28/05/2024
Jules Renard, Journal
Le devoir ? Ah ! non, laissez-moi tranquille.
Quand il se regardait dans une glace, il était toujours tenté de l’essuyer.
Un livre nous déplaît partout où il nous ressemble.
Ne jamais rien faire comme les autres en art ; en morale, faire comme tout le monde.
Le talent, c’est comme l’argent : il n’est pas nécessaire d’ne avoir pour en parler.
Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 116, 117, 124, 127, 129.
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27/05/2024
Jules Renard, Journal
J’ai vu, monsieur, sur une table de boucher, des cervelles pareilles à la vôtre.
On peut donner le ton des paysans sans faute d’orthographe.
Il y a des critiques qui ne parlent que des livres qu’on va faire.
Comme c’est vain une idée ! Sans la phrase, j’irais me coucher.
C’est une erreur commune de prendre pour des amis deux personnes qui se tutoient.
Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 98, 99, 103, 103, 106.
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26/05/2024
Jules Renard,Journal
Le style, c’est l’oubli de tous les styles
Acquiers le talent de dire sans bâiller : « C’est intéressant. »
Ne jamais être content : tout l’art est là.
Soyez tranquille ! Je n’oublierai jamais le service que je vous ai rendu.
Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent.
Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 88, 95, 96, 96, 97.
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25/05/2024
Jules Renard, Journal
Un monsieur très bien propriétaire d’un palmier en Tunisie.
Il jouait du piano d’une façon remarquable avec un seul doigt.
Le réalisme ! le réalisme ! Donnez-moi une belle réalité : je travaillerai d’après elle.
Un peintre, c’est un homme qui porte un béret.
Il est tombé sur moi à coups de compliments.
Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 60, 52, 66, 67, 69.
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24/05/2024
Jules Renard, Journal
Cette sensation poignante qui fait qu’on touche à une phrase comme à une arme à feu.
On peut être poète avec des cheveux courts.
On peut être poète et payer son loyer.
Quoique poète, on peut coucher avec sa femme.
Un poète, parfois, peut écrire en français.
Les bourgeois, ce sont les autres.
Cherchez le ridicule en tout, vous le trouverez.
Elle avait une peur ridicule du ridicule.
Jules Renard, Journal, Gallimard/Pléiade, 1965, p. 50, 51, 51, 54, 55.
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23/05/2024
Guillaume Des Autels, De son amour
De son amour,
Sonet
Il me souvient (bien souvenir m’en doit)
Du jour tresaint, que ma tres digne Sainte,
De son aguille en son rouge sang teinte,
Subtilement à couldre s’entendoit :
Et ce pendant que mon œil regardoit
À sa façon d’ovrer tant belle, et cointe :
Amour poingnaoit mon cœur d’une autre pointe,
Et à la main de ma Sainte accordoit.(= s'accordait)
Ha (dy je) Amour tu me fais grand’injure :
Ma Sainte icy tantost plus ne couldra,
Et cessera si galante piquure.
De toy enfant, jamais ne defaudra
La tresfascheuse et très grieve pointure (= douloureuse piqûre)
Qui sans cesser tout jour mon cœur poingdra.
Guillaume Des Autels, De son amour, dans La Pléiade, Poésie, poétique, édition Mireille Huchon, Gallimard/Pléiade, 2024, p. 206.
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22/05/2024
Quelques fleurs du printemps
Photos Chantal Tanet
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21/05/2024
Jean-Antoine de Baïf, L'amour de Francine
Pauvre Baif mé fin à ta sotise
Cesse d’estre amoureux :
Garde qu’amour de son feu ne t’atise
Et tu vivras heureux.
Puis que Francine
Te fait la mine (= se montre hautaine)
Et te dedaigne,
Aincois se baigne (= mais prend plaisir)
Pour son amour, à te vois langoureux.
Laisse-la là comme chose perdue,
Sans en faire plus cas,
Et sans espoir qu’elle te soit rendue,
Tout souci metz-en bas. (= abandonne)
Veux-tu contreindre
Son cueur de feindre,
Qu’elle te porte
Une amour forte,
Quand tu vois bien qu’elle ne t’aime pas :
Un tems croit que du jour la lumiere
Heureuse te luysoit,
Quand ta maitresse à t’aimer coutumiere
Avec toi devisoit :
Maitrese aimée,
D’ame enflammée
Avant qu’une ame
D’amour s’enflamme,
Par toy à qui sur tout elle plaisoit.
