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17/10/2020

Jean-Luc Sarré, Apostumes

 

Jean-Luc Sarré, Apostumes, harmonie, naufrage

L’harmonie n’est pas une chimère, c’est ce que semble vouloir dire les ombres conciliantes de certains matins.

 

La vieillesse est un naufrage pour Chateaubriand, mais mon bateau à moi n’a jamais pris la mer , c’est à quai qu’il s’engloutit, inexorablement.

 

Jean-Luc Sarré, Apostumes, Le bruit du temps, 2017, p. 155, 162.

08/07/2020

Julien Bosc, Le coucou chante contre mon cœur

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Du phare mon lieu ma peine mon exil j’ai vue sur les quatre océans

Les mers intérieures

Vue sur l’humanité aveugle et sourde :

Bateaux surchargés tels des charniers

Naufrages

Corps pas plus épais qu’une planche qui se débattent et crient

Sombrent

Introuvables

Ou hommes enfants femmes crevés qui touchent le rivage

Boursouflés d’eau et d’algues pour avoir fui la misère ou la guerre

 

Julien Bosc, Le coucou chante contre mon cœur, le Réalgar, 2020, p. 28.

15/04/2020

Pierre de Marbeuf, Le Miracle d'amour

                     Sonnet

 

Et la mer et l’amour ont l’amer en partage,

Et la mer est amère, et l’amour est amer,

On s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer ;

Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

 

Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer

Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

 

La mère de l’amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,

Mas l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

 

Si l’on pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

 

Pierre de Marbeuf, Le Miracle d’amour, Obsidiane,

1983, p. 130.

17/04/2015

Raymond Queneau, Fendre les flots

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      Quel est ton nom ?

 

Quel est ton nom ?

— Mon nom est naufrage

mon nom découpe l’horizon

seul, seul un mât surnage

survivrai-je à cet orphéon ?

L’ouragan étend ses trompettes

la mer multiplie ses trempettes

survivrai-je à ce rigodon ?

tout se tait puis tout se calme

la constance me tend sa palme

merci ! encore un effort

pour trouver quelque dictame

dans la perspective d’un port

 

 

       Un chemin d’eau

 

Mon avenir est-il sur l’eau

souventes fois me le demande

Où est-il le temps des limandes

où nageant comme un serpentin

je traçais à travers les ondes

mon petit tout petit chemin

mais le crauleur s’est assagi

en restant sur la terre ferme

marcher sur l’eau est difficile

prendre le bateau bien banal

l’Océan dans mon esprit

engendre ici ces poésies

Je marche le long du canal

en regardant les chalands lents

poursuivre leur chemin fatal

vers le port de débarquement

 

Raymond Queneau,  Fendre les flots,

Gallimard, 1969, p. 57 et 170.