par des feuillages
Qui font de l’ombre à la maison tranquille où j’écris.
Telle beauté se nourrit de beaucoup de temps passé,
De choses qui ont changé, de gens qu’on oublie ;
Mais l’herbe de la pelouse verdit.
Je ne verrai plus assise à côté des iris sans fleurs
Une enfant qui regarde un animal familier.
Est-ce qu’un poème ressemble à la verte indifférence de l’herbe,
Ou s’il peut être aussi un geste pour voir ?
La persistance d’une pluie un jour d’été,
Avec des moments que l’on entend plus fort,
Produit de la fraicheur qui est bonne
À la moiteur d’un gros bourg
Dans l’ouest rempli d’arbres et de collines de la
Nouvelle- Angleterre.
Quelqu’un a l’impression
Que toute l’activité de la pluie lui rend
Les façons d’être un corps (une jambe, un visage disparus) comme à
nouveau sensibles ;
En fait c’est qu’un poème qui s’écrit à cause
De l’attention prêtée à un bruit d’eau, à cause d’événements récents,
les mots
Perdent leur sens où du plaisir s’empêtre en des tourments de cœur.
James Sacré, Une petite fille silencieuse, collection Ryôan-ji, André Dimanche éditeur, 2001, p. 27-28.
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