(…)
Jean-Antoine de Baïf, L'amour de Francine,
dans La Pléiade, Poésie, poétique, édition
Mireille Huchon, Gallimard/Pléiade,
2024, p. 677.
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20/05/2024
Marina Skalova, Trouer la brume du paradis : recension
Marina Skalova, traductrice du russe et de l’allemand, publie aussi des poèmes (on peut la lire dans la dernière livraison de La revue de belles-lettres, 2023-2). Trouer la brume du paradis a été écrit pour le festival de Poésie de Genève, lu le 24 septembre 2022 et enregistré* : elle a consacré ce texte à une poète russe disparue, Yanka Diaghileva (1966-1991), dont elle a traduit un livre de poèmes à paraître en 2025 aux éditions suisses Zoème. Parmi d’autres, on lira ces renseignements dans l’une des pages centrales de la revue.
Marina Skalova ne fait pas que raconter ce qu’elle a pu rassembler de la courte vie de Yanka Diaghileva, elle la situe dans l’URSS des années 1980, dans la Sibérie où elle est née ; elle traduit aussi les chansons de la jeune femme qui en disent long sur ce qu’était la société de l’époque. C’est en Sibérie, peuplée d’une kyrielle de peuples déportés par Staline, qu’a été installé l’essentiel de l’appareil industriel soviétique — il y est encore. Yanka Diaghileva y est née dans une famille d’ingénieurs et était destinée à la même profession que ses parents, mais c’est la littérature et la musique qui l’intéressaient ; elle a interrompu ses études, écrivant poèmes et chansons. Il était exclu dans ce monde fermé de s’écarter de la norme où tout était réglementé, paroles de chansons comme achat de livres et de CD : la psychiatrie remettait les idées en place et une chanson de Diaghileva le rappelle en 1987 dans Comment vivre (strophe 1, 3 et 8, la dernière) :
Comment vivre — on te le dira en réunion
boire quoi — t’as qu’à lire l’oukase
manger quoi — rubrique "conseils utiles"
la vie mode d’emploi — lis l’oukase trois fois
et deux fois le papier sur les fusées ailées
Avec qui coucher — demande à la cellule
on te donnera une réponse conforme
chaque indécence te couvre de honte
crie « non » aux guerres des étoiles !
À la vie d’Illitch aux préceptes de Lénine
en avant marche — drapeaux rouges hissés haut
le monde est entre nos mains à tous
nous brandissons nos drapeaux !
Dans le rien qu’était la proximité des pôles s’est développée une variété de punk, « la pièce déficitaire, le produit manufacturé qui fait dérailler la chaîne de l’usine ». En 1987, Yanka Diaghileva rencontre Egor Letov qui avait fondé trois ans plus tôt le groupe "Défense civile" ; tous deux chantent où ils le peuvent, s’opposant à tout ce qui était plus ou moins accepté par la majorité des Russes : « Si on y arrive avant cette nuit on ne rentrera pas dans nos cages / En deux secondes on doit être capable de s’enfouir sous terre / On restera couchées quand on se fera rouler dessus par les voitures grises / Elles emporteront ceux qui ne savent pas se prélasser dans la crasse » (1988, Sur les rails du tramway, strophe 2). Dans un univers à peu près exclusivement masculin, c’est par la force de ses chansons que Yanka Diaghileva s’impose et Marina Skalova détaille leur caractère particulier : elles ne sont pas seulement un rejet d’une manière de vivre.
Prenant un exemple, elle explique comment elle choisit de les traduire, montrant qu’il est quasiment impossible d’en restituer le rythme et son usage très particulier de la langue russe ; les vers « sont des sortes d’anagrammes souvent composées de deux parties dont elle [Y. D.] permute deux lettres ou deux mots pour passer de l’une à l’autre. » Le sens n’est pas du tout absent mais « La logique est d’abord sonore » et la poète joue constamment avec les assonances et les allitérations, les sonorités. D’où la remarque de Jean-Baptiste Para cité ici, également traducteur de ces poèmes, « Face à un poème, on est face à un incendie. On ne peut pas tout sauver. » Les vers ne respectent pas toujours la métrique ni la cohérence, il s’agit donc dans la restitution d’être « fidèle au geste » et non d’essayer de présenter un texte sans ambiguïté.
Marina Skalova écrit en connaissance de cause ; avant de connaître, à l’âge adulte, la jeune chanteuse, elle aimait la musique punk occidentale et écrivait des chansons — perdues avec l’ordinateur qui les contenait. Pour elle, traduire Yanka Diaghileva c’est revivre des moments de son adolescence mais, au-delà des souvenirs, c’est découvrir une poésie « traversée d’éclats, de bruits de tessons, de bribes de comptines, de postes-frontières, de gyrophares, de visions fulgurantes, d’éléments fantastiques, d’êtres mythologiques. » La jeune poète fait éclater les limites d’un milieu étroit où penser par soi-même, comme maintenant sous le règne de Poutine, équivalait à se condamner à la prison, à la déportation, dans le meilleur des cas. Elle chante une volonté d’être libre, d’être elle-même, dans un pays où le sort de la femme est d’être « au bord », jamais au centre, et elle est sans illusions sur ce qui viendra après l’URSS (1987, L’Enfer-le bord, début) :
Repose-toi, je me tais, je suis en bas, sur le côté.
Je suis dans le coin, où l’on se tait, tout au bord.
Le bord est quelque part, l’Enfer est quelque part, l’Eden n’est nulle part.
Voilà le bord — l’Enfer c’est là. L’Eden est par-là — il n’y a rien là-bas.
Marina Skalova conclut par un état des lieux : « En 2022 en Russie, le punk est à la mode, beaucoup de jeunes ont les cheveux verts ou rose, et c’est à peu près la seule liberté qui reste. » Le 9 mai 1991, Yanka Diaghileva entre dans la forêt. On retire son corps d’un lac une semaine plus tard. Elle n’a rien publié de son vivant, le premier recueil (100 poèmes) date de 2003. En attendant de lire en français un volume de ses poèmes, on apprend un peu à la connaître, elle qui chantait « Brûle-brûle flamme, surtout ne n’éteins pas ».
Marina Skalova, Trouer la brume du paradis, L’Ours blanc, n° 39, automne 2023, 28 p., 6 €.Cette recension a été publiée dans Sitaudis le 26 février 2024.
19/05/2024
Pontus de Tyard, Mon esprit ha heureusement porté...
Mon esprit ha heureusement porté
Au plus beau ciel sa force outrecuidée, (=présomptueuse)
Pour s’abbruver en la plus belle Idée,
D’où le pourtrait j’ai pris de ta beauté.
Heureusement mon cœur s’est enretté (= pris au piège)
Dens ta beauté d’un libre œil regardée :
Et ma foy s’est heureusement gardée,
Et t’a ma bouche heureusement chanté :
Mais si encore heureusement j’espere,
Qu’en fin ton cours (ô ma divine Sphere)
Veut asseurer la creinte qui me touche,
J’auray parfait en toy l’heur (=bonheur) de ma vie,
Et toy en moy l’heur d’estre bien servie
D’esprit, de cœur, d’œil, de foy et de bouche.
Pontus de Tyard, dans La Pléiade, Poésie, poétique, édition Mireille Huchon, Gallimard/Pléiade, 2024, p. 665-666.
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18/05/2024
Étienne Jodelle, Sonnet
Le flamboyant, l’argentin, le vermeil,
Œil de Phebus, de Phebé, de l’Aurore,
Qui en son rond brule, pallit, decore,
Midi, minuit, l’entrée du Soleil :
Ses feux, son teint, l’honneur de son réveil,
Voudrait cacher, brunir, et tenir ore (=maintenant)
Voyant le feu qui ard, blanchit, honnore,
Ton jour, ta nuict, et la fin du sommeil.
Phebus alors que plus le ciel alume,
N’est poinct si beau qu’on le voit par ta plume,
Phebé n’est poinct, ny l’Aube belle ainsi,
Ô peintre heureux ! mais plus qu’Ange ! qui ores
As bien tant peu (=pu), que mesme tu colores
Le Soleil mieux, la Lune, et l’Aube aussi.
Étienne Jodelle, Sonnet, dans La Pléiade, poésie, poétique,
édition de Mireile Huchon, Pléiade,/Gallimard, 2024,
p. 484.
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17/05/2024
Francis Ponge, Pratiques d'écriture
Témoignage
Né depuis 13 ans. Jeté alors au milieu du monde, muni d’une aiguë et profonde … sensibilité, ou par elle contre l’épaisseur des choses plutôt démuni. Enrichi par l’éducation de la formidable ressource des paroles, ou plutôt par elle chargé embarrassé. Il ne reste plus, après avoir vécu 35 années, qu’à parvenir au jour.
A propos des choses les plus simples, tout me semble rester à dire. Par le travail de tous les diables. « Les qualités les plus pures de la pensée ne se peuvent imaginer sans quelque défaut qui la mette en action. »
Sollicité par les muettes instances de toutes choses, et de moi-même, c’est pour être exprimées selon leur propre mesure.
N’ayant aucune impression d’avoir jamais été le vainqueur, voilà pourquoi je continue à écrire — chacun de mes précédents poèmes me paraît avoir été « le salut trop tôt ».
Francis Ponge, Pratiques d’écriture, Hermann, 1984, p. 65.
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16/05/2024
Georges Perros, Poèmes bleus
Ces envies qui me prennent
Et cette panique, cette supplication
Cette peur de mourir
Alors que je n’ai pas encore vécu
Et que dans ces moments
J’ai ma vie sur ma langue
Il me semble que ça va être possible, enfin
Que je vais y aller d’une grande respiration
Que je vais avaler le soleil et la lune
Et la terre et le ciel et la mer
Et tous les hommes mes amis
Et toutes les femmes mes rêves
D’une seul grand coup
De poitrine éclatée
Quitte à en mourrir, oui,
Mais pour de bon
Pas de cette mort ridicule
Déshonorante, ridicule,
Qui accuse la parodie
Qui accuse le défaut
De ce qu’on appelle la vie
Sans trop savoir de quoi nous parlons.
On se renseigne auprès des autres
On leur pose des tas de questions
Avec cette hypocrisie de bonne société
On marque des points en silence
Ils souffrent autant que nous, tant mieux
On se dit même
Qu’on est un peu plus vivant qu’eux
O l’horreur
Et la fragilité
De nos amours.
Georges Perros, Poèmes bleus, Gallimard,
1962, p. 129-130.
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15/05/2024
René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal
Écrire mais vivre
Est-ce que je sais seulement que j’écris ? mais je vais
Au bout de ma vie comme d’une route mal percée
Toujours au bout crevant l'opaque pour mieux voir
Quoi ? Le dernier wagon du train du soir
Une fleur sur le bord du talus un enfant
Maigre qui recherche ses parents
Sans indice sans rien et qui croit au miracle
D’une maison rose avec des portraits de Jeanne d’Arc
Ah je suis bien toujours le même malgré l’âge
Et l’on peut soupeser à deux mains mon visage
Et l’on peut ausculter
La cloison de mon cœur et son vieux papier peint
Rien ne répond à rien
Et je peux bien partir
Pour l’éternité avec mon vieux sac de cuir
Comme en trimballent les bons curés et les saints
Les soirs de gel quand ils changent de patelin
Rien ne subsistera de moi dans votre Histoire
Pas même un invendu dans un kiosque de gare
Mais mon amour et moi nous avons notre histoire.
René-Guy-Cadou, Hélène ou le règne végétal,
Poésie / Gallimard, 2024, p. 102.
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14/05/2024
René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal
Art poétique
Quand ce sera la nuit
Et toi tout seul dans une limousine
Quelque part sur une route de forêt
Quand ce sera nuit noire
O mon poète aie garde d’allumer tes phares
Appuie de toutes tes forces sur le champignon de la beauté
Sans rien savoir
Et sans souci du flot battant ton pare-brise
Enfonce-toi comme un noyé dans la nuit rageuse qui grise
Tu as perdu la direction
Le nord l’étoile les feux de position
Et tu sens soudain un grand choc
Tu es couché tout près de toi dans la verdure
Tu es comme mille petits trous de serrure
Qui regardent dans ta tête éclatée
Les éléments épars de la beauté
Et qui viendrait te chercher là
Quand tu disposes de toi-même
Secrètement pour un destin
Qui ne peut plus te laisser seul
N’appelle pas
Mais entends ce cortège innombrable de pas.
René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal, Poésie/
Gallimard, 2024, p. 91.
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